OCÉAN, tu détiens le plus pur des devoirs,
Sous notre ciel tremblant et mouvant comme toi.
Enveloppé de nuit, je veux vivre tes soirs.
Tes soirs, don suprême de ta sublime loi...

À l'appel du couchant et des lointains vermeils,
Un prisme sans égal se fixe sur ton sein.
Et ton vaste horizon enfanté des soleils,
Aussi beaux dans tes soirs qu'ils le sont le matin.

Avec la fin du jour tes couleurs sont superbes.
La soie, le velouté de ton Sein sont charmant.
Et ta vague infinie a de multiples gerbes,
Multiples et infinies comme de pures diamants.

Ce fut par un beau soir que nous nous rencontrâmes,
Dans ce calme séjour où la mer vient mourir.
La paix de ce long soir emplissait nos deux âmes :
Ô murmures d'un jour qui n'ose pas finir...

Ainsi va notre esprit en face du grand large,
Quand la clarté du jour s'efface sur le flot.
La rumeur de la mer gagne au loin le rivage
Pour dire à nos absents son ultime sanglot.