-Elle doit sacrément te détester pour t'avoir envoyé,ici!

Ses mots me transpercent telle une lame tranchante. Mais il a raison. Je peux affirmer même qu'elle me haït! Et c'est réciproque! J'aurais dû m'en aller quand j'en avais l'occasion. J'aurais dû rester avec mon frère et...finir à la rue?! Ça n'a aucun sens de m'en vouloir à présent. La vérité c'est que je n'avais pas le choix. J'avais besoin de ce boulot alors je l'ai pris. Et maintenant je risque de mourir sans recevoir ma paye. Du moins si je ne me secoue pas!

-Laissez-moi passer...

-Pourquoi je ferais une chose aussi stupide ? Tu sais depuis combien de temps j'attends un peu de visite?

Son large sourire me donne des frissons. Je recule légèrement mais il se rapproche encore plus. Et je les vois enfin, tous ses tatouages. Puis les traits de son visage deviennent plus clair grâce à la fine lumière que crée l'ouverture.  Sa mine est encore plus affreuse que je le pensais. Il a le teint pâle, les yeux légèrement vitreux et des cernes profondes lui creusent la peau. On dirait qu'il est ici depuis un sacré bout de temps...comme les autres! Qui a bien pu les enfermer ici et pourquoi?

-Pourquoi tu t'éloigne ma jolie? Je vais pouvoir te faire tout ce que j'ai rêvé de faire à l'autre petasse!

Hors de question! J'ai beau être pétrifié, s'il pense que je vais lui servir de souffre douleur, il rêve. Surtout pas pour une femme que je déteste aussi.

-Si tu la hais autant, va régler ça avec elle! Là -haut!

Je pointe l'ouverture, du doigt, mais je n'obtiens pas la réaction escompté. Il explose de rire.

-Tu es debile, ma parole! Tu crois que si c'était aussi facile de sorti de là, je serais encore ici? Tu crois qu'avec mes gars on resterait dans ce trou pourri? Crétine !

Ce surnom commence à me sortir par les oreilles!

-Ne m'appelle pas ainsi!

-Oh...vous entendez les gars? Miss roussette ne veut pas qu'on l'appelle ainsi...,il m'imite d'une petite voix.

Sa bande rit à son tour. Ils doivent trouver la situation vachement marrante. Pas moi!

-Tu es plus stupide que je le pensais...

Il se rapproche encore plus.

-...on va t'arracher le cœur et te baiser à tour de rôle...et toi tu t'inquiète de comment je t'appelle?

Il s'accroupi et l'air devient d'un coup plus pesant. Je n'arrive plus à respirer, comme si j'avais peur de prendre chacune des bouffées d'air. Ce doit-être ces yeux perçants et cette grande cicatrice sur la joue qui me pétrifie. Tant, que je ne me rebelle pas lorsqu'il prend l'une de mes mèches entre ses doigts.

-Rousette...

Il débute, avant de marquer une pause.

-Cours!

Son sourire s'élargit.

-Cours...vite!

Je ne sais pas où je trouve la force, mais mes jambes se mettent à bouger. Je me relève et détale sans demander mon reste. J'entre dans un long couloir noir. C'est le seul chemin que je trouve...

-Prêts à vous amuser, les gars? je l'entends lancer derrière moi. C'est l'heure de la chasse! Et il y a une belle rousette à gagner...

Je n'ai pas besoin de voir son sourire pervers pour réaliser que je n'ai pas intérêt à tomber maintenant. Dans quel merdier Madame Rose m'a-t-elle mise? Plus j'avance, plus je cours et plus je réalise que je risque d'y rester. Ce tunnel est atrocement long et je ne vois toujours rien. Il fait si noir que je ne vois pas mes propres pieds. Pourtant j'entends bien leurs pas. Ils sont lents et réguliers. Je les trouve calme...bien trop calme!

-Tu perds ton temps, rousette...

Je commence aussi à le croire. Mon genou est si douloureux et toutes les pierres sur lesquelles je trébuche n'arrangent pas la situation.

-Allez...si tu te rends, je serais clément...

Son éclat de rire me dit le contraire ! Je dois tenir. Pas d'autre solution. Alors je cours, de toutes mes forces. Malgré les larmes qui perlent, je cours. Ce n'est pas le moment, merde! Je dois être forte...plus forte! Tom n'arrête pas de me le répéter. On vie dans un monde bien trop cruel et imprévisible pour rester naïf et faible. Mais c'est comme si ces mots ne résonnaient pas en moi. J'ai beau essayer de toutes mes forces, je n'arrive pas à m'endurcir. Je fais partie des faibles...est-ce si mal que ça? Apparemment!

-J'arrive, rousette!

Sa voix me prend par surprise et je trébuche une énième fois. Sauf que, cette fois, je tombe à terre pour de bon. Mes deux genoux amortissent le choc. Amortissent?! Je dois étouffer mes cris de douleurs pour ne pas me faire prendre. Je l'entends se rapprocher et la dernière chose dont j'ai besoin c'est qu'il me repère. Je le sens tout près...j'entends le bruit de pas s'enchaîner tels les tics d'une horloge signant mon arrêt de mort.

Je dois rester silencieuse. Mais les pulsions de mon cœur sont si rapides et ma respiration si saccadée...j'ai l'impression qu'il m'entends! Je dois avancer, même si ça veut dire ramper sur le sol humide. Le béton scisaille mes coudes jusqu'au sang mais je ne peux pas m'arrêter maintenant. Surtout que j'avance beaucoup plus lentement. Entre ça et mon souffle court...je ne sais pas si je vais tenir bon. Je fatigue déjà!

-Te voilà !

Soudain, je sens une main agripper ma jambe.

-Y'a aucune sortie, tu perd ton temps!

Le coup de jambe part tout seul. Sûrement l'instinct de survie. Bien placé, pile sous le menton. Il finit par me lâcher, en glissant un juron.

-Garce!

Je l'entends tomber en arrière, sur les fesses. Mais je ne me tourne pas vers lui. Non, j'utilise le peu de force qu'il me reste pour ramper. Je dois sortir d'ici. J'ai peur comme jamais. Je sais que je vais passer un mauvais moment s'il me rattraper nouveau.

-Pitié...

J'implore presque l'univers. Pitié laissez-moi sortir d'ici en vie...Mais l'univers semble bien se moquer de moi. Je le réalise lorsque ma main touche quelque chose de dur. Un mur! Et je craque. Mes larmes se mettent à couler sur mes joues. Ça ne sert plus à rien de se retenir ou de rester silencieuse. Il va me rattraper et me tuer! Sans parler de ses amis. Je les sens! Je les entends tous se réjouir en s'imaginant me rattraper. Parce qu'ils le savent! Ils ont su, avant moi, que j'étais foutu et que je n'arriverais pas à leur échapper.

-Je t'entends respirer, rousette...

Je plaque ma main sur ma bouche. Comme si ça allait changer les choses...quand il lui suffit de marcher droit pour me toucher. Rien ne pourra me sauver, cette fois. Déjà que la chance n'a jamais vraiment été de mon côté. Et mes pleurs sont bien trop bruyants.

-J'arrive!

Pourtant je continu à toucher le mur. Ma main remonte légèrement et je m'arrête. J'ai eu tout faux! Ce n'est pas un mur mais...une marche? Pas le temps de vérifier. Je ne vois rien dans cet obscurité. Il ne me reste plus qu'à traîner mon corps sur les marches froides et suivre mon instinct. Malgré que, lui, me crie d'abdiquer. Elles sont aussi dures et froides que le sol sur lequel je rampais. Et qu'est-ce qui me dit qu'elles me mèneront quelque part? Et si ce n'était qu'une perte de temps...un faux espoir?

Je prends le risque. J'en ai besoin! J'ai besoin d'un fin espoir auquel m'accrocher. Sinon je risque de lâcher et de finir entre leurs griffes. Donc je fais encore un dernier effort. Pile au moment où je pensais à abandonner, je sens, de nouveau, quelque chose de dur. Moins dur que la première fois. C'est une petite trappe par laquelle je me faufile, sans problème. Et je respire enfin!

Mais ce n'est pas la fin. Je suis accueilli par un froid gracial et une couche épaisse de neige. La nuit a passé, sans que je ne m'en rende compte. Les flocons blanc me martèle la peau et mes vêtements déchirés n'y peuvent rien. J'ai froid, j'ai peur et j'ai faim. Mon genou est aussi toujours douloureux. Je réussi à me lever et à marcher mais pas très loin.

Je suis bien trop épuisé. Je ne peux plus avancer, malgré les cris venant de la trappe qui me menacent, au loin. Ils arrivent. Je ne peux pas courir ou je risque de tomber. Tout ce que j'ai le temps de faire est de me cacher derrière un grand arbre. Je dois respirer moins fort...Surtout que je les entend sortir, à leur tour.

-Rousette...

Je dois respirer moins fort!

Je sens que vous allez beaucoup aimer la suite❤️