À cœur ouvert #1
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À CŒUR OUVERT #1
Je sais plus quoi penser. J'ai rien fait, et ça j'ai fait que de le répéter, mais c'est moi qui prends.
J'ai simplement fait ce qu'on n'arrête pas de me conseiller : parler pour me faire aider. J'ai écouté ce conseil, et je me suis bien faite enculer.
Vous savez tous très bien que m'ouvrir aux gens et parler de mes problèmes, j'y arrive pas. C'est pas quelque chose de facile pour moi. Je veux pas que les gens connaissent mes faiblesses, parce que ce serait prendre le risque qu'ils s'en servent contre moi. J'ai toujours été comme ça à cause de mon vécu, et c'est pas maintenant que ça va changer.
Vous le saviez, j'ai fait que de vous le répéter. Et pourtant, ce soir-là, cette nuit-là, j'ai osé mettre de côté mes peurs et me livrer à vous. Il était tard, et c'est le moment où je suis le plus vulnérable, où je suis le plus susceptible d'ouvrir mon cœur et de dévoiler ce que je ressens.
Je l'ai fait. Je vous ai envoyé des vocaux. Longs, je l'avoue. Mais j'avais envie que vous compreniez ce qu'il m'arrive, comment je le vis, pourquoi je le vis comme ça, ce que je ressens, ce que je fais pour y remédier, etc. Je vous ai tout déballé, en pleurs.
Alors, forcément, j'attendais un retour de votre part. J'attendais d'avoir vos avis, vos ressentis, et puis pourquoi pas un peu de réconfort et d'aide morale. Je n'ai rien eu. Mis à part un « ne pleure pas ». J'ai. Rien. Eu.
Je me suis sentie trahie, délaissée. J'ai eu ce sentiment d'emmerder le monde avec mes problèmes, que les gens n'en avaient rien à foutre et que je pouvais aller me faire voir pour qu'on ose m'accorder un peu d'attention. J'ai eu mal, parce que j'ai surpassé mon blocage pour enfin vous expliquer tout ce merdier, et rien. Parce que oui, j'avais cette persistante impression que personne ne me comprenait, comme si j'étais inhumaine et que j'agissais démesurément. Que je faisais que de la merde. Alors je me suis sentie obligée d'enfin vous expliquer pourquoi j'agis comme ci ou pourquoi je dis ça, pour qu'enfin peut-être, vous puissiez m'apporter le soutien dont j'ai besoin. Mais j'ai rien eu.
On m'a dit des « appelle-moi dès que ça va pas, ou même envoie-moi un message, peu importe l'heure je te répondrai, je suis là pour t'aider, tu peux me parler » mais quand il s'agit d'agir, y'a plus personne.
Alors oui, c'était maladroit. Oui, t'avais pas la tête à ça. Mais je demandais simplement qu'on m'écoute entièrement, qu'on prenne cinq petites minutes de sa vie pour se poser et m'écouter parler, m'écouter vous raconter ma situation actuelle. Et puis, un simple « désolée, j'ai pas trop la tête à parler des problèmes des autres en ce moment » m'aurait suffit. Juste ça. Ça t'aurait pris trente secondes de me l'écrire. Mais rien.
Je me suis dit que j'aurais dû fermer ma gueule encore une fois, et que j'aurais dû écouter mon blocage qui me disait bien de ne pas me confier, parce que sinon je finirais par le regretter. Pas loupé. Dès que je l'ouvre un peu trop, c'est soit on écoute bien chaque parole que je prononce pour s'en servir contre moi, soit on m'écoute pas du tout parce qu'on s'en fout. C'est quitte ou double.
Ça ne veut pas que je vive la rupture seule, ça veut que je me fasse aider, et la seule fois où j'ose enfin demander de l'aide, personne ne répond à l'appel. Absolument personne. Ça te promet la Lune pour que tu t'en sortes, mais ça ne fait rien quand il s'agit d'agir.
Et c'est moi qui prends. Uniquement parce que je t'ai insultée d'hypocrite. Alors oui, à l'heure actuelle, maintenant que je comprends mieux les raisons qui t'ont poussée à ne pas m'aider, je trouve que ce mot est trop fort. Mais au moment où je l'ai dit, je savais pas ce qu'il t'arrivait. Parce que tu es comme moi, tu ne parles pas. Tu parles même moins que moi. Mais le fait est que tu aurais quand même pu écouter ce que j'avais à dire, et simplement me dire que tu n'avais pas la tête à ça. Ça m'aurait suffit.
On me fait porter le chapeau pour un « hypocrite » et un tweet visé en story. Sachant que tu as toi-même fait des trucs visés. Mais je suis sûre que personne ne t'a rien dit, parce qu'on ne te dit rien, à toi.
Quand je fais de la merde, tout le monde se met dos à moi, dit qu'on ne me reconnaît plus, que j'ai changé, que je fais n'importe quoi. Quand c'est toi, tout le monde essaie de te comprendre, de se mettre à ta place, de te trouver des excuses et de te défendre. Pourquoi ? Genre, je suis la moins aimée du groupe ? Celle qui fait chier tout le monde, alors il faut lui faire porter le chapeau à chaque problème ? Je comprends pas. Il faut agir pareil avec chaque personne, sinon, ça oui, c'est de l'hypocrisie. Y'a pas de traitement de faveur dans un groupe. Tu fais de la merde, on te le dit, on te fait la morale si besoin et c'est bon.
Quand je ne demande pas d'aide, quand je ne m'ouvre pas aux gens, on me dit que je devrais, que ça m'aiderait, que ce serait moins lourd à porter. Je fais donc ce qu'on me conseille, et personne n'est là. Première incohérence. Ensuite, je me fais engueuler de partout parce que j'ai osé m'énerver du fait qu'on me conseille quelque chose mais que lorsque je le fais, personne n'est au rendez-vous. Double incohérence. Oui, dire que c'est une hypocrite n'est pas flatteur à recevoir, certes. Mais vous croyez que ça l'est de voir qu'on vous néglige de tous les côtés ? Qu'on s'en fout de vous et de vos problèmes ? Qu'on voit que vous êtes en pleurs, au plus mal mais qu'on ne vous aide même pas ? Non ça ne l'est pas. Pour aucun des deux.
Et si j'étais décidée à faire une connerie ce soir-là ? Je pleurais tellement, j'étais mal, j'avais mal, j'étais triste et j'en avais marre de souffrir. J'aurais pu faire de la merde cette nuit-là, mais je n'ai rien fait. Et si ça avait été le cas, tout le monde aurait regretté de ne pas m'avoir écoutée plus tôt, de ne pas m'avoir aidée lorsque j'en avais besoin. J'ai pas arrêté de tirer la sonnette d'alarme, mais personne pour l'entendre.
J'ai pas envie de me mettre qui que ce soit à dos, surtout dans cette histoire où encore une fois, je n'ai rien fait. Mis à part tenter d'apaiser ma douleur avec l'aide de quelqu'un. Ceux qui n'ont rien fait sont blâmés, mais ceux qui font sont défendus. Dans quel monde on est pour que ça se passe comme ça ? Non seulement j'ai mal de ne pas avoir été écoutée ce soir-là, d'avoir ouvert ma bouche pour rien, de ne pas avoir écouté ma tête qui me disait de rien dire, mais en plus il faut que j'encaisse les reproches comme quoi on ne comprend pas mon attitude, que je déçois, qu'on ne me pensait pas comme ça. Alors que doit-on dire pour ceux qui m'ont négligée quand j'avais le plus besoin d'eux ? On doit les acclamer, c'est ça ? Leur attitude n'est-elle pas pire qu'un « hypocrite » et un tweet visé ? Faut revoir le sens de ses priorités, défendre les personnes défendables et blâmer les personnes blâmables. Ne pas mélanger les deux.
Mettre quelqu'un dans le mal plus que ce qu'il ne l'est déjà, c'est pas très malin. Revoyez vos actes, vos paroles, arrêtez de vous mettre dans les histoires des autres, surtout si c'est pour défendre la mauvaise personne. Et surtout, arrêtez de conseiller quelque chose à quelqu'un si quand il le fait, vous n'êtes pas là et si ça ne se passe pas comme prévu, embrouillez la bonne personne. Pas celle qui a essayé de faire ce que vous lui avez conseillé de faire. Parce que dans ce cas là, dans le fond, les plus fautifs, c'est vous.
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