Chapitre 22: Kyo
Lorsque les secours finissent enfin par arriver, je suis dans un état second. Sûrement à cause e la drogue qu'il m'a injecté. Je ne remarque même pas qu'Alex passe devant moi, sans se retourner. Je suis ailleurs...et ma tête me fait atrocement mal. Je n'entends qu'une série de voix me percer les tympans et une vague de lumière m'aveugler. Deimos n'est pas allé de main morte, cette fois. Au point où je n'arrive même pas à me lever.
Alors je reste là, assise au sol, au plein milieu de la chambre, a fixer le grand mur couvert de sang. Bordel, il fait déjà jour?
–Qu'est-ce qui s'est passé , Kyo?
Jay est le premier à me venir à l'aide. Le seul à se soucier de moi. Mon fiancé, lui, se contente de me regarder de loin. Il est furieux.
-Kyo, tu m'entends ?
À peine. Faiblement.
–Je...Je ne me rappelle plus vraiment de ce qui s'est passé, Jay. S'il te plaît, sors moi de là... je t'en supplie.
–Oui, c'est promis. Mais, avant...
Je remarque enfin que sa main droite serre mes poignées et que l'autre tient une paire de menottes.
–Tu plaisantes n'est-ce pas ? Tu ne vas pas vraiment faire ça ?
Mes yeux sont gorgés d'eau alors que j'ai toujours l'impression de rêver. Ou plutôt de faire un horrible cauchemar.
–Je n'ai pas le choix. Ça ne met fait pas plus plaisir qu'à toi mais, pour l'instant, tu es la seule suspecte.
–La seule suspecte de quoi ?
–Du meurtre de Monsieur Min.
Quoi ?!
–Non non non ! Ce n'est pas moi. Je n'ai rien à voir avec ça!
–Alors dis-moi qui l'a fait, et j'irai l'arrêter de suite.
Je n'hésite pas un instant.
–C'est Deimos!
Mais dès que je prononce son nom, l'excitation sur son visage disparait. Il se tourne un moment et regarde Alex, dépité.
–Quoi?
–Tu en es sûr? C'est ton dernier mot ?
–Évidemment. Pourquoi je mentirais ?
–Écoute...je sais que tous les deux vous n'avez pas l'air de bien vous entendre, et que tu essaies par tous les moyens de le faire enfermer mais...
–Biensur que je le veux enfermé ! Il est dangereux ! Il est vraiment dangereux, mais vous deux, vous préférez fermer les yeux et le laisser en liberté. C'est la vérité !
S'en est assez pour Alex. Il daigne enfin sortir de son silence et me foncé dessus.
–Tu veux qu'on parle de la vérité ? C'est bien ça ? La vérité est que tu te trouves sur une scène de crime, les mains remplies de sang, en face d'un corps sans vie. La vérité est que je ne peux pas prendre ta défense, parce que tu as quitté le dîner de ma mère sans prévenir personne. Pas même ton fiancé!
–Oui je sais mais...
-Et la vérité est que Deimos, lui au moins, a un alibi pour la nuit dernière.
Un alibi? Quel alibi ? Quel alibi pourrait-il bien avoir, alors que j'ai passé des heures à le regarder découper en petits morceaux ce pauvre cadavre ?
–Foutaises ! Il ne peut pas avoir d'alibi ! Il était là, je l'ai vu !
–Vraiment ? OK...
Puis il sort son téléphone de sa poche et lance une vidéo.
–Alors explique moi comment il a pu être ici, avec toi, et, en même temps, se faire flasher sur l'autoroute à trois reprises pour excès de vitesse ?
Mes yeux s'ecarquillent, sous le choc. Non, ça ce n'est pas possible. Je sais qu'il est toujours préparée à toute éventualité mais... là ce n'est plus " avoir une longueur d'avance ". Cela relève de la sorcellerie.
–Écoute, je ne sais pas comment il a fait mais je te jure que je ne mens pas. Crois-moi !
Mais le pire c'est que même s'il ne le fait pas je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Mon histoire n'est pas très crédible.
-Tu me croyais, si les rôles étaient inversés, Kyo?
-Oui. Tu es mon fiancé, bordel! Nous allons nous marier et tu me crois capable de ça?
Nous nous connaissons depuis des années. Il sait que je ne ferais jamais une chose pareille.
–Tu as mobile, au moins? Pourquoi je le tuerais? Parce qu'il m'a menacé une ou deux fois ? Je vaux mieux que ça!
Alex semble enfin revenir à la raison et pose un baiser sur mes lèvres. Ça me réchauffe.
-Je le sais, Kyo. C'est pour ça que tu vas gentiment me suivre au poste et me laisser t'innocenter.
–C'est une blague?
Je connais très bien la procédure et il est hors de question qu'on humilie de la sorte, devant mes collègues de travail et les stagiaires. Surtout pas pour un crime que je n'ai pas commis.
–Et la présomption d'innocence, tu la mets où?
–Aux chiottes, Kyo! Tu sais au moins ce que tu risques ? La prison à vie ! Tu comprends ?
Malheureusement, oui. Personne ne connaît mieux les lois japonaises que moi, dans ce service. Mais je ne peux pas m'y résoudre. Je n'y arrive pas. Heureusement, Jay semble plus lucide que nous deux et propose un compromis :
–Bon, j'ai une proposition à vous faire. On peut prendre tes empreintes ici et les transmettre au bureau. Ensuite, je te ramène à la maison. Ça te va ?
Je n'ai pas vraiment le choix.
–Ok.
-Bien.
Puis je me laisse faire. Même si cela veut dire se faire prendre les empreintes, par une toute jeune recrue que j'ai moi-même formée. La honte est totale. Je n'ai pas un grand égo mais, déjà qu'il est dur de se faire respecter dans ce milieu... je peux dire adieu au peu de réputation que j'avais réussi à me faire.
Alors j'essaie de me distraire comme je le peux. Je regarde le mur où, évidemment, Deimos a bien pensé à retirer les photos de moi qu'il avait prise. Il les a remplacé par d'autres de Monsieur Min. Il a pensé à tout...
Puis je regarde le sol. Les carreaux sont trempés de sang. On se doute qu'un corps vient à peine d'être retiré. J'ai froid. Sûrement à cause de la porte grandement ouverte. Et, pendant un instant, je laisse mon esprit divaguer.
Je pense à m'échapper. Àtous les pousser et à courir vers la liberté. Mais, au final, je pense que cela compliquerait encore plus les choses donc je reste tranquille, jusqu'à ce que ce soit fini.
–C'est terminé. Tu as besoin de quelque chose ?
–Quelque chose de chaud, s'il te plaît, Jay.
Mes larmes coulent et ma voix tremble. Mais j'essaye encore de garder la face. Alex le sait, c'est pour ça qu'il reste le plus discret possible. Il ne veut pas en rajouter une couche. Jay, lui, fait signe un au policier et récupère un mug à café qu'il me tend.
-Merci.
Je dois faire sacrément pitié pour qu'il me fixe de ses grands yeux désolés. Mais il préfère rester le Jay que je connais et qui me réconforte toujours.
–Et si on rentrait maintenant ? Une bonne douche te fera du bien.
Elle me fera du bien mais elle n'enlèvera pas l'image de ses flashs prenants photos. Ou celle de mes doigts se trampant d'encre et se posant sur la feuille blanche. Elle n'effacera pas non plus cette culpabilité qui noie mon cœur et fait couler mais larme. Et surtout elle ne fera pas disparaître cette rage et cette colère qui fait grincer mes dents.
-Jay, si jamais tu croise Deimos...dis-lui bien que je le hais! Dis-lui!
Il se contente d'hocher la tête. Je me lève et, ensemble, nous sortons du petit studio. Je suis si à l'ouest que je ne me rappelle même plus des vêtements que je porte. Je pourrais être nue que je ne m'en rendrais pas compte. Donc je suis contente que l'immeuble soit vide et que nous puissions sortir de là, sans croiser le moindre journaliste.
–On a fait le nécessaire, me prévient Jay.
-Merci.
Sa voiture noire est garée juste devant. Je l'aime bien parce qu'elle est très confortable. Ses fauteuil sont si relaxants que dès que je m'y allonge, je me sens déjà plus détendue.
–Je sais que tu ne veux pas parler pour l'instant mais, si jamais quelque chose ne va pas, que tu as faim ou que tu as mal, préviens-moi. C'est important!
–Ok.
Je me tourne vers la portière et ferme les yeux. Il est si attentionné alors que rien ne le force à le faire. Il devrait juste faire son boulot, sans me prendre en considération.
–Tu devrais me traiter comme la criminel que je suis...
–Qu'est-ce que tu racontes ? Toute cette histoire est beaucoup trop dingue pour que tu sois coupable.
Je me retourne en un claquement de doigt.
–Tu me crois?
–Je ne sais pas, Kyo. Est-ce que je crois que Deimos est un tueur sanguinaire surnommé "The Devil" qui tu ses victimes la nuit ? Non.
C'est vrai que ce n'est pas très réaliste. Après tout, il reste un psychiatre renommé et respecté dans son métier.
–Mais maintenant, est-ce que je préfère le croire lui à la meilleure amie de ma femme? À ma coéquipière? Non.
Une lueur d'espoir...
-Tu sais qu'Ana me percerait le crâne avec un talon, si je ne prenais pas ta défense.
Il arrive à me faire sourire. Puis il pose sa main sur la mienne.
-Je vais faire au mieux pour t'aider. Mais, tu vas devoir faire profil bas, en attendant. Compris?
J'acquiesce d'un hochement de tête.
-Bien.
Puis il démarre enfin.
Vous pensez que Deimos est passé où?😏💕
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