— Êtes-vous vraiment prête à laisser votre père perdre la société à laquelle il a consacré sa vie pendant trente ans ?

Emily avala difficilement la boule qui lui nouait la gorge, le poids de sa question la frappant de plein fouet.

La culpabilité et la frustration se mêlaient, créant une tempête émotionnelle qui la paralysait.

— Le chantage émotionnel est méprisable, répliqua-t-elle d'une voix tremblante mais résolue.

Mon père ne s'attendrait jamais à ce que je vende mon corps, même si cela signifie qu'il perdra tout.

Vous semblez penser que votre richesse vous accorde des privilèges, que l'argent peut tout acheter.

Mais vous ne pouvez pas m'acheter.

Elle soutint son regard, la colère pulsant en elle alors qu'elle cherchait à échapper à cette emprise oppressante.

Sa détermination était palpable, mais il ne fléchissait pas.

Dimitris, cependant, ne se laissa pas abattre par sa révolte.

Un sourire provocateur se dessina sur ses lèvres, comme s'il trouvait dans son indignation un amusement.

— Dans ce cas, peut-être que je peux prendre ce que vous offrez si librement à d'autres hommes, dit-il en lui tenant les épaules et en la tirant contre lui d'un geste sûr.

Emily sentit son cœur s'emballer alors qu'il l'attirait, ses protestations se mêlant à une confusion troublante.

Avant qu'elle puisse réagir, il baissa la tête et captura ses lèvres dans un baiser féroce.

Un cri de surprise lui échappa, mais Dimitris profita de l'ouverture pour insérer sa langue, explorant l'intérieur de sa bouche avec une audace déconcertante.

Elle tenta de le repousser avec colère, déterminée à ne pas céder à cette intrusion, mais il s'en rendit compte et adoucit son approche.

Il transforma le baiser en quelque chose de si sensuel qu'elle trouva impossible de résister.

Les mouvements de ses lèvres devenaient une danse enivrante, chaque caresse éveillant en elle des sensations qu'elle avait longtemps réprimées.

Emily se sentit déchirée, tiraillée entre le désir et la colère.

Luttant pour garder son esprit clair, elle comprit qu'elle était en train de franchir une ligne dangereuse.

La tension entre eux était devenue palpable, une force magnétique qui menaçait de les engloutir.

Ce baiser, d'abord une lutte pour la domination, se transformait peu à peu en quelque chose de plus profond et captivant, où l'angoisse et le plaisir s'entremêlaient.

Cette connexion, bien que prohibée, éveillait en elle un désir qu'elle ne pouvait plus ignorer, et chaque seconde qui passait l'enveloppait dans un tourbillon émotionnel, difficile à déchiffrer.

Emily se sentit perdue dans cette danse, son esprit se brouillant alors que son corps réagissait malgré elle.

Elle savait qu'elle devait reprendre le contrôle, mais l'attrait de Dimitris la poussait à abandonner ses réserves, à céder à une tentation qu'elle n'avait jamais imaginée.

Emily se sentit se dissoudre dans l'instant, se penchant contre lui, ses mains posées sur sa large poitrine.

Chaque battement de son cœur résonnait en elle, amplifiant la tension entre eux.

Elle sentit ses doigts chauds glisser le long de sa nuque, et d'un mouvement habile, il libéra les épingles de sa coiffure.

Ses cheveux, détachés, tombèrent en cascade sur ses épaules, la chaleur de cette proximité la submergeant.

Avec un faible gémissement, il enfouit ses mains dans sa chevelure, l'angle de sa tête lui permettant d'approfondir le baiser.

Emily ferma les yeux, se laissant emporter par ses caresses douces et passionnées.

Chaque frôlement, chaque contact éveillait en elle des sensations intenses, une chaleur enveloppante qui la transportait loin des préoccupations de la réalité.

Cependant, cette euphorie fut brusquement interrompue lorsque Dimitris lui leva soudainement la tête, la fixant de ses yeux verts perçants.

Le mépris qui s'y reflétait l'humilia, comme une douche froide après un rêve brûlant.

Elle se sentit vulnérable, comme si tout ce qu'elle avait ressenti s'était effondré en un instant.

— Mon offre est toujours d'actualité, dit-il d'un ton froid, tranchant.

Emily s'éloigna, les larmes de honte lui brûlant les yeux.

La déception se mêlait à la colère, chaque mot qu'il prononçait creusant davantage la douleur de son indignation.

— Ma réponse reste la même, affirma-t-elle avec fermeté.

Je ne suis pas à vendre.

Dimitris haussa les épaules, son geste désinvolte lui faisant sentir encore plus petite.

Il consulta sa montre avec une nonchalance qui la révoltait.

— Dans ce cas, je pense que nous avons fait le tour, dit-il.

Peut-être aurez-vous plus de chance de vendre des bijoux ailleurs.

Ses mots résonnaient comme un coup de grâce, et Emily sentit son cœur se serrer.

Mais d'une manière ou d'une autre, elle parvint à rassembler le peu de dignité qui lui restait.

Prenant son porte-documents avec une main tremblante mais résolue, elle s'éloigna, la tête haute, refusant de lui donner le plaisir d'assister à sa dévastation.

Chaque pas qu'elle faisait était une affirmation de sa force, un défi à l'arrogance de Dimitris.

Elle était déterminée à ne pas se laisser abattre, même si son esprit était en proie au tumulte de ses émotions.

Emily avait pris le métro pour retourner au bureau, son esprit tourbillonnant de pensées sur les événements troublants survenus dans le bureau de Dimitris.

Elle s'interrogeait sur la nature même de cet homme.

Que pouvait-on penser d'un homme prêt à payer pour des relations intimes avec une femme qu'il méprisait ouvertement ? Sa décision de rejeter sa proposition indécente lui semblait plus que jamais juste.

Jamais elle ne se laisserait réduire au rang de prostituée pour Dimitris Nikolaidis.

La colère qu'elle ressentait envers elle-même était exacerbée par le souvenir de l'embrasser, une faiblesse dont elle avait honte.

Ce qui la dérangeait le plus, c'était qu'elle avait réussi à oublier tout ce qu'elle avait vécu, même le souvenir de sa mère, dans l'étreinte de cet homme.

Alors qu'elle poussait la porte de son bureau, son téléphone vibra, et son cœur s'accéléra en voyant que l'appel venait de son père.

— Les nouvelles sont-elles bonnes ? demanda-t-elle, l'anxiété transparaissant dans sa voix.

— Les meilleures, lui assura son père.

Ta mère est complètement rétablie du cancer.

Elle pouvait percevoir le soulagement dans la voix de son père, et des larmes de joie lui montèrent aux yeux.

— Dieu merci. Maman doit être radieuse.

— Nous le sommes tous, répondit Gustave avec émotion.

Veux-tu dîner avec nous pour célébrer ? J'ai également quelque chose d'important à te dire.

— Bien sûr, je viendrai, accepta Emily, intriguée par le ton de son père.

Sa mère avait vaincu le cancer, et tout semblait subitement plus lumineux.

Pourtant, une légère inquiétude persistait dans la voix de Gustave.

— Papa, qu'est-ce qui ne va pas ?

Un silence pesant suivit sa question, avant que Gustave ne prenne une grande inspiration.

— J'ai reçu une lettre de la banque.

— Quoi ? Emily sentit ses jambes trembler alors qu'elle s'asseyait brusquement.

— Ils menacent de reprendre possession de la Résidence Belle Vue.

— Comment est-ce possible ? Je ne comprends pas.

Comment peuvent-ils s'approprier la maison alors qu'elle appartient à toi et à maman ?

— J'ai dû hypothéquer de nouveau la maison et prendre un prêt pour les rénovations de la bijouterie, expliqua Gustave d'une voix tremblante.

Ta mère a accepté, car je lui avais promis que ce n'était qu'une solution temporaire pour un problème de l'entreprise.

Elle pense que j'ai déjà remboursé l'hypothèque.

Je croyais que la banque me donnerait plus de temps, mais ils exigent maintenant un paiement immédiat des dettes.

Il n'y a plus d'argent, Emily.

J'ai utilisé chaque centime de mes économies pour maintenir Bennett Jewellery à flot.

Je prie pour qu'Apex Wealth Management achète l'entreprise.

Sinon, je serai seul responsable de la perte de la maison et de la douleur que cela causerait à ta mère.

Emily sentit une vague de panique monter en elle.

— Comment s'est passée la réunion ? demanda-t-il, l'inquiétude trahissant sa voix.

Logan Harper semblait très intéressé quand je lui ai parlé il y a quelques jours.

Les mots de son père résonnaient dans son esprit, mêlant soulagement et angoisse, alors qu'elle réalisait l'ampleur de la situation.

Le cerveau d'Emily était en proie à un tourbillon de pensées confuses et inquiétantes.

L'idée que ses parents puissent perdre la maison familiale était tout simplement inconcevable.

Dans son esprit, elle revivait les images du vieux manoir majestueux, un bâtiment historique construit sous le règne d'un ancien roi, transmis de génération en génération dans la famille de sa mère.

Chaque pierre, chaque pièce respirait des souvenirs et des histoires qui faisaient partie de leur héritage.

Sa mère, après avoir lutté pendant deux ans contre un cancer et ayant subi des traitements éprouvants, ne méritait absolument pas de subir une telle épreuve supplémentaire.

Emily savait à quel point cette maison représentait un refuge pour elle, un lieu de réconfort et de souvenirs heureux.

Si elle était forcée de quitter cet endroit qu'elle chérissait tant, cela briserait son cœur.

Avec une détermination renouvelée, Emily se leva, résolue à trouver une solution pour sauver leur héritage familial et protéger le bonheur de sa mère.

Elle murmura une réponse affirmative, consciente que mentionner que Apex Wealth Management appartenait en réalité à Dimitris Nikolaidis, le propriétaire de Nikolaidis Enterprises, serait trop risqué.

Cet homme avait un intérêt personnel dans cette situation, et son but ultime était de se venger de la famille Bennett.

— Comme tu l'as dit, ce n'était qu'une réunion préliminaire.

Il reste encore des points à discuter avant de finaliser quoi que ce soit.

Mais concentre-toi sur mère, et laisse-moi gérer cela, ajouta-t-elle rapidement, tentant de rassurer son père.

— Pourquoi ne pas emmener maman passer quelques jours chez tant Debbie ? Une petite escapade lui ferait le plus grand bien.

Elle attrapa son téléphone, cherchant à garder son calme malgré la tempête qui faisait rage dans son esprit.

— Papa... La possibilité de perdre la Résidence Belle Vue n'est pas aussi grave, n'est-ce pas ? Je veux dire, il doit y avoir une issue.

— La seule façon de régler la dette de la maison est de vendre l'entreprise, répondit sans détour Gustave Bennett.

Si Apex change d'avis, je suis perdu.

La banque met la pression, et nous n'avons pas le temps de chercher un autre acheteur.

Tu as dit qu'il y avait encore des points à discuter ? Je pense que je vais appeler Logan Harper.

-Non,  s'opposa Emily , luttant pour ne pas laisser transparaître sa panique.

Si son père contactait Apex, il découvrirait rapidement qu'il n'y avait pas de négociation possible.

L'offre d'achat de Bennett Jewellery n'était rien d'autre qu'un stratagème cruel destiné à les punir, et elle ne pouvait pas laisser cela arriver.

Emily savait qu'elle devait agir, et vite, pour protéger sa famille et leur maison bien-aimée.

Elle repoussa l'idée de Dimitris avec une détermination farouche, s'accrochant à l'espoir de trouver une autre manière de sauver Bennett.

Le ton désabusé de son père révélait sans ambages qu'il n'existait pas d'alternative viable.

Ce n'était pas seulement l'avenir de l'entreprise qui était en jeu, mais aussi la pérennité de la Résidence Belle Vue et le bonheur de ses parents, des éléments qui lui étaient chers.

Chacun de nous possède quelque chose que l'autre désire.

Dimitris, ce milliardaire, avait le pouvoir d'acquérir Bennett Jewellery , mais il était également prêt à tout pour obtenir ce qu'il voulait en retour...

Un frisson désagréable la traversa.

Ce qu'il désirait, c'était coucher avec elle.

Emily se sentit envahie par un dégoût soudain à cette idée, mais, face à l'urgence de la situation, elle réalisait qu'elle n'avait guère de choix.

— Il ne reste que quelques détails à régler avant qu'Apex n'accepte l'accord, déclara-t-elle d'une voix résolue.

Je vais les contacter et prendre les choses en main.

Puis-je parler à maman maintenant ? ajouta-t-elle avant que son père ne puisse émettre la moindre objection.

— Oh... bien sûr, répondit-il, visiblement surpris.

Il y eut un moment de silence chargé d'émotion, avant qu'Helena ne s'exclame avec enthousiasme :

— Emily ! N'est-ce pas merveilleux ? J'ai l'impression de vivre une seconde chance !

Les paroles de sa mère lui serrèrent le cœur, les larmes lui montant aux yeux.

— J'espère de tout mon cœur que tu sauras profiter de chaque instant, maman.

Toi et papa méritez d'être heureux.

Elle se promit intérieurement de tout faire pour les soutenir, même si cela impliquait de prendre des décisions inimaginables.

C'était sa priorité, et elle était prête à affronter n'importe quel sacrifice pour leur bonheur.