Chapitre 8: Une relation passionnelle.
16 novembre:
Jun s'extirpa de son lit avec tout le mal du monde. Il n'était pourtant pas habitué à se prélasser plus que de raison. Dès que son réveil sonnait, il se hissait au bord du matelas et entamait sa routine matinale les yeux a demi-clos. Mais ce matin, il avait du mal à émerger. Ses muscles lui faisaient un mal de chien comme s'il avait couru un marathon et son crâne le lançait affreusement. Jun enfouit son visage dans sa couverture fraîche en espérant grappiller quelques minutes de sommeil mais n'y parvint pas, malgré la fatigue qui l'accablait. Minghao avait raison. Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, tout ça à cause de ses foutues pensées qui refusaient de quitter son esprit.
Je suis avec un mec. Je suis amoureux d'un mec. Je l'ai embrassé. J'ai embrassé un mec putain. Et le pire dans tout ça c'est que ça m'a plu. J'ai envie de le voir. J'ai pas la force d'attendre jusqu'à demain. Je veux pouvoir caresser ses cheveux, sentir sa chaleur. Je suis taré.
Un frisson d'excitation lui fit remuer les jambes sous sa couverture qu'il jeta au sol avant de se traîner jusqu'à son placard. Il en retira un vieux Jean et un tee shirt rayé, déjà trop petit. Ses foutues pensées tournaient encore en boucle dans sa tête, lorsque sa mère l'interrompit en déboulant en trombe dans sa chambre:
- Jun qu'est-ce que tu fais?
Elle écarquilla les yeux en voyant que son fils n'était pas habillé et referma aussitôt la porte.
- Putain maman! Je t'ai déjà dit d'arrêter de débarquer dans ma chambre sans demander mon autorisation, hurla-t-il, de l'autre côté du battant.
- C'est bon j'suis ta mère! Je te rappelle que tu proviens de mes entrailles! Alors ton p'tit kiki je l'ai vu un nombre incalculable de fois!
- Maman! s'horrifia Jun en se bouchant les oreilles.
- Je croyais que tu t'étais rendormi! Tu prends tellement de temps ce matin! Allez dépêche toi où tu n'auras pas le temps de manger.
- J'arrive c'est bon, laisse moi.
- Comme tu voudras, mais tu ne viendras pas pleurer si tu es en retard.
Ignorant les recommandations de sa mère, Jun attrapa son téléphone qui gisait sur la table de nuit et envoya un texto à celui qui occupait son esprit depuis les douze dernières heures.
En lisant sa réponse Jun, se remémora la scène et sentit les fourmillements titiller son estomac. Puis très vite cette sensation plaisante fut dissipée par la déception. Il ne verrait pas son petit-ami aujourd'hui et probablement pas demain non plus. Mais il fallait faire avec, il se décida donc à quitter son habitacle pour se rendre à la cuisine où ses parents avaient pratiquement fini de déjeuner.
- Maxine t'a laissé des œufs dans la poêle, lui indiqua son père d'un mouvement de tête.
- Ah merci, répondit Jun en les versant dans une assiette.
Il n'avait jamais compris la manie qu'avaient ses parents de s'appeler par leurs prénoms. D'ordinaire les gens disaient "ta mère"ou "ton père" mais ses parents n'employaient que très rarement ces termes pour parler de l'autre. Cela l'avait toujours fait sourire.
Il s'attaqua donc rapidement à son assiette en parlant sport avec son père.
- Et concernant ton équipe? Ça avance?
- Plus ou moins... Certains ont un potentiel vraiment exploitable tandis que d'autres...genre mon ami Hansol, ont plus de mal. Mais globalement j'essaie de tous les faire jouer en match.
- D'ailleurs, quand est-ce qu'a lieue votre prochaine rencontre?
- La semaine prochaine, répondit Jun la bouche pleine.
- Je vois, j'essayerai de venir vous encourager, si le boulot me le permet.
- Heureusement que ce n'est pas cette semaine parce que notre capitaine est malade, donc ça aurait été vraiment très dur de tenir sans lui, expliqua Jun avec un sourire.
- Il joue bien?
- Pas mieux que moi... Mais il se défend.
- C'est bien mon grand, ça me fait plaisir de te voir épanoui, conclut son père en se relevant, je dois y aller à ce soir, lança-t-il en enfilant son manteau.
- Euh papa... Je...ce soir j'aimerais passer voir un ami...
- Hé bien rien ne t'en empêche.
- Mais il habite assez loin de chez nous donc je peux pas y aller à pied...
- Ah et bien...je ne pourrai pas t'accompagner, désolé.
- Mais... Papa! On...on a un projet à finir, c'est très important, mentit Jun en détournant le regard.
- Dans ce cas, vois avec ta mère, elle sera sans doute plus apte que moi à faire le trajet.
- Okay...soupira-t-il en débarrassant son assiette.
Midi trente.
La matinée lui avait paru interminable et malgré les nombreux examens qui avaient occupés la majeur partie de ses trois premières heures, il n'était pas mécontent de s'accorder une petite pause.
En se dirigeant vers la cafétéria, il croisa Joshua qui lui fit signe de s'approcher.
- Salut coach.
- Hey, la forme?
- Nikel, je voulais savoir si tu avais des nouvelles de Minghao, il était pas là ce matin?
Minghao.
Le nom sonna comme une déflagration. Il ne fallait pas que les autres le sachent. C'était leur secret à eux, alors Jun se devait de garder son sang-froid et agir naturellement.
- Peut-être qu'il est malade, je n'en sais rien...
- Je croyais que t'étais proche de lui?
- Plus ou moins...
- Vous ne vous êtes pas engueulés? le questionna Joshua tandis qu'il choisissait une entrée.
- B-bah... Pas spécialement...
- Écoute... Faut que je te parle d'un truc dont je suis pas très fier...
- Qu'est-ce qu'il y a? s'étonna Jun, sentant la panique le gagner.
- Je t'expliquerai une fois qu'on sera installés, je veux avoir toute ton attention.
Les garçons se dirigèrent vers une table où deux filles bavardaient joyeusement.
- Hey, je peux m'installer? leur demanda Joshua avec un clin d'œil.
- Mais bien-sûr, répondit l'une d'elle en lui rendant la pareille.
- Mélanie, voici Jun, Jun je te présente Mélanie et Cathy.
- B-bonjour, les salua-t-il mal assuré avant de poser son plateau sur la table.
- C'est le nouveau coach de l'équipe de basket. Vous auriez vu ce qu'il nous a fait en débarquant, c'était époustouflant, le vanta Joshua.
- Non, c'était trois fois rien, il exagère...
- Mignon et modeste en plus, analysa Mélanie en dévorant Jun des yeux.
- M-merci... balbutia-t-il en sentant ses joues prendre une teinte rosée.
- Ne lui en voulez pas, c'est un ours, il n'a pas l'habitude de côtoyer la gente féminine, le défendit son ami en lui donnant une tape dans le dos.
- Moi j'aime bien, ça donne un p'tit côté mystérieux, renchérit Cathy avant de porter sa bouteille d'eau à ses lèvres.
Jun était terriblement mal à l'aise face à ses deux filles auxquelles il semblait plaire. Lui, n'avait d'yeux que pour Minghao et ne voulait recevoir ce genre de compliments que de sa part. Il évita donc tout contact visuel avec les deux prédatrices, jusqu'à ce qu'elles quittent la table.
L'une d'entre elle, glissa un petit morceau de papier près de lui avant de s'en aller. Il déplia la feuille et lut ce qui y était inscrit à voix haute.
- Appelle moi 0689...
- Je vois que monsieur a tapé dans l'œil de ces demoiselles, se moqua Joshua en lui arrachant le papier.
- De toute façon, je ne suis pas intéressé, tu peux le garder, répliqua Jun l'air désinvolte, bon revenons à nos moutons, de quoi voulais-tu me parler?
- Ah oui c'est vrai... Je crois que j'ai fait une connerie hier...Une grosse connerie...
- À propos de quoi?
- À propos de toi et...Minghao, avoua son ami d'un air coupable.
La lettre! C'était donc lui... Mais pourquoi?! se demanda-t-il intérieurement.
Jun fit mine de ne pas avoir compris et le poussa à continuer ses explications.
- Jihoon a eu une idée un peu farfelue...Et je l'ai suivi dans son plan... J'ai écrit une lettre d'amour à Minghao que... j'ai signé de ton nom...
- Mais pourquoi?! s'exclama Jun, lâchant la question qui lui brûlait les lèvres depuis un moment.
- C'est tout con mais c'était juste pour vous tester... Mais si tu me dis que Minghao ne t'en a pas parlé, c'est qu'il a dû comprendre que c'était nous...En tout cas je culpabilisais donc je voulais absolument régler ça... Tu ne m'en veux pas trop j'espère...?
Si tu savais...Peut-être que sans toi...Il n'y aurait jamais rien eu... pensa Jun, évidemment, il ne pouvait pas se résigner à lui expliquer les conséquences qu'avait engendrées cette petite blague. Il se contenta alors de secouer la tête.
- Non ne t'inquiètes pas...
Dix-huit heures
Affalé sur son canapé, Minghao était enroulé dans une couverture double épaisseur qui lui donnait l'allure d'un wrap de chez McDonald.
Il zappait frénétiquement de chaîne en chaîne sans vraiment trouver celle qu'il cherchait. Son stock de mouchoirs était pratiquement épuisé, et les médicaments qu'il avait pris plus tôt, n'avait eu pour seul effet que de faire doubler sa toux.
Il soupira en attrapant son téléphone qui était sur la table basse et se rallongea aussitôt, après avoir ajusté les coussins qui surélevaient sa tête. L'écran s'alluma et il put constater qu'il n'avait aucun nouveau message. Il avait pourtant contacté son frère à plusieurs reprises pour lui demander d'acheter des somnifères mais celui-ci avait l'air bien trop occupé pour daigner lui répondre.
- Putain...Et bien-sûr eux non plus, ne vont pas faire l'effort de s'intéresser un peu à leur fils, grogna-t-il en reposant son portable sur l'accoudoir.
Ses parents étaient les trois-quarts du temps en déplacement et considéraient que puisque son grand frère était majeur, il était légalement responsable de Minghao. Mais Yixing n'avait pas encore tout à fait intégrer le mot "responsabilité" à son vocabulaire. Alors, la plupart du temps Minghao se débrouillait seul pour se nourrir et se soigner.
Il ferma les yeux en soupirant. Sa frustration était palpable. Et il avait beau essayer de se détendre, rien n'y faisait. Les paupières closes, il renversa la tête à l'arrière mais ouvrit subitement les yeux lorsqu'il entendit de vifs coups contre sa porte d'entrée. Surpris, il se redressa instantanément comme un chat aux aguets et se traîna jusqu'au sauvage qui continuait de marteler le bois du battant.
- Putain mais vous pouvez pas vous calmer?! râla-t-il en ouvrant la porte, sans vraiment prêter attention à la personne qui se tenait sur son pallier.
- S'cuse moi... Je savais pas si tu dormais...
- Jun? Je... mais... comment... entre, entre! le pressa-t-il en le déchargeant des paquets qu'il tenait.
- Tes parents ne sont pas là? demanda Jun en pénétrant dans le salon, éclairé par le feu de cheminée.
Il n'y voyait pas grand chose mais le salon semblait plutôt moderne. Rien à voir avec le canapé vert et défraîchi qui occupait le sien.
- Euh non...ils sont en déplacement et...je crois que mon frère dort chez sa copine ce soir...donc...comme d'habitude j'suis tout seul, annonça Minghao en essayant de ne pas montrer que ça l'affectait.
- Bah...je suis là moi, lui sourit Jun jusqu'à creuser ses joues.
Minghao déposa un furtif baiser sur son front, lui arrachant un couinement gêné.
- Mais... pourquoi tu t'es embêté à venir me voir? Fallait pas!
- Je...tu me manquais en fait...
- Tu fais vraiment chier!
- Q-quoi... P-Pourquoi...? murmura Jun apeuré.
- Arrête d'être... comme ça... ça me donne vraiment envie de faire des choses et étant malade, je pense que c'est pas le bon plan.
Comme pour confirmer ses dires, Minghao fut pris d'une violente quinte de toux que Jun calma en lui apportant un verre d'eau.
- J'ai acheté des mouchoirs...Je me suis dit que t'en aurais besoin et... des somnifères... pour dormir la nuit. Enfin je sais que c'est parce que t'es malade que tu n'arrives pas à dormir hein!
- Mon cœur... soupira Minghao sans se douter une seule seconde qu'il venait de provoquer une déferlante d'émotions chez Jun, pourquoi tu stresses...? T'as peur que je te dévore?
Jun secoua vivement la tête en tentant de ne pas montrer que ce simple surnom lui faisait terriblement plaisir.
- Non...c'est juste que...j'ai honte mais... je ne sais pas comment me comporter avec toi... J'ai peur de faire les choses mal... et quand tu me touches j'ai des centaines de papillons qui s'agitent dans mon estomac et...et...j'ai chaud...et j'ai mal au cœur et...
Minghao ne résista pas plus longtemps. En voyant son petit-ami aussi gêné, l'envie de le toucher pris le dessus. Il se pencha et l'embrassa passionnément pendant de longues secondes, avant de reprendre son souffle.
- Minghao... gémit Jun patraque, en cachant son visage dans ses manches.
- Désolé mais tu es beaucoup trop mignon pour que je me retienne. Écoute, agis comme tu l'as toujours fait avec tes copines jusqu'à présent. Tu sais, c'est pas parce que je suis un garçon que ça change grand chose, j'ai besoin des mêmes choses que ces gonzesses, de l'amour et de la tendresse...
- Mais le problème, c'est que...je...j'ai jamais eu de copines...avoua honteusement Jun.
Il n'avait aucune idée du nombre de relation qu'avait Minghao mais il était certain d'une chose: il n'était pas vierge et connaissait tous les codes de l'amour. Alors que lui n'en savait rien. Il se trouva ridicule et eut presque envie de tout arrêter et de rentrer chez lui. La peur de ne pas être à la hauteur et de décevoir Minghao lui tordit le ventre.
- Quoi? Mais... C'est pas possible... T'es... enfin... T'es sportif, drôle, attentionné, chiant, beau...énuméra Minghao en scrutant le visage de celui qu'il aimait.
- Pourtant... personne avant toi...ne s'était réellement intéressé à moi... balbutia Jun.
Il ne cherchait pas à se faire plaindre mais pensait qu'il fallait qu'il soit le plus honnêtes possibles. Commencer une relation sur des mensonges n'étaient jamais une bonne chose.
- Je peux te poser une question?
- Évidemment
- T'en a eu beaucoup?..
- De quoi?
- Des...copains...
- Si tu veux tout savoir en tout 3 mais il y en a un seul dont je suis réellement tombé amoureux...
- Je vois... répondit-il d'un air déçu.
Il devait s'y attendre et pourtant la révélation lui fit du mal. Trois... C'était peu et en même temps bien trop pour lui qui n'en avait jamais eu un seul. Il ne pouvait pas rivaliser.
Minghao retira la couverture qui abritait ses épaules et fit signe à Jun de venir plus près de lui. Lorsque leur corps furent assez proches l'un de l'autre, il referma le plaide autour d'eux.
- Jun... T'es jaloux?
- Quoi? Bien-sûr que non!
- T'as le droit tu sais?
- Mais puisque je te dis que je ne suis pas jaloux! contesta-t-il en attrapant une bouteille d'eau pour se donner une contenance.
- Okay okay, je te crois. À mon tour de te poser une question, décida Minghao en scrutant son petit-ami dont la pomme d'Adam bougeait au fur et à mesure que l'eau descendait dans sa gorge.
Putain... même comme ça il est sacrément sexy...
Il coupa court à son observation et reprit leur conversation avec une petite idée derrière la tête.
- Je suppose que puisque tu n'as pas eu de copine... T'es vierge?
En entendant ces mots, les yeux de Jun s'arrondirent et l'eau qui baignait dans sa bouche se retrouva projetée à l'avant dans une pluie de gouttelettes. Il se mit à tousser comme un hystérique et mit plusieurs secondes à retrouver une respiration normale. Minghao ne tournait pas autour du pot.
- Merde! T'as des serviettes? Je vais essuyer, en profita-t-il pour s'extraire du cocon.
- Ouais dans le placard du haut, lui indiqua Minghao.
Après avoir farfouiller pendant cinq bonnes minutes, il revint avec un rouleau d'essuie-tout à la main qui lui permit d'éponger la flaque qu'il avait faite. Il se dirigea ensuite vers la poubelle, jeta le papier et revint s'asseoir près de son petit-ami.
- Je te propose de regarder un film, annonça Jun en rallumant la télévision, comme si de rien n'était.
- La question que je t'ai posé te dérange?
- N-non...
- Alors pourquoi n'y réponds tu pas? insista Minghao, qui s'amusait de le voir perdre ses moyens.
- Bah... Parce que la réponse p-paraît évidente...
- Ah oui? C'est bizarre, moi je l'ignore, mentit-il pour le pousser à bout, avec un sourire mesquin.
- B-bah ou-oui... Je... Je n'ai jamais couché avec personne...
- Je vois... Il n'y a pas de honte hein... le rassura-t-il en caressant ses cheveux.
- M-mais... ça ne veut pas dire que...il...n'y aura jamais rien avec toi...bafouilla Jun en dissimulant sa bouche derrière la couverture.
- Jun... s'il te plaît, ne dit pas des choses comme ça où je risque de ne pas pouvoir me retenir plus longtemps.
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