Le temps maussade et l'air de rien
Nous laissons danser les chimères
Dans l'odeur chagrine d'éphémères
Quelques tangos de nos destins.

Vont et viennent les pensées abondantes
En silence, crient qu'elles resteront vice
Les vertiges tracent des crevasses béantes
Dans le creux de nos plus belles cicatrices

Infaillible, l'hémorragie mentale n'a de cesse
Fait des pleurs de la pluie pour les fleurs
Puis s'en va soudain comme une vieille caresse
Dans l'ambiance chaste qui demeure sans odeur

On déplie sur des cartes les arcanes du hasard
Qui nous fait à nos tristes toujours un espoir
D'un meilleur pour demain et le pire pour hier
Nous ment surtout l'Eden au profond de l'enfer

On se donne à bouffer des univers géants
Des électrons d'amour qui avalent le néant
Qui courage nos peurs ancrées dans l'inconscient
Dans le gouffre éternel d'un infini printemps

On bourgeonne des promesses dans le champ des possibles
On vise à voir le cœur de ce qui est invisible
A-travers les fantômes qui susurrent des murmures
Aux plus belles aventures et à nos Écorchures

On se joue du couteau pour faire battre les plaies
De ces cœurs abîmés que le temps a bafoués
On s'anoblit d'amour quelque pourpre à nos âmes
On se souffle en saccade pour faire brûler la flamme

On se recoud toi et moi avec du fil de soi
Nos déchirures passées et refaisons les lois
Qui font qu'il faut crouler un genou sur la pierre
Quand les Amours s'en vont dormir aux cimetières

Changeons ces règles idiotes et jouons notre propre jeu
De ce risque à tout perdre oui mais pour gagner mieux
Faisons des Horizons dans nos regards brûlants
Et des rêves, et des rêves, et des rêves d'enfant...