Acte I : Pureté Juvénile
Wolfgang venait d'arriver au palais de Vienne, merveilleuse ville emplie d'aristocrates hypocrites. À peine avait-il exposé l'idée d'un opéra en Allemand que ces derniers lui riaient au nez.
N'en déplaise aux courtisans qui baisent
Les pieds des hommes les mieux chaussés
Malgré lui, il en restait blessé dans son égo. Pourtant, rien ne l'empêcherait de composer pour l'Empereur, pas même ces nobles qui courbaient l'échine devant tout et rien.
Je me ris de leur vie de punaises écrasées
Que se taisent les futiles fadaises qui brillent en belle société
Mozart transgressait les règles depuis longtemps déjà et il n'allait certainement pas s'arrêter en si bon chemin. Personne n'avait le droit de lui dicter comment composer ni en quelle langue le faire.
Je suis fort à mon aise dans les crimes de lèse-majesté
Nul n'est ici-bas
Maître des hommes,
prince des lois
Il était le seul maître de ses pensées, de ses décisions. Peu lui importait d'être seul contre tous, il saurait trouver des alliés.
Place je passe
Je suis roi de mes rêves, souverain des libertés
Lorsqu'il rencontra l'Empereur, celui-ci l'autorisa à écrire comme bon lui semblait. Rosenberg était outré du choix de leur souverain. Comment pouvait-il laisser ce pauvre illuminé composer en Allemand ?
Osez, rendez grâce
à ce fou qui se lève
Le compositeur fondit directement à son bureau. Du moins, c'est ce qu'il souhaitait faire jusqu'à ce qu'il heurte un grand homme dégageant une aura sombre. Il mit du temps avant de sortir de ses rêves et réagir.
Place je passe
Je suis roi de mes rêves, souverain de mes idées
Lorsqu'il se rendit compte qu'il avait en face de lui le célèbre Antonio Salieri, Mozart exécuta une magnifique courbette mais croisa le regard froid et courroucé du brun. Il se présenta brièvement mais ne reçut rien de plus qu'une indifférente ignorance. Lui qui pensait bien faire.
Osez, rendez grâce
Au vilain épris de nobles pensées
Enfin parvenu à son bureau, il se mit à composer mais à sa porte se trouvait l'insupportable Rosenberg qui ne cessait de le critiquer, de lui dire que son œuvre allait être rejetée, comme à Paris. Cet homme allait finir par lui porter malheur.
N'en déplaise aux altesses qui biaisent la moindre de nos volontés
En l'entendant, Mozart n'eut envie que d'une chose : Le voir perdre sa place de conseiller auprès de l'Empereur. La gloire de chacun était éphémère, surtout lorsque l'on se comportait de manière aussi perfide. Sa plume glissait sur le papier alors qu'un léger sourire se dessinait sur son visage juvénile.
Sur leurs trônes de glaise en guise de chaise, je m'assieds
Rosenberg ne se mettrait en travers de son chemin, il avait les faveurs de l'Empereur et lui faisait grandement confiance. Peut-être même trop. Sa confiance, il ne l'avait déjà que trop donné et la souffrance l'avait envahi lorsqu'il fut trahi. Mais il voulait croire en ce souverain qui lui avait ouvert ses portes là où tous les lui avait claqué au nez.
Nul n'est ici bas
Dieu pour les hommes,
Digne de foi
Agacé, Mozart finit par le congédier et s'enferma à double tour afin de pouvoir être tranquille. Il continuait d'écrire les notes sur ses partitions alors que ses pensées s'envolaient bien loin du présent. Elles étaient tournées vers l'homme rencontré il y avait de cela plusieurs heures. Et Wolfgang avait conscience de la présence de ce grand compositeur dans la pièce adjacente. Son cœur se mit à battre la chamade en imaginant qu'il ne puisse lui arriver à la cheville.
Ça va aller, Wolfgang. Salieri est un génie mais il est trop classique. Moi, j'innove!
Place je passe
Je suis roi de mes rêves, souverain des libertés
Osez, rendez grâce
à ce fou qui se lève
Il composa pendant des heures et des heures ce nouvel opéra destiné, malgré lui, à Salieri. A présent, il n'avait qu'une seule envie : Être proche de lui, pouvoir passer du temps à ses côtés. Il ignorait pourquoi il avait ce sentiment là, ni même comment il devait le nommer. Ce dont il était certain, c'était que le glacial compositeur lui faisait bien trop d'effet.
Place je passe
Je suis roi de mes rêves, souverain de mes idées
Cependant, il avait conscience qu'approcher l'Italien ne serait pas facile mais cet obstacle l'excitait d'autant plus, friand de défis qu'il était. Avait-il perdu la raison ? Très certainement. Lorsqu'il eut fini de remplir les différentes pages, Mozart rassembla toutes ses partitions et courut frapper à la porte de son comparse. Il dû attendre ce qui lui sembla être une éternité avant que le brun ne daigne lui ouvrir. Son regard froid donna des frissons de peur et d'excitation au jeune compositeur qui lui tendit ses partitions, tremblant.
Osez, rendez grâce
Au vilain épris de nobles pensées
Tout naturellement, Salieri donna son avis. Un avis positif mais pas le moins du monde chaleureux. Après quelques mots, il lui rendit les feuilles et lui claqua la porte au nez sans rien ajouter. Mozart l'avait attentivement écouté et sa seule phrase avait suffi à le mettre dans tous ses états. Contrairement à Rosenberg, Antonio ne l'avait pas rejeté ni traité de fou et cet acte relevait du miracle.
Place je passe
Je suis roi de mes rêves, souverain des libertés
Osez, rendez grâceà ce fou qui se lève
Sur un petit nuage, Wolfgang retourna à son bureau avec ses partitions, froissant légèrement celles-ci en les serrant contre son torse. Il s'assit sur son fauteuil, réorganisant sans trop de succès ses feuilles avant de les poser face à lui. Il croisa ses bras sur son bureau, fermant les yeux en souriant comme un bienheureux.
Place je passe
Je suis roi de mes rêves, souverain de mes idées
Mozart avait définitivement perdu l'esprit. Salieri allait attirer des ennuis à ce pauvre adolescent naïf. Celui-ci était bien loin d'imaginer ce qu'il se tramait dans la tête du compositeur, le pensant simplement froid parce qu'ils ne se connaissaient pas. Il imaginait un homme bon, vertueux, de bonne compagnie mais il n'en était rien.
Osez, rendez grâce
Au vilain épris de nobles pensées
Perdu dans les méandres de ses pensées, il ne voyait pas le dangereuxprédateur s'approcher. Le jeune homme était une bien facile proie pour soncomparse qui, malheureusement, l'avait déjà coincé entre les mailles de sonfilet. Relation empoisonnée où deux contraires ne pouvaient que se nuire.
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