Elle ne peut pas gagner et je la laisserai pas faire. Je ne la laisserai pas être aussi cruelle avec des êtres sans défense qui n'ont même pas encore vu le jour. Elle peut bien passer des heures à torturer tous ces hommes dans sa cave sans ressentir le moindre remords. Mais,en dehors, elle va devoir faire un effort. Et arrêter de tout faire pour m'énerver.

Qu'est-ce que cela peut bien le faire que je plante des graines? C'est son jardin, c'est vrai d'un côté, mais de l'autre elle y passe très peu de temps. Sauf quand elle organise ses parties de chasse macabre ou veut me punir. Qu'est-ce que cela lui fait que je veuille y rajouter un peu de lumière et un peu de couleur? Pour une fois je n'ai pas envie d'être la gentille Lila. J'ai envie de me rebeller et de l'énerver. Donc je les replante toutes. Dans tous les cas, j'avais déjà assez de graines. Je peux me le permettre.

Chaque gestes de replantation devient un acte de rébellion, une affirmation que la beauté peut renaître même après avoir été piétinée et mon cœur s'emballe d'une satisfaction bien méritée.

Puis, satisfaite de mon travail, je décide de poursuivre cette vague d'énergie positive à travers le manoir. La serre, bien que partiellement restaurée, est le premier endroit à bénéficier de mon zèle de nettoyage. Et pour être honnête elle en a bien besoin. Ça se voit qu'elle n'a pas été nettoyée depuis bien longtemps. Pas au point de penser qu'un ouragan y soit passé mais tout est en désordre.

Je peux tout nettoyer. J'en suis convaincu!

Cependant, à mesure que je pénètre dans la serre, mes espoirs s'effondrent. L'endroit est étonnamment vide, dénué de la moindre plante. Des étagères alignées accueillent uniquement des bocaux de fleurs séchées. L'air est imprégné d'un parfum subtil et fané, et la lumière tamisée accentue la tristesse de l'endroit.

Je m'approche des étagères, examinant les bocaux avec curiosité. Chacun renferme une histoire figée dans le temps, des pétales qui conservent la mémoire de leur éclat passé. Pourquoi ce lieu propice à la vie végétale, est devenue un sanctuaire de fleurs éternellement fanées ?

La perplexité grandit en moi alors que mes mains glissent sur les bocaux. Une idée germe dans mon esprit : restaurer la serre avec de belles fleurs. Cependant, la réalité me rattrape rapidement – je n'ai plus d'argent pour acheter des fleurs fraîches.

Une pointe de déception m'envahit, mais je refuse de me laisser abattre. Je décide de faire preuve de créativité. Peut-être que les fleurs ne sont pas la seule façon de redonner vie à cet espace.

Arborant un air résolu, je commence le nettoyage. Les bocaux de fleurs séchées sont soigneusement retirés, les étagères dépoussiérées, et les fenêtres, longtemps négligées, laissent entrer la lumière. La serre, bien que vide, retrouve peu à peu sa splendeur d'antan.

Cependant, l'idée de laisser cet espace aussi austère me désole. Une solution se forme dans mon esprit : même si je ne peux pas offrir des fleurs fraîches, je peux apporter un peu de couleur. Après tout, la beauté peut être trouvée dans l'imperfection.

Je m'aventure hors du manoir à la recherche de pétales abandonnés, de branches tombées, et de feuilles oubliées. Le jardin, témoin de tant de tumultes, recèle pourtant des trésors naturels. Mes mains se parent de couleurs alors que je confectionne des arrangements modestes mais sincères.

De retour dans la serre, je dispose les compositions avec soin. Les pétales délicats et les feuilles variées créent un tableau éphémère, un hommage à la vie malgré l'absence de plantes vivantes. La serre, autrefois silencieuse et sombre, resplendit désormais de tons délicats.

La satisfaction illumine mon visage tandis que je contemple mon œuvre. Même dans l'adversité, la vie peut renaître de manière inattendue. La serre, maintenant ornée d'arrangements simples mais évocateurs, semble témoigner d'une renaissance discrète.

Un dernier regard empreint d'affection, puis je la quitte, prête à poursuivre mes tâches dans le manoir.

Alors que je franchis la porte, une question persiste dans mon esprit : que pense Madame Rose de cette transformation ? La réponse reste incertaine, mais j'ai l'intuition que ce geste, aussi modeste soit-il, pourrait susciter une réaction inattendue de la mystérieuse femme qui dirige ce manoir envoûtant. Mais ce n'est pas grave si elle déteste. Moi j'adore et je trouve que ça ramène un peu de fraîcheur à cet endroit lugubre et sombre. Et je ne semble pas être la seule.

En sortant, je croise le regard curieux du majordome. Il est partout décidément! Il ne prononce pas le moindre mot mais j'ai droit à un pouce levé. Cela me rend le sourire.

Puis ma démarche énergique m'amène ensuite à la chambre de Madame Rose. Les rideaux lourds sont tirés, masquant la lumière du jour. Le parfum des fleurs fraîchement replantées emplit la pièce, contrastant avec la froideur qui persiste dans l'air. Les draps froissés et les meubles déplacés rappellent le tumulte de la nuit passée.

Déterminée à restaurer un semblant d'ordre, je m'attelle à la tâche. Les objets sont replacés avec précision, les tissus lissés avec soin. Chaque geste devient une tentative de ramener la normalité dans cet étrange manoir. Lorsque la chambre retrouve enfin une certaine harmonie, je ressens une satisfaction profonde, une petite victoire personnelle face à l'adversité.

Continuant mon périple de nettoyage, je m'attaque au reste du manoir. Les couloirs, témoins silencieux de la nuit de terreur, reprennent une apparence ordonnée sous mon impulsion. Les tapis sont secoués, les meubles dépoussiérés, et même les murs semblent retrouver leur dignité sous l'effet d'une attention méticuleuse.

Alors que je traverse le salon, une ombre attire mon regard. Madame Rose est assise sur le canapé.. Son regard, habituellement froid et distant, se lève pour croiser le mien. Un échange muet s'installe entre nous, chargé de significations non dites. Mais je ne compte pas la laisser me saper le moral. Pas après cette magnifique journée. Mais elle tente quand même alors que je passe près d'elle.

– Tu ne m'a pas entendu, Lila?

Je ne réponds pas et continue d'avancer. Et elle de parler.

– Quand je donne un ordre j'aime qu'il soit suivi!

Je continue de l'ignorer et elles bondit carrément de son fauteuil.

–Tu m'entends ?

Elle est furieuse. Mais moi aussi je peux jouer a ce petit jeu.

–Je l'ai fait. J'ai suivi tous vos ordres jusqu'à là, même celui d'aller nettoyer votre jardin macabre.

Madame Rose observe mes mains caleuses, le reflet d'une nuit passée à replanter les graines et à nettoyer les traces de la folie. Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres, énigmatique.

-Et tu penses que ça te donne le droit d'aller planter tes saletés de fleur dans mon jardin ?

-Oui! Pourquoi pas ? Qu'est-ce que cela peut bien vous faire ?

Je ne suis pas d'humeur à être conciliant aujourd'hui. J'ai envie de lui jeter ma rage au visage.

–Tu deviens bien insolente ces derniers temps, Lila. Tu veux que je te dresse ?

–Je ne suis pas une petite chienne que vous pouvez balader à tout vent et humilier quand ça vous arrange. Vous n'avez pas à me contrôler ou à me dire ce que j'ai le droit de faire. Mon monde ne tourne pas autour de vous.

-Si!

Elle s'approche.

-Tant que tu travailles pour moi, ton monde devra tourner autour de moi. C'est simple.

–Mais...

-Maintenant ferme-la et va me faire une tasse de thé.

C'est plus fort qu'elle. Il ne sait pas être gentille ou douce. Elle ne sait que écrier et lancer des ordres. Mais bon, elle n'a pas tort après tout. C'est mon boulot d'aller lui faire une tasse de thé.

–C'est vraiment ce que vous voulez Madame ?

–Tu ne m'as pas entendu la première fois ? Je veux une tasse de thé.

–Bien, Madame.

Si c'est une tasse de thé qu'elle veut, elle va l'avoir ! Une assortie à son humeur massacrante. Je tourne les talons et retourne dans la serre. Même si mes poings sont serrés.

–Et tu as intérêt à te dépêcher ! Je meurs de soif...

J'espère que vous avez aimé le chapitre! Je vous tiens informer sur Insta💕💕💕