1er BOUQUET
Il faisait chaud, trop chaud. La fleuriste pouvait sentir la transpiration se former petit à petit sur le haut de son front pour finir par dégouliner avant qu'elle n'ait eu le temps de l'essuyer du revers de sa main.
C'était le début de l'après-midi et la chaleur était à son paroxysme. Il ne faisait pas simplement chaud mais lourd. La proximité de chaque immeubles et des vielles ruelles confinées de la ville rendait l'air de la canicule irrespirable.
Et il avait fallu que la climatisation tombe en panne ne laissant plus qu'un vulgaire ventilateur recouvert d'un drap mouillé pour tenter de rafraîchir la pièce et conserver les plantes.
Il fallait qu'elle se lève. Elle avait soif. Et si elle avait soif c'est que ses plantes aussi. Il était temps de les arroser.
Elle partit dans l'arrière boutique, attrapa une bouteille en plastique et but jusqu'à ce qu'il ne reste plus une goutte d'eau. Elle avait exercée une forte pression sur le plastique mou de la bouteille, ce qui l'avait compressée sous ses doigts.
Elle regarda son œuvre avant de pencher la tête légèrement sur le côté tout en pensant qu'il fallait qu'elle songe à acheter une gourde, quelque chose de solide.
Elle ne savait pas comment, ni pourquoi ces petites réserves d'eau finissaient toujours pliées quand elle avait fini leur contenu. Ce n'était pas écologique loin de là, elle en était à sa deuxième bouteille de la journée sans compter la bonne dizaine d'autres bouteilles que celle-ci venait de rejoindre dans la poubelle. Elles devaient toutes avoir été utilisées plutôt dans la semaine.
La jeune fille tourna le dos à la poubelle à laquelle elle faisait face pour se diriger vers un grand lavabo blanc sur lequel étaient posés différents types d'arrosoirs et tout un tas d'autres fournitures éparpillées le long de la surface blanche.
Elle attrapa un arrosoir de taille moyenne avec un embout fin qui devait être plus précis. Il devait être rempli d'eau car elle l'attrapa à deux mains.
Elle se mit au travail et commença gentiment à chouchouter ses plantes. Elle n'avait pas vraiment d'ordre pour donner à boire aux végétaux. Elle connaissait la particularité de chaque espèces et donc connaissait aussi leurs besoins. Si elle n'était plus sûre, elle n'avait qu'à toucher la terre dans laquelle la plante reposait ou l'état des feuilles. Elle ne pouvait que être sûre de ce qu'elle faisait. En plus, elle s'appliquait.
Après tout ce travail, elle pouvait sentir ses jambes fatiguer, alors elle s'arrêta et vint se rasseoir à son bureau qui servait à la fois de caisse et de zone de création.
Elle se mit à fixer les pots remplis de différentes fleurs n'ayant aucune idée de ce qu'elle pouvait en faire. L'inspiration ne venait pas, la température n'était pas propice à la création.
En plus, il n'y avait pas beaucoup de clients à cette heure-ci encore moins avec la chaleur. Elle s'affala sur la table poussant par la même occasion quelques crayons qui trainaient sur la surface. Elle cala sa tête sur ses mains et regarda à travers la vitrine de la boutique perpendiculaire à son bureau.
Il faisait toujours trop chaud. C'était à la fois insupportable et réconfortant et ça lui donnait envie de dormir. Ses paupières semblaient de plus en plus lourdes. Elle se sentait bercée par la chaleur et le bruit du ventilateur qui continuait ses rondes infinies faisant voler paisiblement quelque mèches de ses cheveux.
Elle essayait de lutter. À chaque fois que ses yeux se fermaient, elle fournissait un plus grand effort pour les rouvrir mais plus le temps passait plus c'était dur de les rouvrir alors ses efforts finirent par ne plus servir à rien. Elle avait abandonné et venait de s'endormir.
. • ❀ • .
Un petit carillon retentit pour indiquer la présence d'une nouvelle personne dans le magasin mais la fleuriste ne se réveilla pas.
Un jeune lycéen venait de rentrer dans la boutique mais à sa surprise il ne faisait pas aussi bon qu'il aurait pu le penser. En voyant toutes les plantes qui semblait plus épanouies les une que les autres, il avait malencontreusement cru que la boutique allait respirer la fraîcheur malheureusement c'était tout le contraire.
Mais maintenant qu'il était ici, il ne pouvait pas simplement ressortir alors il décida de faire le tour. La pièce semblait petite de l'extérieur mais elle s'étendait en longueur.
Au milieu de celle-ci, se trouvait un îlot de fleurs superposées les une avec les autres pour créer une sorte de forêt de fleurs vertes, blanches et roses.
Il y avait des petites lumières douces et chaleureuses incrustées dans le plancher qui craquaient à chacun de ses pas.
Mark essayait tant bien que mal de ne pas faire de bruit mais il n'y pouvait rien. Bien sûr au centre de toute cette mise en scène, il y avait des pots de fleurs préparés pour l'achat avec leur petite étiquette indiquant leur prix.
Mark n'avait jamais remarqué mais les fleurs étaient chères. Plus il s'avançait vers la fond de la boutique, moins le soleil couchant filtrait à travers les feuilles ne laissant les plantes illuminés par la seule lumière tamisée.
En fait, il ne faisait plus si chaud. Il pouvait ressentir la fraîcheur des plantes mélangée à la douceur de la luminosité. Il se sentait apaisé par cet environnement, tellement, qu'il n'avait même pas remarqué qu'il avait déjà fini le tour de la boutique.
Il était tellement pris par la contemplation de la végétation qu'il ne se rendit même pas compte que ses yeux s'étaient arrêtés sur la jeune vendeuse endormie. Son visage était éclairé par le soleil orangé prêt à disparaître à l'arrière des immeubles.
Il était paisible, si paisible. Ses cheveux brillaient autant que de l'or au soleil, ils étaient d'un blond vénitien presque translucide aux extrémités des mèches.
Ils avaient l'air aussi soyeux que la soie même. Mark avait presque envie de les toucher.
Tout doucement le corps de la vendeuse se mit à bouger. Encore une fois il ne prêta pas attention à ce détail, émerveillé par la scène. Elle se redressa tout doucement un peu perdue et ouvrit ses yeux.
Si le plongeon dans le rêve avait été doux pour Mark, le retour à la réalité le fut encore plus. La fille sursauta en rencontrant les yeux de Mark ce qu'il le fit reculer de quelque pas. Ils venaient de se surprendre mutuellement.
« - Ah! P- Pardon. Excusez-moi pour l'attente. Je ne comptais pas m'endormir!
Mark regardait désormais le bout de ses pieds. Si elle ne comptait pas s'endormir, lui ne comptait pas la contempler. Pourtant c'est ce qu'ils avaient fait. Et tout les deux se sentaient coupables et mal à l'aise. Le jeune garçon passa la main sur son cou visiblement gêné. La vendeuse essaya:
- V-vous voulez quelque chose en particulier?
La main de la jeune femme frotta ses yeux sans même qu'elle s'en rende compte. C'était un réveil difficile.
- Je... uhm..., il vit les réserves de fleurs individuelles ordonnées par couleurs dans les petits récipients ronds et une seule chose lui vint en tête, Vous faites des bouquets individuels?
- Oh. Bien sûr! Vous en voulez un?
- Uhm ! » Il hocha de la tête pour confirmer sa demande.
La fleuriste se mit directement au travail. Elle alla chercher du papier transparent qu'elle étala le long de son plan de travail en poussant les fournitures qui la gênerait par la même occasion.
« - C'est pour une personne spéciale?
Mark venait de se rappeler qu'il voulait passer chez Margot plus tard.
- Ma petite amie. »
Le visage de la vendeuse s'illumina. Sa bouche s'étira dans un sourire étincelant laissant apparaître des dents blanches ordonnées. Cette demande venait de l'inspirer.
Elle bloqua le papier transparent à l'aide d'un rouleau de scotch et de sa paire de ciseaux et prit un tablier de couleur brune accroché au mur pour ne pas tâcher ses vêtements.
En dessous, elle portait une chemise de couleur blanche cassée rentrée dans une jupe couleur citron rappelant ses cheveux lâchés longs, très longs, légèrement ébouriffés mais avec tout de même de jolies boucles naturelles. Aux pieds, elle portait d'élégantes bottines noires à la semelle imposante.
Mark aimait beaucoup son style et il se rendit compte qu'il devait faire tâche dans cet environnement avec son uniforme sali par une journée de canicule et ses cheveux sûrement encore en bataille à cause du nombre incalculable de fois où il avait dû passer ses mains dans ses cheveux beaucoup trop frustré de ne pas réussir à apprendre ses textes d'examen.
Il regarda la jeune femme essayer de choisir les fleurs qu'elle voulait pour sa création. Il ne pouvait pas détacher ses yeux de son corps.
Elle était ni trop grande ni trop petite, ni trop grosse ni trop maigre, les formes au bon endroit.
Mais Mark savait que ça pouvait être indécent de scruter quelqu'un comme ça alors il se concentra sur les différents pots remplis de fleurs pressé de découvrir lesquelles la fleuriste allait bien pouvoir piocher. La vendeuse hésitait.
Elle porta son doigt à sa bouche pour réfléchir. C'était un réflexe chez elle. Elle se tourna vers Mark pour l'inspectait. Elle voulait trouver exactement le sentiment qui caractérisait l'amour que Mark pouvait ressentir pour quelqu'un.
Pour cela, elle devait comprendre son style et le style de petite amie qu'il pourrait avoir. Elle devait donc le contempler.
Malheureusement, il était en uniforme alors c'était difficile de le décrire rapidement. Elle devait donc chercher les détails. Le lycéen portait l'uniforme d'été.
Une chemise à manches courtes, légèrement trop grande, boutonnée jusqu'en haut ce qui indiquait un caractère studieux contrairement à ses cheveux en bataille le décrivant plus comme quelqu'un de décontracté.
Elle cherchait à comprendre si il était du genre à soigner son apparence. Mais sur le coup impossible de savoir. Elle redescendit son regard en passant par le pantalon bleu marine habituel des uniformes jusqu'à ses pieds.
Voilà ce qu'elle cherchait. Il portait des chaussures de marque qui avait dû coûter un certain prix. Il n'était donc pas du genre à laisser un petit détail au hasard. La vendeuse au passage vu la marque de la chaussure et compris assurément qu'il devait être quelqu'un d'assez populaire.
Elle ne pu s'empêcher de le penser "si il est populaire, sa meuf l'est forcément aussi"
Elle savait maintenant exactement ce qui lui fallait, elle releva la tête vers son client pour rencontrer ses yeux un millième de secondes.
Ça avait suffit à Mark pour être hypnotisé. Le soleil venait de traverser les globes oculaires de la jeune femme faisant ressortir ses pupilles semblables à du verre translucides. Ils étaient simplement verts, mais Mark n'avait jamais vu des yeux aussi verts.
On aurait dit qu'ils étaient fait d'eau, de l'eau claire permettant au fond de laisser apparaître de la couleur. Il y avait quelque chose qui pétillait.
On dit souvent que les yeux de quelqu'un sont profonds mais c'était tout l'inverse, ils ressortaient. Mark n'avait jamais imaginé voir des yeux aussi purs ça allait à l'encontre de toute les descriptions qu'il avait pu lire dans les livres.
Il y avait quelque chose de surnaturel. Encore plus alors qu'elle choisissait minutieusement des fleurs. On aurait dit une fée s'occupant de sa forêt resplendissante. Elle aussi resplendissait, son aura était lumineux.
Elle revint s'installer sur son plan de travail pour organiser ses trouvailles. Elle avait choisi des fleures odorantes. Elles enivraient déjà le nez du jeune garçon.
« - C'est le jasmin qui sent si bon. La petite fleur blanche là.
Elle l'a lui montra du doigt juste après avoir terminé d'emballer le bouquet.
- Et les fleurs là, c'est du renoncule.
Elle venait de montrer une fleur rouge semblable à une rose beaucoup plus garnie d'une couleur rouge à la fois profonde mais passée.
- elle est réputée pour être donnée à une personne dont la beauté est à couper le souffle. Je suis sûre que c'est son cas.
Elle envoya un grand sourire à son client.
- Ah! Oui... »
Mark venait de se rappelait sa petite amie. Il ne pu s'empêcher de penser qu'elle était magnifique.
Sans le savoir il affichait un petit sourire en coin devant son bouquet. Il était magnifique. Aussi magnifique que Margot.
La couleur blanche du jasmin associée au rouge vif du renoncule avec pour relier le tout une autre fleur d'un rouge passé clair dont il ne connaissait pas le nom. L'association était parfaite. Des petites feuilles qui apportaient une touche de vert venait terminer le bouquet dans une petite danse autour des fleurs. Tout semblait être fait pour être ensemble.
Il sortit de la poche de son sac à dos un petit porte monnaie à l'effigie d'un de ses personnages de jeux vidéos préférés.
Cette action fit sourire la fleuriste se rappelant de l'époque où elle aussi était lycéenne. Elle avait vu souvent ce genre de petits porte monnaie où l'on mettait l'argent que les parents voulaient bien nous donner.
Mais Mark ne sortit pas de petites pièces mais une carte bleue. Ça confirmait encore une fois ses suppositions, Mark venait sûrement d'une famille aisée.
Elle rentra le prix dans l'ordinateur et le demanda gentiment au garçon.
« - 25 euros s'il vous plaît.
Mark eut soudainement mal au cœur. Il imaginait tout ce qu'il aurait pu acheter d'autres avec cet argent. Des livres, une place de cinéma ou bien une place pour aller voir ses amis jouer au basket,... Malgré cette réticence, il enfonça sa carte dans la petite machine et paya ce qu'il devait payer.
- Merci beaucoup. Bonne soirée.
- Merci. Au revoir! »
Mark avait dépensé des sous mais il était finalement content. Les fleurs sentaient bon dans ses bras.
Il était pressé de pouvoir les offrir alors il ne perdit pas plus de temps et pris le premier bus jusqu'à chez sa petite amie. Il voulait lui faire la surprise.
. • ❀ • .
Arrivé à destination, il avait un grand sourire. Mais ne voyant pas de lumière depuis la fenêtre de la chambre de Margot, il se dit que ça serait mieux de la prévenir qu'il était devant chez elle. Il savait qu'elle pouvait rattraper ses nuits à n'importe quelle heure.
Il lui fit d'abord un message mais au bout de cinq minutes il n'avait toujours pas de réponse alors il l'appela. Toujours pas de réponse.
Il regardait par sa fenêtre commençant à imaginer ce qu'il pouvait bien se passer. Mais la vérité c'est que ce n'était pas la première fois que ça arrivait. Il savait très bien ce qu'il se passait et il n'eut plus besoin de juste savoir car la vision s'imposait à lui par la fenêtre de la chambre.
Un mélange de tristesse, de déception et même de colère le submergea. Ses bras tombèrent le long de son corps et avec eux, le bouquet de fleurs faisait la tête.
. . . . .
Que va bien pouvoir faire Mark?
Suspense...
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