Au réveil, quelque chose à changer. J'ai cru la veille qu'elle s'etait adouci pour m'amadouer et me faire rester dans cette maison. Mais je commence à penser le contraire. Déjà, elle ne m'a pas réveillée. Elle m'a laisse dormir dans son lit...dans ses draps. Sans rien dire. Elle qui d'habitude ne manque pas l'occasion de me traumatiser.

Pour une fois, elle a l'air...compatissante. Et, quelque part, je me demande si ce n'est pas encore plus terrifiant.

Non. Je divague. Elle m'a presque bordée hier. Je me suis endormi en sentant son parfum m'enivrer. Il est si doux. Un mélange de fleurs que je ne connais pas mais, bientôt ce sera réglée. Là, elle doit être occupée mais après elle m'en apprendra plus sur ses fleurs. Nous nous assiérons dans sa belle serre. Puis, elle me parlera pendant des heures de ses plantes et de leurs vertus, pendant que les rayons du soleil nous souriront.

C'est l'image que j'ai en sortant du lit. Une après-midi calme et apaisante. Elle me ravi tant que je range totalement la chambre. Je fais le lit, me rhabille et sors, toute joyeuse. J'ai pris une douche et brossé mes cheveux avec sa brosse. Je me sens si bien...

Madame Rose est dans le salon. J'entends sa voix du couloir. Et quand j'y arrive enfin, je la vois assise sur le grand canapé. Elle porte toujours des vêtements noirs..comme d'habitude...mais aujourd'hui, elle a choisi un pantalon et un chemisier en satin. Ils lui vont bien...

-Tu vas rester là à me regarder ?

Mais je ne sais pas très discrète.

-Désolé, Madame.

Elle ne répond pas. Sa main saisi juste une enveloppe qu'elle balance presque sur la table en bois.

-C'est pour toi, Lila.

-Je ne comprends pas.

-Ta paye.

-Ma...paye ?!

Pourquoi ?

-Tu voulais t'en aller hier, non?

Elle daigne enfin lever les yeux.

-Si tu n'en veux pas, je le reprends.

-Vous me renvoyez?!

-Non. Je te libère. C'est bien ce que tu voulais, non?

-Oui. Enfin je crois...

Ça semble lui suffir comme réponse. Puis elle se reconcentre sur un lot de papier qu'elle tiens. Je ne sais pas quoi répondre ou quoi faire. C'est vrai qu'hier je voulais m'en aller et je n'ai pas vraiment eu le temps d'y réfléchir depuis.

-Tu n'en veux pas, Lila?

Je garde le silence...au moins quelques minutes, le temps de réfléchir. Mais elle semble déjà à bout. Elle soupire si fort que je crains le pire. Après tout, prendre cette paye n'est pas une si mauvaise idée. Cela aurait pu se passer beaucoup plus mal. Et je ne dois pas non plus perdre l'esprit. Je ne peux pas oublier toutes ces choses qu'elle m'a fait. Elle m'a même jeté dans un puits.

Ce serait bête de ne pas saisir cette occasion de partir. Donc je m'approche. Puis je me penche pour prendre l'enveloppe. Mais je l'effleure à peine qu'une main s'abat sur la mienne. Quand je relève la tête, je croise ses beaux yeux bruns.

-Madame...

-Tu peux t'en aller, Lila ou...tu peux aussi prendre cet argent et aller me chercher des fleurs séchées.

-Et rester...ici?

J'ai remarqué qu'elle n'aimait pas beaucoup répondre à mes questions. Elle n'aime pas parler. Elle préfère agir, comme le tacle qu'elle me fait. J'atteri à genoux.

-L'adresse est dans l'enveloppe. Un petit magasin sur l'Avenue.

-Et si je me perds?

Je répond à moitié distraite par ses cheveux ondulés. Et le petit bandeau blanc qu'elle porte est si mignon. J'aimerais tant en avoir un comme celui-ci...

-Qu'est-ce que tu regardes, Lila?

-Rien!

Je brondis et me remets seule sur mes jambes.

-Une petite boutique...c'est noté !

Je ramasse l'enveloppe et sors de la maison en un claquement de doigts. Puis j'avance, droit devant, en direction du portail. Mais, avant, je dois prendre une petite pause pour calmer mon cœur. Pourquoi il bat si fort? D'habitude ça n'arrive que quand Tom me force à regarder un film d'horreur. Mais là, c'est beaucoup plus agréable.

Surtout je dois me concentrer sur ma nouvelle mission. Je n'ai même pas encore passé le plus dur. Je ne sais plus ce qui m'effraie le plus. Madame Rose ou..sa forêt terrifiante? Même en plein jour elle m'effraie et vu ce qui s'y es passé hier...j'ai moyennement envie d'y marcher.

Ce n'est pas le cas de l'homme au fauteuil roulant qui me dépasse sans hésiter. Il m'écrase même le pied.

-Connard!

Je n'ai pas pu le retenir. Puis je ravale ma fierté et le suis. Au moins, je ne traverserais plus seule cette forêt. Il m'aura au moins un peu aider. Puis, une fois au bout, j'ouvre le portail et, là, surprise...

-Qu'est-ce que tu fais là ?

-Bordel, t'étais passé où ? J'ai essayé d'entrer mais je ne savais pas comment ouvrir ce maudit portail!

Sonia me saute au cou. Son corps est froid. Je me demande depuis combien de temps elle est là.

-Je me suis inquiétée. Je t'ai cherchée partout.

-Je suis désolé.

-Heureusement Madame Stenvenson s'est rappelé de la dernière offre du journal.

C'est de ma faute. Avec tout ce qui s'est passé, je n'ai pas pensé à envoyer un message. Quant aux appels...la couverture réseau ici n'est pas terrible.

-Je suis vraiment désolée, Sonia. Ça ne se reproduira plus.

-Tu as intérêt !

Elle me lâche enfin.

-Comment tu as pu me laisser avec ton idiot de frère ?

Je l'avais presque oublié celui-là.

-J'espère qu'il est encore en vie.

-De justesse. J'ai bien essayé de l'achever avec mon talon mais il a esquivé.

J'expose de rire.

-J'ai eu si peur! J'ai cru qu'on t'avait kidnappé, Lila.

-Moi?

En quelque sorte...Mais il vaut mieux enjoliver la vérité.

-Je vais bien. Maintenant que tu es là.

-Oh...tu es mignonne! On va manger?

-Oui...

Mon ventre grogne.

-T'inquiète. Je sais où aller! Tu vas avoir un petit-déjeuner de roi!

-Je ne dis pas non...

Sonia a toujours été doué pour trouver à manger. Elle connait toutes les bonnes adresses de Paris. De beaux petits cafés aux décors presque féeriques ou des buffets à volonté. J'adore y aller. Je peux déguster un bon repas et m'en mettre plain la panse.

Ne vous inquiétez pas. Je n'oubli pas ma mission. Je fais juste un rapide arrêt.

-Tu peux trouver un truc près de la Grande Avenue, s'il te plaît?

-Oh, pourquoi ?

-J'ai des achats à faire pour ma patronne.

-Patronne?

Elle a un petit sourire.

-Elle est sexy?

Quelle question !

-Malheureusement, oui.

Ça l'amuse. Mais elle continu à marcher calmement.

-Laisse-moi deviner...elle est dur avec toi?

-Oui!

-Hum.

Soudain elle s'arrête et me fait face.

-Tu vois ça?

Ses cheveux...ils sont dans un état!

-Mon patron m'a tellement pris la tête que j'ai oublié de les peigner.

-Oh. Je pensais que tu avais dormi sur le sol, devant le portail.

A son tour d'exploser de rire.

-J'aurais pu! Mais bon, ce que je veux dire c'est que...les patrons sont tous des tirants !

-Je comprend!

Même si la mienne est quand-même assez spéciale...

-Mais biensur, il y a des limites. Si elle commence à te demander des choses étranges ou si elle te touche...Appelle-moi! Je lui remettrai les idées en place.

Bien-sûr! Bonne chance pour battre ses "invités" et leurs collections d'armes à feu. Mais j'apprécie le geste. J'essayerai de tenir d'ici là. Surtout, ça peut attendre. Je ne peux me concentrer que sur une chose à la fois. Ça doit faire une demi heure que l'on passe sur cette avenue et les vitrines des restaurants donnent l'eau à la bouche.

-Le resto est encore loin?

-Le café, elle me corrige. Et non, puisqu'on y est.

Enfin! On y est enfin! Elle s'arrête face à une devanture fleurit et je jubile. Je peux littéralement sentir des papillons bondir dans ma poitrine. Je meurs de faim!

-Choisi nous une table!

Il ne faut pas me le dire deux fois! En un claquement doigts, nous sommes déjà assises, un menu entre les mains. Mais moi je n'en ai pas besoin. Je sais ce que je veux. Et dès que la serveuse débarque avec son tablier mauve, je n'hésite pas à commander:

-Deux buffets brunch à volonté, s'il vous plaît.

-C'est noté, mesdames.

-Wow, tu as sacrément faim, miss!

-Oui. Ce n'est pas que ma nouvelle patronne ne me nourri pas mais, avec tout ce qu'elle me fait faire comme tâches, j'ai l'impression de ne rien avaler. Et puis hier, je n'avais pas le cœur à manger. Donc j'ai sauté le dîner.

-Ma puce... pourquoi ?

Sonia attend que la serveuse s'en aille. Elle doit sûrement penser qu'en parler devant elle me gêne mais, la vérité est que je ne peux pas en parler tout court. Madame Rose égorge des gens dans une espèce de cave lugubre...Je ne veux même pas imaginer ce qu'elle lui ferait. Donc je mens encore une fois.

-Je n'avais pas très faim.

Je pense que ça va faire du bien à Lila de discuter avec Sonia mais, attention à ne pas se laisser distraire...😁😁😁