Rosé.
Elle était douce comme le chant des oiseaux au printemps ; douce comme la vie.
Rosé.
Même son nom émanait de beauté. Ses pupilles pétillantes, ses lèvres roses, sa longue chevelure blonde platinum; tout était beau chez elle.

La blondinette remit son foulard blanc en place. Elle avait délicatement enveloppé le morceau de soie autour de sa chevelure dorée et l'avait assorti de grosses lunettes de soleil noires. Car elle n'aimait pas montrer ses yeux. Surtout dans une banque où régnait tant d'inconnus et de potentiels assassins. Elle préfèrait rester discrète et indéchiffrable aux yeux du monde; paraître mystérieuse et forte.

Mais Rosé n'était pas rassuré; semblait presque apeuré à triturer sa longue robe noire en velours. Quant à ses escarpins blancs, elle les faisait s'entrechoquer comme Dorothy. Comme si ce geste pouvait la transporter loin d'ici. Dans un lieu sûr.

C'est à ce moment qu'une autre femme entra dans la Black Banque. Lisa, s'avança vers un guichet, dans un immense manteau de fourrure rose. Elle était enjoué en balançant ses cheveux bruns mi-longs avec grace et élégance. Comment pouvait-elle sourire? Se demanda Rosé, surtout sachant ce qu'elles s'apprêtaient à faire.

La brune passa devant la blonde et la rassura d'un discret clin d'oeil. Puis elle sortit un fusil de son manteau et acheva, d'un tir, le garde sur sa droite. La foule de clients paniqua, évidemment. Mais les deux amantes avaient tout prévu. Rosé saisit deux Berretti et se mit debout sur l'un des guichets, armes pointés sur la foule.

Les corps, pétrifiés de peur se recroquevillèrent au sol, les mains sur la tête et cette scène rempli Lisa d'adrénaline. Cela fû exquis. Elle aimait voir son amante prendre les devants. Elle aimait la voir si confiante car elle avait ce petit truc en plus, cette lueur dans ses pupilles chocolat qui la rendait spéciale. Et cela, Lisa le sû dès qu'elle vit Rosé dans ce café.

Ce jour-là, Lisa, mère célibataire au passé épineux et sombre tel ses cheveux bruns l'avait observé déguster son cappuccino. Elle avait envié le liquide chaud qui se glissait entre ses lèvres. Elle s'était demandé comment un être à l'apparence si parfaite et au coeur si pur pouvait exister et surtout se trouver si près d'elle. Car si Rosé était ange, Lisa était démon et elle n'osait l'approcher, de peur de la brûler.

Ce qu'elle apprit bien plus tard, c'est que Rosé aimait le risque. L'adrénaline coulait dans ses veines quand elle raquaitait les gamins, volait des flacons de parfums ou, tout simplement, brûlait des poubelles remplies de journaux.

Elle était ingérable ! Enfin, sauf avec son petit-ami Téo qui la battait sans scrupule, ni répi. D'ailleurs, ce jour-là, elle buvais son café en tirant continuellement sur son béret bleu marine. Pensant que cela suffirait à cacher les marques sur son visage.

Mais ce fû la première chose que Lisa remarqua. Et lorqu'un élan de courage la poussa à s'asseoir à la table de la blonde apeuré, elle le sû. En un instant, leurs regards se croisèrent et elle sû qu'elles étaient faites pour se rencontrer.

Lisa était l'épaule dont Rosé avait besoin et elle passa la journée à se confier. La brune l'écouta attentivement. Et ce fû ainsi pendant des mois. Rosé venait chez elle, Lisa lui servait une coupe de champagne et tendait l'oreille. Cela était devenu leur petite routine. Leur petit moment rien qu'à elles.

Un instant que Lisa chérissait plus que tout car, en secret, elle nourrissait des sentiments profonds pour la belle blonde. Et son regard de braise ne quittait jamais ses lèvres légèrement entrouvertes. Un jour, elle l'embrassa même et Rosé lui rendit son baiser.

Rosé quitta son petit-ami et emménagea avec Lisa et sa fille Maëlys. C'est là que le cauchemar débuta. Les factures s'entassèrent et le maigre salaire de serveuse de Lisa ne suffisait plus. Rosé envisagea même de retourner chez son ex violent.

—Il pourrait nous héberger un moment, proposa t-elle, ça te fera une pause Lala.

—Non, je vais trouver une solution Chae.

Et elle le fit. Ce braquage devait régler tous leurs problèmes, si elles suivaient bien le plan.

—Restez au sol et aucun mal ne vous sera fait, prévena Rosé.

Les clients semblèrent tous coopérer. Pendant ce temps, Lisa tira par le col le directeur de la banque jusqu'à la caisse. Il l'ouvrit, le fusil braqué sur sa profonde calvitie. Puis Lisa le poussa et admira ce beau paquet d'argent. Elle remplissa les deux sacs qu'elle possédait tout en lançant quelques billets en l'air, au plus grand plaisir de Rosé.

Lisa n'avait jamais voulu braquer une banque mais la vie ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Et elle était passé par de nombreuses souffrances. C'était sa vengeance ! Dans un élan de joie, elle tira dans le plafond, ce qui effraya la foule, surtout une des caissières qui tremblait. Rosé s'approcha d'elle, sans lâcher ses armes.

—Quel est votre nom?

—Jennie.

—Ça va aller, tenta t-elle de la rassurer. Tout ira bien.

—O...okay

—Arrête de sympatiser avec le personnel Rosé, cria Lisa avant de tirer dans une vitre.

Le bruit appeura la dame qui lâcha presque un cri.

—T'es malade? s'énerva la blonde

—Désolé.

Lisa avait l'art de s'enflammer très vite. Mais, aussi hautes qu'étaient les flammes, Rosé les éteignaient car elle était la patience et le calme incarné.

Une sérénité écourté par une tempête de plus en plus proche. Sirène, girofard, policiers; en une seconde leur mince espoir de liberté disparu.

Il fallut se baricader dans le bâtiment, derrière un guichet. Mais les deux femmes libérèrent tous les otages avant. Elles voulaient rester entre elles; seules face au monde comme elles l'avait toujours été. L'autre solution aurait été un suicide collectif, mais Lisa pensa à sa petite Maëlys . Elle n'avait que quatre ans et avait encore besoin de sa maman.

Si Rosé rêvait de dépenser ces billets dans les plus grands magasins de Paris, Lisa avait d'autres projets. Elle voulait juste pouvoir s'occuper de sa fille sans s'inquiéter des lendemains incertains. Juste lui permettre de s'épanouir comme toute petite fille de son âge. Mais pour cela, il fallait sortir d'ici vivante.

Elle se tourna vers son amante et attrapa ses longs doigts fins.

—Ça va aller Rosé.

—Non, ça n'ira pas!

La blonde paniquait; elle aussi pensait a la petite Maëlys et une chaude larme glissa sur sa joue. Lisa n'ayant aucune famille à Séoul; la pauvre fille se retrouverait en foyer. Il fallait à tout prix qu'elles s'en sortent; au moins que Lisa s'en sorte. Même si, elle, devait se sacrifier.

Soudaint, Rosé se redressa, ses deux armes en mains.

—Qu'est-ce que tu fais? s'inquiéta Lisa.

Mais la blonde ne lui répondit pas et contourna le guichet. Puis elle se dirigea vers la fenêtre brisée et se mit à tirer sur la police. Cette dernière répliqua.

—Arrête Rosé! Ils vont te tuer.

—T'inquiète pas, fuis par la porte de derrière !

—Je...je ne peux pas.

—Fais ce que je te dis Lisa. Maëlys a besoin de toi.

Grave erreur que même l'impulsive Lisa n'aurait pas commise. Ne laissez jamais la peur pénétrer votre coeur car elle en dévorera chaque parcelle jusqu'à vous tuer.

Mais ces mots ne résonnèrent pas en Rosé. Tout ce qu'elle entendit fû le bruit des balles qu'elle tirait en vidant son chargeur. L'air était lourd et même la beauté du ciel ne rendait pas la scène moins affligeante.

À court de munitions, la blonde s'arrêta, vidée et à bout de souffle. C'est alors qu'un point rouge se mit à se balader prêt de son coeur. Elle compris et ferma ses paupières, acceptant son sort. Elle s'était battu de toutes ses forces pour protéger Lisa et elle était convaincu que Maëlys le saurait. Elle le savait !

Rosé tomba violemment au sol. L'arrière de sa tête percuta le parquet à une vitesse folle mais la balle ne l'avait pas touché. Quand elle se redressa elle vit que Lisa s'était jeté devant elle pour la protéger, et avait hérité d'une balle en plein coeur. Les larmes inondèrent les joues de Rosé, à la vue de tout ce sang émanant du chemisier rose de son amante.

La brune était allongée, la tête sur les genoux de la blonde, agonisant après son sacrifice.

—L...Lala...

La voix de Rosé n'était plus qu'un murmure. Elle enlaça son amante en criant de douleur ; en hurlant de tout son être. Non, elle ne pouvait pas mourir, pas maintenant ; pas par sa faute.

—Me laisse pas Lala, je t'en supplie.

De ses deux mains, elle compressa la plaie pour arrêter le saignement, mais la balle avait traversé en plein coeur et Lisa le savait. Elle prit délicatement la main de la blonde et la serra aussi fort qu'elle pû.

—Tu vas...te rendre Rosé.

—Non, hors de question. Je vais tous les tuer!

—S'il te plaît...pour... Maëlys. Fais-le...pour Maëlys. Tu dois veiller sur elle. Moi je ne pourrais pas...

À présent, ses larmes vidait Lisa du peu de force qu'il lui restait, mais elle tenait à sourire pour rassurer sa petite-amie. Elle voulait qu'elle ne culpabilise pas et la laisse partir en paix. Elle voulait garder en dernier souvenir ces moments passés ensemble, ces baisers, leur première fois dans une voiture peu confortable. Tous ces instants de joie.

Parce qu'après tout, c'était Lisa qui eût l'idée du braquage. Elle avait traîné Rosé dans cette folle aventure. Tout cela était donc de SA faute, pensait-elle.

—Tu es la plus belle chose qu'il me soit arrivé dans ma vie, murmura Rosé.

—Et toi, tu est toute ma vie.

Puis Lisa ferma les yeux, et ne les ouvrit plus jamais...

Lisa.
Elle était pétillante comme le champagne qu'on sirote au bord de l'eau ; pétillante comme la vie.
Lisa.
Même son nom émanait de beauté. Ses pupilles malicieuses, ses lèvres roses, sa rebelle chevelure brune; tout était beau chez elle.

C'est ainsi qu'elle l'avait remarquée. Elle, Rosé, une femme douce comme la brise du printemps.

...
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Mon premier one shot écrit à 3h du mat donc me jugez pas trop sévèrement ❤️
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