Moi j'y rêve souvent... vous en souvenez-vous ?
Suis-je seul à garder ma timide espérance ?
Et le cri qui montait de votre adolescence
Est-il mort pour toujours dans cet instant si doux ?

Regrettez-Vous toujours ces heures de silence,
Quand les mots inquiets s'arrêtent, suspendus ?
Avez-vous renoncé à ce bonheur perdu
Dont vous ne parlez plus qu'avec insouciance ?

Symbole plein de feu, de soleil et d'ivresse,
De grandeur, de noblesse et de mélancolie,
Vous offrez votre houle et puis votre caresse
À tout poète atteint de douce folie !

C'est ce noir va-et-vient qui charme ici l'esprit.
À côté des yeux verts de la vaste forêt,
Ceux de la vaste mer ne nous ont point surpris
Car tout tremble et tout vit sous ce ciel azuré.

Mais le soir quelquefois, la sombre nuée monte,
Rançon des jours d'été et des mois orageux.
La nue prend bien souvent une couleur de fonte,
Et tout se décolore et devient ténébreux.