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XIV | Le début d'une trahison

Chapitre 14 : Le début d'une trahison

   Leslie se réveilla trois quarts d'heure plus tard sans avoir le moindre souvenir de quand elle s'était endormie exactement. Il devait désormais faire très sombre au-dehors, mais ça elle ne pouvait pas le savoir puisqu'elle n'avait pas de fenêtre. Elle n'avait qu'une vieille pendule accrochée au mur de la cuisine pour lui donner l'heure puisque son téléphone était dans la voiture de prof Lennon. Elle soupira. Elle devrait aller le chercher. Et Sarah, qu'est-ce qu'elle foutait avec son linge ? Leslie la soupçonnait d'être en train de s'envoyer en l'air avec son voisin, mais pourtant elle n'entendait aucun bruit... bah peut-être qu'il n'arrivait juste pas à la faire jouir assez fort... elle se pinça l'arrête du nez pour arrêter de penser à des choses bizarres et s'assit sur une chaise qui traînait. Et si elle allait chercher son sac maintenant ? Oui, elle n'aimait pas l'idée de laisser ses affaires à prof Lennon, encore moins son téléphone. Elle serait bien capable de piquer une crise de jalousie si elle voyait que Leslie avait le numéro d'Ackermann et pas elle. Ackermann... un nœud se forma dans son ventre  lorsqu'elle pensa à lui et un petit sourire idiot naquit sur ses lèvres. Il lui avait dit clairement qu'il était amoureux d'elle... et « pour longtemps ».

   — Aaaaah ! s'écria-t-elle, ne pouvant retenir un petit cri d'euphorie.

   Elle sortit dans le couloir puis dans les escaliers et regarda par la fenêtre : il ne pleuvait plus mais le ciel était encore couvert de nuages rendus invisibles par la nuit et tout était détrempé. Elle retourna vite dans son appartement et passa un blouson, prit un parapluie au cas où il se remettrait à pleuvoir et mit les baskets les plus imperméables qu'elle possédait. Elle laissa un mot sur la table pour prévenir Sarah d'où elle était, au cas où celle-ci aurait l'idée de revenir. Puis elle quitta son immeuble, sortit dans la rue et marcha en direction de la rue du dojo. Si Ackermann habitait par là, prof Lennon aussi puisqu'elle était sa voisine. Ensuite elle n'aurait plus qu'à... se débrouiller...

   Une fois qu'elle fut en plein milieu de la rue, elle se cala contre une façade et balaya l'endroit du regard. Avec un peu de chance, prof Lennon s'était garée dans la rue et son sac était resté dans la voiture. Elle avait emporté différentes épingles à cheveux exprès pour faire face à n'importe quelle serrure. Et si la voiture de prof Lennon possédait une alarme et bien elle n'aurait qu'à s'enfuir le plus vite qu'elle pouvait avant que quelqu'un ne s'aperçoive de sa présence.

   Elle longea la rue en regardant attentivement les voitures, dans l'espoir de reconnaître celle qu'elle cherchait. Ce quartier de la ville était presque totalement silencieux la nuit : il ne comportait ni bar ni boîte de nuit ni cinéma ni rien qui soit nocturne et il ne passait que deux ou trois voitures par dix minutes. Aussi, quelques éclats de voix attirèrent son attention. Elle avança encore un peu jusqu'à trouver la voiture de prof Lennon. La vitre arrière droite était ouverte et elle voyait distinctement deux personnes à l'intérieur. Elle s'immobilisa brusquement en plein milieu du trottoir, les yeux rivés à l'intérieur du véhicule. Prof Lennon étouffait un homme qui ne ressemblait pas à Elvis sous un long baiser fougueux, son bassin ondulant contre lui. Lorsqu'elle lâcha enfin ses lèvres, elle lui adressa un regard langoureux et se mit à minauder des mots dénués de toute sincérité :

   — Jason... je... je suis à toi !

   Jason ? L'homme sous elle c'était lui ? Leslie continuait de les fixer, scandalisée, n'osant pas croire ce qu'elle voyait.

   — Eachna... t'as un mec, non ? demanda-t-il d'une voix rauque et rayée comme un vieux disque, signe qu'il n'allait pas résister très longtemps.

   — Oui mais... je... je peux pas résister... tu es trop tentant, Jason !

   Leslie était persuadée que si ça continuait sur cette voie, elle allait devoir ramasser sa mâchoire au sol tant elle n'en revenait pas.

   — Eachna... t'es magnifique, c'est pas la question... mais...

   — Quand tu m'as réconfortée tout à l'heure, il s'est passé un truc ! T'as pas senti ?

   — Je suis toujours partant pour prêter une épaule à une jolie demoiselle en détresse...

   « Tu es fini, Jason ! Jamais tu ne t'en sortiras ! » pensa Leslie.

   — Oh Jasoooon ! continua prof Lennon et Leslie crut qu'elle allait vomir.

   Elle vit sa main qui descendait le long de son torse et commençait à défaire sa ceinture. Ce fut à ce moment-là que Leslie se rappela qu'elle était venue pour son sac, au départ. Elle s'approcha donc de la voiture en sachant pertinemment que ces deux-là étaient trop occupés pour l'apercevoir dans la nuit, même s'il y avait des lampadaires. Elle jeta un coup d'œil à la place où elle était et qui était par chance celle dont la vitre était ouverte. Elle vit son sac qui avait été repoussé contre le siège, glissa sa main par la fenêtre, l'attrapa et le sortit de là. Elle avait de la peine pour lui, qui avait failli être témoin de scènes pas très catholiques. C'était quand même fou qu'ils ne la remarquent pas ! Prof Lennon était certainement trop concentrée sur son jeu d'acteur pour remarquer quoi que ce soit et Jason n'avait pas une position qui lui permettait de voir quelque chose. Elle commença à imaginer ce qui se passerait si elle lançait un « Hey ! Salut, ça va ? Qu'est-ce que vous faites tous les deux dans cette voiture ? Je suis là vous savez ! ». Mais prof Lennon l'assassinerait probablement du regard alors elle se tut et partit comme si de rien n'était. Elle remerciait la vie de lui avoir donné un peu de chance pour une fois quand soudain Elvis surgit d'une ruelle et s'arrêta net en la voyant.

   — Leslie ! Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il.

   — Heu... j'avais juste oublié mon sac, mais c'est bon, je l'ai...

   — T'aurais pas vu Eachna ? demanda-t-il en lui agrippant le bras d'un air désespéré.

   Il avait l'air totalement paniqué et Leslie se mordit la lèvre. Elle était censée faire quoi, là ? Ne pas s'immiscer dans leurs affaires ou prendre le parti d'Elvis ? Mais elle ne pouvait pas le laisser comme ça.

   — Si si. T'inquiète pas elle va... bien.

   — C'est vrai ? Où est-elle ?

   — Heu... je te mens ou pas ?

   — Non, dis-moi la vérité ! J'avais tellement peur qu'il lui soit arrivé un truc ! On avait rendez-vous ! On devait passer la soirée tous les deux !

   — Bah visiblement elle s'est trouvée un autre compagnon pour la soirée, marmonna Leslie.

   — Quoi ?

   — Heu... je ne sais pas comment te le dire, Elvis. L'autre jour je l'ai vue embrasser Ackermann et là elle est en train de s'envoyer en l'air avec Jason...

   Ça y est, c'était sorti... mais elle ne pouvait pas garder cela pour elle et ne pouvait encore moins lui mentir ! Elvis eut soudain l'air un peu triste et poussa un petit soupir.

   — Okay bah... j'vais pas la déranger alors... j'vais rentrer chez moi... elle me pose de plus en plus de lapins et pourtant je sais qu'elle m'aime !

   Leslie le fixa d'un air ahuri.

   — Fais pas cette tête... je la laisse faire ce qu'elle veut et puis elle tombe trop facilement dans les bras de tous les mecs qu'elle croise. Elle est inconstante et c'est malheureusement une des raisons qui fait qu'elle est comme personne d'autre. Elle est incroyable ! Elle est géniale ! Je l'aime tellement, jamais je ne la quitterai ! Elle peut bien faire ce qu'elle veut, tant qu'elle m'aime moi ça me va !

   Il partit comme ça, laissant Leslie encore plus décontenancée qu'auparavant. Elle entendit un petit reniflement et sut qu'il était en train de pleurer. Il monta sur son petit scooter rouge et partit. Voilà qu'elle avait envie de pleurer aussi maintenant ! Elle reprit la direction de chez elle d'un pas traînant. Elle avait terriblement mal pour lui.

   — MAIS COMMENT ELLE PEUT FAIRE ÇA ? MERDE ! hurla-t-elle en donnant un grand coup de pied dans un carton qui traînait.

   Elle prit conscience de l'absurdité de se mettre dans un état pareil et accéléra le pas. Lorsqu'elle fut dans l'entrée de son immeuble, elle se mit à monter les marches en tapant des pieds. Elle rentra comme une furie chez elle. Sarah n'était toujours pas revenue. Elle réalisa qu'il faudrait peut-être qu'elle mange quelque chose. Elle ouvrit donc son réfrigérateur et en sortit des pâtes. Encore sur les nerfs, elle n'eut pas la patience d'attendre qu'elles aient fini d'être réchauffées et les mangea à moitié froides. Elle en avait marre des pâtes, de cet appartement pourri et de sa vie !

   Elle eut seulement à penser à LUI pour que sa colère disparaisse complètement et qu'elle s'affale contre le dossier de sa chaise. Ses yeux noirs qui la sondaient, son bras enserrant sa taille, ses lèvres possessives contre les siennes et ses mèches noires qui chatouillaient sa peau. Voilà qu'elle se transformait en flaque de slime amorphe quand elle se mettait à penser un peu trop à lui.

   — Et beh ma vieille t'es pas sortie de l'auberge, soupira-t-elle en allant remettre le reste de pâtes desséchées au frigo.

   Elle se parlait souvent à elle-même quand elle était seule entre ses quatre murs. Elle avait envie de le revoir tout de suite, mais comme elle ne savait pas où il habitait, elle se contenta d'aller se mettre en pyjama et de se coucher. Elle était partie pour surfer un bon moment sur internet mais, malheureusement, elle n'avait plus de forfait. Elle se releva donc, alluma son piano, vérifia que le son était bien au strict minimum et commença à improviser un petit truc. Elle continua à jouer, jouer, jouer, jusqu'à trois heures du matin où elle prit conscience que cela faisait peut-être un peu longtemps qu'elle jouait. Elle éteignit donc son piano, se releva et retourna dans son lit en bâillant bruyamment. Elle s'endormit comme une masse dans son fidèle kigurumi panda.

   Elle fut réveillée par quelqu'un qui la secouait. Sarah. Ah, bon bah elle allait faire semblant de se rendormir, alors.

   — Tu dois aller au lycée, Leslie. C'est pas la peine de faire ça.

   Elle grogna et se redressa. Elle mit de longues secondes à avoir une vue normale.

   — T'as fait quoi hier soir ? demanda Leslie.

   — Bah... y avait son pote avec lui... on a joué aux petits chevaux et aux échecs en buvant des bières jusqu'à cinq heures du matin... j'avais qu'une envie, c'était de me casser... en plus j'ai gagné qu'une seule fois...

   Leslie ricana.

   — Tu pourrais te montrer un peu plus compatissante ! protesta Sarah.

   — Je m'étonnais justement de ne pas entendre de gémissements quelconque. C'est vrai que les petits chevaux c'est pas très jouissif.

   — Arrête de te moquer ! C'était la pire soirée de ma vie ! J'aurais dû t'écouter ! Mais en attendant, j'ai tes fringues sèches et propres !

   — Merci... au moins ça...

   — C'est clair. Ce type, je te jure que je fais une croix dessus, en plus tout sent la clope chez lui. Je ne suis pas dégoûtée de la cigarette comme toi, mais c'était pas hyper agréable. C'est dommage, il était plutôt mignon...

   Leslie leva les yeux au ciel et se prépara pendant que Sarah prenait la direction de la salle de bain. Elle avait hâte de retrouver Ackermann ! Elle ne prit pas la peine d'attendre Sarah qui était toujours sous la douche, peut-être qu'elle essayait de faire disparaître l'odeur de tabac...

   Elle sortit et se précipita au lycée. Devant la salle d'Anglais, elle retrouva Elvis et se jeta sur lui pour lui faire un câlin. Il le lui rendit et Ackermann apparut dans le couloir juste à ce moment-là, vêtu de son habituelle tenue de travail qui lui donnait ce style classe et séduisant. En un mot : irrésistible. Son regard tomba sur eux et s'assombrit. Leslie s'écarta vivement en se sentant terriblement mal. Oh et puis zut ! C'était son ami ! Elle avait bien le droit de faire des câlins à qui elle voulait que ça lui plaise ou non !

   — Monsieur Ackermann ? Qu'est-ce que vous faites là ? demanda Kate en avançant sa paire de hanche vers lui.

   Il lui fit son plus beau sourire et elle chancela légèrement. Leslie fulminait : ce genre de sourire séducteur n'était donc pas réservé qu'à elle ? Qu'est-ce qu'il essayait de faire là ? Il lui adressa un regard oblique et son sourire se transforma en rictus. Il se vengeait ? Non mais elle allait le frapper ! Il l'ignora et répondit à Kate :

   — Je viens vous avertir que j'ai quelques problèmes personnels et que je ne vais pas pouvoir assurer votre cours aujourd'hui. On m'a également chargé de vous prévenir que Mlle Lennon n'est pas là non plus. Si quelqu'un souhaite s'entretenir avec moi, je serai en salle des professeurs jusqu'à dix heures et demie. Bonne journée !

   Il sourit à nouveau et s'éloigna. Leslie jeta un coup d'œil aux autres élèves et s'élança à sa suite. Elle le suivit jusqu'à ce qu'il rentre dans une salle vide. Elle y pénétra à son tour et ferma la porte.

   — J'ai le droit de faire des câlins à qui je veux ! s'exclama-t-elle, passablement irritée.

   Il tourna ses iris obsidienne vers elle et se rapprocha.

   — Je sais. Mais je peux pas m'empêcher de pas aimer ça.

   — C'était pas la peine de te venger ! Je te jure que si tu lui refais un sourire comme ça à cette... hum...

   Il avait plaqué ses lèvres sur les siennes et l'attirait désormais vers lui. Elle se retrouva emprisonnée contre son torse. Oh et puis zut ! Elle ne pouvait pas résister à ça ! Elle répondit passionnément, en lui laissant prendre tout ce qu'elle avait à donner. Il dévorait sauvagement ses lèvres. Ses longs doigts glissèrent entre ses mèches jusqu'à ce qu'il rencontre un nœud. Ils sourirent tous les deux contre la bouche de l'autre.

   — Je me suis pas coiffée... reconnut Leslie en essayant de garder la face devant son regard si intense.

   — Pas besoin de le préciser. Tu m'as manqué depuis hier... susurra-t-il en caressant sa mâchoire du bout des doigts.

   — Toi aussi, avoua Leslie.

   Il enfouit son visage dans son cou et resta là un moment. Elle entoura ses larges épaules du mieux qu'elle pouvait. Elle avait l'impression d'être celle qui le protégeait. Un drôle de sentiment maternel la poussa à le garder contre elle, comme ça. Elle enfouit son visage dans ses cheveux. Ils étaient toujours aussi soyeux et frais. Pourquoi est-ce que lui était si parfait et elle tout l'inverse ? C'était à croire qu'il passait plus de temps qu'elle à se préparer le matin ! D'ailleurs, c'était certainement le cas.

   — C'est marrant parce que... commença-t-il en redressant la tête pour renifler ses cheveux.

   — Parce que quoi ? le pressa-t-elle.

   — C'est subtile mais... j'ai l'impression qu'il y a une très légère odeur de tabac sur tes cheveux...

   Leslie soupira.

   — Ouais bah il suffit de croiser Vincent pour sentir la clope. J'ai mis les pieds devant sa porte, ça a dû suffire pour que mes cheveux prennent l'odeur. Et j'ai pas trop lavé mes cheveux hier...

   — C'est qui Vincent ? demanda-t-il, l'air soudain plus grave.

   — Recommence pas à être jaloux ! C'est certainement le dernier mec avec qui j'irais coucher si j'étais obligée ! C'est JUSTE mon voisin !

   — Ça n'a rien à voir avec de la jalousie. La prochaine fois que tu le croises, dis-lui de faire attention...

   Leslie fronça les sourcils.

   — Attention à quoi ?

   — À pas paraître trop suspect...

   — Hein ?

   — Laisse tomber ! soupira-t-il en la lâchant.

   Il lui tourna carrément le dos et s'éloigna de quelques pas. Leslie posa une main sur son bras.

   — Dis-moi, s'il-te-plaît !

   — J'aime pas que tu sois au courant de plus en plus de trucs. Chaque fois que je te livre une information, je prends un peu plus de risques que la NWYB s'intéresse à toi. Et je déteste ça.

   — On en a déjà parlé... je m'en fous moi ! Je veux savoir ! Je veux être au même niveau que toi ! Tu peux pas me cacher des trucs comme tu le fais, c'est insupportable, mets-toi à ma place !

   Il soupira et l'attira de nouveau contre lui. Il déposa simplement un baiser sur son front et la poussa vers la porte.

   — Là t'as cours. Tout à l'heure je dois aller m'expliquer avec les flics pour la bagnole. Demain je te promets que je t'explique. Tu viendras avec moi après les cours.

   — Okay... c'est bon... à demain alors...

   — À demain, chaton.

   Leslie se retint de sourire bêtement mais une fois qu'elle fut hors de son champ de vision, elle ne put se retenir et se rendit en cours d'Anglais tout sourire. Beaucoup la dévisagèrent : ils n'avaient pas l'habitude de la voir si gaie. Elle s'installa derrière Elvis et Anie qui s'étaient mis à côté et sortit ses affaires. Ils se tournèrent tous les deux vers elle.

   — Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Ackermann pour que tu sois de si bonne humeur ? demanda Elvis.

   — Heu... ça n'a rien à voir avec lui... mentit Leslie.

   Il fallait qu'elle arrive à se contrôler quand même. Elle n'allait pas se mettre dans un état pareil juste pour un « chaton ». Rien qu'en y repensant, elle sentit ses lèvres s'étirer à nouveau et dut se mordre la lèvre pour ne pas continuer à sourire bêtement.

   — Je sais pas pourquoi, mais je sens qu'il y a un garçon derrière tout ça, dit Anie.

   — Ouais, moi aussi. Tu ne vas pas t'en sortir comme ça, Leslie, on découvrira qui c'est ! dit Elvis en se retournant.

   Leslie était contente qu'il ne soit pas trop abattue à cause de prof Lennon. En même temps, il devait avoir l'habitude. Elle commença à faire une liste de toutes les insultes qu'elle connaissait pour qualifier cette prof. Anie avait raison, elle était fausse. Leslie avait honte de l'avoir défendue contre son amie... mais après tout, il était vrai qu'elle était une bonne enseignante et Leslie ne la connaissait pas assez à ce moment-là. Elle s'était faite bernée comme tous les autres garçons de la classe.

   Le cours arriva lentement à sa fin, ils avaient désormais trois heures devant eux. Anie invita Leslie et Elvis chez elle.

   En passant devant le lampadaire devant le collège, Leslie vit une petite feuille de fortune collée dessus avec du scotch à carton. Elle avait toujours l'habitude de s'arrêter pour regarder attentivement les avis de recherches et elle aimait s'imaginer tout un scénario à partir de ceux-ci, surtout lorsque c'était des humains qui étaient recherchés. Elle vit cependant le nom de « Vincent » et s'arrêta brusquement. Elle s'approcha du lampadaire et colla presque son nez sur l'affiche.

   « Disparition de Monsieur VINCENT SCHÜLMES, depuis le 1er Septembre de cette année. RÉCOMPENSE DE 5 MILLIONS D'EUROS à qui nous apporterait la moindre information sur son compte. Merci de faire circuler.

Tél : 0643266603 »

   — Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Anie en s'approchant à son tour.

   Leslie venait de faire le rapprochement ! Vincent ? Est-ce que c'était Vincent son voisin ? Après tout, elle ne connaissait même pas son nom de famille ! Elle se jura de regarder le nom sur sa boîte au lettre. Ce n'était pas une menace pour elle, puisqu'Ackermann lui avait dit clairement que c'était son voisin qui devrait faire attention, pas elle. Qui donc avait bien pu afficher ça ? Elle entra le numéro de téléphone dans ses contacts sous le nom de « Inconnu ».

   — Tu veux te faire un peu d'argent de poche, Leslie ? plaisanta Elvis.

   Leslie ne répondit pas. Elle avait la profonde conviction qu'Ackermann ne lui avait finalement rien dit du tout au sujet de cette affaire. Il possédait plus d'informations qu'il lui laissait croire et avait totalement fait silence sur sa relation avec cette Blue (ou Marise). Elle se sentait encore très loin de la vérité.

   — Ils devaient sacrément tenir à lui pour mettre cinq millions là-dedans, c'est une somme énorme ! dit Anie.

   — Mes parents te la sortiraient facilement, cette somme, soupira Elvis en haussant les épaules.

   Cette réflexion sembla activer un nouveau réseau de neurones dans le cerveau de Leslie. Mais oui ! Bien sûr ! Les parents d'Elvis ! C'était certainement eux ! Et c'était forcément le Vincent qui louait le logement à côté du sien ! Surtout qu'un appartement comme ça, sous-loué, c'était parfait pour une cachette ! Si Vincent se cachait, eh bien c'était l'endroit parfait puisque son appartement n'était pas légal, pas de papier, pas de trace. Elle était toute excitée de sa découverte.

   — Tu es vraiment bizarre aujourd'hui... Qu'est-ce qu'il t'arrive, Leslie ? demanda Elvis.

   Leslie haussa les épaules et se referma comme une huître. Alors qu'ils marchaient dans les rues, ils aperçurent au moins trois ou quatre autres exemplaires de l'avis de recherche de Vincent placardé sur des murs, des poteaux électriques ou des arbres. Leslie était ravie d'avoir trouvé une piste et elle avait extrêmement hâte d'aller tout dire à Ackermann. En repensant à lui, son cœur s'emballa encore une fois. Elle sentit une certaine chaleur monter dans ses joues en repensant à ses « chatons » et se trouva ridiculement faible.

   — Bon, Leslie, tu vas finir par nous dire ce qu'il se passe oui ou non ? s'écria Elvis en remarquant son air troublé.

   — Je... je... c'est juste que... balbutia Leslie sans arriver à trouver de phrase à lui répondre.

   — C'est qui ? Tu es amoureuse de qui ? demanda Anie.

   — Mais...

   — C'est Ackermann ? demanda Elvis avec un sourire en coin.

   — Comment tu sais ? s'exclama-t-elle.

   — Je ne le savais pas. Maintenant oui.

   — Je te déteste ! s'exclama Leslie en le frappant.

   — Eh ! Calme-toi, princesse ! Il s'est passé quoi avant le cours d'anglais, hein ? demanda Elvis en se protégeant la tête des bras, craignant une nouvelle attaque.

   — Rien du tout ! On a discuté, c'est tout ! se défendit-elle en sentant qu'elle s'enfonçait.

   Ils la regardèrent tous les deux d'un air sceptique.

   — Je vous jure qu'on a rien fait de...

   — On ne veut pas s'immiscer dans ta vie privée, épargne-nous les détails, la coupa Elvis.

   — Et qu'est-ce que vous faites depuis tout à l'heure, alors ? répliqua Leslie en lui jetant un regard appuyé.

   Ils éclatèrent de rire et étaient déjà en train de monter les escaliers de l'immeuble d'Anie. Il n'y avait toujours personne chez elle.

   — Vous voulez faire quelque chose de particulier pour occuper nos trois heures ? demanda-t-elle.

   — Je sais pas, tu proposes quoi ? répondit Leslie en haussant les épaules.

   — On pourrait se promener un peu, discuter, s'amuser ? proposa Elvis.

   — Ça s'appelle zoner, dit Leslie.

   Elvis hocha la tête.

   — Vous aimez pas faire ça ? Aller là où vous portent vos pas ? s'exclama-t-il, la mine réjouie à l'idée de partager sa passion avec elles.

   — Espèce de petit fils de riche pseudo-voyou éternellement poétique ! s'exclama Leslie.

   — Alors oui je suis un fils de riche et oui je suis un pseudo-voyou et oui je suis poétique et non je. ne. suis. pas. petit ! se défendit-il en lui tirant une mèche de cheveux.

   Leslie passa alors sa main dans ses cheveux bruns et le décoiffa en ricanant.

   — Vous n'êtes pas possibles, tous les deux ! s'exclama Anie en riant.

   — Allez, venez les filles ! s'exclama Elvis en les attrapant toutes les deux par la taille.

   — Je ne suis pas consentante ! plaisanta Leslie en retirant son bras.

   Pile à ce moment-là, la lourde porte d'entrée s'ouvrit et la mère d'Anie apparut dans l'encadrement, vêtue cette fois d'un tailleur rose fushia et de son éternelle tresse à moitié défaite.

   — Oh ! Chérie ! Comment se fait-il que tu sois déjà à la maison ?

   — Comme tu le sais j'ai une heure d'étude après l'anglais et mes deux professeurs des matières suivantes sont absents.

   — Tu ne m'avais pas dit que tu avais un petit copain ! Églantine Jauffret, ravie de vous rencontrer ! s'exclama-t-elle soudain en voyant le bras d'Elvis autour de ses hanches.

   Elle tendit une main à celui-ci qui retira précipitamment son bras de l'anatomie d'Anie pour serrer poliment la main à Mme Jauffret, tout rouge, tout en balbutiant quelque chose qui ressemblait à « Ce n'est pas ce que vous croyez » mais la mère d'Anie ne semblait pas l'avoir entendu tellement il avait parlé indistinctement. Leslie dut se retenir de rire devant les tomates trop mûres qu'étaient devenus ses deux amis.

   — Maman ! On n'est pas en couple ! protesta Anie d'une voix plus virulente.

   — Tatata ! Ce n'est la peine de me le cacher, tu sais, je le vois, et puis c'est un garçon très mignon ! Bon, moi, il faut que je file, ton père m'attend pour son dîner. C'est un dîner extrêmement important avec des gens extrêmement importants : le PDG de l'entreprise, Monsieur Devouassou ainsi que sa femme et le sous-chef en communication ! Il veut que je sois absolument parfaite et il veut que je me recoiffe ! Ah là là, il est tellement fier de m'afficher à ses côtés !

   Mme Jauffret disparut dans une autre pièce toujours à la manière d'un courant d'air. Anie se précipita hors de la maison et Leslie crut voir des larmes qui coulaient sur ses joues.

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