Chapitre 5
Adam me conduisit à l'intérieur du bâtiment. Le hall était immense, et dans le même style que l'extérieur ; il y avait un long escalier en colimaçon, et des plantes vertes un peu partout. C'était magnifique. Il commença à parcourir le couloir en courant presque. Je fus bien obligée d'essayer de suivre son rythme.
Le Métamorphe s'arrêta devant une porte au bout d'un couloir du 1er étage. Il y toqua. Personne ne répondit.
— Il doit déjà y avoir quelqu'un, expliqua Adam.
Effectivement, au bout de quelques minutes, quelqu'un sorti de ce que je supposais être un bureau. C'était un jeune homme de mon âge, au cheveux blond-roux décoiffés et aux yeux verts foncé. Il me dépassait d'au moins une tête et, comme quasiment tous les Métamorphes que j'avais rencontrés, était musclé. Il s'arrêta en me voyant, moi, la petite inconnue.
— Tu es nouvelle ? demanda-t-il d'un ton intrigué.
— Oui, répondis-je. Je viens de la Terre.
— Sérieusement ?! fit l'autre. Tu t'appelles comment ?
— Emma.
— Moi, c'est Ayden. Je suis un léopard, et toi ?
— Elle vit avec un bloqueur de Métamorphose depuis ses 13 ans et ne s'est donc jamais manifestée, intervint Adam. Il commence à peine à se dissiper.
— C'est particulier, ça ! dis Ayden, sans vraiment chercher à en savoir davantage. Bon, je vous laisse, j'ai Préparation physique dans cinq minutes.
Il repartit dans le couloir en trottinant.
Adam ne fit pas de commentaire sur l'individu présent auparavant.
— Ici, c'est le bureau de notre directeur, M. Archillac, se contenta-t-il d'indiquer.
— Vous pouvez entrer ! dit d'ailleurs ce dernier.
Adam poussa la porte et entra à l'intérieur de la pièce. Cette dernière n'était pas très grande et de forme circulaire. A part le bureau du directeur, elle était complétement vide. Les murs, très blancs, étaient lisses si on enlevait les plantes dessus. D'ailleurs, je me demandais comment celles-ci ne mourraient pas ou comment on faisait pour qu'elles ne poussent pas trop. Pour avoir vu de nombreux films, je pouvais supposer qu'il y avait quelque chose derrière ces murs. J'avais envie de les inspecter pour m'en assurer, mais ça ferait bizarre. Sur une autre partie de la pièce, il y avait une très grande fenêtre par laquelle on voyait bien le paysage montagneux.
Le bureau en lui même, épousant la forme de la pièce, était assez long. Contrairement à ce que je pourrai penser pour un bureau de directeur d'une école de magie, il n'était pas rempli d'objets extraordinaires en tout genre, mais juste de cahiers, de papiers et de livres.
Le directeur, quant à lui, était assis sur une haute chaise de bureau. Il avait des cheveux roux parsemés de mèches grises et blanches bien coiffés, assortis à son épaisse barbe. Il portait des lunettes rondes, à la Harry Potter, et des sourcils volumineux au dessus de ses yeux verts perçants. Il dévisageait Adam, attendant qu'il s'explique.
— Je viens inscrire Emma, dit-il. Mais... C'est un cas pour le moins... particulier.
Il expliqua au directeur à peu près toute l'histoire, cette fois en la détaillant.
— Très bien, fit M. Archillac. Je préviendrai les professeurs. Je la met dans quelle classe ?
— Avec Naïa, on aurait pensé à un Niveau 3 prédateurs, au vu de ses capacités, et Niveau 1 en information.
— Je l'inscris dans ces Niveaux là. Quelle est l'adresse de ta maison sur Terre ? demanda la directeur en se tournant vers moi.
Je la lui confiais, même si je ne savais pas pourquoi il en avait besoin.
— Tu peux lui faire visiter l'établissement pendant que je m'occupe de son emplois du temps et de son pendentif de téléportation, dit M. Archillac à Adam. Je te dispense de cours pour l'après-midi. Tu peux laisser ta valise ici, rajouta-t-il quand il me vit me lever et la traîner derrière moi.
J'aquiescai et l'adossa au mur. Je suivi Adam, les bras enfin libres. J'avais assez chaud sous mon jogging. J'aurai dû mettre un short simple.
Le Métamorphe m'embarqua à travers les couloirs.
— Il y a quatre étages, en tout, m'expliqua-t-il. Le rez-de-chaussée est réservé aux différents bureaux de l'administration, aux salles de détente, la bibliothèque, l'infirmerie et à la cantine, le premier aux salles de classe, et les trois autres aux chambres des gens qui vivent en internat, c'est-à-dire une grande partie des gens.
Il me dit où étaient les bureaux de l'administration et la vie scolaire, ainsi que leurs occupants, dont je ne retins pas la moitié.
Il me conduisit ensuite dans la cantine. Celle-ci était immense. Il y avait une multitude de tables, aussi bien de très grandes que de plus petites. Au fond, il y avait des présentoirs -je n'ai jamais su comment ça s'appelait réellement- qui servaient sans doute à mettre la nourriture du jour, comme ceux du restaurant. Pas très loin de ces derniers, il y avait une porte sur laquelle je pouvais voir écrit "Cuisine-Ne pas entrer". Sur une des faces du lieu, il y avait une immense baie vitrée agrémentée d'une porte, derrière laquelle j'aperçevai des tables, pour manger dehors.
Non loin de la cantine se trouvait une grande et spacieuse salle détente ; des fauteuils, hamacs, poufs et canapés, de toutes sortes, étaient disposées un peu partout. Il y avait également un baby-foot, un billard et des tables, assez isolées, sans doute pour travailler, ou même pour jouer à des jeux de sociétés, rangés dans les armoires, d'après Adam.
La bibliothèque, quant à elle, se trouvait en face de la salle de détente. Elle aussi très grande, elle regorgeait de livres de toutes sortes. Étant une lectrice, je n'attendais que de plonger dans l'un d'eux et m'assoir dans un canapé de la salle de détente.
— Je ne vais pas te faire visiter les étages pour le moment, dit Adam. Ce ne sont que des chambres et des salles de classes.
Il me conduit à l'extérieur.
— On appelle ces bois "La Forêt Infinie", me dit Adam en les désignant. Tout simplement car on a jamais trouvé la fin. Notre monde est des plus étranges; plus on essaie de trouver ses limites, moins on y arrive. Ceux qui ont tenté d'aller assez haut pour voir Valquia entière n'en sont jamais revenus. On a jamais su pourquoi.
Il m'emmena à l'intérieur. Je trouvais que cette forêt ressemblait un peu plus à une jungle, à ses plantes bien vertes et sa végétation particulièrement dense et fraîche, presque humide. C'était un endroit parfait pour courir ou même, pour péter les plonds quand je suis en colère.
— Tant que tu ne t'éloignes pas trop des chemins, tu ne risques pas de te perdre.
Nous retournâmes du côté du château. Adam me montra tous les bâtiments : le dojo, que j'avais déjà visité, l'immense terrain d'herbe, la salle d'armements... Ensuite, après avoir fait le tour, il me reconduit au bureau du directeur.
— Je t'ai assigné la chambre n°6, m'informa ce dernier, tu as une colocataire du nom de Faline. Et voici ton pendentif de téléportation, ajouta-t-il m'en donnant un, pratiquement identique à celui d'Adam. Je ne sais pas si on te l'as déjà expliqué, mais lorsque tu brandis la face en métal irisé à la lumière, c'est pour aller à Chromatica, et l'autre, pour retourner chez toi.
J'aquiesçai pour montrer que j'avais compris et saisi le pendentif, que je mis directement à mon cou.
— Voici ton emploi du temps, ainsi que le matériel qui te sera utile pour les cours.
Il me tendit un sac en toile, rempli notamment de cahiers. Je le pris, et saisi également ma valise.
— Tu peux t'installer dans ta chambre et vaquer à tes occupations, dit M. Archillac en me donnant une clé. Tu commences les cours demain.
J'hochais la tête et sortis de la pièce, Adam toujours sur mes talons. Je parcourrai le couloir, me souvenant miraculeusement du chemin malgré mon sens de l'orientation médiocre. Adam monta les escaliers quatre à quatre. Je m'efforçai de le suivre, mais avec mon immense valise et mon sac rempli de cahiers, je n'en menait pas large. Voyant qu'il me distançait, le Métamorphe ralentit.
— Donne ta valise, dit-il en revenant vers moi.
— Non, t'inquiète pas, je vais m'en sortir, dis-je.
Je refusai d'admettre que j'avais besoin d'aide. C'était dans ma nature.
— J'en doute, répondit Adam en prenant lui-même ma valise.
— Merci, grommelai-je.
Adam monta les escaliers presque aussi vite que si il n'avait rien dans les mains, moi le suivant au même rythme.
— Je te montre le premier étage, dit Adam en s'arrêtant à ce dernier, pour que tu ne sois pas complètement paumée demain. Nos classes sont réparties par lettres.
On alla ensuite au 2ème étage, là où se trouvait ma chambre. Celle-ci se trouvait au bout du couloir. Dans ce château, il y avait des miroirs littéralement partout. J'enfonçai ma clé dans la serrure et ouvrai la porte.
La chambre, en forme de rectangle d'environ 4m sur un peu moins de 15m selon moi, était beaucoup plus spacieuse que la mienne. La salle de bain, au fond, était séparé par un mur en verre -je ne savais pas où était l'intimité là-dedans- et contenait la seule fenêtre de la chambre. Cette dernière était cependant très lumineuse, par je ne sais quelle magie. Les deux lits se trouvaient le long du mur, à ma droite, et avaient l'air confortables. L'autre mur, lui, était vide.
— Je dors à la chambre 11 si tu as besoin de moi, dit Adam.
— Comment je fais pour ranger mes affaires ? demandai-je juste avant qu'il ne parte.
— Ah oui, les placards sont étendus sur tout le mur, dit-il. Pour les ouvrir, il y a un mot de passe à dire. Il faut que tu le demandes à ta colocataire.
— D'accord. Et merci, rajoutai-je.
Il m'adressa un petit sourire et sortit en refermant la porte derrière lui.
J'étais enfin seule.
Je sortis mon téléphone de ma poche -il était resté à l'intérieur pendant tout ce temps- et l'alluma. Il indiquait 15h42. J'avais plein de messages, dont quelques uns de mes amis.
"Ta mère m'a dit que tu t'étais trouvé un job d'été. Tu m'en dis plus ?" disait Anaïs.
"C'est une longue histoire, je te raconterai la prochaine fois qu'on se verra" répondis-je.
"OK" dit Anaïs tout de suite après.
Ma connexion internet était parfaite : je ne savais pas comment c'était possible, mais je n'allais pas m'en plaindre. Il y avait une autre chose bizarre avec mon téléphone : la batterie était chargée en bloc, alors que la dernière fois que j'avais regardé, chez moi, elle était à moins de 70%. Étrange.
Je scrollais sur les réseaux sociaux quelques minutes puis décidai que je n'allais pas traîner dans ma chambre tout le reste de l'après-midi. Je me levais du lit manifestement non-occupé au vu du manque d'aménagement que je m'étais donc approprié et sortis de la chambre, en ayant bien sûr fermé à clé derrière moi. J'avais décidé de mettre la clé sur la même chaîne que le pendentif de téléportation, pour ne pas la perdre.
Je descendai les escaliers et allai directement dans la bibliothèque. Je pris un livre de science-fiction et allais l'emprunter au guichet. Une dame aux lunettes rectangulaires et au chignon austère s'y tenait, confortablement assise dans sa chaise.
— Bonjour, fis-je. Euh... c'est pour un emprunt...
— Votre nom ? répondit la bibliothécaire.
— Emma Ingwe.
Elle saisit le livre et me le rendit après avoir effectué l'emprunt.
— Vous êtes nouvelle ? me demanda-t-elle.
— Oui, dis-je. Comment le savez-vous ?
— J'ai une très bonne mémoire. Je me souviens de chaque élève qui a emprunté un livre ici.
Je saluai la bibliothécaire et sortis dehors pour entamer mon livre. Au loin, je voyais des gens qui faisaient du sport. D'autres avaient, comme moi, opté pour un peu de détente pas très loin du lac. Je m'assis au dos d'un arbre et commençai ma lecture. Au bout de quelques minutes, j'entendis une voix s'adresser à moi.
— Excuse moi ? fis la personne, une fille aux cheveux courts, à la garçonne. Tu es nouvelle ?
— Oui, répondis-je en levant les yeux de mon livre.
— C'est Adam qui l'a trouvée sur Terre, dit une voix derrière. Ça ne m'étonnerai pas qu'elle soit une Arcano.
Minsi. Je ne savais pas pourquoi elle me détestait déjà, mais elle n'essayait pas de le cacher.
— Adam pourrait se tromper à ce point ? s'étonna l'autre.
— Elle n'a pas de Métamorphose, dit Minsi d'un ton dédaigneux.
La fille inconnue me dévisagea comme si j'étais un être répugnant, ou même un alien. J'ignorais ce qu'était un Arcano, mais ça ne devait pas être un compliment. Les deux Métamorphes repartirent sans même me saluer, non sans un regard noir de la part de Minsi. Je haussais les épaules et repartit à ma lecture.
Après une ou deux heures, à lire puis à me promener autour du lac, je décidai finalement de retourner à ma chambre. Peut-être que ma colocataire était revenue.
Effectivement, la porte n'était plus fermée à clé. Assise sur son lit, ma supposée colocataire était sur son téléphone. Leur monde -mon monde à présent- ressemblait manifestement beaucoup à celui que j'avais quitté. Elle avait une peau particulièrement claire qui contrastait avec ses longs cheveux d'un brun assez sombre et ses yeux assortis. Elle releva la tête à mon approche et m'adressa un petit sourire timide.
— Salut, fit-elle. Alors, c'est toi, ma nouvelle colocataire ? Je sais pas si on te l'a dit, mais moi, c'est Faline. Toi, c'est Emma, c'est ça ?
— Oui, enchantée !
— On m'a raconté ton histoire, sans trop entrer dans les détails. Tu dois être complètement perdue... Et bouleversée... Même si on ne se connaît pas, si tu as besoin de parler, je suis là, ajouta-t-elle.
— Merci, répondis-je.
Je n'avais jamais été le genre de personne à confier mes sentiments. Je les gardais pour moi en général. Je retenais toute fois l'offre.
— Je suis une biche, si jamais tu veux savoir, fit-elle. J'espère que tu ne seras pas un gros prédateur, ils me font un peu peur...
— Je ne peux rien promettre, plaisantai-je. Ah oui, c'est quoi le mot de passe pour le placard ?
— C'est As de Pique, dit Faline en rougissant. Je suis passionnée par la culture terrienne depuis toujours, s'expliqua-t-elle, bien que je n'y sois jamais allée.
Il n'y avait rien de honteux à cela. Je ne savais pas pourquoi elle se sentait gênée.
— Si tu as besoin d'aide pour quelque chose, n'hésite pas à m'appeler ! dit Faline.
— Je n'hésiterai pas, répondis-je en souriant.
— Je sens qu'on va bien s'entendre, déclara ma nouvelle colocataire.
J'avais la même impression.
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Là encore, un gros chapitre !
N'hésitez pas à commenter, à donner votre avis, à poser des questions pour m'aider à développer mon univers, même à corriger... ça me ferait plaisir !
Mes images d'inspiration :
Les escaliers (sans le décor derrière)
Ayden
M. Archillac, le directeur (imaginez le plus vieux et avec des lunettes)
Faline
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