Voilà des heures que Donghyuck scrutait les affreux cumulonimbus qui déchiraient le ciel gris. Ça allait finir par craquer, il le savait parfaitement ; mais quand ? Ça, personne ne pouvait réellement le prévoir.

Au vu du peu de clients qui avaient pénétré la jolie boutique de centre ville, le fleuriste se doutait que tout un chacun avait peur ou très peu envie de se retrouver sur les trottoirs sales tandis qu'une pluie diluvienne s'abattait sur leurs têtes brunes. Le chiffre d'affaire de la journée se retrouvait donc assez bas mais il ne s'en faisait pas plus que ça, persuadé que de plus beaux jours viendraient d'un moment à l'autre.

Mais aujourd'hui, l'air inquiet, il ne pouvait s'empêcher d'observer autre chose que ces inquiétants nuages noirs qui devenaient de plus en plus imposants. Il appréhendait la puissance de l'orage à venir, avait même déjà rentré le petit présentoir à géraniums qui ornait l'avant de son commerce, puisqu'il n'avait pas envie qu'ils soient détruits.

Dès que le brunet entendit le tintement de cloche si familier, son inquiétude s'évapora instantanément. Mark essuyait ses semelles à même le paillasson usé, offrant à son cadet un joli sourire enjoué. Donghyuck, qui était affalé par dessus le comptoir de bois, se redressa lentement alors qu'il sentait son palpitant se faire secouer de ces frissons auxquels il était désormais habitué.

« Bonne journée ?
- Moyenne, je me suis senti seul.
- Tu m'en vois navré.
- Mais t'es là maintenant, donc tout va mieux. »

Les oreilles du noiraud s'enflammèrent et le fleuriste gloussa à cette vue. Mark regardait les alentours, partout sauf dans les yeux de son interlocuteur et s'occupait en touchant les jolies orchidées blanches du bout de ses doigts rêches.

« Tu t'apprêtes à fermer boutique ? demanda-t-il finalement.
- Oui ! »

Depuis quelques jours, Mark avait pris l'habitude de passer en coup de vent dans l'après midi et de parfois accompagner le joli brun jusqu'à l'arrêt de bus non loin d'ici et c'était ce qu'il avait prévu de faire aujourd'hui. Il observa donc Donghyuck vérifier les comptes qu'il avait faits plus tôt dans la journée, passer un coup de balais rapide et s'éclipser en arrière boutique afin d'aller enfiler son manteau et de récupérer ses effets personnels.

Alors qu'il posait de nouveau pied dans la pièce principal, un fracas terrible retentit - alertant les deux jeunes hommes qui étaient toujours aux aguets - suivi de percussions lourdes et répétitives d'une pluie conséquente. Le fleuriste soupira, frissonnant doucement à chaque coup de tonnerre.

Il était hors de question qu'ils s'aventurent à l'extérieur alors qu'il faisait sombre, que le vent soufflait plus fort que jamais -sifflant entre les volets - et qu'au fil des minutes, la pluie ne semblait pas vouloir s'apaiser. Ils pondérèrent la situation, Mark adressant de douces caresses sur la surface couverte du dos de son cadet puisque ce dernier semblait tendu à l'idée que l'orage ne se calmerait pas dans l'immédiat.

« Je vais rater le bus et c'est le dernier, je sais pas quoi faire. » s'enquit-le fleuriste, ennuyé.

Le noiraud se mordilla la lèvre inférieure, laissa ses yeux glisser le long de la figure un tantinet effrayée du brunet avant de les laisser se perdre par delà l'une des baies vitrées. Il écouta les impacts des énormes gouttes glacées contre les vitres, ceux des arbres qui pliaient dangereusement au gré du vent et la respiration inégale du commerçant.

« Viens chez moi. Un de mes colocataires a son permis de conduire, on te ramènera chez toi. »