Chapitre 28
TW : contenu sensible
Une voix nous tira bien rapidement de notre câlin.
— Oh, c'est trop mignon!
Je relevais la tête. Une jeune femme venait d'entrer par une porte qui s'était créée dans le mur de boutons. Contrairement à leur première planque, il était plus difficile d'accès, ce qui n'était pas bête.
Quant à la personne qui venait d'entrer, c'était une fille d'à peu près mon âge, voire un peu plus jeune. Elle avait des cheveux violets qui lui arrivaient aux épaules, et une peau un peu halée.
Contrairement aux autres, elle n'avait même pas prit la peine de se cagouler ou de s'habiller en noir : elle était vêtue d'un débardeur noir, qui était décolleté sans l'être trop, ainsi qu'un jean assez large et de converses. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais l'impression qu'elle ressemblait à quelqu'un que je connaissais, mais je ne savais pas qui.
— Un câlin entre frère et sœur... Car oui, ils sont frère et sœur, s'empressa-t-elle de dire à tout le monde par la même occasion.
Ils sont d'un ennui... Comme si ça intéressait tout le monde de connaître notre vie... Certains nous jetaient un léger regard surpris, notamment Hazel, qui selon moi nous regardait d'une façon particulièrement intense.
— Qu'est-ce que tu veux ? dis-je d'un ton agressif, ne pouvant me résoudre à la vouvoyer.
— Moi ? Rien. Je suis chargée de vous surveiller, et de vous divertir, peut-être.
Elle regarda autour d'elle.
— Zut, il n'y a pas de chaise ! Pas grave, par terre, ça fera l'affaire.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je la trouvai particulière. Pas de parole pour nous dire à quel point les Flamoras étaient détestables et qu'il fallait tous les exterminer. Rien de tout ça. Elle se contentait de s'assoir, et de nous regarder avec ce qui semblait être de la pitié.
— Vous auriez un sujet de conversation ?
Je redevenais assez agressive. J'étais en colère, et je ne pouvais même pas sortir aller courir. Et même pas le vent, qui habituellement soufflait particulièrement fort lorsque j'avais cette émotion. En fait je me sentais vide, quand je n'avais pas mon pouvoir. Mais pas le temps d'y penser.
— Et peut-être qu'on a pas envie de discuter avec une Antigo qui souhaiterait nous voir disparaître, non ?
Elle me lança un regard incendiaire.
— Et peut-être que l'Antigo en question n'a rien contre les Flamoras, et est obligée d'aider les autres quand même ? Mais bien sûr, vous n'avez pas envisagé cette possibilité. Pour vous, on a tous choisi de vous faire tout ça. Mais d'un autre côté, je vous comprends.
Le silence revint. Je ne savais pas quoi dire.
— Mais bon, on va rester comme ça, à se regarder en chiens de faïence, jusqu'à ce que quelqu'un d'autre prenne le relais.
Toujours assise, elle nous observa, attendant peut-être une réaction. Personne n'en eu.
— Ou alors, je parle toute seule. Normalement, on a pas trop le droit de dire notre prénom, mais moi, c'est Seraphina, alias Sera. Comme quasiment tout le monde ici, je suis Antigo. Mon pouvoir... Je peux contrôler les rêves des gens. C'est pas hyper utile, mais c'est assez stylé.
Elle fit une grimace. Ses yeux se plantèrent dans les miens.
— D'ailleurs, tes cauchemars la nuit, c'était mon œuvre, parce que j'y étais obligée. Désolée.
Toujours aucune réponse, d'aucun Flamora. La dénommée Seraphina abandonna et resta assise, sans rien dire. C'était particulièrement ennuyant. Au bout d'un moment, j'ai craqué et je me suis mise à parler avec Ayden de tout ce qu'il m'était arrivé, en chuchotant et ignorant ceux qui nous jetaient un coup d'œil, l'Antigo par exemple.
Ayden se retint de pousser une exclamation, quand il apprit que j'avais rencontrée notre mère, qui plus est celle qui a prédit la prophétie. Sans entrer dans les détails, je lui ai raconté l'histoire de Solange. Comme moi, il était assez compréhensif.
Le temps passa. Après Seraphina, ce fut à Electro-Girl de nous surveiller. Quant à elle, elle ne prononça pas un mot, ce qui m'étonna.
Pendant ce temps, on nous amena de la nourriture. Je fus étonnée en voyant le contenu des assiettes : c'était de la semoule avec des knacks. Un vrai plat. J'avais du mal à y croire, mais c'était vrai. Il était cependant livré sans couverts.
Ç'aurait été trop pour eux.
On fut bien obligés de manger de façon bien dégoûtante, mais pas le choix. La nourriture était peut-être bourrée de produits mauvais pour nous, mais ce n'était très grave. De toute façon, je devrai sans doute mourir bientôt, autant que ça ne soit pas de faim.
Puis, lorsqu'ils éteignirent les lumières, décrétant que c'était l'heure de dormir, tout le monde se glissa dans son lit, toujours habillés et pleins de crasse. Moi, comparé aux autres, j'avais pu me laver avant de venir. Certains des Flamoras avaient dû aller en cours physique et ne pas avoir eu le temps de se changer.
Le silence régnait dans la pièce. Personne n'osait même tousser, et on était dans le noir le plus total, tellement que je ne savais même pas si on était surveillés ou pas.
J'étais tellement fatiguée que je me suis endormie facilement.
*****
— Tout le monde debout !
À coups d'instruments qui s'apparentait à des cymbales -n'étant absolument pas musicienne, je n'y connaissais rien-, un homme que je ne connaissais pas nous tira de notre sommeil.
— À quoi ça sert de nous réveiller si c'est pour nous faire attendre, encore ? dit une voix.
C'était Hazel. Ma cellule étant tout à droite de la pièce, en face de là où entraient les Antigos, celle d'Hazel était forcément à ma gauche.
L'homme leva les mains vers le haut, montrant qu'il n'y était pour rien. Il avait déposé ses deux cymbales sur le sol. Assez petit pour un homme, il avait l'air d'avoir la quarantaine. Ses cheveux coupés très court étaient noirs et il avait des yeux presque doux. Si il ne faisait pas partie de la LCF, je l'aurais trouvé assez avenant.
— Moi, je fais juste ce qu'on me demande ! J'effectue les ordres ! Tu pausera la question au chef...
Cet homme fut également chargé de nous surveiller pendant ce qu'il me semblait être la matinée. On n'avait aucune notion du temps, ainsi c'était difficile de savoir.
Ce qui était bien, dans l'ennui, c'est qu'on avait le temps de réfléchir. Je commençai à culpabiliser pour Anaïs, qui devait se faire un sang d'encre, et même à Solange, qui avait promis de venir me chercher si je ne la prévenais pas que j'allais bien. Mais comment elle pourrait ? Elle n'avait aucun moyen de savoir...
Raphaël n'avait pas montré signe de vie depuis hier. Je ne comprenais pas ce qu'ils comptaient faire de nous.
Le reste de la journée se passa de la même façon. Ne rien faire. Manger. Regarder les Antigos alterner. S'ennuyer encore et encore. Ayden et moi avions épuisé tous nos sujets de conversation.
Je passais une bonne partie du temps à moitié allongée dans mon lit, à réfléchir à la vie. Je me sentais vide sans mon pouvoir. La caresse du vent sur ma peau me manquait. J'étais tellement désespérée que je passai mon temps à essayer, sans succès.
Je n'avais pas assez d'énergie pour faire autre chose que dormir à moitié. Les Antigos n'étaient pas bavards, ou ils n'avaient pas le droit de faire la conversation.
Mes proches me manquaient. Mes pensées étaient essentiellement tournées vers Adam et Anaïs. J'espérai très fort qu'il ne leur était rien arrivé.
Je n'avais pas revu la dénommée Seraphina, mais j'avais réfléchi à son cas. Et si elle avait juste fait la comédie pour gagner notre empathie ? Ça me semblait plausible. De toute façon, j'avais l'impression de ne plus pouvoir faire confiance à personne.
Au bout d'un moment, pour notre plus grand malheur, ce fut à Weapons-Hands de nous surveiller. Ça me faisait bizarre de le voir sans ses doigts meurtriers, mais logiquement, son pouvoir lui permettait de les sortir ou de les rentrer. Son œil gauche était bandé par un cache-œil de pirate.
— Mon œuvre, me souffla Ayden en voyant que je le regardai.
Lorsqu'il me vit, un sourire flippant s'afficha sur son visage. Il s'approcha de ma cellule, sans changer d'expression. Il colla presque son horrible visage à la vitre, tandis que je le toisai avec défi.
— Alors, ça fait quoi de se retrouver enfermée, sans défense ?
Surtout, ne pas s'énerver. Il n'attendait que ça, et ça bouffait de l'énergie inutilement.
— Rassure toi, ce n'est pas bientôt que tu ressortiras.
Toujours aucune réaction de ma part. Je fulminais intérieurement mais ne laissait rien paraître. Il continua de me fixer quelques secondes avant de repartir à son poste d'observation, sans rien dire d'autre.
Et c'était repartit.
L'ennui, toujours l'ennui. Au bout d'un moment, ce fut la fin du service de Weapons-Hands. Il tapa un code que je ne pus voir, et la porte commença doucement à s'ouvrir. En attendant, il restait tourné vers moi, un sourire doucereux plaqué sur son visage.
— J'ai hâte de te voir souffrir.
Il eut a peine le temps de se retourner quand une immense forme lui sauta dessus, crocs et griffes sortis. Je la reconnus aussitôt. La ligresse.
Elle sauta à gorge de Weapons-Hands, qui n'eut pas le temps de réagir qu'il pissait le sang. Accrochée à sa gorge, elle le fit tomber, puis releva la tête, pleine de sang qui coulait à flots. Elle leva une patte hérissée de griffes et donna le coup de grâce en lui tranchant la gorge.
Le sol était devenu rouge de sang. Une véritable rivière pourpre, presque noire. La ligresse aussi en avait partout. J'avais envie de vomir. Mais au moins, Weapons-Hands n'était plus.
Le regard vert de la ligresse croisa le mien, puis celui d'Ayden. Le silence s'était fait encore plus assourdissant dans la pièce, et ce n'était pas peu dire. Les Flamoras étaient à présent parfaitement réveillés, et observaient la scène. Certains se détournèrent, dégoutés par le sang.
— C'est elle, murmurai-je à Ayden.
Il comprit aussitôt ce que je voulais dire. Sa bouche s'ouvrit en grand, tandis qu'il fixait la ligresse. Celle-ci ne bougeait toujours pas, d'ailleurs. Ses yeux étaient ancrés dans les nôtres.
Son comportement m'avait fait réfléchir. Peu de meurtres étaient commis à Valquia habituellement. Je pensais à la prophétie. En fin de compte, le mot tigre et le mot ligre se ressemblaient beaucoup. Moi-même, j'avais entendu tigre lorsque Solange m'avait dit la nature de son animal. Elle avait d'ailleurs eu la prophétie par une voix qui la lui a énoncée.
Et si finalement, elle avait mal comprit, et que la prophétie ne concernait pas un tigre, mais un ligre ?
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Eeetttt une remise en question ! Et une mort ! Finalement, y'avait que le début du chapitre qui était ennuyant ! Petit chapitre aujourd'hui, mais je devais le terminer comme ça donc c'était obligé x)
A mardi les gens !
Mes images d'inspiration :
Seraphina
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