Chapitre 32
Interdite, je fixai Solange dans les yeux. Je ne voulais pas croire que quelqu'un d'autre était mort dans notre camp. Mais Solange était on ne peut plus sérieuse.
— Ed... M. Archillac leur avait donné un montreur pour le prévenir si jamais il se passait quelque chose, qu'on vienne les chercher. L'un d'eux l'a fait, on les a retrouvés quelques minutes plus tard, morts. Et rien à faire, on n'a pas retrouvé l'Antigo.
— Qui ? dit Ayden, prenant la parole pour la première fois. Qui est mort ?
— Des jeunes hommes nommés Léo et Adrien.
Ayden ouvrit la bouche. Il avait l'air de les connaître, mais pas en tant qu'amis proches. Moi, je ne pensais pas les avoir déjà rencontrés. Je décidai de parler d'autre chose, pour le moment.
— Comment avez vous trouvé la planque ?
— M. Archillac l'avait déjà trouvée un jour, en vadrouillant avec des amis, plus jeunes. Elle était inoccupée à l'époque, mais a dû être utilisée auparavant. Elle se trouvait au milieu de la forêt, à quelques kilomètres de Chromatica. Toujours était-il qu'il avait réussit à entrer à l'intérieur, et on a décidé de chercher par là, ne sachant pas où aller d'autre. Bonne pioche. Il nous a tout simplement aidés à passer par là, et on est tous venus vous aider.
Il y eut un silence. Nous analysions les informations données par Solange. Moi, j'avais une chose donc je devais m'assurer.
— M. Archillac est notre père ?
Adam me regarda avec des yeux ronds, puis Solange, qui avait recommencé à trembler.
— Oui.
Je ne fus pas surprise. Elle ne faisait que confirmer ce que je savais déjà. L'entendre à haute voix me faisait bizarre, mais je n'eus pas vraiment de réaction, contrairement à Ayden. Il ne dit rien, restant la bouche entrouverte à attendre la suite.
— Je ne comprends pas vraiment pourquoi vous nous avez mis à adopter... Toi, tu étais en fuite, mais M. Archillac...
— Élever deux enfants seul, surtout avec un métier comme celui-ci, vous ne vous rendez pas compte à quel point c'est difficile. On a jugé qu'il fallait mieux vous mettre tous les deux dans une autre famille plutôt que vivre avec un père assez absent qui aurait bien du mal à vous consacrer beaucoup de temps, surtout plus jeunes.
J'étais à demi d'accord avec cela. Ça aurait évité d'avoir ce genre de discussion, et d'essayer de créer des liens avec ces parents qu'on a jamais connus. Mais soit. On ne peut pas changer le passé, c'est pour cela que je ne réagis pas plus.
— J'ai autre chose à vous dire, à propos de la prophétie cette fois, dit Solange, voyant qu'on avait rien à ajouter après la dernière révélation. Je l'ai reçue une deuxième fois, la nuit d'il y a deux jours, pendant que vous étiez enfermés. Sauf que cette fois, je l'ai réellement comprise.
Elle s'assura qu'elle avait bien notre attention, et c'était le cas. Rectification : on était scotchés à ses lèvres.
— Ce n'est pas "Le sang coulera à flots des griffes du tigre aux pouvoirs" , mais du ligre.
Elle eut un petit rire nerveux.
— Un ligre, répéta-t-elle. Dix huit ans que j'ai reçu cette prophétie, et je n'ai même pas été fichue de la comprendre correctement.
Alors, mon hypothèse était juste. J'étais cependant surprise moi aussi d'avoir eu raison.
— Tout ces sacrifices pour qu'en fait, ce soit une prophétie sur moi. Vous auriez pu grandir ensemble, sans bloqueur ou deuxième métamorphose...
— Ne t'inquiète pas, j'ai bien vécu sur Terre, tentai-je de la rassurer.
— Et puis comme ça, j'ai deux animaux, dit Ayden en croisant mon regard. C'est pas grave.
Je savais qu'il avait mal vécu tout ça, qu'il aurait préfèré utiliser son tigre à chaque fois, mais ne dis rien. Il avait utilisé la même technique que moi pour ne pas faire culpabiliser Solange.
— Et puis, le passé est passé. Il fait aller de l'avant, culpabilise pas pour ça.
Solange nous jugea du regard quelques secondes, avant d'abdiquer.
— Ce n'est pas tout : on doit décider de ce qu'on fait, maintenant. On a capturé la plupart des Antigos de la LCF, en tout cas ceux présents dans la planque. Même si on en a pas fait le tour complètement, s'il en reste, ils ne doivent pas être agressifs, sinon ils se seraiebt déjà manifestés. Hormis pour tuer Léo et Adrien.
Elle se rembrunit légèrement, et plongea ses yeux dans les miens.
— Je sais que Raphaël est un de tes amis d'enfance mais... Tu es au courant qu'il faudra le tuer ?
— Oui, dis-je bien que j'en avais la boule au ventre rien qu'en y pensant.
— Et le plus vite possible, si tu veux mon avis, tant qu'il est faible.
— Je suis sûr qu'il y a d'autres Antigos que ceux qui étaient dans la planque, intervient Ayden. Ils ne sont pas aussi peu.
— Alors, on n'a pas la même définition de peu, répondit Solange.
— Peut-être, mais je suis convaincu qu'ils sont plus.
— Dans tous les cas, on est gagnants. On est plus qu'eux, et plus puissants.
— Ça, c'est pas sûr.
— C'est pour ça qu'il faut agir vite, avant qu'ils ne libèrent Raphaël.
J'eus soudain une pensée pour Anaïs. On ne pouvait pas tuer son copain comme ça, sans lui avoir expliqué le pourquoi du comment. Dans ce cas, ce serait nous qui passeront pour les méchants de l'histoire.
— Il faut qu'Anaïs le sache. Je sais que c'est égoïste, mais elle est en couple avec lui.
— D'accord. Je suppose qu'il faut que tu ailles la voir, ou l'appeler... Mais je te rappelle que tu n'as ni ton téléphone, ni ton pendentif.
C'était vrai. La LCF nous les avais pris, et les avait emportés je ne sais où. On n'avait pas eu le temps de les chercher.
— Je veux lui montrer. C'est le meilleur moyen.
—Mais c'est hyper dangereux !
— Ils ne s'en prendront pas à elle, c'est la copine du chef.
— On y ira à plusieurs, et on combattra si besoin, dit Solange. Fais ce que tu veux, mais c'est dangereux.
Je hochai la tête. Peut être que je prenai des risques inutilement, mais tant pis. Anaïs n'était pas en danger.
On a passé donc plusieurs minutes à réfléchir à un plan. Le but était de chercher partout dans la planque des Antigos, de les capturer et de repartir. Rien de plus, pour le moment. Adam me prêta son téléphone pour appeler Anaïs. Je me levais le temps qu'elle réponde pour m'éloigner des autres pour mieux me concentrer sur la conversation.
— Oui ? dit Anaïs au téléphone.
— C'est Emma, dit-je d'un ton assez neutre. Tu...
— Emma ! s'écria-t-elle. Tu vas bien ! Tu ne peux pas savoir à quel point je suis soulagée... Raphaël ne répond pas non plus, je suis tellement inquiète...
— Anaïs, la coupai-je d'un ton très sérieux. Je vais tout t'expliquer, mais d'abord il faut que je t'emmène quelque part. Tu es dispo... Maintenant ? Pendant plusieurs heures ?
— Quoi ?! Mais Emma, de quoi tu parles ? Pourquoi...
— Anaïs, tu es disponible ou pas ?
— Oui...
— Je ne peux pas t'expliquer maintenant... Tu me fais confiance ?
— Bien sûr...
— Alors, je viens maintenant.
Je savais que j'étais vague pour Anaïs, mais je n'avais pas le temps, ni l'envie, de lui expliquer tout maintenant, par téléphone. Je raccrochais et rendis son téléphone à Adam.
— Tiens, dit Solange en me prêtant son Pendentif Téléporteur. Tu en auras besoin.
— Merci, dis-je en souriant.
— Avant que t'y ailles, il faut tout expliquer à M. Archillac pour qu'il fasse son annonce.
Je grimaçai. Après cette révélation, j'avais envie de tout sauf de parler à M. Archillac. Mais on n'avait pas vraiment le choix.
À l'aide d'un Miroir, on alla donc dans son bureau, tous les quatre. Elle résuma notre plan, pendant qu'on ajoutait des choses de temps en temps pour compléter ses explications. Le reste du temps, on écoutait.
Attentif, M. Archillac était posé dans son fauteuil, n'interrompant jamais Solange. Après ses explications, il prit son micro dans un tiroir, et le branchant, avant de prendre la parole.
— À tous les élèves et adultes ici présents !
Sa voix résonnait à travers le couloir. Même dans le bureau, je l'entendait deux fois.
— Cette après midi, ceux qui le veulent partiront en reconnaissance à la planque des Antigos. Il y aura deux groupes : un qui ira en premier, et un autre de secours si il faut se battre. Je propose aux Flamoras qui le veulent d'aller dans le premier groupe, et leurs proches, dans le deuxième. Ceux qui veulent venir, allez devant la Salle des Miroirs, on vous donnera les détails après.
Je faisais partie du premier groupe, à la différence près que j'allais chercher Anaïs. J'irai ensuite la ramener. Tout était prévu pour que ça se passe bien.
Je passai par un Miroir pour arriver directement chez Anaïs, dans sa chambre. Celle-ci y était très toujours, et m'attendait. Elle sursauta en me voyant sortir de son miroir, puis un sourire éclaira son visage.
— C'est vrai que vous ne vous déplacez pas comme tout le monde ! Qu'est-ce qu'il t'es encore arrivé ?
Je lui résumai rapidement la situation, sans entrer dans les détails ni mentionner Raphaël. Après quelques minutes, je pris sa main, et brandis le pendentif de Solange vers sa fenêtre et prononçai la formule. Quelques secondes plus tard, on s'était téléportées dans la rue de l'ancienne maison de Solange.
Celle-ci était toujours aussi vide. Bouche bée, Anaïs contempla le lieu. Effectivement, c'était une jolie rue –tout comme toutes les autres que j'avais visitées à Valquia. Les Miroirs étaient mis de sorte à ce que la lumière ne se reflète pas dessus et ne nous éblouisse pas.
— Attends, on est à Valquia ?! réalisa Anaïs.
Les étoiles dans les yeux, elle regardait tout autour d'elle.
— Oui, répondis-je. Cependant, on ne s'attarde pas ici.
Je pris sa main et l'emmenai vers le Miroir le plus proche.
— Attends, t'es en train de me dire que je fais faire mon premier voyage de Miroir ? s'écria Anaïs.
— Exactement ! dis-je sans beaucoup d'enthousiasme. Tu vas te concentre très fort sur "la planque au milieu de la Forêt Infinie". Imagine que tout ton être veut y aller, qu'il veut me suivre là-bas. Et surtout, ne lâche pas ma main.
Elle hocha la tête, soudain très sérieuse. C'était Solange qui m'avait donné ces conseils. Puisque Anaïs était une Arcano, son métabolisme est mon puissant, et requiert donc plus de concentration, et il est peut recommandé qu'ils fassent un voyage de Miroir seuls.
Tout en serrant ma main fort, Anaïs marcha avec moi vers le Miroir. Je ressurgi instantanément de l'autre côté, ma main serrant toujours la sienne. Elle était toujours avec moi. Je poussai un soupir de soulagement.
— Maintenant, il va falloir marcher un peu, la prévins-je sans la lâcher.
On marcha donc à travers le long couloir, dépourvu de portes, celui-là. Sa couloir blanche l'agrandissait encore plus. Une fois arrivées au bout, on passa la porte du mur de boutons toujours ouverte comme quand on était partis. Je me mis immédiatement transparente, au cas où ils voudraient me faire quelque chose.
Le regard curieux d'Anaïs parcourut la salle, avant de s'arrêter sur un point précis.
— Raph'? dit-elle d'une voix légèrement brisée. C'est toi ?
Même en ayant passé moins d'une journée ici, Raphaël était déjà presque méconnaissable. Son tee-shirt était collé à son corps par la sueur, ainsi que ses cheveux, humides. On voyait dans son attitude qu'il était faible. Seraphina ne l'avait pas fait à moitié. Dans ses yeux s'alluma un petite lueur d'espoir en voyant sa copine.
— Emma, qu'est-ce qui se passe ? demanda cette dernière en se tournant vers moi. Pourquoi il est enfermé dans... Ce que je suppose être la même prison que les Flamoras auparavant ?
— Je ne sais pas comment te le dire...
Je triturai mes mains entre elles, à cause du stress.
— Raphaël est le chef de la LCF. Celui qui nous a capturés, qui a contribué à tuer certains des nôtres, et a notamment fait vivre une horreur à Ayden à cause de son pouvoir d'hypnose.
Elle me fixa, attendant que je dise que c'était une blague, ou que je ris. Mais nulle trace de plaisanterie ici.
— Ne l'écoute pas, dit Raphaël après une tentative pour se mettre debout non concluante.
Anaïs me regardait, le visage hébété. Elle ne devait sans doute pas savoir qui croire, ou encore vouloir croire tout le monde à la fois. Je n'avais en effet pas vraiment envisagé la possibilité qu'elle ne pourrait pas me croire.
— Anaïs... Explique moi pourquoi est-ce que je te mentirai sérieusement... Tu es ma meilleure amie, et ça ne m'apporterait rien de ne pas dire la vérité...
— A moi non plus, dit Raphaël, avec un sourire carnassier, qui ne ressemblait en rien à celui de l'ami que j'avais connu. Ma chérie, crois moi, je t'en supplie... Emma m'a enfermé ici...
Anaïs ne répondit pas. Elle nous regardait tour à tour. Derrière nous, j'entendais le groupe 1 arriver, comme prévu.
— Dis-moi, pourquoi Emma t'as enfermé, dans ce cas ?
Raphaël leva les yeux une fraction de seconde vers le plafond, comme à chaque fois qu'il réfléchissait. Cela n'échappa pas à Anaïs, qui ne le quittait pas des yeux.
— Elle ne voulait pas de témoins de...
— Raph', je te connais par cœur, dit Anaïs. Je sais que tu mens.
Il eut une moue indignée, mais ça, Anaïs ne le vit pas. Elle s'était détournée de lui pour me parler.
— Emma, tu n'as quand même pas cru que je ne te croirai pas...
J'en avais douté, effectivement. Mais elle avait confiance en moi. Elle savait que jamais je ne la trahirai.
— Je te ramène chez toi, lui dis-je. C'est trop dangereux pour toi, même si ils ne te feront sans doute pas grand chose puisque le chef tient à toi. Je t'explique tout dans le couloir, à l'abri de regards indiscrets.
Je jetai un coup d'œil mauvais à Raphaël, qui fixait le groupe 1 avec des yeux ronds, se demandant sans doute ce qu'on allait faire. Anaïs se retourna pour aller dans le couloir, mais se figea en voyant les Métamorphes et les Flamoras, restés légèrement en retrait.
— C'est moi ou... C'est tes... Amis? Camarades ?
Curieuse, elle les jugeait du regard. Je décidai de lui présenter certains.
— Voici Ayden, mon frère... Il a insisté pour venir, d'ailleurs...
Tandis que mon amie, sociable, lui fit un grand sourire, celui d'Ayden était plus timide et réservé.
— Solange...
Cette dernière était la cheffe du groupe 1, tandis que M. Archillac était celui du 2, qui servirait en cas de secours.
— C'est...
Je compris tout de suite ce que voulait dire Anaïs, bien qu'elle laissa sa phrase en suspens. J'hochai la tête, et vérifiai si j'avais d'autres gens à présenter.
— Ensuite, je connais pas grand monde d'autre... Je te dirai pourquoi après.
On repartit donc dans le couloir du Miroir, après avoir promis au groupe que je revenais vite, et j'entrepris d'expliquer notre plan à Anaïs sur le chemin.
— Concentre toi sur le miroir dans ta chambre... Mais sur ce que tu verras en sortant, pas le miroir en lui même.
Les trais crispés par la concentration, Anaïs opina de la tête. Main dans la main, on passa à travers er ressortit dans la chambre de mon amie. Après un dernier câlin d'amitié, je commençai à partir.
— Promets moi que tu me donnera de tes nouvelles demain... Et que tout ira bien.
— Je te le promet, répondis-je en espérant tenir parole.
Je me téléportai grâce au pendentif de Solange, puis passai par le Miroir pour arriver à la planque. Je m'évaporai dans l'air pour aller plus vite, et m'arrêtais en voyant le groupe, qui avait commencé à explorer le mur de boutons. La personne à côté de moi sursauta en me voyant apparaître soudainement. Après un "désolée" un peu timide, j'allais voir moi-aussi le mur de bouton.
Solange avait l'air troublée, les sourcils froncés, en le regardant. Je m'approchai d'elle. Elle releva la tête en me voyant, me qualifiant d'un petit sourire.
— Qu'est-ce ce qui se passe ? lui demandai-je.
— Ce mur m'a l'air bizarre... J'ai l'impression qu'il y a comme une porte, similaire à celle pour entrer ici...
Je regardai de plus près et effectivement, Solange avait raison : il y avait une ligne délimitant une porte de la taille de la taille de l'autre.
— Alors c'est là qu'ils se cachent tous...
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Ewe, encore des secrets xD Promis c'est bientôt fini (ou pas :D)
Brefff, passez une bonne semaine, et à mardi !
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