Chapitre 26: Lila
Madame Rose est au beau milieu de mon salon, à plonger son regard sombre dans mes pupilles fragiles. Qu'est-ce qu'elle fabrique là? Comment elle est entrée ? Comment-a-elle même trouvé mon appartement ? Et surtout pourquoi elle semble aussi furieuse ?
–Donc c'est ici que tu te cachais cette nuit...
Elle s'approche de quelques pas et je sens mon âme quitter mon corps, pendant quelques secondes. Je ne sais pas quoi faire, à par juste hocher la tête.
–Madame...
–Quoi, Lila ? Tu es désolée ?
Sa voix est calme et pourtant si menaçante. J'en perd mes mots. Et je ne comprends pas pourquoi. Je suis juste rentrée chez moi voir mes proches. J'ai rien fait de mal. Alors pourquoi s'énerver ? Pourquoi je sens cette goutte de sarcasme dans sa voix ?
–Et si j'avais eu besoin de toi ?
Puis sa main caresse tendrement ma joue et un doux frisson parcourt mon corps. Je me demande si elle s'apprête à me prendre dans ses bras ou m'étrangler avec sa main.
–Tu sembles oublier que tu m'appartiens, Lila. Où que tu ailles. Comme une bonne chienne appartient toujours à sa maîtresse.
Puis son doigt caresse ma lèvre. C'est une manière bien étrange de me dire que je lui ai manqué.
–Tu as mes fleurs ?
–Oui, madame.
–Bien. Rentrons à la maison, dans ce cas...
Elle prend la main. Ce geste est si soudain de sa part que je frissonne. Puis je me fige un instant. Je veux m'assurer que ce n'est pas une mauvaise blague. Mais non. Elle est...douce et compatissante. D 'un coup, je n'ai plus aussi peur d'elle. Je pensais qu'elle était furieuse, qu'elle me crierait dessus. Je croyais qu'elle m'aggripperait par les cheveux et me traînerai dans les ruelles jusqu'à son château.
Je pensais qu'elle serait d'une violence inhumaine, comme elle l'a fait dans cette cave. Et qu'elle en éprouverait aucun remords, comme elle sait le faire. Je la revois encore debout devant ce corps sans vie à le regarder comme un morceau de chair. Mais elle souriait. Elle avait l'air si heureuse, presque euphorique. Tuer es sa drogue. Je l'ai bien compris. Elle est accro à la violence et à l'adrénaline qu'elle lui procure.
Mais, apparemment, elle sait aussi se retenir.
-Vous allez me punir, Madame, comme...la dernière fois?
Rien que l'idée de m'imaginer de nouveau enfermée dans cette cave me donne des sueurs froides. Mais j'essaye de ne pas le laisser transparaître.
Sa réponse n'est pas celle que j'espérais.
-Tu auras une punition plus douce.
-Plus "douce"?
Je comprends quand elle saisit une mèche de mes cheveux . Puis elle sort une petite lame et la coupe, d'un coup sec.
Madame Rose sourit, triturant mes cheveux entre ses doigts fins.
– Une punition plus douce, quelque chose que tu n'oublieras pas facilement, Lila...
Son regard intense me pénètre, alors qu'elle passe la main sur son manteau de fourrure. Puis elle la passe dans son soutif et y laisse la petite mèche de cheveux. Je n'y comprends rien mais je ne dis rien. Bien trop captivée par cette belle poitrine.
– Qu'est-ce que tu regarde?
Je tourne la tête. J'espérais qu'elle ne l'ai pas vu mais le petit sourire sur ses lèvres en dit long.
-Je suis désolée...
Puis ses doigts se posent nouveau sur ma joue, doux et possessifs à la fois.
– Ne t'avise pas de t'éloigner sans ma permission. La journée comme la nuit, je te veux au château et nul par ailleurs!
Elle s'énerve d'un coup.
-Tu m'appartiens. Ton corps m'appartiens. Ton esprit m'appartiens. Tu dois me demander la permission avant de faire quoique ce soit.
-Madame...
-Tu aurais pu être en danger ou morte. Quelqu'un aurait pu te découper en morceaux et te jeter dans un trou!
Elle me fait peur, en s'approchant autant. Mais quelque part je comprends. Mieux, j'apprécie.
-Vous...vous êtes inquiété ?
Elle se fige un moment, fixant les yeux pleins d'espoirs. Puis elle saisit mes joues.
-La prochaine fois, je serais beaucoup moins clémente. Compris?
-Oui, Madame.
La menace est claire et je ne préfère pas jouer avec ses nerfs. Je la trouve plutôt calme pour le moment.
-On y va!
Elle fait un geste vers la porte, m'incitant à la suivre et je m'exécute. Je ne prends pas le temps de dire aurevoir à Sonia et suit ma patronne.
Dès que nous sortons, trois voitures noires nous attendent devant. Elles sont très imposantes et me met, de suite mal à l'aise. Mais Madame Rose ne me laisse pas le temps de réfléchir. Elle me soulève sans prévenir et je m'aggrippe naturellement à son cou. Puis elle ouvre la portière et me dépose sur le fauteuil douillet.
Elle me prend au dépourvu mais c'était assez agréable...
-Demarre! elle ordonne au chauffeur en me rejoignant.
Puis Madame Rose se tourne vers moi et me fixe avec une intensité déconcertante. Je pensais rester silencieuse pendant tout le trajet mais elle compte bien avoir une petite discussion.
-Tu sais qu'on doit en parler...
-Parler de quoi, Madame?
– De ce que tu as vu dans cette cave.
Le doux ronronnement du moteur devient le fond sonore de notre échange. Ma curiosité l'emporte, et je réponds après une brève pause.
– J'ai vu ce que vous faisiez à cet homme. Pourquoi... pourquoi faites-vous ça ?
Madame Rose soupire. Ses lèvres rouges mettent un moment a se délier alors que ses yeux sombres reflétent une froide assurance.
– Tu aurais dû rester derrière la porte, Lila. Tu n'aurait pas dû voir cela.
-Comment j'aurais pu? Qui aurait pu résister à l'envie d'ouvrir cette porte? Personne! Et vous le saviez.
Elle sourit. Elle sait que j'ai raison.
La voiture file à travers les ombres de la forêt, et ma curiosité persiste malgré la tension palpable.
-Et si tu la posait, cette question qui brûle tes lèvres.
J'ai peur.
-Tu as ma permission!
Alors...
-Est-ce que...cela aurait pu être moi?
-Pourquoi ?
Elle me fait face.
-Tu tue des gens? Tu viole des mineurs ou massacre d'innocentes grand-mères à la tronçonneuse ?
-Je...
Qui pourrait faire cela? C'est inhumain.
-Non. Je ne pourrai jamais!
-Alors tu ne crains rien. Tu n'a pas non plus à t'inquiéter de finir dans ma cave...
-Je dois m'en réjouir, j'imagine ?
-Oui.
Son regard perçant ne me lâche pas. J'en ai peur de poser une autre question. Mais j'ai besoin de savoir dans quoi je mets les pieds.
– Ce que j'ai lu dans ce dossier. Toutes ces choses...il les a vraiment faites à toutes ces femmes?
-Tu crois que j'irai inventer de telles choses?
Je l'ai vexé.
-Non, je...je ne voulais pas...
Je me tais, avant de dire une autre bêtise.
-Je ne suis pas froissée, elle finit pas lâcher. Pose les questions que tu veux, tant que tu gardes ta bouche close. D'ailleurs, tu en as parlé à quelqu'un ?
-Non, je répond sans hésiter.
-Pourquoi ?
Bonne question.
-Je pense que je ne voulais pas les inquiéter.
-Je vois...Continue de te taire alors. Je n'aimerais pas devoir les tuer.
Mon sang ne fait qu'un tour et, pour une fois j'ai assez de cran pour lui faire face.
-Pourquoi vous faites ça? Pourquoi vous tuer des gens? C'est illégal et...mal!
Madame Rose me fixe un instant avant de répondre.
– "Les hommes qui violent, tuent et exploitent ne méritent rien d'autre que la mort. C'est ma façon de purifier cette société corrompue..."
J'ai déjà entendu ça quelque part...
– "...la société doit être nettoyée de ces éléments pour atteindre une véritable égalité des sexes.", je la complète.
Elle cite Andrea Dworkin, une militante féministe que je connais bien. Un léger sourire apparaît sur le visage de Madame Rose.
-Finalement, tu n'est pas qu'une tête vide et un beau visage...
Serait-ce un compliment ?
-Je lis beaucoup.
-Peut-etre, oui mais...tu lis sans comprendre. Sinon tu comprendrais que se débarrasser de certaines bêtes est nécessaire !
– Cela ne veut pas dire que c'est votre boulot de vous en occuper.
Elle sourit, une lueur d'amusement dans ses yeux.
– Ça ne me dérange pas. J'aime l'adrénaline, Lila. C'est même...très amusant.
C'est la deuxième fois que je la vois sourire. Et ses réponses soulèvent davantage de questions dans mon esprit.
- La société est corrompue, Lila. Parfois, il faut s'occuper des ordures qu'elle laisse traîner.
– Mais comment vous faites pour tuer sans le moindre remord? Moi, j'en fais des cauchemars alors que...je ne suis même pas celle qui tiens l'arme.
Madame Rose semble se délecter de ma curiosité, citant une phrase de l'activiste Angela Davis.
– "Je suis ma propre loi. Je décide qui mérite de vivre ou de mourir."
Puis elle prend la main et la passe sous son manteau. Je me fige. Elle la laisse sur sa poitrine, au niveau de son cœur.
–Je ne sens rien, Lila. Pas la moindre émotion. Je peux faire entrer et sortir une lame d'un corps, des centaines de fois, sans verser la moindre larme.
-Oh.
-Je sais. C'est terri...
-Impressionant!
Je lis de la surprise dans son regard.
-Vous n'avez jamais peur?
-Non.
-Wow. Vous en avez de la chance...
J'aimerais être comme elle. J'aimerais tellement...
Lila...tu passes du côté obscure ?🧐🧐🧐Pour une belle poitrine?😏😏😏😏
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