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Chapitre 28 - Empoisonnée

Danila s'était toujours investie autant que possible pour la pension d'Avana.

Dès que l'idée du projet avait germé dans son esprit, elle s'était attelée à tout mettre en oeuvre afin qu'il soit une réussite. Son objectif premier était de créer un endroit convivial, où chaque orphelin se sentirait comme chez lui. Elle ne voulait pas de grands dortoirs sombres et humides, dénués de toute intimité. Des petits chalets lui avaient semblé préférables, avec l'optique de reconstituer un village de montagne ordinaire.

La construction d'habitations individuelles avait d'abord rebuté Gladis et ses conseillers. Ils prétendaient que ce serait bien trop onéreux et que cela restreindrait le nombre de pensionnaires. Danila avait failli abdiquer et se ranger de leur avis, mais pour une fois, du haut de ses quinze ans, elle avait insisté. Elle tenait à ce que les orphelins soient accueillis dans les meilleures conditions, quitte à ce qu'ils soient peu nombreux dans un premier temps. Ils auraient ensuite la possibilité de s'agrandir si le projet se révélait être une réussite.

Désormais, elle pouvait constater qu'elle avait vu juste.

— Nous pensons pouvoir construire au moins quatre nouveaux chalets de ce côté-ci, lui expliquait Percy en désignant une partie de la forêt. Cela nous obligerait à abattre des arbres, mais une fois dégagé, le terrain serait parfait pour bâtir quelque chose.

— Le réfectoire est suffisamment grand pour accueillir beaucoup de monde, ajouta Jenna. Aileen et notre cuisinière pensent qu'elles pourraient au moins offrir le couvert à dix personnes de plus. Et de toute manière, il y a un petit espace cuisine dans tous les chalets.

Depuis le début de l'après-midi, Percy et sa soeur présentaient à Danila les nouveautés de la pension. Les chalets les plus récents étaient un peu plus grands que les premiers et le lavoir avait été amélioré. Les salles de jeu avaient reçu de nouveaux équipements, qui ravissaient les plus jeunes.

— Je suis vraiment contente que vous ayez pu autant vous développer, déclara Danila en suivant les deux loups. Jamais je n'aurais espéré que cet endroit devienne si merveilleux.

Marcher autour de la pension lui faisait le plus grand bien. Cela lui rappelait les moments qu'elle avait passés ici, à surveiller la construction des lieux. Elle y avait ensuite accueilli les sept premiers pensionnaires, puis était venue les voir aussi souvent que possible.

— C'est grâce à ta tante ! affirma Jenna. Après ta disparition, elle a tenu à poursuivre ton oeuvre. Elle nous a rendu visite une ou deux fois, avec ses enfants.

— Vraiment ? Elle n'a pourtant jamais été très enthousiasmée par ce projet...

Même si elle avait fini par l'accepter, Gladis avait tenté de modifier certaines idées de Danila. Elle avait par exemple refusé de bâtir une ferme à proximité de la pension, comme celle qui existait près du palais.

— Elle a dû comprendre que tu avais raison de persévérer ! Je la croyais froide et hautaine, mais elle est assez gentille, quand elle veut.

— Je suis d'accord, renchérit Percy. Je me suis tenu au courant de certaines mesures qu'elle a prises pour notre région, lorsqu'elle était alpha. La majorité d'entre elles ont parfaitement répondu aux besoins des loups de l'Émeraude.

Plus pragmatique que sa soeur, Percy observait toujours les choses avec justesse et objectivité. Cela encourageait Danila à le croire et à se conforter dans l'idée que Gladis n'aurait jamais pu lui vouloir du mal.

La conversation qu'elle avait entretenue avec Marcus, au cours de la nuit dernière, ne manquait pas de l'inquiéter. Elle se disait qu'il existait forcément une part de vérité dans les propos du loup et que sa tante pouvait se révéler moins innocente qu'elle le croyait. Cependant, elle refusait de croire que sa méchanceté soit si profonde.

— C'est aussi vous qui avez contribué à donner une âme à cet endroit, fit-elle remarquer. La pension ne serait pas la même sans vous.

Le fait que chacun ait tenu à rester ici, même une fois devenus adultes, la remplissait de joie. Elle regrettait de ne pas avoir pu assister au mariage de Glenn et Jenna. Des années plus tôt, à l'instant où elle avait vu son amie lever les yeux au ciel face aux remarques grincheuses de Glenn, elle avait senti que quelque chose se produirait entre eux.

— Quand tu vois que Percy pense à nous quitter ! se lamenta Jenna en contournant un chalet. Il voudrait ouvrir une boutique à Montagne-Lunaire, afin de vendre ses herbes !

Un peu gêné, son petit frère se passa une main derrière la nuque.

— Ce n'est encore qu'un projet, tempéra-t-il. Seulement, il y a déjà des herboristes dans les villages voisins. Je me dis que j'aurais plus de chances de trouver des clients dans une grande ville.

— Une grande ville où il doit déjà y avoir de la concurrence ! le rabroua sa soeur. Si tu restais ici, tu pourrais continuer à soigner tout le monde avec tes plantes.

Danila savait que Percy avait toujours été le plus érudit des sept orphelins. De jour comme de nuit, il ne relevait quasiment jamais le nez de ses livres. Il se passionnait pour la médecine des plantes et la louve était heureuse de voir qu'il avait pu en faire son métier.

— Je verrai, marmonna-t-il.

— Il n'y a que si tu trouvais une jolie louve loin d'ici que j'accepterais de te voir partir, badina Jenna.

Elle échangea un regard avec son frère et Danila eut l'impression de ne pas tout suivre. Percy avait-il une prétendante ? La dernière fois que l'alpha l'avait vu, il avait seize ans. À présent qu'il l'avait rattrapée et qu'ils avaient le même âge physique, elle se rendait compte qu'il était devenu assez séduisant. Il ressemblait un peu à Duncan, avec un charme moins magnétique. Cela ne serait pas surprenant si une jeune louve le trouvait à son goût.

— D'ailleurs, mon frère voulait te parler de quelque chose, enchaîna Jenna, la mine plus sérieuse. C'est à propos de... de ce qui s'est passé la nuit de ton accident.

Danila se tourna vers Percy, qui gratta la neige du bout de sa chaussure.

— J'ai fait des recherches après ta disparition et... Le plus simple serait que je t'explique tout dans mon atelier.

Perplexe, la louve accepta de le suivre jusqu'à son chalet, qu'il partageait avec Thomas, un louveteau âgé de quatorze ans. Jenna les abandonna en cours de route, leur visite des lieux l'ayant un peu fatiguée.

Lorsqu'elle entra à l'intérieur de la maisonnette, Danila découvrit une décoration identique à celle de ses souvenirs. Des dizaines de livres recouvraient les murs en bois, éclairés par de jolis luminaires en fer forgé. Le salon ressemblait en tous points à celui du chalet qu'elle occupait avec les enfants du Grand Alpha, sauf qu'il était un peu plus petit. Thomas devait avoir cours avec les professeurs de la pension, car aucun bruit ne se faisait entendre.

— Désolé pour le désordre, déclara Percy en arrangeant quelques livres. Thomas se débrouille comme il peut pour maintenir l'ordre, mais j'étale mes affaires partout sans m'en rendre compte...

Elle balaya sa remarque d'un geste. En vérité, elle était plus préoccupée par ce qu'il s'apprêtait à lui dire, plutôt que par le léger manque de rangement.

— C'est un vrai bazar dans mon atelier aussi, s'excusa-t-il alors qu'ils avançaient vers une porte, située tout au fond du salon. Une maladie étrange commence à se répandre dans certains villages du nord, j'essaye d'aider des amis à trouver un traitement, mais rien ne fonctionne...

— J'espère que ce n'est pas trop grave, s'inquiéta-t-elle. C'est une maladie contagieuse ?

Elle entra dans le petit atelier, plongé dans l'obscurité. Percy alluma plusieurs candélabres, qui révélèrent une pléthore de fioles et de bocaux en verre. Tous étaient entassés sur des étagères un peu brinquebalantes, qui menaçaient de s'écrouler au moindre poids supplémentaire.

— Tout porte à le croire. Lorsqu'elle atteint quelqu'un, le reste de la famille est rapidement touché aussi. Elle se manifeste par des sortes de cloques étranges, mais... Peu importe, nous ne sommes pas là pour ça.

Bien qu'elle aurait aimé en savoir plus, Danila n'insista pas. Elle espérait que cette maladie n'était pas trop grave et n'envahirait pas la pension.

— Ce que j'ai à te dire risque de te choquer un peu, commença Percy en redressant ses lunettes. Je ne veux toutefois pas t'affoler et... Mes théories sont le seul résultat de mes recherches, je n'ai fait part de mes résultats qu'à quelques autres connaisseurs, donc... Ne t'affole pas.

Ce genre de propos étaient précisément ceux qui l'affolaient à coup sûr. Elle tâcha cependant de rester tranquille et croisa les bras sur sa poitrine.

— Je suis surtout curieuse d'entendre ce que tu vas m'annoncer. Si cela a un lien avec la nuit de mon accident, j'ai du mal à voir ce que ça pourrait être...

En vérité, une idée commençait à germer dans son esprit. Entourée par toutes ces plantes et autres substances dont elle ignorait l'existence, elle ne pouvait que difficilement fermer les yeux sur la réalité. Néanmoins, elle s'obstina à l'ignorer.

— Eh bien... Tu te souviens que nous étions présents tous les sept à la soirée ?

Elle hocha la tête. Même si Gladis avait organisé les festivités, Danila avait eu le droit d'inviter quelques personnes de son choix. Elle avait tout naturellement pensé à ses amis de la pension, qui pour l'occasion, avaient fait le voyage jusqu'à Montagne-Lunaire.

— Lorsque ta disparition a été annoncée, tous les invités ont été interrogés. Ta tante était la dernière personne à t'avoir parlé, alors j'ai tendu l'oreille pour entendre son témoignage. Elle a dit que tu étais venue vers elle parce que tu ne te sentais pas bien et qu'elle t'avait suggéré de t'éloigner.

Jusqu'ici, tout concordait avec les vagues souvenirs de Danila. Elle ne pouvait se rappeler avec précision de chaque détail, mais elle savait effectivement qu'elle était partie de la fête après avoir parlé à Gladis.

— Selon elle, tu avais des vertiges et elle pensait que tu avais bu quelque chose de trop fort. Sauf que j'ai parlé à Jenna juste après et elle m'a dit que tu n'avais pris qu'un verre de cidre. Tu étais même revenue vers elle en te plaignant qu'il avait un goût étrange.

La louve acquiesça, même si elle n'était plus certaine de tout.

— Il me semble avoir proposé à Jenna de le goûter, non ? se demanda-t-elle à voix haute. Je ne sais plus si elle a accepté...

— Tu lui as donné ton verre, confirma-t-il. Tu n'avais pas tout bu, alors elle a pu sentir le cidre. Selon elle, il dégageait une odeur âcre.

Tout en parlant, il attrapa un tabouret et le plaça sous l'une des étagères. Il grimpa dessus, afin d'attraper un récipient placé presque au niveau du plafond. Il redescendit, puis dévissa doucement le petit couvercle, avant de tendre la fiole à Danila.

— Est-ce que cette odeur te rappelle quelque chose ?

Le petit pot en verre contenait ce qui ressemblait à des plantes séchées, réduites en poudre. Elle renifla plusieurs fois, sans que les senteurs ne lui éveillent le moindre souvenir.

Percy ne se laissa pas décourager par cet échec et s'empara d'une bouteille. Il peina un peu à ôter le bouchon de liège, mais finit par verser un liquide orangé dans un verre.

— Ce cidre vient du même endroit que celui qui était servi le soir de ta disparition. Il a une odeur tout à fait normale, mais si j'y ajoute un peu de ceci, tu devrais comprendre où je veux en venir.

Il versa deux pincées du contenu de la fiole et remua doucement. De fines particules se logèrent au fond du verre, se confondant avec les légers dépôts de pomme. Il l'approcha du nez de Danila, qui tressaillit aussitôt.

Cette fois-ci, elle n'eut presque aucun doute.

— Ça... Ça me rappelle quelque chose.

Pire encore, il lui semblait que sa tête lui tournait et que tout son corps était engourdi. Cette sensation se dissipa dès que Percy éloigna le verre et que l'odeur piquante quitta ses narines.

— C'est aussi ce que m'a dit Jenna. Je pense qu'il s'agit précisément de ce que tu as bu juste avant de... mourir.

Les yeux écarquillés, Danila fixa la fiole, dénuée de la moindre étiquette.

— Et quelle est cette poudre, exactement ? Comment as-tu fait pour la retrouver ?

À la mine sombre du loup, elle comprit que la réponse n'allait pas lui plaire.

— Dès que ta disparition a été annoncée, des enquêteurs sont venus récolter autant d'indices que possible. Jenna leur a confié le reste du verre que tu avais bu, mais juste avant, j'ai prélevé un échantillon de ce qu'il contenait. Comme Gladis pensait que tu avais bu trop d'alcool, j'ai voulu m'assurer qu'il s'agissait bien de cidre. Il m'a fallu plusieurs semaines pour l'analyser. Je pensais que les dépôts venaient de la pomme, or j'ai fini par comprendre que ce n'était pas le cas.

La louve sentit sa tension monter d'un cran.

— Après avoir comparé plusieurs plantes, j'en suis venu à la conclusion qu'il s'agissait de raiponce.

Danila mit un instant à comprendre de quoi il parlait.

— Tu veux dire... La plante interdite ?

Nul n'ignorait que la culture de raiponce, extrêmement dangereuse pour les loups-garous entraînait de lourdes sanctions. Non seulement cette plante pouvait causer de graves blessures difficiles à cicatriser, mais elle constituait aussi un poison redoutable.

— C'est... C'est insensé, balbutia-t-elle. Pourquoi aurait-on versé de la raiponce dans mon verre ?

Les mises en garde de Marcus et de Duncan se rappelèrent à elle, or elle fit son possible pour les ignorer.

— Je n'en ai aucune idée, avoua Percy. Ce qui m'étonne, c'est que cette information n'a jamais été rendue publique. Les enquêteurs ont pourtant dû se rendre compte de quoi il s'agissait. Ils ont des outils plus perfectionnés que les miens et...

— Justement, l'interrompit-elle en triturant ses bagues. Je sais que tu as toujours été très intelligent et excellent dans ton domaine, mais... Sans vouloir te vexer, ne crois-tu pas que tu aurais pu te tromper ?

Elle s'en voulait de remettre ainsi en doute ses capacités. Il ne lui aurait certainement pas parlé de tout ceci sans être totalement sûr de lui, cependant... Elle refusait de croire ce qu'il sous-entendait.

— C'est tout à fait possible, approuva-t-il avec une grande modestie. J'ai prêté l'échantillon à d'autres chercheurs, qui sont arrivés aux mêmes conclusions que moi, mais nous pouvons très bien nous être trompés.

Cela ne la rassura absolument pas. Déjà qu'il était quasiment inconcevable que Percy se soit trompé, elle ne voyait pas comment plusieurs connaisseurs auraient pu faire la même erreur.

— J'ai trois théories, enchaîna-t-il. Soit je me suis trompé et il ne s'agit pas de raiponce. Soit les enquêteurs n'ont jamais réussi à la détecter, ce dont je doute fort. Ou alors, ils l'ont trouvée, mais ont choisi de ne pas divulguer leur découverte.

Danila s'appuya contre l'un des plans de travail de l'atelier. Un mal de tête enflait dans ses tempes et elle sentait que cela n'allait pas s'arranger.

— Peut-être qu'ils n'ont pas voulu affoler notre meute ? supposa-t-elle sans conviction. Il y a sûrement une bonne raison au fait que cette raiponce se soit retrouvée dans mon verre, c'était peut-être accidentel et...

Elle-même ne croyait pas ce qu'elle racontait. Que des débris de sapin se soient perdus au fond de son verre aurait été plausible. De la raiponce ne pouvait y avoir atterri par hasard.

— Tu... Tu penses que quelqu'un aurait dissuadé les enquêteurs de parler, n'est-ce pas ? devina-t-elle face à la mine sombre du loup. Je sais qu'il n'y a que Gladis qui aurait pu le leur ordonner, mais je te jure qu'elle ne m'a pas fait de mal.

Tout portait à croire que sa tante avait cherché à dissimuler cette information capitale. Seule une alpha en aurait été capable. Malgré tout, cela ne faisait aucun sens.

— Nous y avons beaucoup réfléchi, avec Jenna, Glenn et Aileen. La Terre de l'Émeraude n'a pas d'ennemis notoires et seule Gladis a tiré un réel profit de ta disparition. Même si nous l'aimons beaucoup, ce ne serait...

— Devenir alpha n'est pas un cadeau, le coupa-t-elle. Gladis ne voulait pas de ce titre, elle a toujours tout fait pour me préparer à mon futur rôle. Elle n'aurait eu aucune raison de m'empoisonner, ou de me faire quoi que ce soit d'aussi horrible.

— Est-ce qu'elle t'a déjà clairement dit qu'elle ne voulait pas devenir alpha ?

Cette question la prit de cours et elle hésita un instant.

— Eh bien... Pas explicitement, mais... Elle en avait assez de rester sur ses gardes en permanence et de rendre des comptes au Grand Alpha. Elle vivait déjà au palais et possédait tout ce qu'elle voulait avant de devenir dirigeante. Hériter du titre ne lui aurait rien apporté.

Danila avait toujours envié ceux qui n'étaient pas destinés à régner, tels que Gladis ou Julian. Ils pouvaient profiter de la plupart des avantages de leur rang, sans avoir à supporter mille et une responsabilités.

— Honnêtement, si Gladis était réellement coupable, nous ne voyons pas pourquoi elle aurait parlé aux enquêteurs de ce que tu avais bu, reconnut Percy. Elle aurait aussi pu se débrouiller pour qu'ils ne récupèrent pas ton verre.

La louve perdit son regard dans le vide, incapable de se faire un réel avis sur la situation. Si quelqu'un l'avait bel et bien empoisonnée, il coulait de source que Gladis fasse partie des principaux suspects. Toutefois, en dépit de ce que tout le monde essayait de lui mettre dans la tête, elle savait que sa tante n'était pas responsable. Sauf si tu es toujours enlisée dans le déni...

— Est-ce que tu te souviens de l'endroit où tu as pris cette coupe de cidre ? l'interrogea-t-il doucement. Était-elle posée sur un buffet, ou est-ce une personne précise qui te l'a remise ?

Jae-Sun lui avait déjà posé cette question. Hélas, les souvenirs de Danila étaient si désordonnés qu'elle n'en était pas certaine.

— Il me semble qu'une serveuse me l'a proposée, comme quasiment à chaque fois. Je demande toujours s'il n'y a pas trop d'alcool, pour rester aussi lucide que possible lors des réceptions et... Elle a dû me dire que ce n'était pas trop méchant.

Qu'il ne lui demande pas à quoi ressemblait cette personne, car elle n'en avait aucune idée.

— Encore une fois, je ne veux vraiment pas remettre en cause tes analyses, mais... Ce n'était peut-être pas de la raiponce, si ? Ça m'aurait sûrement tuée sur le coup si j'en avais pris, alors que j'ai d'abord senti ma tête tourner, avant que mes muscles se paralysent les uns après les autres et...

Percy devint si blême qu'elle regretta d'avoir parlé.

— Ce sont exactement les symptômes d'un empoisonnement à la raiponce, déclara-t-il à regret.

Danila resta silencieuse, des larmes affluant à ses yeux. Elle ne comptait plus le nombre de personnes qui avaient essayé de lui faire comprendre que sa mort n'était pas accidentelle. Jae-Sun, Isabella, Duncan, même Marcus... Elle s'était toujours convaincue que c'était impossible. Elle avait beau savoir qu'un alpha ne pouvait éviter les ennemis, elle ne s'était jamais sentie concernée par la perspective d'un complot.

À présent qu'elle en avait la preuve, il lui semblait que son existence s'assombrissait un peu plus.

— Mais... Mais la culture de la raiponce est interdite, protesta-t-elle d'une voix tremblotante. Qui aurait pu s'en procurer ? Pourquoi en as-tu, d'ailleurs ?

Elle désigna la fiole remplie de poudre. Percy baissa les yeux, un peu coupable.

— Certains trouvent le moyen d'en cultiver clandestinement. J'ai réussi à en acheter par l'intermédiaire d'amis herboristes.

Cela n'était pas surprenant. Quelques malins parvenaient toujours à contourner les interdictions. Il en allait de même pour les armes à feu, prohibées sur la Terre des Loups, qui réussissaient malgré tout à circuler.

— N'importe qui aurait pu m'empoisonner, comprit-elle. Nous n'avons aucune piste pour en savoir plus, si ?

Elle peinait encore à concevoir l'hypothèse d'un assassinat. Néanmoins, si c'était réellement le cas, elle voulait au moins démasquer son meurtrier.

— Ce n'est pas pour en rajouter sur le dos de ta tante, mais... Tu nous avais bien dit qu'elle conservait certaines plantes à l'écart, dans sa serre ?

En effet, Gladis tenait beaucoup à son jardin d'hiver, dont elle s'occupait avec soin. Lorsqu'elle était petite, Danila n'avait pas le droit de s'approcher d'un espace fermé à clé, où reposaient des plantes estimées dangereuses.

— Elle n'aurait pas été jusqu'à y mettre des raiponces. Ses enfants auraient pu trouver un moyen de s'y rendre, cela aurait été trop risqué.

Si elle cultive des plantes dangereuses, la raiponce peut très bien en faire partie, lui souffla la voix de l'affolement.

— Je te remercie d'avoir pris le temps de faire toutes ces recherches, poursuivit-elle avant qu'il ne la contredise. Cela a dû te demander tellement de travail...

Sa culpabilité de leur avoir fait croire à sa mort ne cessait de s'amplifier. Tous s'étaient démenés pour comprendre ce qui lui était arrivé, tandis qu'elle menait la belle vie au palais du roi.

— Ça en valait la peine, affirma-t-il en se rapprochant d'un pas. Nous ne supportions pas de ne pas comprendre et... Au final, le plus important est que tu sois revenue.

La tête basse, elle acquiesça, même si ses jambes menaçaient de la lâcher.

— Quoi qu'il en soit, nous sommes là pour toi, fit-il en lui attrapant la main.

Ce geste l'étonna, elle qui était peu habituée au contact physique. En relevant les yeux vers lui, elle constata que son regard ne la quittait pas. Cela aurait pu être réconfortant, mais Danila y perçut une lueur qui brillait un peu plus fort qu'une simple amitié...

— Je n'ai pas arrêté de penser à toi au cours de ces dernières années, enchaîna-t-il sans se rendre compte de son malaise. J'ai regretté de...

— Danila ! Il faut que tu viennes, vite !

Ces éclats de voix firent sursauter les deux loups. La jeune alpha mit une seconde avant de retrouver ses esprits, puis sortit de l'atelier. La main de Percy lâcha la sienne, mais elle l'entendit la suivre dans le salon.

Jenna et Julian se trouvaient au milieu de la pièce, les traits déformés par la panique.

— Marcus a besoin de toi, expliqua Julian à toute vitesse. Nous devons faire vite.

Il courut en dehors du chalet, Danila sur les talons. Il la mena près du réfectoire et elle entendit des exclamations affolées s'élever des différents bâtiments. Elle était encore si chamboulée par les révélations de Percy, ainsi que par son étrange confession, qu'elle ne vit pas tout de suite d'où venait le problème.

Ce ne fut qu'en voyant un énorme loup noir, planté au milieu des chalets, qu'elle comprit.

— Il s'est encore transformé, marmonna Julian à côté d'elle. Et tout le monde l'a vu...

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