Chapitre 8: Lila
Pourtant, elle semble se contrôler. Elle inspire profondément, fait demi tour et retourne s'assoir sur le canapé. Quant à moi, je m'empresse de m'accroupir et ramasser les morceaux. Je dois réparer ma bêtise, surtout si ma patronne fait l'effort de rester calme. Je vois bien qu'elle prend beaucoup sur elle. Mais, évidemment, je me coupe.
-Aïe.
-Qu'est-ce qu'il y a, Lila?
-Je...
Je lui montre mon doigt ensanglanté et attends,avec crainte, ses reproches. Mais rien ne vient. A la place, elle se tourne vers moi, le regard sombre.
-Viens là !
-Ça va, ce n'est pas si grave, Madame...
-Ici!
Elle aime donner des ordres. Mais, au ton de sa voix, je ne sais pas si elle va me consoler ou m'étrangler. Pourtant, je prends le risque. J'ai besoin de m'asseoir, la vue du sang me fait un peu paniquer. Voilà pourquoi j'évite de trop regarder la coupure. Mais, dès que je m'assois, ma main se met à trembler.
-Vous voyez...ce n'est qu'une...petite...petite...
Ok, je panique un peu.
-Fais-moi voir!
-Merci.
Je lui tend mon petit doigts fragile.
-Tu as mal?
-Oui,juste là...
Mais quand je sens son ongle s'enfoncer dans la plaie et ses doigts le serrer fort, un cris m'échappe. La douleur est indescriptible. J'ai l'impression qu'une longue et fine aiguille se glisse à l'intérieur. J'en ai la larme à l'œil. Juste pas de voix pour crier fort. Qu'est-ce qu'elle fabrique? Je plonge mon regard dans ses pupilles brunes et un petit sourire se dessine.
-Tu t'es cru dans un Disney, crétine?
-Mais je...
-Tu voulais ce boulot, alors arrête de te plaindre et va me faire ce thé, à la noix!
-Désolé, j'y vais de suite.
J'ai toujours aussi mal et les larmes aux yeux. Mais elle a raison. Je lui ai tenu tête pour ce boulot. Je le voulais et je l'ai eu. Il est temps d'assumer et de se donner à fond.
-Mais j'ai mal...
Son regard en dit long.
-Ça ne me fait ni chaud ni froid, Lila. Bouge-toi!
Des larmes perlent. Elle est donc si cruelle que ça ? Ma douleur ne lui fait aucun effet? Non. Et, comme je n'ai pas envie qu'elle me voit pleurer, je décide de me lever. Mais, au dernier moment, elle saisit mon bras et me tire vers elle. Tout près. À quelques centimètres de ses lèvres que je fixe, sans le vouloir. Je lui tombe dessus et mes mains se posent sur ses seins. Le malaise...
-Je...désolé. Je...
-Tu...Tu...Tu vas te faire virer..., elle m'imite.
Puis elle saisi mes joues, d'une main et me force à la regarder.
-Tu ne survivras pas une journée ici. Tu ferais mieux de retourner dans ton conte de fée.
-Je veux rester, je lance difficilement.
Mais elle finit enfin par me lâcher et prend mon doigt à la place.
-Qu'est-ce que...
Et elle le glisse lentement dans sa bouche. Puis le suce d'une manière très...sensuelle. Sans quitter mon regard inquiet.
-Si tu le dis.
Je récupère mon doigt à la vitesse de la lumière. Cette vipère risquerait de l'avaler tout cru.
-Tu vois ça Lila, elle lance en ouvrant la bouche.
Puis sa langue appui sur son palais et deux canines en métal apparaissent sur une rangée de dents parfaites.
-Qu'est-ce que..., je m'horrifie.
-Mon outil de torture favoris.
-De « torture »?
Un petit sourire, qu'elle efface vite.
-Le thé!
Je me retourne, sans demander mon reste, fonce vers le buffet et commence à tirer les tiroirs. Mais bordel, il y a tellement de plantes séchées rangées ! Je ne sais pas lesquelle prendre. Enfaite, je ne connais pas la moitié des noms de ces plantes. Et il y en a encore plus au dessus! Elle va me tuer mais...
-Madame...
Son soupire en dit long. Pourtant elle se donne la peine de me répondre, sans lever la tête.
-Camomille, lavande, passiflore. Une demi-cuillère de chaque.
Après, je ne pouvais pas le deviner aussi. Je pense que c'est pour ça qu'elle a bien voulut me répondre. Mais c'est noté. A présent, je m'en rappelerais. Ça va aller, il suffit juste d'être obéissante et à l'écoute. Je peux y arriver! Même si elle est très intimidante et ne me ménage pas.
-Il y a des cookies dans le four, apporte les également.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je fonce dans la cuisine et fait chauffer de l'eau. Puis j'ouvre le four et m'émerveille devant ce beau spectacle. Des cookies de toutes les couleurs, à l'apparence délicieuse. Je ne savais pas que Madame Rose savait cuisiner. En tout cas, ils ont l'air réussi. J'en goûterais presque un. Enfin, juste pour savoir s'ils sont cuits, biensur...
Et puis comment elle pourrait savoir? J'ai fais le tour de cette maison, il n'y a pas la moindre caméra ici. Même si c'était le cas, elle devrait savoir que personne ne peut résister à l'appel de cette douce odeur de pâtisseries sortie du four. Et ce n'est qu'un cookie, après tout! Il n'y a pas de quoi en faire toute une histoire. Même si elle est spécialiste dans l'art de tout dramatiser.
J'ai beau ne travailler pour elle que depuis quelques heures, j'ai déjà appris beaucoup sur elle. Elle est un sacré personnage avec sa voix forte, ses canines en métal et ses ordres. Mais ce n'est pas assez pour me décourager et, surtout, ce n'est pas assez pour me changer. Je resterais toujours cette grande enfante inconsciente, qui n'écoute pas.
Donc je glisse un cookie entre mes lèvre et le coûte. Une fois terminée, je mets le reste dans un petit plateau. Puis j'attrape la très belle théière, d'une main, le plateau de l'autre et rejoins le salon. J'ai un peu de mal à avancer mais , évidemment, il ne faut pas espérer de l'aide de Madame. Non, assise conformément dans son fauteuil, elle me scrute.
Elle observe chacun de mes gestes, en attendant que je tombe. Chose qui finit par arriver. Mais uniquement parce qu'elle tend sa jambe au plein milieu de la route. J'atterris au sol. Juste le temps de lever les yeux au ciel, en attendant que l'eau chaude me tombe dessus. Mais, heureusement, elle la saisi des deux mains. Il ne me reste plus qu'à récupère le plateau de cookies.
-C'était quoi ça?
-Tu ne regarde pas où tu mets les pieds, quand tu marche?
-C'est une blague ? Tu l'as fais exprès! je crie en me redressant.
-Et bien non, tu vois. J'allonge toujours mes jambes dans mon salon.
-Comment je pouvais le savoir, moi? Ce n'est pas de ma faute!
-C'est celle de qui,alors? La mienne. Désolé mais je n'ai pas l'habitude d'avoir une crétine maladroite dans les jambes.
Sa mine est bien trop sérieuse pour qu'elle mente.
-Bon, ce n'est pas si important, je lance en posant le plateau sur la table.
Puis je m'assois en face d'elle. Bien loin d'elle... Cela semble la réjouir. Qu'est-ce qui ne va pas chez cette bonne femme? Je n'ai jamais vu quelqu'un aimer autant la solitude. Je suis certaine qu'elle ne doit même pas avoir d'amis, à être aussi sérieuse et aigri. Ou peut-être qu'elle a juste besoin d'être motivée...
-Ça te dirais qu'on regarde un film ensemble ce soir? je propose avec un large sourire.
Mais il finit vite par s'effacer.
-Tutoi-moi encore une fois et je te verse l'eau de la théière sur la tête.
Au moins, elle ne m'a pas encore virée.
-Commençons plutôt ton enseignement.
-Mon enseignement ?!
-Oui vu que tu semble avoir autant de connaissances sur les plantes comestibles que moi sur l'art d'être aimable.
C'est vexant!
-Choisi un cookie! Vas-y à l'instinct.
Encore un? Génial! Je ne vais clairement pas m'en priver. J'ai assez apprécié celui de tout à l'heure. Tout rose avec des pétales dessus. Surmener des pétales de fleurs. En tous cas, c'est toujours aussi bon!
-Tu aimes, Lila?
-Oh oui! Ce petit goût délicieux sur le palais... Un vrai réconfort pour cette nuit épuisante.
-Évidemment, ça a dû être si épuisant pour toi.
-Oh non, je tiens le coup.
C'est incroyable de la voir autant compatir pour ma souffrance. Finalement elle n'est pas si cruelle que je le pensais. Je lui trouverais même un air sympathique, avec son petit sourire.
-Je peux en prendre un autre?
-Biensur...
Je ne me prive pas.
-...si tu veux mourir.
Pardon?!
-Je ne comprends pas.
-Tu accepte de la nourriture d'une parfaite inconnue, Lila? Que tu es imprudente.
Je m'empresse de jeter le cookie que j'ai dans les mains et commence à paniquer. J'en ai manger deux, bordel! J'attrape la théière et boit cul-sec et l'eau chaude finit par me brûler. Je panique! Je vais mourir! Elle a forcément mis du poison.
-Qu'est-ce que...que...
J'arrive à peine à prononcer le moindre mot et tombe à genoux, les larmes aux yeux.
-Je vais mourir? Pitié non...
J'agrippe fermement sa longue robe noire et tente de retenir mes larmes. Espérant qu'elle ai pitié de moi et me donne l'antidote. Mais, à mon grand regret, elle se contente d'exploser de rire.
-Je t'avais dis que ce boulot n'était pas fait pour toi, Lila.
Elle ne l'a ménage pas, la pauvre. À ce rythme là, elle ne survivra pas!😂
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