Chapitre 10.2: Daw
Je n'hésite pas une seconde et lui arrache le téléphone des mains.
–Hey, il proteste.
–T'inquiète, je fais ça pour ton bien.
–C'est-à-dire ?
–Tu dois profiter du moment.
Il ne comprend pas. Lek non plus. Mais c'est tout ce que j'ai trouvé comme excuse. Bien sûr ça ne passe pas. Il n'est pas crédule. Il sait que quelque chose ne va pas.
–Un peu léger comme excuse.
– Oui c'est vrai, en fait, je veux envoyer un message.
– Mais tu as un téléphone pour ça, il ajoute.
–Oui je sais mais ma batterie est déchargée et je dois parler à Kam. Donc je dois emprunter le tiens en attendant.
Cette excuse passe mieux.
–Oui si tu veux...
Il n'est pas plus suspicieux que ça et tant mieux. Au même moment, notre commande arrive et crée la diversion parfaite.
–Enfin, c'est génial !
Il ne reste plus qu'à attaquer tout ça. Mon repas a l'air tout simplement succulent mais malheureusement je ne pense pas que je vais le manger. Parce qu'au même moment, je remarque que Lek galère avec le sien. Il fait tourner sa fourchette dans son plat sans vraiment écouter. Tout ça a l'air un peu étrange. Rien à voir avec Tae qui est déjà au deuxième plat.
–Quelque chose ne va pas ?
–Non... enfin si.
–Qu'est-ce qu'il y a ?
Je comprends enfin. Sa poutine est pimentée.
–Tu veux commander autre chose ?
–Non, je ne veux pas faire le compliqué.
Mais je ne penserais jamais ça de sa part. C'est normal. Certaines personnes ne supportent pas les plats pimentés ce n'est pas un problème. Donc je cherche la serveuse du regard pour commander autre chose mais Lek ne veut pas.
–Ce n'est pas la peine, il proteste, je vais me débrouiller.
–Mais ne t'inquiète pas ça ne me dérange pas et puis c'est juste un repas. On peut en commander autant qu'on veut. C'est bien le principe d'un restaurant non ?
–Tu veux l'un des miens ? propose Tae
– Non ça va aller. Merci quand même.
Mais je ne lâche pas l'affaire. Je compte bien lui proposer mon aide, qu'il le veuille ou pas donc je prends son assiette et l'échange avec la mienne sans dire le moindre mot.
–Daw, je t'ai dit que ce n'était pas la peine.
Je ne réponds pas.
–Rends-moi mon plat !
Je ne réponds pas.
–Daw!
–C'est trop tard, j'ai déjà commencé, je réponds.
Puis je glisse la fourchette entre mes lèvres et commence à manger sans le regarder. Moi aussi je sais m'affirmer comme lui et je sais que, même s'il ne le dit pas, il est soulagé. Ça doit être compliqué pour lui de manger pimenté. Je ne veux pas qu'il se force à quoi que ce soit quand il est avec moi. Jusqu'il profite du moment et qu'il fasse des choses qu'il a envie de faire, avec moi si possible. Quand j'ai enfin entamé la moitié du plat, je me tourne vers lui et le vois manger tout joyeux. Finalement ça en valait la peine même si ma langue commence à brûler et piquer. Qui a eu l'idée de lui servir une poutine pimentée ? Avec tous les types de poutine qu'il y a... mais bon ce n'est pas très grave. Dans tous les cas il est temps d'attaquer les desserts. Évidemment Tae finis en premier.
–Ce dessert a l'air appétissant ! Tu te dépêches, Daw ?
–J'arrive, j'arrive...
Mais il ne m'attend pas et la découpe. Puis il en prend la moitié et la dévore peut-être en trois bouchées. Cet homme a un estomac anormal. Et dire qu'il est de ma famille... il n'existe que pour manger, écouter de la musique et dormir. Un peu comme moi mais en version plus fainéante. Parce que moi au moins j'ai un job.
–Elle est délicieuse. Vous devriez en prendre une part.
–On n'y compte bien, si tu nous laisses quelque chose.
Lek me sort les mots de la bouche mais avec Tae il ne faut pas rêver. S'il était raisonnable ça se saurait et il reste le frère de Kim qui a tendance à être légèrement égoïste sur les bords. Mais on l'aime quand même. Surtout qu'il a bon goût. S'il a apprécié le gâteau c'est qu'il est vraiment bon donc je n'hésite pas à demander à la serveuse de nous en emballer une part.
–Tu es si gourmand que ça ? Lek me taquine
– Ce n'est pas pour moi.
– C'est pour qui alors ?
–Ta mère. Je me suis dit que ça lui fera plaisir.
Je récupère le paquet rose avec son joli petit nœud et le tend à Tae.
– Tu me le regardes, s'il te plaît ? Par contre interdiction d'y toucher !
–Tu me prends pour qui ? Il répond.
Mais je préfère me répéter.
–Je ne plaisante pas !
Avec lui il faut insister plus d'une fois. Il a la mémoire très courte et je tiens bien à ce que ce paquet arrive à destination. Que la mission séduction débute. Je sais déjà que Lek m'apprécie mais si je pouvais avoir l'aval de sa mère, ce sera encore mieux. Parce que pour l'instant elle me prend pour un voleur pas très doué. Je dois m'améliorer et je compte bien le faire. Déjà en aidant Lek à lui trouver un bon parfum à son goût. Je m'y connais bien dans ce domaine et je compte bien montrer mes talents. Donc une fois qu'on a enfin terminée de manger, je me lève et invite les autres à me suivre. Je veux tirer Lek mais il refuse. Il préfère se débrouiller seul donc je n'insiste pas plus que ça, parce que je commence à bien le connaître. Il est indépendant. Je ne veux pas le contrarier.
Une fois dehors, Tae nous abandonne.
– Je vais vite aux toilettes et je vous rejoins à la boutique.
–OK.
Au fond ça revient au même donc on le devance. Mais on ne va pas directement à la boutique de parfum. D'abord on achète deux milkshakes. Lek en avait envie donc je me suis arrêté. Un à la fraise pour lui et un au chocolat pour moi. Puis on marche en les dégustant. Enfin moi j'avance parce que, lui est beaucoup moins efficace.
–Attends moi ! il crie
Et je remarque qu'il est bien plus loin que ce que je pensais. Je pense qu'il commence à fatiguer. Je me retourne et là, enfin, il avance lentement, très lentement. Il ne va jamais arriver à ce rythme. Donc j'avance jusqu'à son niveau. Il s'arrête essoufflé. Je vois bien qu'il galère.
–Marche moins vite, je n'arrive pas à suivre et je...
Je ne laisse pas finir sa phrase parce que j'ai une solution toute faite.
–Prend ma main !
Il s'exécute et je me mets à marcher tout en le tirant lui et son fauteuil. Finalement ce n'était pas si compliqué que ça. Lui-même est étonné par la facilité avec laquelle son fauteuil avance seul. Surtout maintenant il peut déguster son milkshake sans problème puisque sa main est libre. C'est mieux, beaucoup mieux. Je continue à le tirer. Certaines personnes nous regardent bizarrement mais je m'en fiche. Elles n'ont jamais vu un couple se balader ? Si non je me fais un plaisir de leur montrer à quoi c'est censé ressemblé. Vous prenez deux personnes tout à fait normal avec deux univers différents, vous y ajoutait une pincée d'amour et vous laissez faire le temps et la magie. Parce qu'il faut l'avouer il y a une vraie alchimie entre nous, quelque chose que je n'ai jamais ressentie avec mes autres partenaires. Parce que soit ils m'étaient imposés par Kam soit parce que je n'osais pas clarifier la situation sur mon orientation sexuelle. Mais maintenant je m'en fiche, je veux juste profiter de Lek.
Et à faire les boutiques avec quelqu'un, je préfère le faire avec lui et personne d'autre. D'ailleurs c'est un peu étrange que je sois toute excité. C'est une activité que je n'ai jamais apprécié, de la pure torture. Toute ma famille le sait. Particulièrement ma mère. Pourtant elle a tout essayé mais rien n'a marché. Donc elle allait m'acheter des habits à l'aveugle et heureusement, comme elle connaissait mes goûts, le résultat n'était pas si mal. Et pour le reste j'allais voler des habits dans la garde-robe de Kam. Il ne me l'a jamais reproché. Enfaite, je pense que ça lui faisait même plaisir. Il devait être flatté que son petit frère, veuille lui ressembler et l'imiter. Mais maintenant, on a plus rien en commun. Sûrement parce qu'on a grandi. C'est dommage ! Il me manque mais il est toujours occupé et n'a plus vraiment de temps à me consacrer, sauf quand il y a des problèmes.
Mais ce n'est pas grave je sais que c'est compliqué pour lui de diriger la mafia thaïlandaise et ça va l'être encore plus maintenant que mon père n'est plus là. Tout va lui retomber sur la tête donc je ferais mieux de le laisser se concentrer dessus. Je n'aurais qu'à me focaliser sur Lek à la place et faire du shopping.
Je remarque qu'on a dépassé la première boutique mais je n'arrête pas parce que ce n'est pas cette boutique que j'avais en tête. Mais une un peu plus loin . Pourtant, plus on s'en rapproche moins Lek semble convaincus.
– Daw je préfère retourner à l'autre boutique .
–Pourquoi ? je m'étonne.
Je vois bien qu'il ne veut pas lâcher le mot mais j'ai deviné tout seul.
–Ne t'inquiète pas. C'est moi qui paye !
Mais je vois bien que la situation le gêne.
–Ce n'est pas la peine...
Il n'aime pas se sentir entretenir, j'ai compris. Mais ce n'est pas le cas.
– Je ne le fais pas pour toi, je précise. Je le fais pour ta mère.
– Oui, évidemment..., il ironise. Parce que c'est ma mère que tu as embrassée devant un piano, il marque.
Mais je ne lâche pas le morceau pour autant.
– Je le fais pour ta mère.
Puis je le tire à l'intérieur du magasin et heureusement pour moi il est très vite distrait par la décoration. C'est vraiment très beau et épuré j'aime tout particulièrement le marbre blanc et la disposition des bouteilles de parfum. Ça donne envie d'en acheter une de chaque mais on n'est pas venu pour moi. Plutôt pour ma future belle-mère. Bon d'accord, il reste un sacré chemin à faire mais j'ai bien dois de rêver un peu. Parce que je sais que la dernière personne avec laquelle je me sois sentie aussi bien était ma mère. Et depuis que j'ai dû lui dire au revoir, j'ai l'impression que quelque chose s'est brisée en moi. Je suis restée près d'elle jusqu'à la fin. Je l'ai prise dans mes bras et l'ai serré jusqu'à ce qu'elle rende son dernier souffle. Je n'ai jamais rien fait d'aussi douloureux de toute ma vie. C'était injuste parce que ce n'était pas mon rôle. C'était celui de Kam mais n'en voulait pas. Et surtout, même si elle savait que c'était égoïste de sa part de me le demander, elle voulait que je sois ses côtés. Alors j'ai fait comme si j'étais assez fort pour le supporter et je suis restée. Mais je ne sais pas si j'aurais été aussi fort si ça avait été Lek.
Je sais que je ne devrais pas penser à des choses aussi tristes. Mais j'aime me dire que l'univers , quelque part, m'aime assez pour le laisser près de moi et je sers plus fort sa main.
– Je ne vais pas m'envoler, Daw.
– Je ne prendrai pas le risque.
Il sourit et je pose un baiser sur ses lèvres. Nous ne sommes pas seuls mais cela ne l'empêche pas d'en redemander. Il tire ma chemise et m'embrasse tendrement.
–Attention Lek, les gens pourraient croire que tu n'es pas aussi innocent que tu le laisse croire.
–Tu lis en moi comme dans un livre ouvert. Mais c'est trop tard pour ça...
–C'est ce que je vois... mais tu devrais faire attention.
– Ah bon ? Pourquoi ? Qu'est-ce que je risque ?
–Qu'est-ce que tu risque ?
Je retiens un rire.
-Vaut mieux ne pas savoir, Lek...
Lek est si imprévisible. J'attends de voir sa réaction car je sais qu'il a du répondant mais son petit sourire malicieux ne me rassure pas.
-Approche...,il murmure
J'obéis, guidé par la curiosité.
-Dis-moi ce que je risque, Daw. Je veux savoir.
Son regard est brulant. Il connait déjà la réponse. Il veut juste me provoquer. Alors je décide de ne pas jouer à son jeu. Juste, de lui donner un petit avertissement.
-Si tu savais ce que j'ai envie de te faire, Lek...tu ne me provoquerait pas autant.
Son sourire s'efface mais il n'a pas l'air dérangé. Non. Son regard est toujours aussi intense et rempli de désir.
-Certaines choses marchent toujours aussi bien, à ce que je vois !
Il ne comprends pas ma remarque, ni ce qui m'amuse autant. Mais en suivant mon regard et en descendant plus bas, tout s'éclaircit.
-Je...euh...
Il est trop mignon quand il est gêné.
-Tu vois Lek, tu peux me tenir tête autant que tu veux, mais ton corps sera toujours aussi sensible à mes paroles.
Il rougit comme jamais . Mais je n'ai pas le temps de plus l'embêter : nous sommes de nouveau interrompu. Cette fois, par le vendeur de la parfumerie. Il a l'air très investi dans son boulot puisque je le vois déjà courir avec un paquet d'échantillons.
- Ca va être long !
-Mais on est là pour ça, me rapele Lek
Il a raison ! Je dois être patient, même si ce vendeur m'effraie presque. Pourquoi ? Je ne sais pas...Peut-être son sourire trop large, ou ses bras qu'il agite en courant vers nous. Ou un peu des deux...
-Bon...jour, il lance essouflé .
-Bonjour.
Il prend une bonne dizaine de minutes pour reprendre ses esprits et enchaine enfin.
- Je suis Georges, votre vendeur. En quoi puis-je vous aider ?
- Nous cherchons un parfum pour une personne très spéciale et je...
-Oh, c'est pour votre petite-amie ?
J'adore comment tout le monde pense que j'ai une petite-amie. Ce n'est pas faux, si on compte en Angie. Elle m'est destiné depuis l'enfance mais elle ne m'interesse pas !
- Non, je le corrige, pour ma belle-mère.
Lek manque de s'étouffer avec son milkshake et me lance le regard le plus perplexe possible.
- Votre belle-mère ?! Vous êtes marié ?
Déçu ?
-Non, pour la mère de mon fiancé, j'explique en montrant ma main jointe à celle de Lek.
-Oh...
Il comprends enfin.
-Dans ce cas, suivez-moi !
- Avec plaisir.
J'avance en tirant Lek qui semble très amusé par la situation.
- Pourquoi tu dis qu'on est fiancé, Daw ?
-J'ai dis ça, moi ?
- Oui tu la dis !
La mémoire me revient.
-Oui c'est vrai, je m'en rappelle. Je pense que j'ai dit ça pour qu'il fasse un bon choix, pour le motiver un peu. Tu vois ?
Mais il a l'air moyennement convaincu par mon explication.
- Si tu le dis c'est que c'est vrai...
-Biensûr... je ne te mentirais jamais, Lek.
-Pour te dire la vérité, je commence à en douter.
Je me retiens de rire. Il a tout de suite senti le sarcasme dans ma voix et ne m'a pas cru une seconde. Ça ne m'étonne pas de lui. Il est bien trop malin pour ça !
Plus on avance, plus je me laisse envoûter par les doux senteurs. C'est pour cette raison que j'aime autant rentrer dans les parfumeries. Elles sentent tellement bons qu'on se sent projeté dans une autre réalité. C'est impossible de ne pas y être sensible. C'est comme une poésie. Un pur moment de bonheur qui prend une tout autre tournure quand le vendeur nous mène au présentoir rempli de parfums.
Nous entrons dans une sorte de petit salon privé, dont j'ignorais l'existance.
- Alors vous, vous avez droit à l'option VIP, il explique.
Mais je ne comprends pas pourquoi .
- C'est à cause du fauteuil ? je demande.
- Non.
-Alors quoi ?
Il se tourne vers moi, légèrement aggacé.
-C'est évident pourtant ! il souffle. Vous sentez la blackcarte à plein nez.
Je ne peux pas m'empêcher d'exploser de rire. Je comprends mieux !
– Vous avez bien dit que vous vouliez faire plaisir à belle maman ?
–oui, je confirme.
J'essaie de rester sérieux, malgré les rires de Lek. S'il continue comme ça, il va s'étouffer avec son milk-shake.
– Et bien dans ce cas, il va falloir mettre les bouchées doubles ! Donc ce que je propose c'est que vous vous asseyez confortablement sur le fauteuil et je m'occupe de tout.
–Merci, c'est parfait ! Et peut-être qu'on on prendra même plusieurs, Lek l'encourage.
–J'espère !
– Il faut bien faire chauffer la carte !
Mais je perçois bien la goutte de sarcasme dans ses paroles. Puis je m'assois en me demandant comment le vendeur a bien pu sentir ma carte de crédit, bien rangée dans mon portefeuille, lui-même rangé dans mon pantalon. En vrai, Georges n'a pas besoin de le savoir : j'ai une gueule d'enfants de riches, malheureusement pour moi. On me l'a dit plus d'une fois, même si ça ne m'a pas toujours porté chance dans le milieu de la musique. Le fait d'être riche ne me met que des bâtons dans les roues. Je sais ça ne semble pas très logiques, pourtant c'est la triste réalité. Je me suis battue par l'arrivée où je suis s'est battu pour chacun de mes concerts de musique et chacune de mes collaborations. Et je continuerai de me battre parce que j'ai besoin de la musique pour me sentir exister et pour être moi-même.
Même si je ne chante plus, ça n'a pas d'importance. Le plus important c'est de m'exprimer et de le partager avec ceux que j'aime, comme Lek. Enfin, quand il sera prêt. Peut-être quand on aura fini de choisir le parfum, je l'amènerai visiter mon studio. Mais en,je reste tranquillement assis et laisse Georges nous guider. J'espère qu'il connait bien son boulot.
–Alors, on pourrait commencer par une petite touche fruité...
–Oh... pourquoi pas,répond Lek tout excité.
S'en suis un défilé de bouteilles très colorés. Mais aucune senteur ne semble convenir à mon « fiancé » très exigent.
–Hum...c'est un peu trop fort.
–Oh, je vois. Peut-être une touche plus subtile...
Il change de stratégie et tire un grand tiroir. Une nouvelle collection apparait. La séance s'allonge, malheureusement pour moi. J'étais déjà crevé à cause de ma nuit blanche, alors là...Je n'arrive presque plus à réfléchir normalement. Mais je cache ma fatigue. Je ne veux pas presser Lek ou qu'il s'inquiète pour moi. Il doit se concentrer sur son cadeau.
–Une touche plus occidentale, peut-être ? propose Georges.
La grimace de Lek est parlante. Il est peut-être temps d'intervenir. Donc je me lève et remet Lek sur son fauteuil roulant.
–Je vais prendre le relais, je lance
Georges me laisse faire, bizarrement. Je pense que lui aussi est épuisé.
–Tu as une idée de parfum ? je demande à Lek en le poussant.
–Non.
–Moi si.
Il est surpris.
–Vraiment ? Toi ?!
–Quoi ? Ça t'étonné ?
–Un peu....Tu aimes le parfum ?
–Pas vraiment mais je m'y connais. Ma mère aimait beaucoup le parfum.
Je m'arrête devant un présentoir et observe les étiquettes.
–Vous cherchez un parfum en particulier ?
–Oui, je...Ah !
Je le trouve enfin et le saisi. Puis je fais face à Lek
–Black Opium d'Yves Saint Laurent, je lance en souriant. Mon obsession.
–Ton obsession ?
–Oui.
Je lui en pulvérise un peu sur le coup et l'odeur imprègne sa peau. Je suis sûre qu'elle lui ira bien. Il a autant de caractère que ce parfum. C'est évident ! Pourtant il a aussi une très grande douceur. C'est ce mélange qui a décidé mon choix le parfum parfait. Je sais qu'on est là pour sa mère mais pourquoi ne pas lui en choisir un aussi.
–c'est celui que tu portes ? il demande
–oui, comme ça chaque fois que tu le sentiras, tu penseras à moi.
Il sourit puis je me penche et plonge dans son cou jusqu'à faire frémir sa peau. Je profite de cette douce senteur que j'apprécie encore plus sur sa peau.
–je ne sais pas ce qui sent le plus beau. Toi ou le parfum.
Evidemment si je rougissent et je jubile : j'aime avoir cet effet sur Lek. Ce n'est que justice quand je vois dans quel état il me met.
–il te convient ?
Il se contente d'hocher la tête en souriant. Je le prends pour un oui mais Georges n'a pas eu le mémo et reviens d'attaque avec un deuxième parfum qu'il pulvérise dans l'air.
–ou alors on a aussi celui-là...
Mais dès qu'il pulvérise le parfum, mon cœur manque un battement et je me redresse subitement. Merde qu'est-ce qui m'arrive ? Et je reconnais immédiatement le parfum.
–Chanel numéro cinq ..., je murmure
Même Georges a l'air surpris par la réponse. Moi aussi je sais pas d'où c'est sortie. Je n'ai jamais portée ce parfum , surtout je ne comprends pas ma réaction. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé mais d'un coup, l'air est devenu irrespirable. C'est la respiration saccadée, et l'impression que ma poitrine va exploser. Je dois sortir d'ici à tout prix !
–Daw, ça va ?
–Je...
Je n'arrive pas à répondre ou à respirer. À la place, j'avance à l'aveugle jusqu'à sortir du magasin et m'effondre au sol, comme une crêpe. Je ne sais pas ce qui se passe, je n'arrive pas à voir où je suis. Je sais juste que les gens se rapprochent de moi mais je ne vois pas leur visage. Ils sont floues . Tout ce que j'arrive à voir, son ces séries de flash-backs qui me foudroient violemment. Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que j'ai ? « Je vais prendre soin de toi ». Ces paroles me reviennent et s'entrechoquent dans ma tête. Mais qui voulais prendre de moi ? Puis je revois sa chevelure, son petit sourire et ses mains... mais surtout, je sens encore et encore ce même parfum me hanter.
.....
Enfin la suite! A votre avis, qu'est-ce qui est arrivé à Daw?
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