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Karma

— Allez, rien qu'un verre !

Entre deux énergiques coups de brosse, je lance un regard sévère à Erwan, posté à l'extérieur du boxe.

— Tu as curé les sabots de Kash ?

Il acquiesce sans un mot. Je lui fais face, reprends :

— Erwan, je suis sérieux. Va t'occuper de ta jument.

— J'y vais coach. Mais pour ce soir, alors ? demande-t-il, implorant.

Mon ami me livre sa moue la plus triste. Ce diablotin est décidément bon acteur. Je capitule :

— D'accord. Mais un seul, compris ?

Jovialement, il se rue à travers l'écurie pour en informer toute l'équipe. Ses pas claquent sur la surface bétonnée de l'allée et réveillent les hongres endormis. La discrétion n'a jamais été son fort et je crois qu'à vingt-cinq ans, je n'ai plus de chances de le changer.

— Ta jument, Erwan ! crié-je.

Mais le blond est déjà trop loin.

Je soupire, termine le pansage de mon cheval et remballe mes affaires. Moi qui avais envie de calme pour la soirée, c'est raté. Je pousse mon porte-selle, accroche ma bride sur le support qui lui est destiné et place ma bombe sur l'étagère. Le calendrier punaisé à l'intérieur de mon large casier me rappelle que le concours approche à grands pas. Au vu de la séance du jour, nous ne sommes pas prêts. Erwan et Morgane, mes meilleurs éléments, ont tout de même mordu la poussière plus d'une fois en une heure.

Je tire sur les brindilles de paille accrochées à mon sweat et le plie soigneusement dans mon casier, que je ferme ensuite à l'aide de mon cadenas.

Après une inspection des boxes et de la sellerie, je rejoins les autres cavaliers dans le club house.

— On a encore du travail, déclaré-je en entrant.

Je tape mes bottes sur le tapis, crée un petit nuage de poussière. Notre repère aux parois boisées aurait bien besoin d'un coup de balai.

— Ah non ! s'indigne Morgane. C'est fini, on ne parle plus de ça, on est en week-end !

La grande brune, bière à la main, est avachie dans le sofa. Les autres présents l'approuvent de hochements de tête. Je grogne :

— Très bien. Mais la semaine prochaine, on double les entraînements.

Une vague de protestation s'élève, que je mate en levant les bras :

— On n'a pas le droit à l'erreur.

— Mais Logan, on est sur la piste tous les jours, fait remarquer Julien, le plus jeune de la troupe. Je ne pourrai pas faire plus.

— Moi non plus, surenchérit Loïc. Si je ne fais pas d'heures supp au boulot, je n'arriverai jamais à payer mon loyer.

— On s'arrangera pour rattraper votre retard en individuel, déclaré-je.

Mon ton est sans équivoque, mes quatre élèves se résignent. Silencieux, ils continuent de grignoter les biscuits et chips sur la table. Des bouteilles vides traînent à côté de leurs gants et chacun porte encore ses boots, son pantalon de cheval et ses chaps. Tous épuisés par la session intensive que je nous avais concoctée, ils avaient répandu le sable de la carrière sur les canapés et le tapis en se laissant choir nonchalamment. Peu désireux d'encore les embêter, je m'abstiens de toute remarque sur leur négligence de notre lieu de réunion.

Je balaie des yeux la décoration chargée du local, où posters équins se mêlent aux flots remportés par l'écurie. Mon regard tombe sur la photographie encadrée de nous cinq, lors de notre première démonstration au salon du cheval de Paris. Bras-dessus bras-dessous, les yeux pétillants et la mine rieuse, nous posions à côté d'une banderole à notre effigie : « Cavalcade ». Pris de nostalgie, je me rends soudain compte de tout ce que nous avons accompli ensemble, d'à quel point nous avons évolué en trois ans, pour ne plus être des gamins idéalistes mais des athlètes performants. Je suis exigent mais je n'en reste pas moins fier d'eux.

Pour alléger l'ambiance que je viens de plomber, je relance la conversation :

— On va où, ce soir ?

Un sourire illumine le visage fin de Morgane. Elle est l'unique fille du groupe, mais également une excellente cavalière et une fidèle amie. C'est elle qui insiste à chaque fois pour qu'on sorte et qu'on s'amuse ensemble. D'une certaine manière, c'est grâce à elle si nous sommes si soudés.

— Au Pangaré !

Des rictus en coin accompagnent son idée.

Le Pangaré est un bar dansant, non loin de la citadelle d'Arras. Existant depuis plus d'un siècle, il s'agissait à l'origine d'un bar clandestin : le temps en a ensuite fait un endroit privé, secret. Encore à ce jour, il est introuvable pour ceux qui n'en connaissent pas l'adresse. Il se trouve au cœur de la ville historique et détient son siège dans une demeure d'architecture flamande d'apparence petite. L'habitation baroque avait été aménagée en restaurant gastronomique, lui-même appelé « Au Pangaré ».

Mais derrière la salle à manger et particulièrement derrière le miroir du couloir central se cache une entrée. Tout un pan de mur pivote, ouvrant sur un large espace, clos, soigneusement insonorisé.

Je me réjouis d'y retourner. L'atmosphère y est sensuelle, enivrante. Et les cocktails servis sont excellents. Je m'assois, chope une poignée de Doritos. Il est temps de s'organiser.

— J'vais chercher ce qu'il nous faut ! s'exclame Loïc.

Il s'absente une minute, revient fièrement avec une maigre poignée de paille. Julien dégaine les ciseaux d'un tiroir et s'approche en murmurant :

— C'est parti !

Une fois coupés et mélangés, puis alignés dans la paume de Loïc sans en laisser deviner la longueur, nous nous approchons pour cette partie de courte-paille décisive.

Morgane commence, comme toujours. Son esprit d'initiative lui porte chance, semblerait-il. Julien pioche une branchette et se mord les lèvres : elle est plus courte que celle de Morgane.

Erwan me bouscule, presque fiévreux. Pour lui, ce passage va être déterminant. Les yeux mi-clos, il hésite, puis se saisit de la troisième. Il la compare immédiatement à celle de Julien et saute de joie. Je ris à l'air déçu de Julien puis me concentre sur Loïc. Sans trop réfléchir, je tire le deuxième bout de paille, qui s'avère être extrêmement court. Instantanément, Loïc ouvre sa paume, analyse la situation, et s'extasie :

— Ce ne sera pas moi !

Nous rassemblons nos mains, quand bien-même j'ai déjà compris. Mes quatre acolytes se fendent la poire en me narguant :

— Ça, c'est le karma ! On décolle quand, chauffeur ?

Je grommelle sans pouvoir m'empêcher de rire avec eux. 

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