Au sein de mes visions nocturnes sans rêve aucun, ton âme tourbillonnait comme un feu-follet brillant. Dans les cimetières assombris de mon cerveau, une sorcière se tenait là et ravalait ton nom. Tourbillons en folie de mes marques rouges sang, ses griffes acérées gravaient ton sourire dans ma chair... était-ce mes ongles qui taillaient ainsi ton visage à ma fleur ?
Dans les hurlements lointains de mon corps mourant, chantaient quelques loups qui admiraient le festin : les corbeaux dévoraient mes restes d'âme. Affamé de ta peau douce, de tes mots divins et de Toi tout entier, le ventre vide des émotions qui flinguent l'amour, je me laissais agoniser dans l'herbe folle, en attente du réveil qui me délivrerait peut-être.

Des coups las sur des tambours de cuir, des chansons gutturales dans le creux de la gorge prononcées, résonnent ici.
Sous les chants ancestraux du chaman de mes nuits, mes muscles dansaient sur cette étrange musique. Et moi, comme emporté par le vent lorsque mes poids-morts étaient plume, je m'envolais pour cette éternelle jouissance.
Quand les mots sont l'impuissance de nos émotions, les arbres se meurent et les navires vont s'échouer où j'ai échoué, tous aux pieds des falaises, on se retourne le cœur, à bouffer les lambeaux de nos chairs oubliées.
Et quand l'amour sonne le glas de glace, on se délaisse sans avoir jamais existé... nous n'étions rien, n'est-ce pas ? Moins que nous sommes aujourd'hui, toujours.

Éternité contemplée assez longtemps, je fais demi-tour et me dis : je n'ai que trop dormi.