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Chapitre 60: Pitié.

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Vendredi 13 décembre 6 heures 33.

Minghao longea le couloir qui menait à sa chambre, sa valise en main. Il avait été libéré la veille et avait préféré passer la nuit chez lui plutôt que de dormir à l'école. Il avait besoin de récupérer les nuits gaspillées dans cet hôpital qui ne l'avait que détruit davantage. Cet endroit lugubre n'avait qu'accentué son mal-être et son desespoir. Il se sentait terriblement seul et même s'il pensait cela impossible, sa tristesse augmentait de jour en jour. Chaque nouvelle journée passée sans lui était pire que la précédente. Il avait voulu l'appeler des centaines de fois durant ses deux semaines. Rien que pour entendre sa voix, son souffle, ses insultes, ses cris de colère et de peine. Il avait voulu lui envoyer des milliers de messages lui contant de belles histoires, lui disant à quel point il était désolé et à quel point il lui manquait. Il avait voulu lui écrire des dizaines de poèmes enflammés, peindre des portraits de son visage si parfait même si la peinture s'effacait sous les larmes.
Mais il n'avait rien fait de tout cela. Il était trop faible et pathétique pour oser faire quoique ce soit. Il avait si peur... Si peur de la vérité. Il réalisait qu'au fond, Jun était bien plus fort que lui. Il n'avait pas tenté une seule fois de le contacter, n'était pas venu une seule fois le voir à l'hôpital et même si Minghao lui avait demandé de ne plus jamais lui parler, son cœur pensait tout le contraire. Il regrettait amèrement les paroles que Jun avait prises au pied de la lettre. Mais comment lui demander d'oublier des mots si crus? Minghao souffrait. Il avait mal de le voir respecter ses ordres. Il aurait donné n'importe quoi pour le voir se jetter à ses pieds et le supplier de lui expliquer mais Jun en avait marre de tout ça. Il ne pouvait plus montrer son désespoir ouvertement en oubliant sa fierté. Il l'avait fait trop de fois pas le passé et Minghao savait qu'un jour ça ne fonctionnerait plus. Seulement il aurait fait n'importe quoi pour le voir pleurer dans ses bras une toute dernière fois. Il n'était pas prêt à l'abandonner.
Jusqu'au bout j'aurais été égoïste...

Il ne pensait qu'à se réfugier dans ses bras, recevoir ses tendres baisers, manger les bons plats de Maxine sous les plaintes constantes de son fils sans se soucier de rien. Il ne pensait qu'à dormir à ses côtés dans sa chambre éclairée de petites étoiles car il avait peur du noir. S'il en avait eu l'occasion, il aurait passé la nuit à observer chaque parcelle de son visage sans jamais se lasser de ses traits angéliques. Maintenant que tout ça était bien loin derrière lui, il regrettait de ne pas l'avoir observé plus souvent, jamais ses yeux n'auraient dû quitter cette délicate peau et la seule chose qui lui restait de ce petit être fragile se résumait à une poignée de photos regorgeant de joie et de sourires. Ils avaient l'air si heureux, si amoureux. Mais contrairement à ce qu'il croyait, ses images n'amélioraient en rien la situation. Elles ne la rendaient que plus dramatique et insurmontable. Il avait l'impression qu'un mur fait de solitude et de désespoir s'était dressé devant lui et que peu importe la hauteur qu'il grimpait, le mur ne cessait de s'allonger. Son combat était perdu d'avance.

Dans cette pièce sombre et effrayante, où il avait passé deux semaines à souffrir le martyr, il lui était impossible de fermer les yeux. Ses pensées étaient constamment obstruées par celui qu'il aimait, par ses sourires, ses yeux si expressif et sa petite moue enfantine. Et lorsque la fatigue intense l'y obligeait, il se réveillait aussitôt, une goutte de sueur perlant sur ses tempes. Ses rêves érotiques d'en temps avaient été remplacés par d'abominables cauchemars emplis de sang, de cris et de larmes. Un fouillis d'images aléatoires de cette journée défilait dans sa tête, s'arrêtant toujours sur le même instant; sa perte de connaissance. Il se réveillait alors en sursaut, les joues trempées de larmes et explosait à nouveau en constatant que Jun n'était pas là. Il lui manquait tellement. C'était atroce de l'imaginer souffrir de son côté alors qu'ils auraient pu souffrir ensemble et se battre contre le monde entier, main dans la main. Mais cela impliquait de le soumettre à un danger perpétuel, une mencace constante: son père. Et il était hors de question que Minghao prenne le risque de l'exposer à la moindre menace. Le seul avantage de ces tortures noctures était qu'elles lui avaient permis de recouvrer la totalité de ses souvenirs même s'il aurait aimé en oublier certains. Il était donc parvenu à mettre la main sur la raison qui l'avait poussé à prendre cette décision horrible d'abandonner l'homme qui faisait de lui ce qu'il était. Il se rappelait alors des mots exacts sortis de la bouche de son géniteur, ces atrocités qui hantaient son esprit à chaque seconde.

Je vais le retrouver et je vais le tuer. Je vais le frapper jusqu'à ce qu'il ne bouge plus. Tu m'entends?!
Oui Minghao l'avait bien entendu. Ses mots étaient même ancrés dans son âme comme la lame aiguisée d'un couteau que l'on planterait de plein fouet dans la viande saignante. Il avait retenu ses paroles si bien qu'il était capable de les réciter les yeux fermées. Mettre Jun à l'abri avait été la meilleure chose à faire et même si ça les tuait à petits feux d'être séparés, c'était la bonne solution. Il n'en voyait pas d'autre. Son petit lapin ne devait pas être blessé. Il ne le supporterait pas.

Il se remémora une énième fois les menaces du monstre qui avait falli lui ôter la vie et ne put retenir la larme de détresse qui dévala sa joue mais l'essuya rapidement. Personne ne devait savoir. Personne. Il serait faible un autre jour, en attendant il fallait qu'il se force à sourire pour ne pas inquiéter les autres car il n'accepterait pas leur pitié. La seule qu'il concevait était celle de Jun. C'est tout.

Il avait dû prendre un taxi très tôt le matin pour être sûr d'avoir le temps de déposer sa valise avant que les cours ne commencent et effectivement, il était bien en avance. Il songea au fait qu'il allait probablement réveiller Jeonghan en entrant dans la chambre puis se rappela que son colocataire avait le sommeil si lourd qu'un tremblement de terre ne le ferait même pas ciller.
Il déverrouilla donc la porte sans trop se soucier du bruit qu'il faisait et alluma la lampe torche de son téléphone pour éclairer la pièce et rejoindre son lit sans manquer de se prendre un meuble. Ses côtes étaient déjà assez douloureuses pour qu'il en rajoute une couche. Étonnamment, il constata en arrivant près de sa commode que tout avait été rangé. La poussière avait été faite et son espace de travail était bien plus organisé que la déchetterie qu'il avait laissé en partant. Il ouvrit ses tiroirs et les trouva vides excepté le premier où des barres chocolatées et un petit mot avaient été laissés.

Je sais que tu reviens aujourd'hui mais je ne sais pas exactement quand. Je me suis permis de faire du rangement car l'état de la chambre devenait déplorable. Si tu as faim, voilà de quoi te remplir. J'espère que tu vas mieux. Si on ne se croise pas d'ici ce matin, je t'attendrai devant le réfectoire. Clay et Bobby sont impatients de te revoir.

Xxx Jeonghan.

Minghao fourra le petit mot dans sa poche, un sourire flottant sur les lèvres. Il ne pouvait pas nier que la petite attention de son ami lui faisait plaisir. Il attrapa l'une des sucreries et ouvrit délicatement le papier puis mordit d'un coup sec dedans. La saveur du chocolat engloutit son palais, le poussant à fermer les yeux pour apprécier encore plus cette arôme caramelisé qu'il aimait tant. Il voulut mordre à nouveau dans la barre sans même avoir avalé la première bouchée mais se retint en se rappelant les conseils du médecin.
" Tu dois manger doucement et faire de petites bouchées si tu veux éviter d'avoir mal pendant les repas. Tu risques également de souffrir si tu éternues mais pour cela il n'y a pas de remèdes tu dois simplement attendre." lui avait-elle expliqué.
Génial on est en plein hiver et je dois pas éternuer! Quel comble rien que d'y penser mon nez me démange.

Il observa la gourmandise sous tous ses angles alors qu'il terminait de mâcher et fut submergé d'un sentiment de mélancolie en reconnaissant la marque du bonbon inscrite sur l'emballage. C'était les barres chocolatées qu'il mangeait à la sortie du lycée avec Jun.
Jun...

Les larmes lui montèrent aux yeux mais avant même qu'une d'entre elles n'ait le temps de s'echapper, une voix endormie grogna dans son dos, manquant de lui faire avoir une crise cardiaque.
- Tu m'en donnes? bailla Jeonghan les yeux toujours clos.
- Jeonghan?! Je... pardon je voulais pas te réveiller.
- Hum hum. Je suis content de te voir. Tu m'avais manqué. La chambre faisait vide sans toi et les cours de dessin aussi.
- Tiens.
Minghao détacha un petit bout de la surcrerie qu'il déposa sur la langue pendouillante de Jeonghan.
- Merchi, répondit le blondinet, la bouche pleine avant de rouler sur le dos.
Minghao s'installa au bord de son lit dans une grimace de douleur, ignorant leur dispute passée.

En ce moment il n'avait pas la force d'en vouloir à qui que ce soit. Il avait simplement besoin d'un ami qui lui donnerait le réconfort nécessaire.
- Viens, le pria Jeonghan en tapotant la place à côté de lui après avoir ouvert les yeux.
Minghao n'y vit aucune pensée mal intentionnée et puis même si c'était le cas, il n'avait pas la force de lutter. Il s'allongea dos à lui sans même prendre le temps d'enlever ses chaussures et lâcha un couinement lorsque son flanc toucha le matelas. Plainte qui n'échappa pas à Jeonghan puisqu'il lui demanda:
- Ça ne va pas mieux?
- Un peu... Mais j'ai mal quand je change de position.
- Je suis désolé j'ignorais que ça te faisait autant souffrir de t'allonger.
La douleur de mon corps n'est rien comparée à celle de mon cœur. Si tu savais comme j'ai mal à l'intérieur...
- Il faut bien que je me réhabitue aux mouvements de la vie quotidienne.
- Je m'en doute bien.

Un silence reposant détendit l'atmosphère l'espace de quelques minutes mais Minghao décida tout de même de le briser.
- Jeonghan?
- Hum?
- Ma requête va te paraître bizarre mais est-ce que tu... tu peux me faire un câlin? demanda-t-il d'une minuscule voix à peine audible.
- Quoi? Enfin ce n'est pas que je veux pas mais c'est-
- S'il te plaît, le coupa-t-il avec insistance.

Le blondinet n'osa pas refuser et sentit son poul s'accélérer lorsqu'il passa ses bras autour des épaules de Minghao. Il ne le serra pas trop, ne voulant pas lui faire mal mais tout de même juste assez pour qu'il sente son soutien. Il ferma les yeux quelques instants, imaginant la réciprocité de leur sentiment et se retint de plaquer son torse contre le dos de son colocataire. C'était un moment qu'il avait tellement attendu mais en même temps tellement redouté. Un moment si précieux qu'il ne pouvait pas gâcher à cause d'une simple envie. Il saurait se retenir encore un peu. Suffisamment longtemps pour que Minghao l'aime en retour et le jour où cela arriverait, il serait comblé de bonheur et ne retiendrait plus aucune de ses actions. Quitte à passer pour un psychopathe, il s'en moquait. En attendant, il saurait se contenter de ce que son ami lui offrait.

Il inhala l'odeur de la bétadine, ayant imprégné les blessures de Minghao, un court instant, les yeux toujours clos, puis finit par les rouvrir en entendant de faibles sanglots sortir de la magnifique bouche qu'il rêvait tant d'embrasser à nouveau.
- Minghao? osa-t-il avec douceur et bienveillance.
La seule réponse qu'il obtint fut les tremblements du corps qu'il entourait.
C'est Jun. J'en suis sûr.
Jeonghan ravala sa déception amer en sentant les grandes mains de celui qu'il aimait s'agripper à ses avants bras comme à des bouées de sauvetage.
- J-Jeonghan... Il... Il m-me manque...
- Je sais, répondit-il simplement malgré la douleur lancinante qui titillait mesquinnement sa poitrine. Je sais. Sois fort.

Ils restèrent ainsi, Jeonghan caressant ses épaules et Minghao pleurant son malheur, jusqu'à ce que le réveil du blondinet ne sonne. Il dégagea un de ses bras et l'éteignit alors que son colocataire se redressait pour reprendre sa contenance. En silence, Minghao prépara son sac de cours sans oser regarder Jeonghan qui s'habillait. Il se retourna uniquement lorsqu'il entendit le bruit du sèche-cheveux s'activer sur ses mèches blondes.
- Tu as mangé? lui demanda-t-il à travers le vacarme.
- Hormis ta barre chocolatée non.
- Tu as faim?
- Toujours, sourit-il en resserant sa cravate.
Jeonghan arrêta l'appareil et le rangea après avoir inspecté son reflet de le miroir. Il se dirigea ensuite vers le réfectoire, Minghao sur les talons et retrouva une Clayton endormie et un Bobby râleur.
- Ils ont encore fini les chocapiks avant que j'arrive soupira-t-il alors que Jeonghan s'installait à côté de lui.
Minghao récupéra un verre de jus fruit et quelques toasts au Nutella puis s'assit à son tour auprès de ses amis qui ne masquèrent pas leur surprise en le voyant.
- Minghao? Qu'est-ce tu fous là?! demanda Clayton la bouche pleine.
- Ils m'ont libéré hier.
- Jeonghan nous a dit pour tes fractures et ton hémorragie, expliqua Bobby.
- Et ta rupture avec Jun.
- Clay!
- Quoi?
- Tu peux pas te la fermer un peu?! s'exaspérèrent les garçons.

Minghao trésaillit légèrement en entendant le nom qui occupait son esprit entier jour et nuit mais ne se laissa pas submerger par les émotions.
- N-Non c'est bon, se força-t-il à sourire en croquant dans son toast.
- Enfin bref, tout ça pour dire qu'on est vraiment désolés.
- Ouais. Vraiment, répéta Clayton. Si tu veux puisqu'on a cours dans la même aile je peux porter tes affaires, lui proposa-t-elle.
- Et le soir pour m'assurer que tu aies une place à la douche sans te faire blesser, je peux te garder une cabine.
- Fais voir ta tête.
- On te soutient. On comprend à quel point cette situation peut être dure pour toi mais sache qu'on est là, déclara Bobby tandis que Clayton inspectait la plaie de son crâne.

Non. C'est faux. Vous ne comprenez rien. Vous n'êtes pas à ma place. Vous ne savez pas à quel point s'est douloureux d'avoir perdu l'homme qui faisait de moi ce que j'étais. Vous n'imaginez même pas la douleur que ça représente. Alors ne faites pas comme si vous saviez.

Minghao avait l'impression d'être une bête de foire au milieu de ce qui était sensé être ses amis. Il ne supportait pas leur pitié exagérée et toutes leurs attentions ridicules alors qu'avant ils n'auraient pas levé le petit doigt pour l'aider. C'était donc de cette manière que ça fonctionnait? Il fallait qu'il frôle la mort et quitte Jun pour que les gens montrent enfin un peu de compassion envers lui et s'intéresse à sa personne pour autre chose que son colocataire? Il fallait qu'il perde tout ce qu'il possédait de plus cher pour qu'enfin quelqu'un se soucie de sa gueule? C'était écœurant. Il ne voulait pas de leurs fausses aides. Il pouvait très bien se débrouiller tout seul, sans eux.
Leur comportement lui donnait la nausée. Il n'avait tout à coup plus faim. Il délaissa ses toasts sur le bord de son assiette et repoussa son plateau sous le regard interloqué de Jeonghan.

Il savait qu'il était compliqué car il avait besoin d'amis. Mais dès que l'occasion d'en avoir se présentait, il les repoussaient et se renfermait sur lui même car il ne voulait pas de ce genre de personnes qui apprécie à peine votre compagnie et se moque totalement de ce que vous pouvez bien aimer faire en dehors des cours, de ce qui vous effraie, de ce que vous détestez manger, de vos films préférés ou même de la couleur de votre caleçon. Il voulait de vrais amis. Ceux avec qui il rigolerait à longeur de temps, ferait des sorties, se chamaillerait pour trois fois rien, mangerait des gâteaux volés dans le réfectoire à 3 heures du matin. Il regrettait ses amis d'avant. Ceux avec qui il faisait toutes ses bêtises sans se soucier des conséquences. Joshua lui manquait. Jihoon lui manquait. Mélanie lui manquait. Et même Hansol lui manquait. Aujourd'hui, il n'avait plus personne sur qui compter. Il avait tout perdu. Mais s'il réfléchissait bien, au plus profond de lui, il existait bel et bien une personne qui rendait son quotidien supportable. Cette même personne qui le fixait actuellement avec la même préoccupation que lorsqu'ils regardaient des films ensemble.

- Minghao ça ne va pas? lui demanda Jeonghan.
- Hein? Si...
- Bobby, Clay vous pouvez nous laisser seuls un instant?
- Reçu cinq sur cinq mon capitaine.

Clay fourra un quartier de pomme dans sa bouche avant de quitter la table, Bobby sur les talons. Après qu'ils soient partis, Jeonghan rapprocha sa chaise de Minghao et le fixa intensément, cherchant à lire tout ce que son regard trahissait.
- Même s'ils sont maladroits, ils essaient. Tu ne peux pas leur en vouloir pour ça.
- Je ne leur en veux pas. C'est juste que... je...

Son regard se voila de larmes tandis qu'il cherchait ses mots, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents. Jeonghan essuya celle qui perlait au coin de son œil et lui offrit son sourire le plus resplendissant possible.
- Je suis là moi. Même si... je ne suis pas Jun, même si je n'ai pas toujours été le bienvenu et même si je t'ai fait du mal, aujourd'hui je... Je veux être là pour toi. Je veux te rendre heureux. Alors oui, ce ne sera sans doute pas facile de m'accorder ta confiance et oui, je sais que tu ne m'aimes pas et que ton cœur appartient à un autre mais... prends conscience que même si j'attends, je n'en démords pas. Même si je dois patienter des mois et des mois, mes sentiments pour toi restent intacts. Je ne suis pas prêt de t'oublier. Sache le.
Jeonghan...
- Désolé. Je ne me sens pas bien. Tu m'excuses un instant?
- Je t'en prie... soupira le blondinet après avoir vu son colocataire s'enfuir le plus vite et le plus loin possible de lui.
J'en fais toujours trop... Je suis fatigué d'être constamment sur la touche. J'ai fait tout ce qu'il fallait. Tout. Et maintenant qu'il n'est plus avec Jun, je ne vois pas ce que je peux faire de plus. C'est bien beau d'attendre que ça lui passe, mais qui me dit qu'il tombera dans mes bras au final? J'ai peur de m'être trompé.

Même s'il avait l'avantage, Jeonghan avait l'impression d'être en échec. Il ne savait plus quoi faire, comment déplacer ses pions pour faire tomber celui qui, même lorsqu'il manquait à l'appel, était toujours présent dans les paroles et le cœur de Minghao. C'était d'autant plus frustrant de le voir le mentionner alors qu'il le rendait si malheureux, alors qu'il était la cause principale de sa souffrance et ses larmes. Jeonghan aurait tellement aimé pouvoir le faire disparaître d'un battement de cils mais il savait bien que le conditionnel incluait l'impossible. Impuissant, il resta assis à cette table couverte de miettes regarder ses pions disparaître un à un, mangés pas son adversaire invisible, observant sa défaite miroiter sous l'éclat de ses larmes.

***

La journée était passée avec une lenteur extrême pour Minghao. Chaque seconde semblait s'être étirée repoussant la fin des cours à toujours plus loin. Lui qui pensait pouvoir se concentrer sur autre chose que son malheur n'y était pas parvenu. Il se rassassait inlassablement les paroles de Jeonghan alors qu'il tentait à tout prix de se les sortir de la tête, et voyait le visage détruit de Jun dans chaque recoin de l'école alors qu'il n'était même pas là.

Il rangea ses affaires et sortit de la salle sans même attendre son colocataire qui avait cherché à s'expliquer toute la journée sans pouvoir y parvenir. Après avoir récupéré sa valise, il se dirigea vers la sortie, croisant Clayton sur le chemin qui lui souhaita un bon week-end.
- Toi aussi, lui répondit-il froidement en rejoignant la porte d'entrée.
Soudain une envie irrépressible d'éternuer le prit et alors qu'il fermait les yeux anticipant la réaction, il se souvint des mots du médecin et boucha son nez, se faisant violence pour ne pas craquer et causer une douleur insupportable à son corps, déjà trop affaibli par toute la pression qu'il devait supporter.
- Minghao! appela une voix au loin.
Génial! En plus de voir son visage dans toute l'école, voilà que je me mets à entendre sa voix, soupira-t-il en se retournant vers la personne l'ayant apostrophé.
- Qu-
Son visage se figea.

Devant lui, se trouvait un garçon, essoufflé, les joues rougies, s'appuyant sur ses genoux qui menaçaient de se dérober tant il tremblait. Son regard perdu rencontra celui de Minghao qui se stoppa net et lâcha sa valise.
Aucun mot ne sortit de sa bouche. Il était beaucoup trop choqué pour oser briser ce moment inespéré. Et comme s'il avait été ramené à la vie par cette simple vue, son cœur se remit à battre. La douleur de ses côtes s'estompa et le mal qui pesait si lourd sur sa pointrine s'envola en un instant. Il s'émerveilla avec admiration et crainte face à cet adolescent aux yeux cernés, et se perdit dans la contemplation de ses traits qu'il connaissait si bien. De ses lèvres qu'il avait tant embrassées, tant goûtées, de ses joues qu'il avait faites rougir un nombre incalculable de fois, de ce nez si mignon qu'il avait vu se retrousser encore et encore et de ce regard désespéré dans lequel il lisait autrefois tant de joie et d'amour... Il avait fait le choix de plonger ses yeux dans ces prunelles si familières mais commença à regretter en voyant que la passion et le désir qu'il avait connu avaient été remplacés par l'effroie, l'obstination, la tristesse et surtout la déception.
Mon amour...

Lui qui croyait qu'il avait déjà tourné la page, s'était bien trompé. Jun avait tenté de venir le voir la semaine passée et s'était retrouvé détruit de constater qu'il n'était pas là. Mais les larmes versées ne l'avaient rendu que plus déterminé à comprendre la raison de cette trahison, de cet abandon, de cette rupture. Alors il s'était juré de revenir la semaine d'après et comme promis, il était là, au rendez-vous. Il savait quoi dire, quoi faire et comment agir. Rester neutre, contenir sa colère, parler d'une voix calme et surtout ne pas le toucher. C'était aussi simple que ça, il s'était entrainé toute la semaine et savait qu'il réussirait. Mais étonnament plus il s'approchait de lui plus il oubliait ses résolutions.

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Et lorsqu'il fut à seulement deux mètres de lui, tout ce qu'il avait préparé s'évapora en même temps que la terrible douleur qu'il avait oublié le temps d'un regard, refaisait surface dans son cœur. Il ouvrit la bouche pour parler mais la seule chose qui sortit fut sa voix brisée par les larmes qu'il retenait.
- P-Pourquoi...?
Il lutta pour rester debout malgré les spasmes de ses jambes qui s'opposaient à son mental. Les tremblements de ses membres en décidèrent autrement et le firent chuter au sol avant qu'il n'ait le temps de réaliser ce qu'il lui arrivait.

Sans même s'en être rendu compte Minghao s'était approché de lui comme s'il avait été attiré. Sa raison lui hurlait de faire demi-tour de passer cette porte et de ne jamais se retourner mais son cœur lui, continuait sa course effrénée dans sa poitrine, lui intimant d'écouter ses battements. Le monde semblait s'être arrêté autour d'eux, à présent seul Jun comptait, plus rien d'autre n'avait d'importance. Il était si beau... mais si malheureux. Ses yeux creusés par de larges cercles noirs témoignaient de ses nuits blanches passées à pleurer jusqu'à épuisement et son teint pâle soulignant sa maigreur alertante rappelant qu'il n'avait pratiquement rien avalé depuis une semaine. Mais malgré sa terrible condition, il restait le plus beau aux yeux de Minghao. Personne ne lui arrivait à la cheville. Seulement la bulle qui les protégeait de la faune d'élèves pressés de rentrer chez eux, éclata en même temps que Jun lui demanda d'une voix desespérée "Pourquoi?"

Une première larme dévala sa joue alors qu'il le fixait intensément comme si la réponse était marquée sur son visage. Il ne chercha pas à l'essuyer, ayant déjà perdu son combat contre lui même.

- Pourquoi? Hein dis moi...
- Jun je-
- Pourquoi m'as tu laissé? Qu'ai-je fait pour mériter ça?! Je t'aime... Je t'aime tellement... On s'était tout promis alors... pourquoi m'abandonnes tu?! Je sais que tu m'aimes encore...
- Non... C'est faux, mentit Minghao.
- Si c'était le cas... tu... tu... ne serais pas là à m'écouter pleurer à tes genoux, explosa Jun en s'accrochant aux pans du tee-shirt de celui qui était un poison pour sa santé mentale et physique.

Minghao avait tant envie de le toucher, de perdre ses doigts dans ses mèches brunes, de s'accroupir à sa hauteur pour cueillir ses lèvres en un baiser salé, il était si près de lui. Mais il ne pouvait pas faire ça car Jun ne le croirait plus et même si ça le tuait de rester neutre alors que son cœur se déchirait sous ses côtes brisées, il se devait de l'être.
- Je ne t'aime plus. Je te l'ai déjà dit.
- M-Minghao... Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu veuilles de m-moi...? sanglota-t-il bruyamment, interloquant quelques élèves alentours qui s'arrêtèrent pour les observer.

Cassez vous. Mon mec n'est pas un animal de foire.
- Il n'y a rien à faire.
Oui car je t'aime déjà comme tu es.
- Pitié... je te supplie... commença Jun en joignant ses mains. Reprends m-moi, parvint-il à prononcer à travers ses larmes. S-si t-tu me reprends je... je... te laisserais faire tout ce que tu veux...
Tout ce que je veux c'est toi. Jun ça me détruit de te voir comme ça et de ne rien pouvoir faire pour soulager ta peine.
- Je... je mangerai t-tous mes légumes et je... je te laisserai me p-parler m-mal si t-tu veux et qu-quand tu e-en auras m-marre de m-moi t-tu pourras aller voir ailleurs... Je m'en f-fous je v-veux juste être a-avec t-toi... T-tu m-me manques je deviens f-fou sans toi.
Il... est complètement dévasté. Ce qu'il dit n'est même pas rationnel. Il me supplie comme je le voulais et pourtant ça me fait mal... Tellement mal de le voir pleurer pour quelque chose que je ne peux pas lui donner.

Complètement ravagé par la peine qui le submergeait Jun fit tout ce qu'il put pour convaincre Minghao. Selon lui, il l'avait quitté car il en avait marre de coucher avec lui, il s'était trop habitué à la sensation et les sentiments n'avaient pas suivi. Il pensait donc que s'il lui proposait de le tromper quand il en aurait envie, Minghao reviendrait dans ses bras. Mais tout ce qu'il avait obtenu de sa part était un fronçement de sourcils étonné. À présent, il se moquait totalement de paraître desespéré car au fond, c'était ce qu'il était réellement. Un pauvre type addicte à un homme qui ne l'aimait pas, un adolescent qui, malgré son acharnement continuait de se briser plus profondément à chaque seconde.

Il essuya ses joues inondées de larmes mais en versa à nouveau en entendant les mots durs que lui lança celui pour qui il aurait donné sa vie.
- Je ne t'aime plus Junhui.
- Je... Je m'en f-fous de ça... Même si tu ne m'aimes p-plus, je saurai me contenter d-de ce que tu m'offres je
v-veux juste... Même si tu fais semblant... Pitié ne me laisse p-pas... Je... Je suis pas prêt... éclata-t-il dans un torrent de larmes entre-coupées de gémissement plaintifs. Je.. Je t'aime tellement... sanglota-t-il une main sur son tee-shirt, l'autre main devant la bouche. Ses yeux se fermèrent et deux gouttes épaisses dévalèrent ses doigts spasmodiques.

Minghao l'observa laisser son chagrin prendre le dessus mais ne put se résigner à le prendre dans ses bras. Il en crevait d'envie pourtant. Il voulait tant recevoir sa chaleur, son odeur, ses pleurs mais les menaces de son père l'en empêchaient.
Jun... Je te demande d'attendre seulement deux ans. Deux ans. Rien de plus. Et après ça, je reviendrai te chercher, si tu ne m'as pas encore laissé.
- Je... Je suis pas assez b-beau c'est ça? demanda le brun après avoir retrouvé un semblant de respiration.
Minghao ne répondit pas. Évidemment qu'il était assez beau. Il l'était même trop.
- Je suis pas assez musclé? Je... je ferai des régimes pour t-toi.... Si... je parle trop t-tu n'auras qu'à me dire de f-fermer ma gueule et-et je le ferai... Si je t'ennuie t-tu p-eux a-aller v-voir d'autres m-mecs c-comme Jeonghan... Je dirai r-rien... Je te le promets.

Minghao ne répondit toujours pas. Que répondre à tant de sottises dans une même phrase? Comment rassurer cet être, si desespéré d'attirer son attention, sans montrer qu'il l'aimait? C'était impossible. Alors il ne dit rien.
- S-Si c'est m-mes vêtements le p-problème j-je volerai de l'argent à ma m-mère et tu m'en achèteras d'autres... continua-t-il à travers ses pleurs. Si... si je... te gêne trop tu me gifles et... p-pardon... je... craqua-t-il sans même finir sa phrase. Pitié dis quelque c-chose p-parle m-moi... Je n'en p-peux plus de ce sil-ence... J'ai mal! hurla-t-il en frappant un grand coup dans sa poitrine.
Okay ça suffit. Je peux plus voir ça.
- Jun stop. C'est bon.
- Qu-
- Je ne me remets pas avec toi mais je peux plus supporter de te voir pleurer comme ça.
- Et s-si je p-pleure p-plus j-jamais...
t-tu voudras b-bien de m-moi? tenta-t-il désespérément en agrippant ses avants-bras, son regard brouillé par les larmes, plongé dans les prunelles coupables de celui qui le détruisait.
- Non, refusa Minghao en ignorant la souffrance qui ravagait son cœur.
Il retira une à une les mains de Jun et tourna les talons sous ses cris acharnés.
- Pourquoi?! Tu m'avais dit qu'on serait toujours ensemble! Pourquoi m'avoir menti?! Je t'aime! Je t'en p-pri-hie... ne me laisse pas... J'ai besoin de toi!
Moi aussi je t'aime. Moi aussi j'ai besoin de toi. Mais si je ne fais pas ça, tu ne comprendras pas. Je suis désolé. Pour tout ce que j'ai fait, ce que je fais et ce que je vais faire. J'espère que dans deux ans tu pardonneras mes erreurs et les choix que je fais pour te protéger du mal.

Jeonghan avait suivi toute la conversation depuis le début. Il avait tenté de rattraper Minghao après la fin de cours mais n'y était pas parvenu et lorsqu'il avait entendu des pleurs rauques résonner dans le hall d'entrée, il avait su que c'était eux. Et maintenant que son colocataire l'avait remarqué et fonçait droit sur lui, il ne savait que faire. Complètement pétrifié, les pieds cloués au sol, il se contenta de le fixer sans comprendre.

Tout ce qu'il perçut fut un faible " Ne bouge pas. Je vous demande pardon à tous les deux." avant que tout ne devienne flou. Il sentit une paire de lèvres s'écraser sur les siennes et de larges mains se déposer sur son visage alors que leur nez s'entrechoquaient.
Son regard s'arrondit et avant même qu'il ne réalise ce qu'il s'était passé, Minghao avait déjà brisé leur échange.
- Non! hurla une voix brisée au loin. N-Non... p-pas l-lui...
Minghao ne se retourna pas, récupéra sa valise et sortit du bâtiment évitant de justesse la crise de larmes dans laquelle il fondit après les avoir abandonné.
Avec ça au moins je suis sûr qu'il me déteste pour de bon. Mais ça fait tellement mal... Pardon Maxine... Je n'ai pas tenu ma promesse. Je lui ai fait perdre son sourire.

Jun sentit la bile lui monter à la gorge face au spectacle surréaliste que lui avait offert, celui qui venait une fois de plus de piétiner son cœur, déjà réduit en miette. Il puisa dans ses dernières forces intérieures pour sortir du bâtiment et courir jusqu'au portail de l'école devant lequel il s'écroula pour vomir.

Merci de m'avoir lue♡

PANIQUEZ PAS C'EST PAS LA FIN

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