J'ai souvenir de Vous, vos nappes d'eau rieuses
Jettent dans vos sous-bois un charme indéfini.
C'est tour à tour les pins et les bosquets d'yeuses
Qui en clament l'amour jusque vers l'infini.

Là-bas dans les sous-bois les eaux sont calmes et douces,
Semblables au clair miroir d'une fraîche vallée,
Et un tapis feuillu de bruyère et de mousse
Scintille par moment sous la voûte étoilée.

J'ai souvenir de Vous, mon âme est orpheline
De ne pouvoir rester plus longtemps captivé.
J'écoute à mon départ la brise qui s'incline,
Pleurant sur la bruyère mon rêve inachevé.

Déjà l'or du sous-bois fait penser à l'automne,
Après les jours brûlants de l'ardente saison ;
Et les nuées pâlies d'un ciel monotone
Sillonnent sans arrêt le lointain horizon.

Le sous-bois va s'ouvrir au grand calme du soir
En empruntant la nuit qui tombe doucement.
Là-bas, les derniers feux brillent comme un miroir
Et teintent de violet ce coin sombre et charmant.