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Océan.


Flamme luisant à la hauteur des arbres
Et des lettres accrochées aux branches
Qui se pavanent
Et des enfants qui s'enfuient
Sur les landes grises
De ce qui n'a pas d'importance




Je rentre de l'école. J'ai 14 ans. Et rien n'a d'importance.




Dans l'allée de béton, dans la maison immobile, dans les rideaux jaunes de la cuisine, et même dans le papier peint ancien, le silence.



Moi, je suis là, dans l'entrée j'appelle à l'aide. Il n'y a personne. Juste une ligne de lumière qui passe sous la porte. Dans le salon, la télé éteinte, dans ma chambre, du bazar. Je garde mon bonnet et m'assoit par terre au milieu du royaume. Mon royaume. Je sens dans mes paumes comme un feu sauvage. Et sur le miroir, dans le miroir, un garçon, comme moi, que je ne connais pas. Il fait des signes de la main, mais il n'entend rien. Résonnent encore dans sa tête les cris des autres gamins, qui se moquent de ses dessins et qui volent ses livres, qui écrivent des mots violents, sur son corps, sur son corps. Il les entend encore.


Ce n'est pas moi.
Moi je suis roi.
C'est mon royaume, à moi.
Avec un château là bas,
Un vaisseau spatial ici,
Et des feuilles sur les murs.


On ne se moque pas de moi ici. On ne rit pas des autres chez moi. Chez moi, on s'aime, mais on est tout seul. Et mon royaume se souvient du temps où sa frontière touchait celle d'un autre.



Tu t'appelles Toi et tu n'es pas Moi.
Je ne t'appelle Pas car tu n'es plus Là.



Moi je suis allongé sur le tapis de soucoupes volantes dans ma chambre. J'ai 14 ans. Et j'ai gardé mon bonnet. Parce que Maman n'est pas là. Parce que Papa n'est pas là. Et Toi n'existe pas.

Je regarde les étoiles au plafond. Je regarde les planètes. Je regarde le vaisseau COSMOS128 que je fais voler avec mes mains, dans ma tête, acrobate télékinésiste. Et puis je me lève, j'ouvre mon placard, cherche le ruban rouge avec le nom de mon royaume écrit dessus. C'est autour de mon bras qu'il faut l'attacher, c'est ce qu'on faisait, avant. J'attrape mon manteau, il me va comme un gant. Je fixe celui dans la glace. Maman dirait qu'il est beau. Mais maman ne sait pas. Et maman ne comprendrait pas, que l'on n'aime pas sa créature. Lui. Moi.


Je sors de la chambre. Celle de ma sœur est ouverte, je vole son walkman et ses écouteurs, elle ne voit pas, elle ne voit jamais. C'est mon secret, mais ce n'est pas de ma faute, si tout leur est invisible.

Le rue m'attrape, la maison me quitte. Je marche le long de mes terres en pavillons. Je parcours mon territoire, il m'attend, m'appelle, se souvient de moi.



Moi je suis chez moi.
Chez moi me rejette un peu.
Le ciel est immense, dégagé,
Et le soleil fait un piquet,
Dans l'infini océan.
Dans deux heures, c'est la fin du jour.
Un royaume seulement fait de nuit
Vaut mieux qu'une cour bien remplie.

Je m'aventure sous des sons inconnus. Sur la cassette il y a écrit The Smiths.
C'est calme comme l'aube sur les plaines de l'automne.
Le ciel est une peinture.
Il fait frais, mais pas froid.

Celui qui est Moi, c'est celui qui a les joues rouges, et son bonnet de toutes les couleurs et un manteau qui lui va comme un gant. Je suis dehors un soir de semaine et j'ai 14 ans. Les rues sont presque vides. J'ai 14 ans et je suis toujours un enfant.

Je rentre dans une échoppe, regarde les cartes à jouer, j'ai pas d'argent mais un autre jour j'aurais pu les voler, pas aujourd'hui, pas comme ça, pas quand on est roi. Alors je fais le tour des rayons, écoute la chanson, et puis m'en vais. Je traverse les rues, car aventurier continue de chercher, m'approche de la frontière, car aventurier n'a pas peur.
J'arrive sur le terrain vague, si grand qu'on dirait une vallée, avec des bosquets si grands qu'on croirait des forêts.

Je quête, traverse les collines, suit le chemin de terre, croise quelques arbres.

C'est l'Automne, mais pas totalement encore.


Je me tiens là, où un autre Moi se tenait à une époque où je n'étais pas perdant.

C'est un jeu sans cartes auxquels ils jouent les enfants grands.

C'est un jeu comme ça, sans aucune règles.

Je suis debout, j'ai 14 ans, et je ne grandirais jamais.


Je suis Moi et il y a Toi qui arrive en face de Moi dans la Vallée à la Frontière de ma Terre et de la Tienne et c'est le Chaos et c'est la Guerre et c'est l'éboulement des Grandes Forteresses qui naguère étaient les Nôtres et qui un Jour furent quelque Chose et qui Maintenant ne sont plus Rien qu'un Bleu sur ma pommette qu'un Saignement de nez qu'une Fêlure sur la langue qu'un Trou Noir sur mon ventre.




COSMOS128 en chute libre fait vriller mon estomac.
COSMOS 128 ne reviendra pas.




Ton manteau bleu et tes cheveux bruns, mignons, les filles t'aiment bien.
Mais au fond, tu n'es pas grand chose non plus.
Tu es Toi quoi.
Et puis Moi c'est.
C'est ça.

Qu'est-ce que tu fais là ?

Avant on jouait ensemble, avant on jouait comme ça, avant on s'aimait bien, on mêlait même nos mains, tes parents trouvaient ça bizarre, mais moi j'aimais bien.

Et Toi aussi.

On jouait dans la Vallée, on jouait dans nos royaumes, on était souverains sur une route commune. On jouait dans nos jardins, on jouait sur la baie, on jouait même la nuit, quand on faisait une tente avec tes vêtements et qu'on dormait dedans, et qu'on rêvait dedans, et elle ne tombait jamais. Il y a peut être trop d'histoires à raconter.
En fait, tu m'aimais bien.
En fait, je t'aimais bien.
Toi, Moi. Tout quoi.


Aujourd'hui, tu as ri avec les autres. Quand ils criaient des insultes, quand ils jetaient leurs papiers dans mon dos, quand ils m'attaquaient.
Tu ne me parles pas.
Tu ne me connais pas.
Moi n'existe pas.

Qu'il brûle notre Royaume.

Tu me regardes au loin sur la plaine, je te regarde de loin sur la plaine.
Tu ne dis rien. Ton visage est toujours pareil. Nul. Ça a l'air si nul d'être toi.
Il n'y a pas de drapeau blanc dans tes yeux. Il n'y a rien. Jamais rien.

T'es qu'un menteur. Tu fais semblant. Et si moi je suis un piètre acteur, tu es le pire de tous.

La cassette s'arrête, je retire les écouteurs et les fourre dans la poche de mon manteau.

Des nuages viennent de ton royaume pour envahir le mien.

Mais le ciel est encore bleu.
Mais le ciel est encore jaune.

Et Nous sommes là.

Tu es le même, dans tous les cas. J'avance vers toi d'un pas décidé, tu ne bouges pas, mais tu approches plus vite que je ne le pensais. Maladroit je te pousse. Tu me regardes quand même.

Me regarde pas comme ça.

Moins maladroit je te cogne du droit.


« -T'ES UN MAUVAIS ROI ! »


Toi est encore debout. Je me jette sur toi, tu tombes par terre. Je t'attrape par le col, je te secoue contre l'herbe humide. Tu as les joues rouges comme moi. Mais t'as jamais de bleu toi.

Toi existe pas.
Moi existe pas.
Mais Toi et Moi, Nous quoi, c'est comme un combat.



Je suis tellement en colère. J'ai de la rage dans la bouche, dans le cœur, dans les veines, tout partout. J'ai 14 ans, je suis dehors sur le terrain vague, c'est le crépuscule, et le roi est furieux.


Tu m'énerves ! tu fermes les yeux ! tu me regardes pas ! tu es faible ! Lâche ! Menteur !


Moi je t'aimais bien, mais tu m'énerves tellement, parce que tu t'en fiches. Tout le monde s'en fiche. Mais moi je suis en colère, je suis sombre comme la nuit, moche comme les nuages d'orage. Mais Toi c'est !
C'est ça.

Tu ne dis rien. Je te lâche. Tu te lâches toi même sur le sol.

Tu as une trace rouge là où je t'ai frappé.

Demain tu auras un bleu violet.

On sera à nouveau pareils toi et moi.
Est-ce que tu es venu pour ça ?
Est-ce que c'est pour qu'on soit quittes ?
Ou est-ce que tu t'en fiches ?
Ou est-ce que c'est pas grave ?
Est-ce que tu t'ennuies ?

La lande grise de ce qui n'a pas d'importance n'appartient à personne. Et toi, et toi, et toi, tu as abandonné ton royaume pour conquérir ce qu'on ne conquit pas, avec les autres.

Moi je n'y vais pas.
Chez moi tout a de l'importance.
Et tu m'as laissé là bas.
Là où personne n'écoute.
Là où personne ne voit.

Et puis tu es revenu un soir, on avait 14 ans, et tu avais les joues rouges, et je t'ai cogné là, et je t'ai poussé par terre, et je m'en suis voulu, parce que je me suis pas senti mieux, et je parle au passé, alors que c'est encore du présent, un peu.


Tu me regardes. Il fait de plus en plus sombre. Il y a une odeur de fleur fanée. Il fut un temps où tu m'aurais dit que les fleurs fanées n'ont pas d'odeur. Et j'aurais insisté. Mais tu ne sais plus parler. Enfin, je crois. C'est pas grave. T'es venu parce que tu t'ennuies.

Et moi je dois rentrer.

J'ai 14 ans, c'est dehors, un soir de semaine, la nuit tombe, et je dois rentrer.

Alors je me lève de ton corps, je laisse un peu de moi là, je fais demi tour, traverse la Vallée en cherchant des oiseaux dans le soleil.

Toi tu es resté là, tu t'es redressé pour me regarder partir, et puis tu t'es mis à pleurer, beaucoup, jusqu'à ce que le ciel devienne complètement orange et violet ( comme le bleu que tu auras demain ), et enfin, tu m'as appelé en criant. J'étais trop loin pour t'entendre. Et ça je le sais pas encore. Mais je pense que tu me le raconteras, un jour. Et d'autres choses.

Oui, on s'en racontera des choses.

Et ce soir là, si le ciel était dégagé, j'espère que tu l'as regardé. Avec les étoiles et tout.

Moi je rentre chez moi, maman s'est inquiétée, papa est resté assis dans le canapé, et ma sœur ne m'a même pas vu reposer son walkman. C'est comme ça.

Le lendemain à l'école tu n'as pas ri de moi.
Tu n'étais même pas là.
Toi est resté toute la nuit dans la Vallée à la Frontière de ton royaume.
Et Moi est resté toute la nuit à faire voler COSMOS128, dans ma tête.


Car un roi sans amour c'est comme un fort sans pont levis.






Ce n'est pas fini.

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