Chapitre 30: Lila
La nuit s'était étirée en une éternité de terreur, de dégoût et d'horreur. J'avais passé des heures, longues et interminables, à nettoyer le jardin morbide de ma patronne, Madame Rose. Le sol était souillé de sang et de morceaux de chair, les attractions étaient des montagnes grotesques de membres humains assemblés.
Mon estomac se tordait à chaque grattement du sol, à chaque démontage d'une attraction faite de chair et de sang. C'était une scène d'horreur digne d'un cauchemar, mais malheureusement, c'était bien réel.
Je me souviens de chaque détail macabre, de la texture visqueuse des organes que je manipulais avec des gants tremblants, du parfum nauséabond de la chair en décomposition. Le sac à vomi que j'avais trouvé dans un coin de la fête foraine était devenu mon compagnon constant. À chaque vague de nausée, je me penchais et vomissais, priant pour que cette nuit d'horreur prenne fin.
Mes habits, autrefois propres et convenables, étaient désormais en lambeaux, maculés de sang, de terre et d'une substance indescriptible qui refusait de quitter mes mains malgré tous mes efforts de les nettoyer. La vision d'attractions faites de parties humaines resterait gravée dans ma mémoire, hantant mes pensées même lorsque la lumière du jour commencerait à filtrer à travers les arbres du jardin.
Le soleil émergeait à l'horizon, révélant les ravages de la nuit. Le jardin était impeccable, les traces de l'horreur dissimulées comme par magie. Cependant, rien ne pouvait effacer les images terrifiantes qui avaient marqué ma psyché fragile.
Mon téléphone vibre dans ma poche, me tirant enfin de ma torpeur. Un doux message de Sonia, apparaîtà l'écran. Elle a trouvé un nouveau travail et retrouvé Tom. Malgré la nausée qui me tient, une lueur de soulagement réchauffe mon cœur. Au moins, une bonne nouvelle dans ce cauchemar.
Puis je me leve péniblement du sol, mes jambes tremblantes refusant de me soutenir pleinement. Je me sens vide...comme autre part!
Soudain le majordome, apparait devant moi, portant une tasse de thé fumante.
– Madame Rose vous attend à l'intérieur, dit-il d'une voix calme, presque compatissante. Vous devriez vous lever avant que les chiens ne soient lâchés.
Les chiens. J'avais presque oublié. La menace silencieuse des chiens de garde qui patrouillaient le domaine. Le majordome me tendit la tasse de thé, et je la prends, les mains encore tremblantes.
– Merci, je murmure, incapable de soutenir son regard.
Mais au fond, je bouillonne encore de rage. J'ai beau être physiquement affaiblit, mon esprit ne l'est pas. Je la hais! Jela hais! Je la maudit! Comment peut-on faire endurer à une personne une telle...expérience? Je...je n'ai plus les mots. Sa cruauté a atteint un plafond, cette nuit et mon esprit n'y a pas survécu. J'arrive à peine à me tenir debout, à parler et j'ai encore toutes ces images qui me tournent dans la tête.
-Ressaississez-vous, Lila!
Le majordome me crie dessus comme s'il pouvait lire dans mes pensées. Il sait que j'en ai besoin, pour tenir encore le coup.
-Vous allez devoir vous accrochez encore un peu...
-M'accrocher?! je ricane. Je suis déjà entrain de me noyer...
Puis je me mets à marcher, le regard vide. J'avance dans vraiment savoir où je vais. Mais, comme par magie, je fini devant l'entrée du château. Je n'ai pas fais exprès. J'ai même oublié s'il faisait jour où nuit...
Pourtant je me hâte à l'intérieur du manoir, mes pieds nus traînant sur le sol froid. Les aboiements des chiens résonne derrière moi, une symphonie sinistre qui, pour une fois ne m'effraie pas. Je n'accelère pas le pas.
-Vous février vous dépêcher, Lila..., il me presse.
Ma réponse est sèche.
-Qu'ils me bouffent!
Il doit être surpris mais je n'ai jamais autant pensé mes mots.
Je continu d'avancer dans le salon, puis le couloir, jusqu'à la chambre de Madame Rose, ma tête bourdonnant de l'épuisement et des visions horribles qui me hante encore.
En poussant la porte, je ne sais pas dans quel état je vais la trouve. Tout ce que je sais est qu'elle a passé la nuit, ici, tranquillement couché, pendant que je souffrait. Et qu'à aucun moment elle n'a ressenti de remords. Elle l'a dit elle-même : elle en est incapable!
Elle serait même capable de me punir plus sévèrement. Même si, pour l'instant, elle semble calme, debout devant son grand miroir....
– Lila...
Madame Rose se retourne, dévoilant un visage qui étrangement serein après la folie de la nuit. Et surtout, elle sourit. Je déteste la voir heureuse...surtout après ce qu'elle vient de me faire subir!
– Ferme la porte, Lila.
Pourtant je m'exécute,le cœur battant à un rythme irrégulier.
Puis elle m'ordonne d'approcher, et à contrecoeur j'avance. Mes pensées encore emplies des images macabres du jardin. Mais elle est souriante, dans sa robe noir de soirée. Elle brille, alors que j'ai l'impression que quelque chose s'est éteint en moi...
-Tu m'aides avec la fermeture?
Madame Rose me tourne le dos, révélant la fermeture éclair de sa robe de soirée, impeccable et élégante. Mes doigts, couverts de résidus de la nuit passée, effleurent délicatement le tissu.Un instant de proximité involontaire, laissant planer une tension palpable.
Malgré la nausée qui persiste en moi et que je tente de cacher.
Aussi mes mains tremblent mais je continu, résolue à obéir malgré ma confusion.
– Plus bas, Lila, elle murmure.
J'obeis de nouveau, sentant le froid métallique de la fermeture éclair sous mes doigts. Ce moment intime est étrangement chargé d'une énergie différente de celle de la nuit précédente.
Les premières lueurs de l'aube baignent la chambre, et éclairent le visage de Madame Rose d'une manière à la fois enchanteresse et inquiétante. Mais c'est assez beau à regarder. Elle est belle à regarder...
Puis, une fois la fermeture éclair ouverte, elle me fait face. Ses yeux pétillent tels ceux d'une gamine de cinq ans et, pendant un moment, je m'adoucis. J'en oublie l'être exécrable qui se cache derrière.
Mais cela ne dure qu'un instant...
– Lila, ne sois pas dupe. Les choses que tu as vues cette nuit étaient nécessaires.
Je la fixe, perplexe, alors que l'incompréhension se peint sur mon visage.
– Nécessaires ? Non...c'est faux!
Madame Rose soupir, comme si elle s'adressait à une enfants qui ne voulut pas comprendre.
– Ces morceaux de chair étaient autrefois des prédateurs. Ils se sont nourris de la souffrance d'enfants pendant des semaines, les épiant dans l'ombre d'un parc. Ils n'étaient plus des humains, mais des menaces ambulantes.
Une explication absurde, délivrée avec une conviction qui me laisse incrédule.
-Il y a des prédateurs qui ne peuvent être jugés par les lois des hommes. Des êtres qui se cachent dans l'ombre, guettant les plus faibles. Ils ne peuvent être arrêtés par des tribunaux ou des barreaux. Il fallait les éliminer.
Les éliminer?!
– Ce n'est que justice, Lila! Ils ont payé pour leurs péchés. La société n'aurait jamais sûles juger correctement. J'ai simplement fait ce que personne d'autre n'aurait osé faire.
-Vraiment?
Je ne sais pas si je la crois mais mon cœur s'emballe quand elle caresse ma joue.
-Evidemment ! T'ai-je déjà menti, Lila?
Jamais...je dois l'avouer.
-Je te l'ai déjà dis, je ne toucheras jamais un innocent!
Je me laisse porter par ses douces caresses. Elles me réconfortent un peu, après la nuit terrible que j'ai passé.
– Je le savais, Madame. Je savais que vous aviez un cœur.
Elle se fige.
-Madame, quelque part bien caché, vous en avez un! Un immense cour, qui bat fort!
Un éclair de colère traversa ses yeux, et elle réplique d'une fermeté glaciale.
– Tu te trompes, Lila. Je fais ce qui doit être fait, c'est tout!
Je sens que ce défi n'est pas à ma portée, que derrière la façade de Madame Rose se dissimulent des secrets plus sombres encore. Mais je m'en fiche. Je veux les découvrir.
-Vous pouvez me punir autant que je vous le voulez, Madame, je ne changerais pas d'avis...
Je pose un baiser sur la paume de sa main et lui sourit. Puis elle fait ce qu'elle fait toujours quand je la déstabilise: elle s'enfuit. Elle me repousse et quitte la chambre. M'y laissant, seule mais pas triste, comme d'habitude. Non. Aujourd'hui, j'ai bien gagné la bataille!
Le reste de la journée est calme. Le Majordome, impassible, reste à mes côtés, offrant parfois un regard compréhensif. Il voit bien que mon esprit bouillonne de pensées...
Madame Rose a peut-être éliminé les prédateurs, mais la véritable nature de la justice reste voilée dans l'obscurité, aussi mystérieuse et insaisissable que la femme qui prétend en être la gardienne.
Et pourtant je continu de la servir. Pourquoi ? Parce qu'elle a beau être cruelle, elle a raison: on a beau tout faire pour guérir et avancer, certaines fois, rien n'est plus délectable que la vengeance!
J'espère que vous avez aimé votre lecture. On se revoit Jeudi💕💕💕
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