vingt trois
Mark continuait ses allées et venues quotidiennes. Il entrait dans la belle boutique, patientait si l'un ou l'autre client avait déjà l'attention du joli fleuriste avant de le saluer et de passer quelques longues minutes à ses cotés.
Ils discutaient, parlaient fleurs et mauvais temps. Le noiraud glissait sa main dans ses propres cheveux et Donghyuck le regardait avec tendresse, un petit sourire jouant sur l'étendue de ses lèvres finement gercées.
La pluie battait les baies vitrées et le brun perdait parfois le bout de ses doigts au long des épaules, bras ou dos des mains de son cher client. Ils s'échangeaient des regards complices, gloussaient aux blagues de l'autre et soufflaient délicatement quand ils se perdaient aux fin fond de leurs orbes respectives.
La plupart du temps, Mark venait les mains vides mais parfois il pénétrait l'établissement sentant le sucre ou le café. L'étudiant ramenait de petites pâtisseries couvertes de glaçages aux milles couleurs ou bien tenait deux gobelets cartonnés tièdes contre ses paumes sèches. Donghyuck lui disait toujours qu'il ne fallait pas, geignant presque puisque lui ne lui offrait jamais rien en retour et Mark haussait les épaules.
Il disait qu'il trouvait le brunet trop mince, qu'il avait envie de pouvoir pincer ses joues et de le voir un tantinet plus enrobé. Il pensait qu'il devait avoir froid tant il était fin. Le commerçant se contentait de faire la moue, un peu confus, expliquant qu'il n'avait jamais eu un grand appétit mais qu'il aimait particulièrement la saveur violette.
Mark avait alors écumé boulangerie sur boulangerie, passant parfois chez l'un ou l'autre marchand de glace juste pour trouver quoi que ce soit portant ce goût si particulier et il y était parvenu. Quelle ne fut pas sa joie quand il pénétra sa boutique favorite, un samedi gris, muni d'un sac en papier qui contenait quelques guimauves couvertes de sucre aromatisé.
Donghyuck lui avait dit qu'il était fou, qu'il ne devait pas faire tant pour lui et le noiraud avait levé ses yeux noirs vers le plafond aux armatures de bois sombre. Il ne sut vraiment ce qui lui était passé par la tête quand il avait pris le visage du brun en coupe juste afin de mieux encrer son regard dans le sien.
Mark avait vu le rose s'emparer des joues de son cadet, il avait aperçu la façon dont ses iris ambrées s'étaient mises à frissonner et sentait presque son souffle court ricocher contre sa figure un tantinet stupéfaite. Puis, il avait sourit et les yeux du fleuriste avaient papillonné.
« Rien n'est trop pour toi. » avait-il murmuré.
Fébrile, le plus jeune s'était contenté d'acquiescer avant de se faire relâcher.
Ils avaient agi comme si rien de tout cela ne s'était passé. Les deux jeunes hommes avaient goûté les belles guimauves ; bien que Mark avait insisté pour que Donghyuck les garde pour lui mais n'avait pu résister face à ses larges pupilles suppliantes.
La vie continua son évolution au gré d'un fleuve tranquille.
Le noiraud posait toujours autant de questions sur les fleurs apprenant au fur et à mesure des jours que chacune d'entre elles avaient belle et bien une signification - ce qu'il savait déjà - mais que ces significations changeaient en fonction de la couleur des pétales.
Chaque jour, Mark devenait un petit peu plus avide d'apprendre quelque chose de nouveau ; simplement parce que la douceur du sourire qui étirait les lèvres de son cadet au cours de ses nombreuses digressions n'avait ni d'égal ni de prix.
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