J'ai eu peur en me retrouvant seule avec lui dans son bureau. J'ai aussi peur chaque fois que j'entends"The Devil" dans mon talky-walky. Son nom seul suffit à me donner des frissons et pas de bons. Parce que je le cotoi depuis assez longtemps. Je sais à quel point il est dangereux. Je sais jusqu'où il peut aller pour obtenir ce qu'il veut.

Faire couler du sang n'est pas un souci pour lui. C'est son hobby préféré.

-Souri  Wan! Tu devrais être content. Tu as encore toutes tes dents...

Je n'aime pas le plaisir qu'il éprouve, penché sur lui, à faire passer le bout de son pistolet sur ses gencives. Le pauvre Mr. Min a l'air terrifié. Et le pire est qu'il risque de rester dans cet état pour un long moment! J'ai beau me creuser la tête, je ne vois pas comment l'en sortir. Si je sors, il nous attrape tous les deux et si je reste là, sans rien faire, il meurt. Un vrai dilemme. Merde! Comment, malgré toutes mes années de carrière et d'expérience, je ne suis pas capable de me sortir d'un pétrin parail?

Je ne sais pas...Quand il s'agit de Deimos, l'expérience ne sert à rien. Il est si imprévisible et fou que j'en perds tous mes repères.

–Tu veux qu'on commence par quoi ? Parce que moi j'ai bien une petite idée...

Il lui tire dans la jambe. Un coup sec qui me fait de nouveau trembler. D'habitude je ne suis pas sensible au bruit des armes à feu. J'ai l'habitude. Mais celle qu'utilise Deimos est d'une puissance... On voit vraiment qu'il n'essaie pas d'être discret mais juste de s'amuser le plus possible. Et dire qu'avec toutes ses imprudences, il ne s'est toujours pas fait prendre...cela relève du miracle.

–Fais-moi voir comment tu rampes, connard!

Son sourire s'élargit, ce qui ne présage rien de bon pour la suite. Et moi je me demande pourquoi il s'acharne autant sur le pauvre Monsieur. Après tout, il ne fait jamais rien sans une bonne raison. Pour se retrouver entre les griffes de Deimos, on doit devenir son ennemi. S'il y a bien une chose que j'ai retenue sur lui, c'est qu'il ne choisit jamais ses proies au hasard.

Uniquement lorsqu'il a des comptes à régler. Alors qu'est-ce que ce pauvre Monsieur a bien pu lui faire, pour se retrouver sous son radar ? Rien qui ne mérite de mourir. Mais il doit bien y avoir quelque chose...

–Je croyais qu'on en avait déjà parlé, toi et moi. Je croyais t'avoir déjà dit de rester loin de celle que j'aime? Pourquoi tu préfères faire la sourde oreille ?

–Je ne vois pas de quoi tu parles...

–Bordel, tu le fait exprès ? Tu crois que ça m'amuse ?

Son regard se noircit, alors que le talon de sa botte s'enfonce dans la blessure ruisselante de sa proie. S'ensuit une série de cris à me glacer le sang.

–Tu joues avec ma patience..., il débute en se penchant légèrement. Le dernier à l'avoir fait, et déjà six pieds sous terre. Et tu le connais très bien, puisque c'est ton beau-fils...

C'est bien la première fois que je l'entends parler de lui et enfin avouer son crime. Finalement, même si je me retrouve coincée sous son lit, cela en vaut bien la peine. J'ai enfin eu la confirmation que j'attendais! Mais cela me fait me poser encore plus de questions. Pourquoi semble-t-il s'acharner sur toute cette famille ?

Il ne les connaît même pas. Il a dû croiser, chacun d'eux, une ou deux fois, en me traînant dans les pattes. À moins qu'il y ait des détails que j'ignore. Mais contrairement à moi, Mr.Min ne semble pas avoir le temps de tout comprendre. Il essaye juste de sauver sa peau.

–Écoute... je ne sais pas de quoi tu parles mais... je suis désolée, ok?

Deimos ne répond pas tout de suite. Il se met à mordiller nerveusement l'ongle de son pouce, comme il le fait lorsqu'il réfléchit. Mais ce n'est jamais très bon signe. Souvent, il sait déjà ce qu'il a envie de faire. Cela sert plus comme une pause, une prière silencieuse pendant laquelle il demande à sa victime de lui pardonné, avant qu'il ne la massacre.

–Hum. Ok. Je te pardonne.

–Vr...vraiment?

-Hum.

Pourquoi je n'y crois pas? Peut-être parce que je le connais beaucoup trop. Et lorsqu'il brandit une hache, sorti de nulle part, je comprends que j'avais raison. Le sourire de Monsieur Min s'efface en un instant et mon cœur se met à battre comme jamais. Je dois sortir de là !

Mais je bouge à peine le doigt que la hache s'abat sur Monsieur min. Deimos lui entrouvre complètement la poitrine, malgré ses cris déchirants. En quelques secondes il l'éventre comme un animal.

Une larme passe sur ma joue. Je suis tant écœurée que je tourne la tête pour me contenir. Il ne doit pas m'entendre! Surtout pas maintenant! J'essaye de me calmer mais mon corps est encore sous le choc. Je n'arrive pas à respirer et cette cachette devient vite étouffante .

–Ah. Quel beau spectacle! Regardons un peu ce qu'on a...

Je devine qu'il est assis près du corps à regarder ses yeux se vider de toute vie. Il n'éprouve aucune culpabilité, ni aucune pitié...évidemment. Ce serait bien trop lui demander.Mais comment il peut rester de marbre devant une personne appelant désespérément à l'aide?

Même si la douleur qu'éprouve Monsieur Min doit être si intense qu'il n'arrive plus à prononcer correctement le moindre mot. Je n'entends que des petits cris, presque des sifflements, s'échapper de sa gorge. Et cela me fend le cœur. Pas le fait qu'il soit entrain de mourir, mais celui qu'il doive subir d'être achevé par un monstre sans cœur. Une manière de mourir que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi.

–Tu as quelque chose à dire ? Après tout, même les ordures ont droit à un dernier mot, non? Je ne suis pas sans cœur...

Je repose mon regard sur lui et le vois se pencher légèrement sur sa victime.

–Articule, bordel! Je n'entends rien!

Il est sérieux?

-Bon, je choisirais tes dernier mots alors. Un truc bien sentimental à la con.

Un moment.

-"J'aime ma femme", ça te vas?

Mr.Min semble essayer de dire quelque chose.

-Ne t'inquiète pas j'incluerais tes gamins dans le discours. Je dirais que tu as lutté jusqu'à tes derniers instants...

Mr.Min réagit de nouveau. Deimos a beau ne pas comprendre ce qu'il dit, il n'a même pas l'air d'essayer. Il se lance dans une espèce de monologue où il pose et répond à ses propres questions.

-A qui je vais en parler? A la police? Non...J'ai un forum en ligne. Ils vont adoré quand je vais leur raconter. Mais malheureusement...il n'y aura pas de fin, si je ne te tue pas...

Soudain, il sort un petit couteau de sa manche et mon corps se raidit de nouveau.

-Tu as une préférence?

Pas de réponse...evidemment.

-Tant mieux...

Son sourire s'élargie encore plus, alors qu'il enfonce la lame à plusieurs reprises dans la chair d'un homme innocent. Cela dur un bon moment, une bonne quinzaine de longues minutes. Jusqu'à ce que tout se termine. Elle s'enfonce une dernière fois dans la gorge de Monsieur min, sans en ressortir.

Je me dis que Deimos l'y laisse par flemmardise mais il semble distrait par le spectacle. Et passe un long moment à la regarder, tenir en équilibre sur une rivière de sang. Mais cela ne lui suffit pas. Il enfonce ses mains dans sa poitrine et en sort son cœur encore battant.

Il enfonce ses canines dans la chair rougeâtre et la mort à pleines dents. Évidemment un efflux de sang lave son visage mais cela semble l'amuser.

–Bordel...que c'est bon! Je devrais faire ça plus souvent.

Puis Deimos se tourne soudainement.

-N'est-ce pas, Kyo?

Quand il prononce mon nom, mon cœur s'arrête presque de battre.

–Tu as aimé le spectacle, petit coeur?

Comment j'ai pu penser un instant qu'il ne s'en douterait pas? Qu'il ne remarquerait pas ma présence? Lui qui a toujours une longueur d'avance sur moi ? Et, à présent, ce que je redoutais est en train de se produire : je me retrouve coincée avec lui, sans arme et sans renfort. Il le sait !

-Tu sais...il y avait d'autres moyens plus simples de te retrouver seule avec moi. Tu aurais pu m'appeler! Je t'aurais même préparée un diner...

Il se moque de moi. Sinon son sourire ne serait pas aussi grand. Il sait qu'il a l'ascendance. C'est pour ça qu'il peut se permettre de rester assis près de Monsieur Min, dans un calme plein, tout en me parlant. Vu comment il est calme, je me dis qu'il pourrait même être clément et me laisser partir.

Mais, d'un coup, tout change. Il s'énerve soudainement et se lève. Puis il fonce sur moi, passe ses mains sous le lit, saisi mes jambes et me tire violemment vers lui. Nos regards se croisent et, en un instant, je comprends que je suis dans la merde jusqu'au cou.

–Maintenant c'est avec toi que je vais m'amuser...

Cela sonne comme une promesse.

Je veux bien changer de place avec Kyo, moi✋✋✋