
Chapitre 22
PDV Emma
BIP ! BIP ! BIP !
Un bruit strident me réveilla en sursaut. Celui du camion des éboueurs, ramassant les poubelles. Je le maudis intérieurement d'avoir raccourci ma nuit.
La pénombre de la pièce, causée par les volets, ne me permettait pas d'évaluer l'heure approximativement. Je tournai la tête vers l'extérieur du lit, cherchant mon téléphone du regard, qui normalement devrait être posé sur la table de nuit à côté de mon oreiller.
Il n'y était pas.
Comment diable avais-je bougé pendant mon sommeil ?
Je me tournai de l'autre côté pour tenter d'y comprendre quelque chose, mais ce que je vis me dépassa encore plus.
Adam était de l'autre côté du lit. À l'opposé de moi, certes, mais dans le même lit tout de même. Le matelas gonflable était si grand qu'au lieu de faire deux places, comme il devait normalement être, il paraissait comme s'il y en avait trois.
Je réfléchis à ce que j'aie pu faire pour atterrir dans cette situation. Je trouvai vite. Tout me revint. Mon cauchemar. L'histoire d'Adam. J'avais dû m'endormir ici.
Je le regardai comme ça, paisible dans son sommeil. Étonnamment, j'avais bien dormi. Mes cauchemars n'étaient pas revenus après avoir dormi, et tant mieux.
Il finit par se réveiller. Ses yeux se posèrent directement sur les miens après qu'ils se soient ouverts. Un sourire éclaira son visage.
— Salut, dit-il.
— Salut.
— Bien dormi ?
— Étonnamment, oui ! Je ne me souviens pas d'avoir eu des rêves après m'être rendormie... Je pense que c'est bon signe !
Il parut pensif quelques secondes, avant de, sans doute, repenser à quelque chose :
— Au fait, si tu es toujours là, c'est parce que je n'ai pas osé te bouger... De base, je voulais faire une nuit blanche, pour ne pas te déranger, mais le sommeil a eu raison de moi, expliqua-t-il, son sourire s'élargissant un peu plus.
Puis il reprit :
— J'espère que ça ne te dérange pas...
— Absolument pas ! J'ai même l'impression que j'ai mieux dormi que d'habitude...
On se regarda en silence. Aucun de nous deux ne savait quoi rajouter, apparemment.
— Il est quelle heure ? dis-je finalement.
Adam se tourna vers l'extérieur du lit. Selon moi, il devait regarder son téléphone, car la pièce s'éclaira de la lumière caractéristique.
— 8h42, dit Adam en se retournant vers moi. On se lève ?
— Personnellement, je ne pense pas pouvoir me rendormir, répondis-je.
— Moi non plus.
Il se leva, tendant sa main pour m'aider à faire de même. On descendit ensemble les escaliers. Anaïs n'était pas encore réveillée. Elle, c'était une vraie lève-tard.
On traîna toute la matinée. On ne voulait pas sortir dehors et risquer d'inquiéter Anaïs. Lorsqu'elle finit par arriver, il était 11h46. Elle avait l'air en forme.
— Vous êtes levés depuis longtemps ? demanda-t-elle en s'installant à côté de moi sur le canapé.
— Depuis 8-9h, répondis-je.
— Je comprendrais jamais comment tu fais pour te lever aussi tôt, rigola mon amie.
— Et moi, comment tu fais pour te lever aussi tard ! rétorquai-je.
— Je dors !
Elle éclata de son rire si mélodieux, que j'aimais tant.
*****
Après avoir mangé, Adam et moi nous sommes transformés. Aucun de nous deux ne voulait risquer de dégrader la relation avec notre animal, ainsi nous étions obligés de le faire. Anaïs fut émerveillée de nous voir ainsi.
Je rêvais de me balader sous ma forme animale, mais c'était impossible. Un tigre, ainsi qu'un lion, se ferait très facilement repérer, même dans la forêt, qui n'était pourtant pas particulièrement fréquentée.
L'après-midi, nous sommes également allés nous entraîner, dans la forêt. Anaïs était restée chez elle. Elle avait un rendez-vous amoureux avec Raphaël.
Adam et moi sommes partis à pied. La forêt était à une quinzaine de minutes de la maison d'Anaïs : ça ne servait donc à rien de prendre le bus. On s'est bien enfoncés dans la forêt pour avoir moins de risques d'être vus, même si on ne comptait pas se transformer ou utiliser de vraies armes.
J'en avais une, une dague, en permanence dans la poche de mes pantalons ou accroché à leur ceinture. Maintenant, je savais plus ou moins m'en servir.
Adam et moi nous échauffâmes dans les chemins de la forêt. Ils étaient pratiques, et comme ils n'étaient pas plats, ils travaillaient beaucoup plus les muscles que si ils l'étaient. Nous avions emportés chacun un petit sac à dos, dans lesquels on avait mis une gourde ainsi que notre téléphone.
— On va essayer de faire du combat en corps à corps. Tu vas essayer de me faire tomber, et moi je vais tenter de t'en empêcher.
— Mais je ne vais jamais y arriver ! On n'a pas du tout la même carrure...
— Ça ne fait pas tout ! C'est pourquoi la technique, et aussi la vitesse, jouent beaucoup dans un combat. On ne peut pas tout miser sur notre physique et celui de notre adversaire. Et puis, l'ennemi ne fera pas un traitement de faveur parce que tu es moins massive que lui.
C'est vrai. Adam avait raison.
— Essaie de ne pas me faire trop mal, s'il te plaît, plaisanta-t-il. Je veux pouvoir m'entraîner à nouveau demain.
Il se plaça devant moi, en position de combat. Je fis de même.
— Quand tu veux, dit-il.
Je fonçai vers lui, sans aller trop vite pour ne pas m'épuiser. J'essayai alors plusieurs techniques : le pousser à différents points, faire des feintes... Aucune ne fonctionnait. Cependant, lorsque j'ai tenté de faire un coup de pied, j'eus le droit à des réprimandes :
— Les croche-pieds, pour le moment, à bannir ! Tu as un équilibre assez précaire. N'essaie pas des techniques plus avancées avant de les avoir apprises, tu risquerais de te faire mal ou de te mettre en difficulté pour le reste du combat. Ça ne vaut pas le coup.
On continua ainsi. Mon souffle, au fur et à mesure du temps, se fit plus rapide et plus court. À part contrer mes attaques et les esquiver, Adam ne faisait rien d'autre. Ici, son but était de m'entraîner, sans riposter. Il me donnait également des conseils par ci par là, lorsqu'il y avait besoin.
— Essaie de plus observer mes mouvements, de les deviner et de les analyser. Tu pourras ainsi trouver les points faibles, et je te promets que j'en ai.
Je faisais de mon mieux pour appliquer le mieux possible ses conseils, mais c'était assez compliqué. Il fallait penser à beaucoup de choses à la fois, et les appliquer, tout ça en se protégeant soi-même.
Je commençais à m'épuiser. Lorsqu'on bougeait de cette manière, le temps semblait affreusement long et on s'épuisait assez vite.
— On peut faire une pause ? demandai-je finalement.
Il réfléchit un peu avant de répondre.
— Oui, mais pas trop longtemps. Là on est en entraînement, mais sur le terrain, ça ne sera pas possible.
— Oui... Je comprends.
Je pris ma gourde, que j'ai posée au bord de la zone qu'on avait sélectionnée pour s'entraîner, et en but une partie. Peu après, on reprit.
Je n'arrivais à rien. J'avais beau rester un peu toutes les techniques, aucune ne marchait. Adam avait été habitué à les contrer, et je n'en connaissais encore qu'assez peu. Soudain, une illumination me vint. Je n'avais rien essayé vers l'arrière. Pendant que je faisais une énième attaque devant Adam, je réfléchis à comment faire ma manœuvre, avant de la mettre en place.
Avant qu'il ne se rende compte de ce qu'il se passait, je plaçais mon avant-bras en haut de son thorax, avant de le tirer vers moi tout en le poussant vers l'avant avec ma jambe contre la sienne. Ensuite, je m'écartais rapidement pour le laisser tomber.
Un sourire triomphant s'afficha sur mon visage. Adam sourit, lui aussi. Même si j'avais réussi à le faire tomber, il n'était pas dépité, mais, au contraire, plutôt fier d'avoir réussi à me faire progresser. Je tendis mes mains pour l'aider à se relever.
— C'est bien joué ! me félicita-t-il. Tu n'as pas énormément de défauts, surtout pour une débutante. Tu devrais juste penser à mieux analyser ton adversaire, mais honnêtement, avec de l'entraînement, tu pourrais devenir une bonne combattante !
Mon sourire s'élargit. J'étais contente de moi, et c'était rare.
— Je pense qu'on peut s'arrêter maintenant, qu'est-ce que t'en penses ? Et on pourrait rentrer en courant, ça peut faire du bien !
J'acceptai les deux propositions. J'adorais courir, et ça, Adam l'avait bien comprit. Avec mon sac sur le dos, et ma gourde qui sautait dans tous les sens à l'intérieur, c'était moins agréable, mais ça ne me dérangeait pas trop.
Le reste de la soirée fut assez tranquille. Anaïs préparait des repas simples, mais tout de même bons et efficaces.
— N'hésite pas à retourner me voir, même si je dors, dit Adam pendant qu'on se préparait à se coucher.
Je dormis sous forme animale, cette fois. Mais même comme ça, ça ne me satisfaisait pas. Je faisais encore des cauchemars, même s'ils étaient moins intenses. Mais je ne me résoudais pas pour autant à réveiller Adam, malgré ce qu'il m'avait dit.
Le lendemain, je me suis réveillée fatiguée. Ce jour-là, on travaillait différentes choses sans combattre, comme le renforcement musculaire, la proprioception, la gymnastique...
J'étais heureuse de voir que je n'avais pas perdu la souplesse de toutes ces années de gymnastique, ou très peu. J'étais même meilleure qu'Adam dans ce domaine, et à mon avis, c'était bien le seul.
Le soir venu, j'ai encore fait un cauchemar intense, même sous ma forme animale.
Cette fois, c'était Faline qui se faisait brûler au bûcher, entourée de dizaines d'Antigos qui encourageaient les flammes. Charmant.
Je me suis réveillée en sursaut. Je n'avais pas crié, mais ça avait suffi pour alerter Adam, qui m'avait aussitôt invitée dans son lit, à côté de lui. J'ai hésité, mais je suis finalement venue.
Au départ, je m'étais mise à l'opposé d'Adam, pour ne pas le déranger, mais au final, je m'étais retrouvée blottie contre lui.
J'avais bien dormi cette fois-ci. Je ne savais pas pourquoi, mais maintenant, seul Adam chassait les cauchemars. Je pense qu'il ne fallait pas chercher à comprendre.
On s'est entraînés avec nos animaux, cet après-midi-là, dans le garage d'Anaïs.
Malgré le fait qu'il était en bazar, ce dernier était immense. Il y avait des étagères contre les murs, qui débordaient d'un peu partout, et la poubelle de recyclage, mais pas grand-chose d'autre. C'était, je pense, la seule pièce dérangée de la maison d'Anaïs.
Adam me montrait de nouvelles techniques de combat. Le combat sous ma forme de tigre était également quelque chose que je maîtrisais assez bien, et que j'appréciais.
Alors qu'Adam me montrait une technique pour faire le crochet droit, j'entendis la porte du garage s'ouvrir. Aucun de nous deux n'y prêta attention. C'était sans doute Anaïs.
Je me retournai cependant pour vérifier, et, comme par hasard, ce n'était pas ma meilleure amie.
C'était Raphaël. Et il nous avait vus sous forme animal.
Sous le choc, il lâcha le papier qu'il tenait à la main, qu'il avait sûrement dû vouloir mettre à la poubelle. Lui, quand il était dans cet état-là, il avait tendance à se figer et à ne plus prononcer un mot. Ici, c'était le cas.
Je me transformai aussitôt pour tenter de le rassurer. Il me regarda, les yeux écarquillés.
— Je vais tout t'expliquer, promis-je. Adam, tu peux te métamorphoser ? Ça sera plus simple.
Toujours aussi surpris, face à une personne qu'en plus il n'avait vue qu'une seule fois, Raphaël resta dans la même attitude. J'entrepris alors de lui expliquer l'histoire sans entrer dans les détails. Que j'étais Flamora, Adam Métamorphe, et que des Antigos me voulaient du mal, ainsi que j'étais scolarisée à Chromatica.
Il fut compréhensif et repartit peu après m'avoir promis de ne rien dire à personne. Il m'avait expliqué qu'il sortait avec Anaïs. Comme tous les jours, ou presque.
Adam et moi renonçâmes à continuer de s'entraîner. On est donc allés se promener dans les rues. Cet été n'était pas trop chaud, c'était donc assez agréable de sortir dehors.
Après une bonne heure à déambuler dans les rues, on s'est finalement arrêtés au premier café que nous avions repéré, pour prendre une gourmandise en guise de goûter. Pour ma part, j'ai mangé un pain au chocolat.
J'aperçus, alors qu'on dégustait notre goûter, une femme qui nous regardait de loin, elle aussi assise à une table. Je ne savais pas pourquoi elle nous fixait ainsi. Je suis allée jusqu'à me demander si j'avais quelque chose sur le visage.
Elle avait l'air d'avoir la cinquantaine, à peu près. Elle avait de longs cheveux lisses d'une couleur particulière : même de loin, je pouvais voir les mèches presque blondes qui parsemaient sa chevelure brune. Elle avait un teint hâlé, et des yeux assez clairs dont je ne parvenais pas à en déterminer la couleur.
Je reportai mon attention sur Adam, devant moi.
— Et après ? Qu'est-ce qu'on fera ? On ne peut pas rester chez Anaïs indéfiniment...
— Je t'avoue que je ne sais vraiment pas, répondit Adam. On vit vraiment au jour le jour. On ne peut faire confiance à personne...
Je supposais qu'il faisait allusion à Naïa. Il avait raison.
— Bientôt, je vais finir par apprendre que Ringer m'a trahi... continua-t-il d'un ton amer. On ne sait pas où donner de la tête.
Je partageais ce point de vue. On ne savait pas de quoi était fait demain. Parfois, j'aimerais juste pouvoir voir dans l'avenir pour voir de quoi il était fait.
En ressortant, je vis la dame que j'avais repérée précédemment marcher rapidement vers nous.
— Attendez !
Je fais signe à Adam de s'arrêter et fais de même pour l'écouter. De près, j'apercevais ses profondes cernes et ses quelques cheveux blancs, dans doute dus au stress et à l'âge. Ses yeux, que je ne voyais pas bien tout à l'heure, étaient d'un vert brillant. Plus jeune, elle avait dû être une très belle femme.
— Venez avec moi, dit-elle d'un air presque affolé. Ils arrivent !
Cette femme était complètement folle. Je jouais cependant le jeu.
— De quoi vous parlez, madame ? répondis-je poliment.
Elle poussa un soupir qui avait l'air agacé que l'on ne comprenne pas de quoi elle parlait.
— La LCF. Ils savent où vous êtes.
— La quoi ?
— La LCF, soupira-t-elle. Lutte Contre les Flamoras.
Ah. Elle n'était peut-être pas aussi folle que ça, en fin de compte.
— Comment vous les connaissez ?
Elle sourit.
— Je suis moi-même Flamora. Je vois l'avenir. C'est pour ça que je sais que si vous ne me suivez pas, vous allez vous faire prendre par la LCF.
J'échangeai un regard avec Adam. Lui non plus ne savait pas quoi faire.
— Et pourquoi on vous ferait confiance ?
Elle regarda autour d'elle, comme pour vérifier que personne ne nous regardait. Au final, elle répondit à voix basse :
— C'est moi qui ai reçu la prophétie.
.
.
.
Je vous avais prévenus ! La voici enfin ! Vous êtes pas prêts non plus à ce qu'elle va révéler après x) en tout cas, c'est un très long chapitre aussi !
Bref, à mardi :D
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro