Chapitre 2: Lila
Ils crient si fort que j'en ai mal à la tête. Je voulais rester un peu seule, au calme. Mais il va falloir ouvrir. Ou ils vont dormir dehors. Donc je me lève. Bye bye repos. Ils sont saoule, c'est sûr! Ils vont mettre le bazar et me taquiner. Même si j'aime ça, d'habitude, aujourd'hui je me sens...faible. J'aimais vraiment ce travail. C'était le premier que j'avais réussi à avoir. Je me rappelle encore du premier jour. J'étais arrivée, toute pimpante, motivée. On aurait dit une gamine dans une boutique de bonbons. Je me sentais si bien. J'avais enfin trouvé un endroit où m'épanouir, avec des personnes incroyables. La douce brise du matin faisant danser mes cheveux, en attendant la livraison...
Gia était toujours à l'heure. Avec ses beaux cheveux blonds et ses faucettes. Elle avait toujours le mot pour me faire sourire, même quand le travail était interminable. Pourtant, ça avait son charme. Je vais me relever. Comme toujours! Ça ne sert à rien de se morfondre. Je ne tombe pas. Je rencontre juste des obstacles. Et je les élimine un par un. C'est mon super pouvoir. Je l'aime bien. Grâce à ça, je garde espoir. Enfin, là, tout de suite, c'est assez compliqué.
-Lila!!!!
Tom me tombe littéralement dans les bras. Enfaîte, il me tombe dessus. Il est trop saoule pour rester debout. Il perd pied et me fait tomber par terre. Mais c'est qu'il est lourd! Sonia regarde, amusé la scène.
-A l'aide, je murmure presque.
-Vous êtes trop mignon,comme ça.
-Sonia!
Elle cesse enfin de rire et m'aide à le porter. Mais même à deux, il est toujours aussi lourd. Je me demande bien pourquoi. Il est tout maigrichon. Bon, il a beau quelques abdos mais quand même!
-Lila...
-Tu as des haltères dans les poches ou quoi?
-Non.
Il se tourne vers moi avec une mine sérieuse.
-C'est le poids de l'échec.
Je me tourne vers Sonia pour plus d'explications. Mais elle hausse juste les épaules. Je comprends. La musique. Encore et toujours la musique. Mon charmant frère est humain. Et comme tous les autres humains, il a des rêves. C'est normal. Mais les siens sont particulièrement irréalisables.
-Il veut être rockeur alors qu'il ne sait pas jouer.
-Si! Il sait jouer "Joyeux anniversaire" à la basse.
Nous explosons de rire. Mais je vérifie qu'il dort toujours aussi profondément. C'est le cas. Heureusement, car monsieur est très susceptible. Nous le jetons sur le canapé, à bout de souffle. Puis je vais chercher quoi boire dans le frigo.
-Une bière?
-Oui. Merci.
Deux bières dans les mains et je rejoins Sonia sur le canapé. Tom est si fatigué qu'il a roulé sur le tapis.
-Tous ces effort pour rien, elle souffle.
-Oui.
-Ne compte pas sur moi pour le redresser.
Ils ont vraiment une relation originale. Mais fusionnelle. Ils ne se quittent jamais, comme des jumeaux siamois.
-Alors, c'est quoi cette fois?
-Le bar du coin refuse de lui laisser sa chance.
-Oh...
-Oui. Déjà qu'il ne sait pas jouer, il veut partager son "talent" avec le monde.
-Tu veux dire leur casser les oreilles?
Elle sourit.
-J'ai essayé de soudoyer le gérant pour qu'il le laisser jouer cinq minutes.
-C'est sympa.
-Hum...
Elle détourne le regard. Je vois bien que quelques chose ne va pas. Elle a peur,des doutes. Elle sait que Tom fonce tout droit dans un mur. Il fini tout son argent à acheter des instruments. Alors qu'il ne sait pas en jouer. Toujours plus grand. Toujours plus cher. Mais il ne doute jamais de ses capacités. Il s'accroche. Il a toujours été comme ça. Même petit. C'était d'ailleurs un sujet de dispute fréquent avec moi. Mais je le connais depuis ma naissance. Et s'il y a quelque chose que j'ai compris, c'est qu'il a besoin d'attention. De beaucoup d'attention.
-Sois encore un peu patiente, Sonia.
-Tu ne manque pas de culot. Tu le connais aussi bien que moi. Il ne se lasse jamais!
-Non, il...
-Stop!
Elle prend la télécommande et allume la télévision.
-J'aime Tom de tout mon cœur et tu le sais. Mais il se noie. Tu sais qu'il évite son banquier?
-Je...
-D'ailleurs, s'il tente de emprunter de l'argent, refuse. J'ai testé et le remboursement n'est pas garantie.
La situation est peut-être plus complexe que je le pensais.
-Je dois l'aider, alors.
-Non! Ça suffit, Lila. Tu dois commencer à vivre pour toi et pour personne d'autre.
-Mais c'est mon frère.
Elle saisi mon menton.
-Regarde moi! Je te promet qu'il ira très bien. Il sera surement fauché mais en bonne santé.
Je souris malgré la larme qui menace de tomber.
-Je vais t'aider à payer le loyer et emménager ici, si tu veux bien. Je ne pourrais pas en payer deux. Au moins le temps, que Tom accepte de chercher un boulot.
-C'est gentil Sonia. Mais, ce mois-ci, je ne pourrais peut-être même pas payer ma part.
-Arrête! Ne deviens pas aussi défaitiste que ton frère. Toi tu es un rayon de soleil. La preuve...
Elle pointe du doigt la télé.
-...seul les gens heureux et optimistes regardent Bob l'éponge.
-Les gens malins aussi!
Elle rit.
-Je paierais le loyer en entier, si ça peut te soulager.
Elle est si gentil. Ça me touche tellement que je lui plonge dans les bras. C'est vrai que je n'aime pas qu'on m'aide. J'aime penser que je me débrouille seule. Mais, ce mois-ci va être mouvementé. J'ai besoin qu'on me tienne la main. Au moins un peu.
-Merci.
-C'est normal.
J'ai besoin d'une épaule sur laquelle pleurer. Avec un frère aussi instable, je me sens seule, certaines fois. C'est pour ça que j'ai besoin de m'occuper. Rester à la maison, ne me rend pas service. Je me perds juste dans mes pensées. Je préfère faire des choses plus heureuses. J'aime être heureuse.
-Alors, tu as un plan?
-Oh oui!
Je prend le journal sur la table et le lui tend. Je n'ai pas hésité à le lire. Madame Stevenson l'a souligné avec tant d'attention. Elle est adorable et gentille avec moi. Son geste m'a touché. Elle me tend la main depuis mon arrivée ici. Elle m'a aidé à porter mes bagages, alors que je ressemblait à une folle . Puis elle m'a fait des cookies et nous avons discuter toute l'après-midi. Depuis, on ne se quitte pas et, dès que j'ai besoin de parler, je vais la voir. Elle s'en fichait bien de parler à une gamine de dix-huit ans. Elle n'en a jamais tenu rigueur. Non. Elle me traite comme une adulte, même si elle me maternise un peu. Je vais la voir pour savoir si mes chaussettes rouges ne font pas trop avec mes sandales violettes. Vous pouvez juger mais c'est super confortable. Comme des baskets avec une robe. Sonia sait de quoi je parle. Même si elle a un style vestimentaire plus...posé.
-Qui t'a donné ça?
-Ma bonne fée.
Elle sourit en le feuilletant.
-Tu as trouvé quelque chose d'intéressant?
-Oui...je vais toutes les faire.
-Houla. Ce n'est pas une bonne idée!
-Pourquoi?
-Ça va t'épuiser. Les interviews, les CV...
-...les refus.
Elle a raison. Il vaut mieux trier. Donc, on s'y met.
-Déjà...oubli les boulots avec les animaux ou les enfants.
-Pourquoi?
-Tu n'arriverais pas à garder en vie un cactus en plein désert.
C'est blessant mais vrai.
-Donc on oubli aussi l'aide aux personnes âgés.
-Oui...sauf si en tuer un maximum est rémunéré.
Je pouffe de rire. Je ne peux que rire de mon incapacité à garder en vie des êtres humains. Mais Sonia ne veut pas plus me taquiner. Dommage, elle en tenait une bonne!
-Ne t'inquiète pas! Et puis, c'est surement héréditaire. Ton frère est aussi doué que toi.
Deuxième éclat de rire.
-Faux! Il est pire que moi.
-C'est pour ça qu'il est au chômage!
-Hum...Je pencherais plus pour son mauvais caractère. Met trop peu de chantilly sur sa glace et...hop...il pète un câble.
-J'ai vu!
-Perso, je préfère le caramel.
-Moi aussi! Team caramel mou ou dur?
-Caramel beurre salé.
-Oh...Madame a bon goût.
Puis on se remet à fouiller. Elle me passe une page double et je la scrute au peigne fin. J'ai vraiment envie de trouver une offre qui me corresponde. Et l'horloge tourne.
-On va trouver!
-J'aime ton optimiste, Lila.
-Oui, moi aussi.
Mais je commence à fatiguer. Sonia aussi. Elle va même se changer, enfile un haut oversize et vide une bouteille de mauvais vin. C'est tout ce qu'on a dans le frigo. A moitié consommée et là depuis un bon bout de temps. Je ne la donnerais pas à mon pire ennemi. Enfin, si j'en avais un. Mais bon, on dit bien que le vin se bonifie avec le temps non? Alors ça doit bien être vrai.
-Merde, je suis à bout, elle souffle. On va se coucher?
J'ai bien envie de continuer un peu mais je suis aussi épuisé qu'elle. Donc je pose le journal et nous allons nous coucher.
-On laisse Tom ici?
-Tu as une autre idée?
-Non.
-Bien.
D'habitude Sonia et Tom prennent la chambre la plus grande et le lit double. Mais, pour une fois, je me couche avec elle. Enfin, en face d'elle.
-Ce lit est beaucoup plus confortable que le mien. Je me suis faite avoir!
Elle rit.
-Bonne nuit Lila.
-Bonne nuit Sonia.
Donc on continu encore un peu avec l'univers et le quotidien de Lila. Mdr le frère mais j'adore Sonia. J'espère que vous avez aimé.
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