Chapitre 58: Décision.
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Des pleurs, des cris et encore des pleurs. Voilà la seule chose qu'il entendait. La seule mélodie qui résonnait dans ses oreilles. Il n'entendait rien d'autre hormis les battements effrénés de son cœur qui lui indiquaient qu'il était toujours en vie. Il roula sur le côté en un couinement plaintif avant de papillonner quelques secondes.
Ce n'est pas la douleur lancinante de ses côtes brisées ou même le chatouillement du sang coulant de son crâne qui le reveilla, mais bien le cri de terreur de sa mère.
Maman...
- C-Charles! Arrête... Tu me fais mal!
- Je te fais mal hein?! grogna-t-il en resserrant sa poigne sur les cheveux de sa femme, tu oses le défendre?! Tu oses prendre la défense de cet avorton?! Ne t'avais-je pas dit que l'on aurait du s'arrêter à un seul hein?! Je ne voulais pas de deuxième gosse et tu le savais! Vrai ou faux?!
- V-Vrai... parvint-elle à prononcer malgré la peur et la menace.
- Papa je pense que-
- Toi tu fermes ta gueule et tu te mêles pas de ça, vociféra-t-il d'une voix si grave que les murs en tremblaient.
Yixing ne chercha pas à s'imposer plus longtemps et se réfugia dans sa chambre, trop effrayé de voir sa mère souffrir.
Fébrile, Minghao fit appel à ses dernières forces pour se redresser. Son regard erra un instant sur le plancher jusqu'à se poser sur les talons de sa mère. Il remonta le long de cette silhouette qu'il connaissait si bien et découvrit avec horreur que le monstre qui lui servait de père était en train de la brutaliser. Une main tirant sur ses longues mèches brunes et l'autre pressant brutalement son menton comme s'il avait à faire à un vulgaire animal.
Même si sa mère n'avait pas toujours été là pour lui, même si elle n'avait pas rempli son devoir entièrement, Minghao savait qu'elle l'aimait. Il savait que malgré son absence quotidienne et sa réticence à montrer son affection, elle l'avait toujours aimé. Que malgré les atrocités qu'il avait entendu, elle avait toujours été fière de lui. Si elle n'avait pas été présente lorsqu'il en avait eu le plus besoin, c'était uniquement parce qu'elle avait peur. Peur de voir son petit garçon si fragile se consummer de jour en jour. Elle ne voulait pas le voir se détruire. Elle savait qu'il avait besoin d'aide. Mais la psychologie n'était pas son domaine alors elle l'avait laissé se débrouiller seul, trop effrayée pour l'aider. Et si elle n'avait pas été capable de le sauver alors qu'il ne demandait qu'un peu d'aide, lui la sauverait.
Sans même qu'il ne réalise, il était parvenu à se relever. Les larmes qui maculaient ses joues auparavant avaient laissé place à une rage intense qui bouillonnait au plus profond de son être, une colère accumulée depuis tant d'années qui ne demandait qu'à exploser. L'homme dos à lui n'était pas son père ou du moins s'il l'avait été, il ne l'était plus. Tout ce que Minghao voyait en lui inspirait la crainte et la terreur. Il voulait se débarrasser de ce sentiment d'insécurité qui planait sur lui et sur sa mère. Il ne voulait plus avoir peur.
Il ne réfléchit pas. Vu la transe qui l'animait, la raison était bien la dernière chose à laquelle il ferait appel. Il laissa son instinct le guider et saisit le pot en terre cuite qui décorait la petite table du couloir avant de l'abattre sur le dos de son géniteur d'un geste rageur. L'homme émit un grognement de stupéfaction puis s'écroula lourdement au sol, nageant dans les morceaux du pot qui avait été éclaté. Mais Minghao ne comptait pas s'en arrêter là. Il ne comptait pas le laisser s'en sortir sans aucune séquelle. Il fit le tour de son corps inconscient qui gisait sur le plancher, arma son pied puis cracha, les dents serrées : "Ça c'est pour moi!" et il frappa dans son thorax d'un coup sec avant de réitérer son geste une deuxième fois après avoir hurler :
" Ça c'est pour Jun! " mais alors qu'il allait enfoncer à nouveau le bout de sa chaussure dans le ventre de celui qu'il haïssait plus que tout la voix brisée de sa mère l'en dissuada.
- Arrête! hurla-t-elle à bout de forces, tu vas le tuer...
Et comme s'il prenait conscience de ce qu'il était en train de faire, Minghao reposa son pied au sol. Il pivota lentement en direction de sa mère mais lorsqu'il l'approcha celle-ci lui hurla de s'éloigner.
- Tu n'es pas mon fils! Minghao n'aurait jamais fait cela! cria-t-elle les yeux emplis de terreur avant de s'enfuir en direction des escaliers pour sortir de la maison aussi vite qu'elle pouvait.
- M-Maman... Attends... murmura-t-il en s'effondrant au sol.
Alors c'était comme ça qu'elle le remerciait? Il venait de lui sauver la vie et toute la gratitude qu'elle éprouvait se résumait à une fuite? Fuir son propre fils...
Minghao se ressaisit et rampa jusqu'à sa chambre, ignorant la douleur atroce de ses membres blessés qui lui hurlait de ne pas bouger. Il s'enferma le plus vite possible dans son antre sans jamais se retourner de peur de voir son père se réveiller. La première chose qui lui vint à l'esprit fut Jun. Son petit Jun qui devait être à mille lieues d'imaginer le carnage régnant dans la maison de son amoureux, en ce moment même, son petit Jun qui n'avait sans doute aucune idée de l'état dans lequel était Minghao et des larmes de terreur qui inondaient son visage.
Il fallait qu'il le protège, qu'il l'éloigne de lui et par la même occasion de ce monstre sanguinaire qui, s'il lui mettait la main dessus, se débarrasserait de lui, rien que pour sauver son honneur. Il était impensable que son petit lapin soit blessé à cause de son père. Alors il pensa à faire une chose qu'il regretterait probablement toute sa vie. Une chose qui hanterait ses pensées jour et nuit, qui torturerait son âme, son esprit mais surtout son cœur. Il se moquait d'être malheureux, du moment que Jun ne l'était pas. Mais ce qu'il ne savait pas c'est que sans lui, Jun ne pouvait pas être heureux. Sans lui, la vie n'était pas la même et ne valait pas la peine d'être vécue.
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Allongé sur son lit, il attrapa son téléphone et dévérouilla fébrilement
l'écran, sélectionna l'option message et fit cette chose qui lui vaudrait tant de souffrance mais qui le rassurerait pour toujours.
Il rédigea un message. Le message qui le détruirait.
De Minghao à Jun mon p'tit lapin 🐰
À 12:54
Jun c'est moi. Je ne veux plus te voir. Pitié ne pose pas de questions, ne cherche pas à savoir la raison. Toi et moi c'est terminé.
Son pouce plana quelques instants
au-dessus de la touche "envoyer" puis après avoir noyé son téléphone sous les pleurs, il appuya.
Il s'empressa de jeter l'appareil sous son oreiller, bien trop faible pour lire sa réponse. Il ne voulait pas voir ses insultes, ses reproches et ses questions. Il n'était pas assez fort pour l'affronter et tout lui révéler. Il préférait être lâche. Il l'aimait tant... Il ne voulait pas lui faire de mal et pourtant...
Alors qu'il ne s'y attendait pas, son portable sonna. Il consulta l'écran et lorsqu'il lut le nom qui y était affiché, ses pleurs redoublèrent. Ce n'était pas Bobby ou Clay qui l'appelait mais bien celui qu'il redoutait. Celui qu'il avait brisé en seulement quelques mots. Il fixa son nom encore et encore sans jamais décrocher et puis juste avant que l'appel ne se fâne, il répondit. Tout comme Jun, il aurait aimé comprendre ses réactions, sa décision. Il ne pouvait pas le blâmer de chercher une explication, alors que tout allait si bien le matin même, car il aurait fait la même chose. Il aurait aimé qu'il décroche rien que pour entendre le son de sa voix même si c'était la dernière fois. Et s'il était têtu, Jun l'était encore plus.
Il essuya ses larmes et tenta de paraître neutre en décrochant.
- A-
- Minghao, c'est quoi cette blague? C'est pas drôle tu sais... Pourquoi tu-
- Ce n'est pas une blague Junhui, le coupa-t-il.
J'aurais tellement aimé que s'en soit une... Pardon Jun... Pardon pour ce que je m'apprête à dire... Pardonne moi.
- Je suis pas sûr de bien comprendre...
- Je te quitte. Toi et moi c'est terminé. Je ne t'aime plus. Je ne veux plus jamais te voir. C'est tout.
Les mots ricochèrent sur ses lèvres comme s'ils se refusaient à sortir et Minghao dut se faire violence pour ne pas exploser en larmes. Il fallait qu'il soit fort. Pour lui et pour Jun. Alors, il cacha sa faiblesse dans le ton froid de sa voix qui trésaillit sur la fin de sa phrase.
Un long silence plana à l'autre bout du combiné. Il retint son souffle et lorsqu'il entendit un premier gémissement s'échapper de la bouche celui qu'il aimait plus que tout, il raccrocha. C'était trop lui demander de l'écouter pleurer, geindre et le maudire jusqu'à épuisement. C'était trop dur d'entendre sa voix se briser en un sanglot incontrôlé. À cet instant il savait que Jun le détestait plus que tout car lui-même se détestait pour ce qu'il venait de faire. Mais il n'avait pas le choix. Alors pourquoi ne se sentait-il pas soulagé? Pourquoi la douleur qui s'était installé dans sa poitrine perdurait? Pourquoi pleurait-il encore?
Il avait mal. Tellement mal.
Il essuya les perles salées qui brouillaient sa vision et contacta la seule personne susceptible de l'aider. Le seul qui malgré leur relation distante viendrait le chercher, le consoler, le soigner: Jeonghan. Il fit l'impasse sur son fond d'écran débordant de son amour pour Jun et cliqua sur son répertoire.
- A-Allô p-pourquoi tu m'appe-
- J'ai besoin de toi... grimaça-t-il en sentant la douleur de ses côtes s'éveiller.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive?! paniqua le blondinet, troquant son appréhension de faire face à celui qu'il aimait contre la peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose.
- J'ai m-mal...
- Quoi? Comment ça?
- Je saigne... beaucoup... soupira-t-il en observant l'émoglobine carmine qui s'echappait des plaies profondes de son front.
- Minghao t'es où?!
- Chez m-moi...
- J'arrive. Je t'emmène à l'hôpital.
- Depêche t-toi... Il va se réveiller... vite.
- Ne bouge pas, lui ordonna sévèrement Jeonghan avant de raccrocher, ignorant le "il" mentionné.
Minghao ferma les yeux et laissa la peine le submerger, autorisant un sanglot à franchir la barrière de ses lèvres. Il n'imaginait pas l'état dans lequel Jun devait être. Comble de l'ironie, c'était lui qui l'avait quitté, lui qui le faisait souffir, lui qui devait être fort et pourtant, en cet instant même, il était certainement l'homme le plus malheureux de la planète. Il avait l'impression que le trou béant qui abîmait son crâne n'était rien comparé à celui qui écartelait son cœur.
Soudain la porte de sa chambre se mit à grinçer, alors que la peur lui saisissait la gorge, à nouveau. Une sueur froide dévala son échine mais celui qui entra n'était pas le bête sauvage revenue à elle même mais bien Albert. Le chien pénétra dans la pièce la langue pendouillante en remuant la queue et grimpa sur le lit où Minghao tentait de respirer, malgré la souffrance cauchemardesque dans laquelle il nageait, pour lécher gentiment les crevasses profondes de son front alors que son maître le gratifiait d'une caresse.
- P-Pardon Albert... Je ne pourrai pas te promener.
***
Allongé sous une montagne de couvertures, Jun avait refusé de manger ce que sa mère lui avait préparé. Son petit-déjeuner copieux suffisait amplement et la douleur désagréable qui broyait ses reins le dissuadait de faire le moindre pas. Il était donc resté dans son lit à regarder des filmes d'action peu distrayants, en vérifiant son téléphone de temps à autre, priant intérieurement pour que Minghao l'appelle. Et soudain, alors qu'il allumait une énième fois l'écran bleuté, l'appareil vibra, lui annonçant qu'il avait reçu un message. Il se précipita pour le déverrouiller et son sourire s'élargit davantage lorsqu'il vit le nom du destinataire s'afficher. Mais alors que ses yeux parcourait l'étrange sms, son cœur cessa de battre pendant une fraction de seconde. Il relut à nouveau ce qu'il venait de recevoir, et conclut que Minghao devait certainement lui faire une blague ou alors que ce n'était pas lui qui était derrière son téléphone. Cependant le doute semé dans son esprit avait besoin d'être dissipé. Il l'appella donc et entendit ou bout de la dernière sonnerie un vague reniflement suivit d'un soupire qu'il coupa d'emblée.
- Minghao, c'est quoi cette blague? C'est pas drôle tu sais... Pourquoi tu-
- Ce n'est pas une blague Junhui.
- Je suis pas sûr de bien comprendre... hésita Jun qui agrippait son téléphone si fort que l'appareil manqua de se briser entre ses doigts.
- Je te quitte. Toi et moi c'est terminé. Je ne t'aime plus. Je ne veux plus jamais te voir. C'est tout.
Je ne t'aime plus. Je ne t'aime plus.
Les mots résonnérent comme une détonation dans l'esprit de Jun. Il voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose, n'importe quoi aurait fait l'affaire mais le seul son qui sortit de sa gorge fut un gémissement désespéré. Et en récompense à son audace Minghao raccrocha. Jun fixa le mur opposé, le téléphone toujours collé à l'oreille puis sans même qu'il ne s'en rende compte une première larme dévala sa joue. Une deuxième et il lâcha son protable, une troisième et son bras retomba sur le matelas. Une quatrième et il hurla. Les mains serrant si fort ses draps que ses phalanges en blanchirent, il hurla. Il hurla sa peine imminente qui ne faisait qu'augmenter de seconde en seconde. Il hurla sa rage, son désespoir et son impuissance. Comment pouvait-il le jeter ainsi? Sans une once de remord, de culpabilité? Comment parvenait-il à rester de marbre après tout ce qu'ils avaient vécu? Et surtout pourquoi? Qu'avait-il fait pour mériter cela? Il avait beau fouiller au plus profond de sa mémoire, il ne parvenait pas à mettre le doigt sur son erreur. Tout allait si bien pourtant... Il se remémora ses mots doux soufflés au creux de son oreille alors qu'il le pensait endormi, ses tendres caresses sur son dos nu, la sensation de ses longs doigts se perdant dans ses cheveux, le goût sucré de leur amour... Et alors même qu'il pensait cela impossible, ses pleurs redoublèrent.
Les voisins devaient penser qu'il était fou mais non. Il était simplement malheureux. Peut-être que Minghao songeait à le quitter depuis un moment... C'est vrai que depuis quelques temps leur relation était constamment entravée par leur deux caractères de feu qui éclataient sans arrêt, mais alors pourquoi l'avoir tant rassuré s'il comptait s'en séparer? Pourquoi être venu la veille même faire toutes ses choses? Pourquoi l'avoir convaincu qu'il l'aimait? Pourquoi lui avoir promit ce voyage au bout du monde? Ce coup de téléphone qu'il attendait depuis la seconde où il était parti? Pourquoi lui avoir mentit?
Jun, arrête de faire semblant d'être aveugle tu le sais pourquoi. T'as juste trop mal pour te l'avouer. Tout ce qui l'intéressait c'était ta paire de fesses et maintenant qu'il s'en est lassé, il te dégage de sa vie.
L'avait-il réellement aimé? Pouvait-il croire ses paroles s'il l'avait quitté avec autant de facilité? Sans même ciller? Sans même pleurer? Sans même regretter? Jun savait qu'il avait aimé. Il se sentait injuste envers lui. Car il savait que tout comme lui, Minghao avait été brisé par le passé et que rien ni personne ne pouvait à nouveau le faire sourire. Mais il avait fait l'effort de créer une faille dans la carapace robuste qu'il s'était forgé pour accueillir quelqu'un qui comme lui avait besoin d'aide. Jun avait joué le rôle d'antidote dans sa vie. Il l'avait soigné, pensant chacun de ses blessures avec son amour et maintenant qu'il était guéri de sa solitude, Jun devenait inutile alors il s'en débarrassait. C'était aussi simple que ça.
Maxine débarqua dans la chambre à toute vitesse, un mine paniquée sur le visage.
- Mon poussin, qu'est-ce qu'il se passe?! Tu t'es fait mal?! s'inquiéta-t-elle en le prenant dans ses bras après s'être assise au bord de son lit.
Jun posa son front contre elle et agrippa sa robe si fort qu'il manqua de la déchirer. Il la serra comme si sa vie en dépendait. Comme si elle aussi allait l'abandonner. Il ne répondit pas mais continua de sangloter bruyamment en étouffant ses larmes dans le tissu.
- Mon chéri... Ça ne vas pas de crier comme ça? Tu m'as fait une peur bleue, soupira-t-elle en caressant doucement ses cheveux.
Cette attention maternelle lui rappella avec horreur les gestes amoureux de Minghao et alors son cœur explosa à nouveau.
- Ma-man... murmura-t-il les épaules secouées par ses pleurs.
J'ai si mal... Maman il m'a laissé. Il a prit le cœur que je lui avait offert. Le cœur qu'il avait promis de bien conserver et il l'a réduit en miettes. Il l'a piétiné puis il a jeté les morceaux à la poubelle. Je souffre maman... Pourquoi ça ne s'arrête pas? Que faut-il que je fasse pour ne plus avoir mal? J'ai essayé de penser à autre chose mais ça ne marche pas. Maman je suis triste... Soigne moi maman. Il n'a fait que me briser puis me réparer pour mieux me détruire par la suite.. Fais moi oublier cette atroce souffrance qui irradie tout mon corps. S'il te plaît aide moi.
Voilà les mots qu'il aurait aimé lui dire. Mais rien ne sortit. À la place de quoi, ses cris de désespoir s'accentuèrent. Son corps ne supporta pas bien longtemps la pression qu'il lui infligeait, les trop nombreuses larmes versées. L'énergie dépensée et la peine accumulée eurent raison de ses dernières forces. Sans avoir le temps de prévenir, il vomit. Il vomit son désespoir et sa tristesse sur ses draps, dans une terrible plainte. Il tâcha ces mêmes draps qui avaient accueilli leurs ébats amoureux la veille. Même s'il était sûr que c'était impossible, cette pensée le détruisit encore plus qu'il ne l'était déjà.
Maxine ne comprenait pas pourquoi son petit Jun larmoyait ainsi. Pourquoi hurlait-il depuis plus de cinq minutes comme si quelqu'un l'avait frappé? L'être brisé qu'elle tenait entre ses bras n'était pas lui. Ça ne lui ressemblait pas. Son Jun à elle souriait et riait. Il profitait de la vie, faisait la fête et sortait avec ses amis comme n'importe quel adolescent de son âge. Il partageait ses sentiments, ses peurs, ses doutes et ses regrets avec elle. Il ne restait pas enfermé comme c'était le cas. Et surtout il aimait.
Il aimait...
Maxine venait de comprendre. Le jour qu'elle redoutait depuis le début venait d'arriver. Minghao et Jun s'étaient séparés. Elle s'était toujours demandé comment son fils réagirait le malheureux jour où cela arriverait. Hé bien la réponse se trouvait devant elle. Il était complément dévasté. Encore plus qu'elle ne le craignait. Elle se sentait totalement impuissante face à son adolescent redevenu un petit garçon qui réclamait sa maman. Quoi de pire pour une maman que de voir son enfant malheureux? Elle ne l'avait jamais vu comme ça. Pas même le jour où on lui avait annoncé la mort de son grand-père. Pas même le jour où Minghao l'avait forcé. Pas même le jour où il avait appris que la petite Morgane ne rouvrirait plus jamais les yeux.
Le pire dans tout ça, c'est que Jun n'arrivait pas à en vouloir à Minghao car il l'aimait plus que tout au monde. Il ne pouvait se résigner à le détester comme il aurait dû simplement parce qu'il était amoureux de lui. Et alors il se mit à regretter de ne pas le lui avoir dit plus souvent, même s'il savait que ça n'aurait pas changé la donne, il aurait aimé le lui rappeler constamment. Rien que pour espérer atteindre la portée de ses sentiments grâce à ces quelques mots même s'il savait qu'ils étaient infinis et que ce n'était pas avec un simple "je t'aime" qu'il arriverait à exprimer la foule d'émotions qui trépidaient dans sa poitrine lorsqu'il était avec lui, lorsqu'il le touchait, lui parlait, l'embrassait, lui souriait.
Mais maintenant c'était trop tard. Il lui avait échappé pour de bon cette fois et il ne pourrait plus rien faire pour le récupérer. Il était sans pouvoir, sans arme, sans bouclier pour se protéger du mal qui le rongeait. Au fond c'était drôle car l'ironie du sort voulait que ce soit toujours après que les regrets interviennent, uniquement quand les choses étaient irrattrapables. Ça ne servait à rien de se dire qu'il aurait pu faire mieux, qu'il aurait pu se montrer davantage patient et conciliant, qu'il aurait pu l'aimer toujours plus car maintenant il était parti. Et cette fois, il ne s'était pas retourné pour vérifier que Jun le suivait. Il ne s'était pas arrêté pour lui tendre la main et l'attirer à lui, non. Il avait continué sa route en regardant droit devant lui et le brouillard qui les séparaient ne cessait de s'épaissir, le rendant maintenant invisible aux yeux de celui qui aurait tout donné pour un simple regard.
Sans lui, la vie n'avait pas d'intérêt. Sans lui, le soleil perdait de sa chaleur, les fleurs de leurs senteurs, la nourriture de son goût, les étoiles de leur éclat. Sans lui, le cœur de Jun ne battait plus. Sans lui, les études devenaient inutiles car à quoi bon vouloir sauver des vies si on était incapable de prendre la sienne en main? En réalité, Jun n'avait jamais songé à un monde sans lui. Ça avait toujours été avec lui et maintenant que la dure réalité lui revenait en plein visage, il se sentait faible, seul et abandonné. Ses larmes ne pouvaient pas exprimer la souffrance immense qu'il ressentait face à cette trahison. Ses mots, eux, ne seraient que minimiser la brûlure intérieure qui détruisait son âme alors il préféra se taire.
Christophe ne tarda pas à arriver, l'air tout aussi paniqué que sa femme et se sentit soulagé en voyant que Jun n'étais pas blessé. Mais très vite l'inquiétude reprit sa place lorsqu'il vit son petit visage si fragile inondé de larmes.
- Jun... murmura-t-il en s'approchant de son lit.
Maxine lui fit comprendre en un regard la cause de ses pleurs et Christophe sentit d'instinct la colère monter en lui.
- Il t'a fait du mal?! Il a osé te-
- Christophe Wen, s'il te plaît, il n'a pas besoin de t'entendre crier. Je pense qu'il souffre déjà bien assez. Ce n'est pas pour que tu en rajoutes une couche, le coupa Maxine d'un ton sévère.
Il se contenta de ravaler sa rage et remarqua finalement la tâche de vomi qui décorait les draps du lit.
- Max' il faut que-
- Je m'occupe de lui. On verra ça après.
Appréciez le parce que j'ai écrit ce chapitre 2 fois. '-'
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