Pensant avoir sauvé ses parents de la perte de leur maison, Emily s'était précipitée pour prendre une valise qu'elle avait cachée dans le placard sous l'escalier.

Elle avait ensuite ouvert son armoire et s'était mise à trier soigneusement ses vêtements.

Chaque pièce choisie représentait un souvenir, une part d'elle-même qu'elle s'apprêtait à emmener en Grèce, où elle espérait retrouver une certaine sérénité loin des soucis qui l'accablaient.

Le lendemain matin, alors qu'elle ouvrait la porte à 8 heures, Dimitri l'accueillit d'un ton calme.

— Êtes-vous prête ? demanda-t-il .

Elle lui répondit, presque à voix basse, une légère irritation dans le regard.

La vue de Dimitri , vêtu d'un costume marron élégant et d'une chemise beige, lui fit battre le cœur plus vite.

Il avait cette allure décontractée qui lui allait à ravir, et les rayons du soleil du matin faisaient briller ses cheveux noirs.

Ses traits magnifiquement sculptés lui inspiraient une étrange mélancolie, un petit frisson dans le ventre d'Emily.

— Malheureusement, il est difficile de persuader Lucas de sortir de mon lit, dit-elle , ses sourcils sombres se haussant avec un amusement désinvolte.

— Épargnez-moi les détails de votre vie amoureuse, répliqua-t-il sur un ton sec.

Elle était décidée à ne pas se laisser distraire, mais cela ne l'empêchait pas de se sentir un peu piquée.

— Lucas est mon chat, lui expliqua-t-elle, une lueur de fierté dans les yeux.

Elle continua, un sourire naissant sur ses lèvres.

— C'est le chat le plus paresseux de la planète.

Il passe la majeure partie de la journée à dormir dans mon lit.

Dimitri ne put s'empêcher de rire, et Emily, bien que frustrée par son amusement, se sentait étrangement réconfortée par cette légèreté.

— Tu devras m'aider à le mettre dans la boîte de transport, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la chambre, Dimitri la suivant avec curiosité.

Alors qu'il regardait autour de lui, il s'attendait à quelque chose de plus... séduisant.

Les murs peints de couleurs claires, le tapis moelleux et les rideaux à fleurs étaient certes charmants, mais il avait du mal à imaginer Emily divertir plusieurs admirateurs dans cet espace.

Soudain, un miaulement se fit entendre, provenant de sous la coiffeuse.

Dimitri baissa les yeux et vit, avec surprise, un gros chat orange dont les yeux jaunes brillaient d'une intelligence feutrée.

À genoux, Emily était concentrée sur le chat, agitant un jouet en caoutchouc pour tenter de l'attirer dans la boîte de transport.

— Viens jouer, Lucas, l'appela-t-elle d'une voix douce, pleine de tendresse.

Le miaulement du chat devint plus insistant, et, dans un élan de surprise, Lucas sauta, ses griffes s'accrochant à la main d'Emily.

— Vite... attrape-le ! cria-t-elle, l'excitation mêlée à la panique dans sa voix.

Dimitri, d'un air incrédule, secoua la tête.

— Vous devez plaisanter, rétorqua-t-il en observant la scène avec amusement.

Mais au lieu de cela, il manœuvra la boîte vers le chat.

Après un bref mais intense combat, dans un mélange de rires et de cris, Emily réussit à attraper Lucas, à le glisser dans la boîte, et à fermer la porte avec un soupir de soulagement.

Le chat, visiblement mécontent de cette intrusion, se mit à grogner.

Du sang coulait de sa main, mais pour elle, c'était une sensation familière, presque banale.

— Et ce Lucas, qu'est-ce que c'est ? Un chat sauvage ? demanda-t-il, perplexe.

— Non, pas vraiment.

Il est juste un peu sensible , répondit Emily avec une note de tendresse dans la voix.

Je l'ai trouvé abandonné, et je pense qu'il a été maltraité par ses anciens propriétaires.

Mais il a un cœur en or, vraiment.

Dimitri fronça les sourcils, ne cachant pas son inquiétude.

L'idée de donner un foyer à un chat aux tendances meurtrières ne correspondait pas du tout à l'image qu'il avait de Emily.

Il prit sa valise et jeta un dernier regard autour de la pièce, ses yeux s'attardant sur une photo encadrée sur la table de chevet.

— Est-ce ton frère ? demanda-t-il, en examinant l'image d'Emily à côté d'un grand homme aux cheveux roux flamboyants.

— Non, je suis fille unique.

Voici Stephan.

Nous nous sommes rencontrés le premier jour de l'université.

Il m'a dit que les roux devaient toujours se soutenir les uns les autres, comme une sorte de fraternité.

Emily laissa échapper un sourire nostalgique en repensant à ce moment.

Stephan, avec sa passion et son humour, avait apporté une lumière particulière à ses débuts universitaires.

Il était en train d'étudier pour devenir vétérinaire, un rêve qu'il poursuivait avec ardeur.

Malheureusement, cette période joyeuse avait été écourtée, car il avait tragiquement perdu la vie des suites d'une méningite, quelques mois seulement avant d'obtenir son diplôme.

Dimitri, attentif à la mélancolie soudaine qui avait envahi sa voix, la regarda.

— C'était ton petit ami ? demanda-t-il.

Elle haussa les épaules, un geste chargé de souvenirs.

— Nous sommes sorti ensemble pendant quelques mois, mais cela remonte à un moment déjà.

Au fil des années, elle avait appris à surmonter la douleur de la perte de Stephan.

Cependant, seuls ses amis les plus proches étaient conscients de l'ampleur de sa souffrance face à sa mort tragique.

Elle saisit la boîte contenant le chat par la poignée et l'observa un moment, perdue dans ses pensées.

— Je suis prête à partir maintenant, annonça-t-elle d'un ton résolu.

Dimitri éprouva un soulagement palpable.

Il n'avait pas envie d'entendre les détails d'une tragédie .

Pendant les six derniers mois, il avait construit une image d'une femme froide, presque insensible, et il refusait de remettre en question ce jugement.

— J'espère que vous n'avez pas l'intention de passer la douane avec ce chat, lança-t-il en les dirigeant vers sa voiture.

— Bien sûr que non.

Philippe s'occupera de Lucas, répondit Emily.

Il était le majordome de mes parents, mais maintenant il est à mi-retraite et vit dans la maison attenante de mes parents.

— Nous devrons donc lui emmener Lucas, ajouta Emily .

Le trajet en voiture se déroula dans un silence chargé.

Ce n'est qu'en arrivant devant sa maison d'enfance que des souvenirs l'envahirent.

— Je ne comprends pas pourquoi tes parents tiennent tant à préserver cette maison, commenta-t-il sèchement, scrutant les murs ornés de plantes grimpantes et les trois étages de fenêtres brillamment éclairées par le soleil.

— C'est une propriété qui a été transmise de génération en génération au fils aîné de la famille, mais comme ma mère était fille unique, elle en a hérité, expliqua Emily.

C'est une construction atypique, et, pour être tout à fait honnête, l'entretien de cette propriété représente un véritable cauchemar.

Mes parents s'efforcent de la maintenir en bon état, car ma mère est particulièrement attachée à son héritage.

Cette maison a une place spéciale dans son cœur, et l'idée de devoir déménager serait dévastatrice pour elle.

Emily s'arrêta net lorsque la porte d'entrée de la maison s'ouvrit brusquement, révélant un vieil homme impeccablement vêtu qui descendait les marches avec une dignité remarquable.

— Qui est-ce ? demanda-t-il , curieux .

— C'est Philipe , répondit Emily .

Il observa le vieil homme et fronça les sourcils.

— Il ne peut pas encore travailler pour tes parents, n'est-ce pas ?

Il doit avoir près de 90 ans !

— Nous pensons qu'il a plutôt autour de 80 ans, même s'il refuse de révéler son âge exact, répliqua Emily en sortant de la voiture.

Elle saisit la boîte du chat qui était sur le siège arrière.

— Philipe a commencé à travailler ici en tant que majordome pour mes grands-parents, et mes parents lui ont promis qu'il aurait toujours un foyer ici.

Elle se mit à réfléchir, le cœur lourd.

Tant que ses parents ne perdaient pas la maison, tout irait bien.

Emily avait confiance en l'avenir, car Dimitri avait promis d'acheter Bennett Jewellery , emportant avec lui le secret de cette transaction jusqu'à la tombe.

Une heure plus tard, alors que Emily suivait Dimitri dans le hall de l'aéroport, elle lui lança :

— Je me demandais comment vous aviez réussi à obtenir un vol si peu à l'avance.

J'aurais dû deviner que vous aviez un jet privé.

— Je voyage beaucoup pour affaires, et un Learjet est bien plus pratique que de se fier aux vols commerciaux, répondit-il avec un léger sourire ironique en entrant dans l'avion.

Il remarqua son regard émerveillé sur les sièges en cuir.

Les femmes étaient toujours impressionnées par ce type d'appareil.

Il se surprit à imaginer le vol vers la Grèce comme une occasion de profiter de la présence de Emily , seule avec lui dans la luxueuse chambre à l'arrière de l'avion.

Après tout, elle ne pourrait pas vraiment s'y opposer.

Il était tenté, pensa-t-il, admirant ses cheveux bruns qui tombaient en cascade, sa jupe élégante qui mettait en valeur ses longues jambes, et son chemisier couleur saphir qui faisait ressortir la brillance de ses yeux.

Mais il savait qu'il devait prendre son temps, savourer chaque moment sans se précipiter.

Il se força à réfréner son impatience jusqu'à ce qu'ils atteignent leur destination en Grèce.

1h plus tard, Emily se pencha pour regarder par le hublot alors que l'avion descendait au-dessus d'une mer d'un bleu cobalt, sous un ciel d'azur sans un nu, parsemé de plusieurs îles émeraude.

— Je ne m'attendais pas à ce que la terre soit si verte, murmura-t-elle, la joie s'emparant d'elle alors qu'elle absorbait le spectacle à couper le souffle des Cyclades.

— Là-bas, c'est Mykonos, juste devant nous, fit entendre la voix profonde de Dimitri , qui s'était approché d'elle.

Elle tourna la tête et le vit fermer son ordinateur portable, sur lequel il avait travaillé durant le vol.

— La plus petite île à côté, c'est Delos.

Elle est inhabitée, mais c'est l'un des sites archéologiques les plus importants de Grèce.

Dans la mythologie grecque, on dit que c'est ici que la déesse Artémis est née...

L'hôtel , situé à quelques kilomètres de la ville de Mykonos, se trouvait dans la charmante station balnéaire d'Agios Ioannis.

La construction entièrement blanche, avec son toit plat, était tout simplement impressionnante.

La zone de réception, avec son sol en marbre clair et ses piliers majestueux, était ornée de canapés et de fauteuils en cuir dans des nuances de bleu et de gris.

— C'est vraiment magnifique ici, commenta Emily alors que Dimitri l'emmenait faire le tour des quatre salles à manger, des six bars, du spa et du complexe de loisirs.

— Je suis satisfait de cet hôtel, répondit-il, la guidant le long d'un couloir tapissé.

Ils s'arrêtèrent au bout, et il ouvrit une porte.

— Voici ma suite privée.

Emily le suivit à l'intérieur de la chambre spacieuse, son cœur s'emballant à la vue du lit king-size.

Elle se demanda si Dimitri s'attendait à ce qu'elle assume immédiatement ses rôles de partenaire, mais il se dirigea vers le long mur de fenêtres et ouvrit les portes françaises qui menaient à la terrasse.

Elle le rejoignit, perdant tout souffle à la vue de la mer cristalline et de la piscine bleu-vert qui s'étendait en contrebas.

— La suite dispose de sa propre piscine , expliqua-t-il en désignant une piscine rectangulaire située sur le côté de la terrasse.

La piscine principale, que vous pouvez voir en contrebas, est d'eau salée, séparée de la mer par un mur.

Cela permet aux clients de bronzer et de profiter d'une vue imprenable sur la baie.

— C'est magnifique , murmura Emily en contemplant la piscine de l'hôtel, qui semblait presque se fondre avec les vagues.

Elle leva le visage vers le soleil, ses cheveux dansant doucement au gré de la brise.

Dimitri , de son côté, lutta contre l'envie de caresser ces mèches soyeuses, de l'attirer dans ses bras et d'embrasser sa bouche avec une intensité qui promettait de les conduire tous deux au lit.

Emily le déconcertait plus qu'il ne l'aurait voulu, et cette situation l'irritait profondément.

Même la pensée de Isabelle qui se trouvait maintenant dans une clinique de réhabilitation aux États-Unis pour réapprendre à marcher ne parvenait pas à atténuer son désir pour la femme à ses côtés.