La porte s'ouvrit doucement, laissant filtrer un courant d'air léger chargé de l'odeur du bois ciré et des fleurs fraîches disposées dans la pièce voisine.

Dimitris entra, sa silhouette élancée et imposante projetant une ombre sur le sol brillant.

Il s'arrêta net, figé comme s'il avait perdu tout contrôle en posant les yeux sur elle.

Emily se tenait là, dans sa robe de satin ivoire qui épousait chaque courbe avec une élégance subtile.

Les bougies disposées sur la coiffeuse illuminaient son visage, créant un jeu d'ombres et de lumière sur sa peau délicate.

Le regard de Dimitris, profond et insistant, sembla percer ses défenses.

Il était empli d'une admiration sincère, mais aussi d'un désir brut qui la fit frissonner malgré elle.

— Tu me coupes le souffle, murmura-t-il enfin, sa voix grave brisant le silence comme une caresse.

Il la dévora des yeux, lentement, prenant son temps pour capturer chaque détail de son apparence.

Un sourire énigmatique se dessina sur ses lèvres alors qu'il s'approchait, son pas assuré mais empreint d'une douceur inattendue.

Sans un mot, il plongea la main dans la poche intérieure de sa veste et en sortit une petite boîte de velours noir.

Emily observa, intriguée, tandis qu'il ouvrait délicatement le couvercle, révélant un somptueux collier de perles nacrées entrelacées de diamants étincelants.

— Cela complétera parfaitement ta robe, murmura-t-il, sa voix presque un souffle.

Il s'approcha davantage, jusqu'à effleurer son épaule, et fit passer le bijou autour de son cou.

Ses doigts étaient habiles, mais son geste portait une tendresse qui la troubla profondément.

Lorsqu'il eut terminé, il se plaça derrière elle, leurs regards se croisant dans le miroir.

La vision de leur reflet ensemble, lui si sûr de lui et elle à la fois éblouissante et vulnérable, provoqua un étrange battement dans son cœur.

— Considère-le comme un cadeau de remerciement, ajouta-t-il, pour toutes les heures de dur labeur que tu as investies dans cette soirée.

Emily baissa les yeux vers le bijou, un mélange d'émotions brouillant son esprit.

Elle effleura les perles du bout des doigts, leur fraîcheur contrastant avec la chaleur qui montait en elle.

Ce collier n'était pas un simple présent, elle le savait.

Il portait un poids qu'elle peinait à définir, et cela la déstabilisait.

— Dimitris... murmura-t-elle, hésitante.

Je ne peux pas accepter.

Tu n'avais pas besoin de faire ça.

J'ai aimé travailler sur cette soirée, vraiment.

Il posa une main ferme mais douce sur son épaule, et elle releva les yeux pour croiser son regard.

Il lui souriait, un sourire si rare, empreint d'une sincérité qui la désarma.

— Peut-être.

Mais tu mérites aussi de te détendre et de profiter un peu, répondit-il doucement.

Puis, après une pause, un éclat malicieux dans les yeux, il ajouta : Nous partirons pour Corfou après tout ceci.

Et cette fois, ce sera uniquement pour le plaisir... ou peut-être pas totalement pur.

Sa voix s'abaissa sur les derniers mots, teintée d'une promesse sensuelle qui fit frissonner Emily.

Elle sentit son souffle se mêler au sien lorsqu'il se pencha pour l'embrasser.

Ce baiser, à la fois délicat et chargé d'une intensité contenue, la laissa à bout de souffle, ses pensées dispersées.

Pendant un instant suspendu, elle oublia tout : la fête, les invités, même l'accord pragmatique qui les liait.

Ce qu'elle ressentait en cet instant ne ressemblait en rien à un arrangement.

Et si lui aussi ressentait quelque chose de plus ?

Quand il rompit le baiser, son regard plongea dans le sien, intense et sincère.

— Nous devons parler, dit-il enfin, d'une voix basse mais déterminée.

Emily ouvrit la bouche pour répondre, mais un coup frappé à la porte rompit la bulle fragile qu'ils avaient créée.

Dimitris soupira légèrement et lança :

— C'est probablement le room service.

Il se détourna, mais à cet instant, le téléphone de la chambre sonna.

Emily décrocha machinalement, ses doigts tremblants encore des sensations qu'il avait laissées.

Sa posture se raidit lorsqu'elle entendit le message de la réceptionniste.

— C'est ma mère, expliqua-t-elle, surprise.

Elle s'inquiète toujours, mais je pensais l'avoir rassurée.

Dimitris lui adressa un sourire rassurant, bien qu'un éclat d'interrogation brillât dans ses yeux.

— Descends dès que tu auras terminé, dit-il doucement.

Nous avons encore quelques instants avant d'accueillir les invités.

Lorsqu'il quitta la pièce, Emily se retrouva seule avec ses pensées.

Elle porta une main hésitante à son collier, ses doigts caressant les diamants comme si elle cherchait à y puiser des réponses.

Les pierres froides contre sa peau contrastaient violemment avec la chaleur qui persistait dans son cœur, alimentée par l'incertitude et l'étrange tension qui s'était installée entre eux.

— Maman ?

Emily attrapa le téléphone précipitamment, son cœur battant à tout rompre en entendant les sanglots étouffés de sa mère à l'autre bout du fil.

La douleur dans la voix familière lui noua instantanément la gorge.

— Que s'est-il passé ? demanda-t-elle, l'urgence se frayant un chemin dans sa voix.

— Oh, Emily...

La voix de sa mère était brisée, tremblante, comme si elle peinait à articuler les mots.

— Je ne comprends rien, bégaya-t-elle entre deux sanglots.

Emily se raidit, son esprit déjà en alerte, prêt à gérer ce qui allait suivre.

— Ton père et moi... nous sommes rentrés à la maison aujourd'hui et...

Un silence chargé de douleur s'installa, avant que sa mère ne reprenne d'un ton secoué.

— Nous avons trouvé une lettre de la banque. Ils disent qu'ils vont saisir notre maison.

Emily sentit son souffle se couper.

— Quoi ? Pourquoi ? s'écria-t-elle, incapable de masquer son choc.

— Ton père... il a admis qu'il n'avait pas payé l'hypothèque.

Il a caché cela à cause des problèmes financiers de Bennett Jewellery.

Nous sommes en retard sur les versements depuis des mois.

Sa mère s'interrompit, tentant de reprendre son souffle avant de continuer, plus précipitamment cette fois :

— Il a contacté quelques personnes... une entreprise appelée Apex... ou quelque chose comme ça.

Emily sentit un frisson d'inquiétude la traverser.

— Il m'a assuré qu'Apex avait accepté d'acheter Bennett Jewellery, poursuivit sa mère d'une voix saccadée.

Et que cela réglerait tout.

Mais quand il a fini de parler avec leur directeur exécutif, il était blanc comme un linge.

Il m'a dit qu'Apex n'avait jamais eu l'intention d'acheter.

La société mère... je ne sais pas ce que cela veut dire... a refusé l'autorisation.

Emily ferma les yeux, une douleur sourde s'installant dans sa poitrine.

— Ton père avait promis à la banque que la vente allait avoir lieu.

Il avait assuré que l'argent viendrait immédiatement pour rembourser l'hypothèque.

Mais la banque a vérifié avec Apex, et quand ils ont découvert que la vente n'allait pas se faire, ils ont annulé le prêt.

La voix de sa mère se brisa complètement cette fois.

— Quand ton père a appris cela... il s'est effondré.

Emily sentit une panique glaciale l'envahir.

— Comment ça, "effondré" ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.

Maman, il va bien ?

— Oui... oui, répondit sa mère, essayant visiblement de la rassurer malgré son propre désarroi.

Philipe a appelé une ambulance.

Ton père a passé plusieurs tests à l'hôpital, mais ils ont dit qu'il souffrait de stress extrême.

Les résultats étaient bons, mais...

Elle s'interrompit à nouveau, submergée par ses émotions.

— Emily, je ne sais pas quoi faire, pleura-t-elle.

Ces mots, pleins d'impuissance et de peur, brisèrent le cœur d'Emily en mille morceaux.

Elle serra le téléphone plus fort, essayant de puiser dans son calme intérieur, mais ses mains tremblaient.

— Les officiers viendront demain à midi pour nous expulser, ajouta sa mère entre deux hoquets.

Ils vont saisir toutes nos affaires encore dans la maison.

Je ne sais même pas par où commencer à emballer...

Toute notre vie est ici, Emily.

Emily sentit ses yeux picoter de larmes, mais elle refusa de céder à l'émotion.

Elle inspira profondément, cherchant ses mots pour calmer la panique de sa mère.

— Maman, tu n'as pas besoin d'emballer quoi que ce soit, dit-elle d'une voix rapide mais rassurante.

Il doit y avoir une erreur.

Apex Wealth Management a accepté d'acheter Bennett Jewellery.

Je suis en contact avec la société mère... Nikolaidis Enterprises.

Elle hésita un instant, les mots lourds de sens sur le bout de sa langue.

Sa mère ignorait tout de sa relation avec Dimitris, et Emily préférait éviter d'éveiller les soupçons.

— Ne pleure pas, d'accord ? Je vais tout régler, je te le promets.

Ensuite, je rentrerai à la maison.

Cela devait être une erreur, pensa Emily frénétiquement en attrapant sa valise, y jetant ses vêtements sans même les plier.

Ses gestes étaient précipités, son esprit tourbillonnant à une vitesse folle.

C'était un malentendu, rien de plus.

Un quiproquo entre la banque et Apex Wealth Management.

Cette explication lui semblait la plus probable, la seule logique dans ce chaos apparent.

Emily prit une profonde inspiration, se forçant à calmer son cœur affolé.

Dimitris saurait quoi faire, se dit-elle, cherchant à se convaincre.

Il résoudrait tout.

Il avait promis d'acheter Bennett Jewellery.

Elle s'accrocha à cette promesse comme à une bouée de sauvetage.

Mais une petite voix, tenace et cruelle, murmura dans un coin de son esprit.

Et s'il était la source du problème ?

Emily secoua la tête, rejetant cette pensée.

Non, Dimitris ne ferait jamais une chose pareille.

Leur relation avait évolué, dépassant la méfiance et les manipulations initiales.

Il n'était plus cet homme animé par une vendetta.

Elle lui faisait confiance... n'est-ce pas ?

Malgré ses efforts pour se rassurer, une ombre de doute subsistait.

La gorge serrée, elle attrapa son sac, prête à descendre au hall.

Dimitris l'attendait.

Il saurait lui donner les réponses dont elle avait besoin, elle en était certaine.

Mais alors qu'elle posait la main sur la poignée de la porte, une sensation pesante la cloua sur place.

Et si elle avait tort ?

Luttant contre son hésitation, elle se détourna et retourna dans la chambre.

Une idée lui traversa l'esprit.

Logan Harper.

Le PDG d'Apex Wealth Management.

Peut-être pourrait-il lui apporter des éclaircissements avant qu'elle ne confronte Dimitris.

Emily s'approcha du téléphone avec une nervosité croissante.

Un appel.

Rien qu'un appel pour confirmer.

Ses doigts tremblaient légèrement alors qu'elle composait le numéro d'Apex Wealth Management.

Après plusieurs sonneries, une voix féminine répondit :

— Bonsoir. M. Harper n'est pas disponible à cette heure.

Je vais vous transmettre à Dean Lawson, le directeur des acquisitions.

Emily ferma les yeux, essayant de calmer son cœur qui battait à tout rompre.

La conversation serait simple, se promit-elle. Une question, une réponse. Rien de plus.

Quelques instants plus tard, une voix masculine, impatiente et un peu sèche, se fit entendre à l'autre bout du fil :

— Mademoiselle Bennett ? Dean Lawson à l'appareil. Que puis-je pour vous ?

Emily inspira profondément avant de se lancer, expliquant rapidement la situation, chaque mot teinté d'un désespoir croissant.

— Il doit y avoir une erreur, M. Lawson, conclut-elle, sa voix tremblant.

M. Nikolaidis m'a assuré que l'accord pour l'achat de Bennett Jewellery avait été conclu.

Un silence lourd s'installa avant que la réponse glaciale de Dean Lawson ne tombe :

— Je crains que vous soyez mal informée, Mademoiselle Bennett.

Oui, Apex Wealth Management a envisagé l'acquisition de votre société, mais la décision a été annulée par Nikolaidis Enterprises.

Cela vient directement du propriétaire.

Emily sentit une vague de panique l'envahir.

— Non... murmura-t-elle, incapable de croire ce qu'elle entendait.

M. Nikolaidis m'a promis que ..

— Je vous assure qu'il n'y a jamais eu de promesse, coupa Dean Lawson d'un ton ferme.

L'idée d'un rachat a été rejetée dès le début.

Si vous voulez des détails supplémentaires, je vous recommande de vous adresser directement à Nikolaidis Enterprises.

Maintenant, Mademoiselle Bennett, il est tard, et j'aimerais rentrer chez moi.

À moins que vous n'ayez autre chose ?

Emily resta sans voix, ses pensées un tourbillon de confusion et de douleur.

— Non... rien d'autre.

Merci pour votre temps, M. Lawson, murmura-t-elle avant de raccrocher doucement.

Elle resta assise sur le lit, incapable de bouger.

La chambre semblait tourner autour d'elle, et une nausée insupportable montait en elle.

Allait-elle réellement s'évanouir ?

Elle porta une main tremblante à sa bouche, s'efforçant de reprendre le contrôle.

Non.

Elle n'avait pas le luxe de s'effondrer.

Pas maintenant.

Emily inspira profondément, ses pensées se recentrant sur l'urgence.

Il fallait qu'elle rentre chez elle.

Si les officiers venaient expulser ses parents, elle devait être là.

Pour eux, pour leur maison, pour tout ce qu'ils avaient bâti.

Mais une douleur sourde persistait au fond d'elle.

Dimitris... S'il avait sciemment saboté cet accord, alors leur fragile confiance venait de se briser.

Pouvait-elle encore lui faire face, armée de cette terrible vérité ?