Il fallait que je fasse quelque chose. Sinon, j'allais encore craquer.

Je partais alors en direction de ce que je pensais être le camp de l'équipe rouge, là où j'avais vu partir Hazel. Vista était allée de l'autre côté. Tant pis pour les consignes.

Je me dirigeai vers les sources de bruit. Très vite, j'aperçus Hazel, sois forme humaine, pourchassée par un oryx -sans doute Ringer- qui la distançait. Je repéra vite le drapeau de l'autre équipe. Je profitai du fait que Ringer était occupé à la poursuivre pour le saisir, et parti en courant. Je sprintai à travers les fougères. Je ne savais même pas si ça allait servir à quelque chose de saboter cette équipe en particulier, mais tant pis. Il fallait que je m'occupe.

J'avais parcouru une bonne vingtaine de mètres quand je sentis une immense masse s'abattre sur moi par derrière, me faisant tomber. Un lion. Adam.

« Désolé, Emma. »

Je failli faire une syncope en entendant sa voix dans ma tête. On m'avait pourtant dit que sous forme animale, les Métamorphes pouvaient communiquer par la pensée. C'était la première fois que ça m'arrivait.

Adam prit délicatement le drapeau de mes mains du bout de ses immenses crocs et repartit aussi vite. Je n'eus le temps de ne rien faire pour essayer de le ralentir.

Bon. Je pense que j'aurais dû rester au camp, tout compte fait. Je commençai à marcher, pour y retourner. Cependant, je ne me souvenais pas de par où j'étais passée. Mon très mauvais sens de l'orientation m'avait rattrapée.

Je marchais encore et encore, jusqu'à ce que j'aperçoive une ligne blanche. La limite du terrain. Je m'étais donc perdue. Je n'étais vraiment pas douée.

Je m'étais découvert à l'instant un pouvoir. Il devait bien servir à quelque chose. Le vent... Le vent... Je pouvais peut-être voler ?

J'essayais de m'imaginer en train de m'élever dans les airs. J'avais l'impression que ça marchait. Je flottais dans l'air. Rectification : j'étais l'air.

Je ne comprenais pas vraiment ce que j'avais réussi à faire, mais ça devrait aller. J'essayais de le déplacer devant moi. C'était une sensation incroyable : je n'avais plus de corps. Je passais à travers les arbres comme s'ils n'étaient pas là. Et ça allait très vite. J'étais littéralement un courant d'air.

Je volais sans direction, essayant de retrouver un endroit que je connaissais. J'allais tellement vite que le paysage passait à toute vitesse, comme dans une voiture. Je ralentis en voyant des gens. Pile à l'endroit où le jeu se passait. Un gros rapace, que je pensais être la buse variable de Naïa, volait à toute vitesse entre les arbres, la petite balle légère et ses anses en corde dans ses serres. D'autres animaux la suivaient. Ils sautaient en essayant de l'attraper.

Je continuais ma route vers mon camp. J'avais fais assez de bêtises aujourd'hui. Je ne pense pas qu'il fallait que je dise aux gens que je connaissais que j'étais une Flamora. Je sentais que ça vaudrait mieux pour moi.

J'attendais alors, patrouillant autour de mon camp, lorsque soudain, le montreur vibra dans ma poche. Le voyant était allumé en vert. L'équipe de Naïa avait gagné. Ça ne m'étonnait pas. Je revins vers le centre, à pied.

— Bravo à tout le monde, dit Naïa.

— Facile à dire, tu gagnes tout le temps, dit Minsi, les bras croisés.

Naïa continua de parler tout en l'ignorant royalement. Ce jeu, dans le principe, m'avait plutôt plu. Je pense que je préférerais y jouer dans un rôle participant plus, peut-être quand je me serais manifestée.

Lorsque je sortis de la salle de bain, une fois lavée et rhabillée, je me laissais tomber sur mon lit. Je m'endormis presque aussitôt.

Tout au long de la semaine, je continuais de me documenter sur mon nouveau monde, en particulier sur l'histoire des Flamoras. Ils étaient souvent devenus fous, perdant le contrôle de leurs pouvoirs. Les Antigo, et parfois les Métamorphes, les trouvant trop dangereux, avaient causés de nombreuses guerres et de nombreux génocides. Aujourd'hui, le peu de Flamora qui restaient se cachaient, la plupart du temps.

Je me faisais de mieux en mieux à ces nouvelles habitudes. C'était presque devenu normal de traverser des miroirs pour se rendre quelque part, et de faire deux heures d'activités physiques tous les jours.

Souvent, en plus de réviser, j'essayais d'entraîner mon pouvoir. Je ne voulais pas devenir folle, comme les autres.

Généralement, je mangeais avec le groupe d'Adam, de Naïa et cætera, mais sinon, je restais souvent seule.

Lorsqu'elle passait près de moi, Minsi, presque toujours accompagnée de son groupe d'amis, me jetait un regard entre la haine et le dégoût, voire me faisait des commentaires désobligeants sur le fait que je ne m'étais pas encore métamorphosée, ou sur d'autres sujets.

Ce jour là, pour je-ne-savais quelle raison, elle avait décidé de s'acharner sur moi. Lorsque je sortai de mon cours de préparation physique, elle m'intercepta.

— Je ne sais pas pourquoi tu continues à aller en cours et à travailler. Toi comme moi, on sait très bien que ton animal ne se manifestera pas, tout simplement parce que tu n'en as pas. Tu es une Arcano, on ne peut pas changer sa nature.

J'avais envie simultanément de la frapper, de lui hurler dessus ou même de lui crier : "Je suis une Flamora !" . Elle était partie sans demander son reste. Mais je sentais qu'il avait réagi. Cette remarque ne lui avait pas plus. Une migraine me prit la tête. Je renonçai à passer par les Miroirs : je n'avais pas envie de savoir ce qu'il se passait lorsqu'on se ratait de cette façon.

Je me sentais toute bizarre, comme si quelque chose essayait de prendre possession de mon corps. Je réussis à monter le premier étage sans problème, mais la progression du deuxième s'avéra plus compliquée. Arrivée par je-ne-sais quel miracle en haut, je tombais à genoux. Je me sentais mal. Mal comme je ne m'étais jamais sentie auparavant. Je sentis quelqu'un s'approcher de moi et me parler. Adam.

Il me releva en me disant des paroles que je ne comprenais pas. Il m'emmena dans une pièce (sans doute ma chambre). Je me rendus compte qu'il répétait en boucle la même chose et essayait de me concentrer pour comprendre.

— Laisse toi aller... Laisse toi aller...

Alors je me suis laissée aller et il a pris possession de mon corps.

*****

PDV Adam

J'avais tout de suite reconnu ce qui arrivait à Emma. C'était sa première transformation. Heureusement que j'étais dans le coin... Si elle avait été seule, elle aurait pu faire des dégâts, et il y aurait un animal incontrôlé dans les couloirs.

J'écarquillai les yeux lorsqu'elle se réveilla. Ce n'était pas n'importe quel animal...

Je me transformai aussi, sous ma forme de lion. Son animal était à peine plus petit que le mien, et ce genre de bête, incontrôlée comme maintenant, pouvait être très dangereuse. Mais j'étais beaucoup plus expérimenté.

Elle se précipita sur moi. Il ne fallait pas que je lui fasse mal. Sous cet animal déchaîné se trouvait mon amie. J'esquivais son attaque, et me jetai sur elle à mon tour pour tenter de l'immobiliser, les griffes rentrées. Cependant, elle réussit à me faire une petite griffure à l'épaule. Je lui assenai un bon coup de patte sur le bon endroit, au niveau du cou. Elle s'évanouit instantanément.

Je m'éloignai et reprit forme humaine tout en attendant qu'elle se réveille. Au bout d'un certain temps, elle commença à se retransformer. La première transmutation animal-humain était toujours particulièrement lente. Emma n'échappait pas à la règle.

Je me rendis compte qu'elle commençait à se retransformer nue. Ça aussi, c'était une généralité des premières métamorphoses. J'arrachai le draps d'un des lits et le lui jetai dessus. Bon. Plus qu'à attendre.

Au bout d'un peu de temps, je n'aurais pas su dire combien, elle remua enfin. Elle regarda autour d'elle et son regard se posa sur moi.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
.
.
.
Oui oui, je vous laisse là !
C'était un petit chapitre, mais je ne voulais pas trop en mettre d'un coup...
Et puis j'en ai fait exprès de ne pas citer une seule fois l'animal d'Emma ahah, en bonne autrice sadique !
À vos paris, dites moi ce que vous pensez que c'est !