J'ai souvenir de Vous, vos étoiles s'allument
Et s'en vont vers la mer étaler leur clarté.
Mais tout est noir là-bas car l'azur se consume
Dans le gouffre béant de cette pureté.

J'aime vos soirs émus où les reflets de lune
Mettent un jour indécis au large du couchant.
Et j'aime à parcourir en descendant la dune
Votre flanc dénudé, de sable tout brillant.

J'ai souvenir de Vous, ce soir le couchant rêve,
Après les longs échos de la mer démontée,
Car un génie puissant lui accorde une trêve
Pour adoucir les feux de son âme exaltée.

Vous écoutiez le flot pousser lame après lame.
La dune bleuissait sous le ciel calme et pur.
L'horizon déjà noir engloutissait la flamme
Du soleil prêt à choir comme derrière un mur.

Au loin, la "pignada" ressemble à une flamme
En cet été brûlant aussi lourd que le fer.
Les inertes sommets ont rassemblé la gamme
Des reflets du couchant qui glissent vers la mer.