Traîner au lit
Lorsque le lendemain, Charles se réveille dans le lit vide d'Éric, un certain doute s'empare de lui. Premièrement le lit peu familier l'oblige à prendre quelques secondes pour se souvenir de la nuit dernière. Ensuite, a-t-il réellement passé la nuit seul? Un grognement répond sans le vouloir à sa question. De l'autre côté du lit, sur le sol, est étendue une forme humaine enveloppée dans une épaisse couverture velue.
"T'es con... s'exclame le jeune homme. Bouge toi, le sol est froid!"
Son affirmation reste en suspend et la respiration régulière du blond le nargue silencieusement.
Il rampe sur le lit de manière à en parcourir la largeur de la tête aux pieds. Puis tire sur son bras de manière à toucher la tête de l'autre dont il tiraille les cheveux.
Aucune réaction.
Le brun descend du lit sans faire trop de bruit, et se repère comme il peut dans la semi-obscurité omniprésente. Arrivé à côté de son amant, un s'acroupit et le regarde quelques secondes.
"Éric, se confit le jeune homme au corps endormi. Je t'aime, énormément."
Toujours en silence, il sort de la chambre en fermant la porte avec douceur.
Arrivé dans le salon aux décorations plus ou moins originales, il se décide à se mettre en quête d'un café.
Pas même cinq minutes plus tard, la porte de la chambre s'entrouvre, laissant apparaître le visage fatigué d'Éric.
" Laisse moi deviner, le taquine Charles en allumant la bouilloire, le sol ce n'est pas super agréable?
- Comment tu sais? ironise le jeune homme, un sourire au coin de la bouche.
Charles lui tend une tasse pleine.
- Merci, il souffle."
Le blond hésite un instant, puis avoue avec un grand sourire:
" Tu ne m'avais jamais dis «je t'aime» avant, tu sais?
Charles écarquille les yeux puis, gêné, cherche le contact familier du café contre sa langue. Malheureusement, le fait que sa tasse soit à moitié vide l'empêche de faire durer l'illusion de ne pas pouvoir répondre bien longtemps.
- Effectivement, est la seule chose qui peut sortir de sa bouche accompagné d'un regard en biais vers la table.
Se rendant compte de sa gêne, le jeune homme précise.
- Ce n'est pas un reproche, hein! C'est juste que ça m'a fait plaisir sur le coup.
- T'inquiète, le rassure le brun avec un sourire, je pensais que tu dormais.
- Loupé! taquine Éric. Je tentais de dormir! "
Charles sourit en posant sa tasse dans l'évier.
Éric et moi en voyage... réfléchit le jeune homme en fixant son amant finissant son café, du coin de l'œil.
Il a cheveux chafouin, les yeux encadrés de mauve, et les sourcils légèrement froncés... Aucun doute sur le fait que sa nuit est été encore plus misérable que ce qu'il imagine.
"Eh mec, entame le brun, finalement comment ça se fait que tu te sois retrouvé par terre?
- Et bien en fait, répond Éric en baillant. Tu m'as viré du lit. À grands coups de pieds!
- Sérieux? s'exclame Charles, les yeux grand ouverts.
- Ouais... T'as dû faire un cauchemar ou quelque chose dans le même genre! C'est quand tu as fait l'étoile de mer que j'ai su que c'était mort pour retrouver mon lit..."
Les deux protagonistes explosent de rire.
" C'est vrai que j'ai un vague souvenir de cauchemar, rêvasse le brun.
- Raconte! s'intéresse l'autre homme.
- Et bien... J'ai le vague souvenir d'une grande pièce blanche avec des dizaines de grandes colonnes de marbre gris. Et d'une porte! Je savais que je ne devais l'ouvrir sous aucun prétexte!
- Tu m'expliques de quoi tu as pu avoir peur? raille Éric.
- Je ne sais plus moi... La porte a sûrement dû s'ouvrir! tente maladroitement Charles.
Éric pouffe, cependant il ne peut s'empêcher de rajouter:
- S'il te fallait une idée de cauchemar, t'avais qu'à te rappeler d'hier..."
Nouveau moment de gêne.
" On en parlera plus tard, souffle Éric. J'ai pas envie de pourrir la matinée, et puis on a des valises à faire? Non?"
Charles se pince ses lèvres.
Éric quitte la table.
Leur relation, est faite comme ça. De silences. De non-dits. Ni l'un, ni l'autre n'en sont ravis, mais c'est comme ça. Sinon tout serait différent, bancal.
Le blond revient avec un grand sac de voyage en cuir bleuté, écaillé.
" On part combien de temps déjà? demande-il en secouant le bagage de droite à gauche.
- Prévoit pour deux semaines, déclare sérieusement le jeune homme.
- Tant que ça?
- Avec ma grand-mère on ne sais jamais..."
Éric retourne dans sa chambre et interpelle Charles depuis là bas.
" Tu voudras aller chercher des fringues chez toi où tu as tout dans ton sac de Mary Poppins?
- Mais... j'ai pas de sac!
- Je suppose qu'on va devoir passer chez toi alors, plaisante-il.
- Crétin."
Finalement, profitant de l'absence de l'autre, Éric s'habille en vitesse et lance les vêtements de son amant dans le salon.
" Encore plus de douceur s'il te plait! se moque Charles, toujours en caleçon. "
Tandis qu'il termine d'enfiler son jean et d'attacher sa ceinture, l'ancien barman déboule une énième fois dans la pièce à vivre, portant son bagage plein à craquer avec difficulté.
" J'ai dis deux semaines! Pas un mois!
- Tu as aussi dit qu'il fallait prévoir! s'exclame le blond.
- Comme tu veux, capitule le jeune homme."
Examinant son reflet dans la glace ornant le meuble en face de lui et se rendant compte de la saleté de ses cheveux, Charles touche son crâne avec dégoût.
" J'aurai grandement besoin d'une douche...
Éric soupire.
- Ouais, mais on fera ça chez toi.
- Ça n'a aucun sens... remarque le brun.
- Au moins on sera propre pour le départ! explique son interlocuteur.
- C'est vrai que toi aussi tu es dégueulasse! rigole le garçon en saisissant, entre deux de ses doigts, une mèche blonde.
- C'est vrai... répond l'autre. Bon, on y va?
- Go."
Éric traîne sa valise sur la pallier et ferme sa porte à clef, abandonnant son appartement pour un peu d'aventure.
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