Mercredi 10 octobre 2012

Aujourd'hui il ne s'est rien passé.

Ce n'est pas surprenant, je ne m'attendais à rien de particulier, mais je ne peux pas m'empêcher d'être déçue. J'ai encore fait un de ces rêves étranges hier, alors je m'étais mise à espérer qu'il se réalise, mais c'était enfantin, ce n'était qu'un rêve après tout.

Je ne me suis pas fait d'ami, malgré les conseils de père qui m'a encore dit ce matin de "faire quelque chose, souris-leurs, joues avec eux, mais pour l'amour de dieu soit normale !".

Quel idiot.

Je n'en ai aucune envie. Les autres enfants sont tous des abrutis, j'ai vraiment envie qu'ils-

Un collégien saisit brutalement le carnet de la fillette, qui ne réagit pas. Pensant être face à une proie facile, le gosse commença à agiter son trophée devant le nez de sa victime, qui ne prit même pas la peine de lever les yeux. Elle se contenta de murmurer ;

<< Rends le moi. >>

La voix très froide et posée de la petite fille le surpris, mais comme ses amis, attirés par ses gesticulations, commençaient à s'approcher, il fit fonctionner à plein régime son cerveau d'humain de 12 ans, et lança donc le calepin à la personne la plus proche, qui répéta l'opération machinalement.

Tout doucement, la fillette se leva et tenta de récupérer ce qui lui appartenait.

Bien entendu, cela ne fit qu'amuser les collégiens qui s'envoyait tour à tour le cahier.

Le plus grand des énergumènes récupéra alors le projectile et le tendit vers la petite fille afin de la narguer.

Elle saisit alors le bout de son tee-shirt et murmura :

<< Espèce d'erreur de la nature, tu ne veux pas aller te jeter sous un train pour te rendre enfin utile ? >>

D'abord abasourdi, le garçon s'apprêtait à la remettre à sa place, mais son regard avait finalement croisé celui de la fillette qu'il s'amusait tant à embêter.

Et il sentit l'amusement retomber aussi rapidement qu'il était monté.

Il avait peur.

Il baissa sa main tremblante et hésitait à s'avouer vaincu, quand un autre enfant s'approcha.

Ce dernier avait l'air d'avoir le même âge que la fillette. Il était un peu potelé, avait des cheveux châtains, une coupe au bol et des yeux incroyablement bleus.

Bien qu'il ne fut pas plus grand que la petite fille, et encore moins à la taille du perturbateur, il s'interposa en bégayant ;

<< Re-rends lui ça ! Vous êtes pas gentils ! >>

La sonnerie retentit alors, marquant la fin de la récréation, alors l'un des collégiens fourra le cahier dans les mains du garçon et ils firent demi-tour pour rejoindre leur rang.

Ne restait que la fillette et son "sauveur". Il lui rendit le carnet, hésita, puis s'exclama, tout sourire ;

<< Fais pas attention à eux ! C'est des crétins ! >>

La petite fille serra son livre contre elle, observa attentivement son interlocuteur et lui demanda :

<< Comment tu t'appelles, déjà ?

- Je-je m'appelles No-nolan !

- Esther. >>

Elle tendit alors la main à Nolan qui la lui serra exagérément :

<< Je te connais déjà ! T'es amie avec Chris ! C'est mon mei-meilleur ami !

- Je ne suis pas...

- Oh ma maîtresse ! Je suis dé-désolé je dois y aller, à plus Esther ! >>

Elle lui adressa un petit signe de la main tandis qu'il courait maladroitement vers sa classe. Après réflexion, elle se rendit compte qu'elle l'avait déjà aperçu quelques fois, mais n'avait jamais prêté attention à lui, qui se tenait toujours en retrait, dans l'ombre de Chris ou d'un autre enfant.

Puis Esther fixa sa main et le calepin. Alors, ignorant son maître qui l'appelait depuis le préau, elle nota :

Je pense que mon rêve vient de débuter.