Chapitre 13
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Le lendemain, nous nous sommes levés à 11h, sauf la mère d'Adam, qui travaillait même en ce dimanche. J'allais mieux qu'hier, j'avais moins mal, il me restait majoritairement que des douleurs musculaires. J'étais en train de me dire que j'avais un système immunitaire en béton armé.
— Tu crois que tu peux me montrer ton tigre ? demanda Anaïs, après notre petit déjeuner tardif. Pour que je ne le voie pas qu'en train de se faire tabasser...
— Non, répondit Adam à ma place.
— Non ? répétai-je, les sourcils froncés.
— C'est pas prudent, s'expliqua-t-il. Tu ne t'es pas transformée pendant plusieurs jours, il pourrait être frustré... Et ça pourrait être dangereux pour toi, dit-il à mon amie. Ça serait mieux qu'on le fasse de notre côté.
— Je comprends, dit-elle.
Un peu de temps plus tard, une petite heure, Adam annonça qu'il était temps de raccompagner Anaïs. J'étais toujours en chemise de nuit, n'ayant rien d'autre pour m'habiller.
— Adam, tu viens avec nous ? demandai-je.
— Je pense, pour ne pas prendre le risque que tu te fasses à nouveau attaquer, fit-il.
On avait décidé de nous téléporter chez moi, puis d'aller à pieds chez Anaïs pour la raccompagner. Elle fut émerveillée par le voyage.
J'avais réussi à me dégoter des chaussettes ; c'était plus confortable, pour marcher. J'étais en chemise de nuit, mais dans notre petite ville de campagne, il n'y avait quasiment personne.
— On se revoit bientôt, dis-je après un dernier câlin.
— Oui, et on se tient au courant de... Tout !
— Il faut qu'on dise tout au directeur, dit Adam quand elle fut rentrée.
— Tu crois ?
— Il se montrera compréhensif, je pense... Et avoir un adulte pour nous aider à réfléchir, ça pourrait être bien... Après, c'est comme tu veux...
— Je pense que je vais le faire. Mais en arrivant, je me change...
— Bien sûr. Ah oui, le groupe habituel mange à l'Intermission, tu viens ?
— Je pense.
On repartit tous les deux à Chromatica, avec nos pendentifs respectifs. Je filai directement à la Salle des Miroirs, direction ma chambre, et me débarbouillai rapidement, avant de me rhabiller. Sur mon visage, on ne voyait quasiment plus la cicatrice de quand l'homme au bouclier en avait fait un, lorsque j'étais en train de mordre Weapons-Hands.
Je refis le même voyage que précédemment. Adam était toujours là.
— On va voir le directeur ? proposa-t-il.
— Quoi, maintenant ?
— Le plus tôt sera le mieux. Et puis, il n'est qu'à peine midi.
— D'accord...
Nous allâmes ensemble dans le couloir du bureau de M. Archillac, en voyage de Miroir, et je toquai à la porte.
— Entrez ! fit-il.
— Bonjour, dis-je en refermant la porte derrière Adam. Je voudrai vous parler de... quelque chose d'important.
— Je vous écoute.
— Je suis une Flamora.
Il parut à peine surpris. Son regard suggérait que je continue. Ce que je fis, bien sûr.
Je lui ai donc raconté l'attaque, la nature de mes pouvoirs, et le fait que j'étais parfois transparente. Il m'a écouté jusqu'au bout, sans m'interrompre.
— Ils savaient dès le début que j'étais Flamora... Je ne sais pas comment, je ne l'ai dit à personne...
— Peut-être qu'ils ne le savaient pas, ou qu'ils n'en étaient pas sûrs, mais tu leur as donné une confirmation, répondit le directeur.
— Je n'avais pas le choix...
— Je sais bien... Maintenant, j'espère juste qu'ils ne feront rien d'autre, mais j'en doute... Si jamais un évènement de cette sorte se reproduit, ou même, quelque chose venant de ces gens, n'hésite pas à me le faire savoir. Je pense qu'ils ne sont pas seuls.
Il nous congédia, ensuite, et nous nous téléportâmes directement au restaurant.
Naïa, Ringer, Vista, une fille du nom de Lou, Minsi, Mint et Ayden étaient déjà installés à la table habituelle. Ils nous accueillirent pour la plupart avec un sourire.
— Ça va ? fit Naïa, qui se chargeait quasiment toujours d'entretenir les conversations.
Je failli répondre non, que ça n'allait pas trop, que j'avais frôlé la mort il y a deux jours, mais je me ravisai. Elle ne devait pas savoir.
— Ça va, répondit Adam.
— Qu'est-ce qu'il vous est arrivé, à tous les deux, hier ? On vous a pas vus de la journée !
— Euh... j'étais chez ma mère, dit Adam en toute honnêteté en s'asseyant à l'une des places libres.
— Moi chez mes parents, ajoutai-je peut-être un peu précipitamment en faisant de même, en m'installant à côté de Vista, au bout de la table.
Après quelques discussions, Naïa proposa :
— Et si on prenait un verre ?
— Pourquoi pas ! répondit Ringer.
Lorsque le serveur arriva avec les cartes des apéros, je fronçais les sourcils. Je ne connaissais aucun des breuvages proposés.
— Vous me conseillez quoi de pas très fort ? demandai-je à la cantonade.
— Le Brisir est excellent, je trouve, commenta Vista. D'ailleurs, je vais en prendre aussi !
Les autres prirent eux aussi leurs commandes. Le serveur revint quelques minutes plus tard. On fit passer à Vista, au bout de la table, son verre, et le mien. On trinquant ensuite tous ensemble.
— À nous !
Le Brisir était délicieux. Assez pétillant, il avait un goût fruité, même si je ne savais pas identifier lequel. Il avait une douce couleur vert clair.
En reposant mon verre, je remarquais que Vista était... pour le moins bizarre. Elle était prise de convulsions. Elle repoussa son verre, dont le contenu avait prit une étonnante teinte vert fluo. À ses lèvres se formaient de l'écume de la même couleur.
Je me précipitai vers elle ainsi que certains autres.
— Vista !
— À l'aide ! criai-je à l'intention des gens autour, de n'importe qui.
Certains venaient, mais la plupart ne faisaient rien. Sans doute plus par incapacité, ou ils s'en fichaient juste.
Toujours était-il que Vista n'allait VRAIMENT pas bien. Avec les autres, on continuait de la secouer, en espérant qu'elle réponde. Mais non.
C'est là que je me suis rendue compte qu'elle ne respirait plus.
C'était fini.
Je ne comprenais pas. Je ne savais pas. Je ne savais plus.
Je me reculai de Vista. Je ne pourrais même pas décrire les émotions qui me traversaient en ce moment. Tout allait bien, et l'instant d'après, c'était fini.
— J'appelle... La police, fit Ringer d'une voix brisée.
Je ne comprenais pas comment. Son verre était normal. Le mien aussi. Et pourtant, c'est elle qui a été tuée.
Je saisi le verre, qui avait étonnamment repris sa teinte normale. Ma main tremblait. Je sentis quelque chose d'étrange se former progressivement sur la surface de l'objet. Un papier. Je ne savais pas par quelle sorcellerie ils avaient réussi à le faire se fondre à la surface du verre, mais c'était réussi.
Il était vierge quand je le saisi. Cependant, au moment où je passai mon doigt dessus, des lettres fines, appliquées, apparurent. Je fronçais les sourcils en découvrant le message inscrit dessus.
C'est un avertissement.
Je retournai le mot, et le même phénomène se produit lorsque je mis mon index à sa surface.
C'était une Flamora.
Soudainement alertée, je relevai la tête.
— Il... Il y avait un mot... collé sur le verre, dis-je à l'intention des autres.
— Un mot ? répéta Naïa en se tournant vers moi.
— Oui... Le papier était comme... collé sur le verre, et quand j'ai mis la main dessus, il est apparu. Il y a écrit "C'était un avertissement" d'un côté et "C'était une Flamora" de l'autre.
— C'est curieux... répondit-elle. Mais... Tu sais que tu fais partie des suspects potentiels ?
— Vous aussi...
— Mais toi, c'est différent, tu as eu toi aussi le Brisir, et il ne t'est rien arrivé...
— Peut-être... Mais tu ne crois quand même pas que c'est moi qui ai...
Je ne parviens pas à finir ma phrase. Elle resta bloquée au fond de ma gorge.
— Ça m'étonnerait... Mais parfois, on croit connaître les gens, mais en réalité, leur nature est tout autre...
Je vis rouge. Peut-être que Naïa avait vécu des choses avec quelqu'un, qui l'avait peut-être trahie, mais elle ne pouvait pas m'accuser comme ça.
— Et puis, il y a aussi le fait que je me transforme en tigre, et que vous pensez que je suis Flamora et que je voudrais réaliser cette fichue prophétie ? criai-je en crachant presque.
Je les défiais du regard. Ringer baissa les yeux. Je pris ça pour une réponse.
— Vous me dégoûtez, fis-je.
Je pris le papier, que je roulai en boule dans ma poche.
— J'ai besoin d'air, les informa-je en me dirigeant vers la sortie du restaurant.
— Mais tu ne connais pas ici, protesta Naïa.
— Naïa, juste, ta gueule. Ne fais pas comme si tu t'inquiétais pour moi.
— Mais...
Actuellement, je me fichais bien de son avis. J'avais envie d'être seule. Je savais très bien que j'étais sans doute parano, mais tant pis.
Je sortis de l'Intermission en courant presque. Autant dire que je ne m'attendais pas à ce que je vis dehors.
La rue dans laquelle je me trouvais me faisait penser à celles de villages du sud de la France, de part ses bâtisses aux murs clairs, avec une touche de couleur par ci par là, mais aussi de ses plantes un peu partout.
Même sans aimer particulièrement le shopping, les boutiques me donnaient envie d'entrer dedans pour tout acheter. Enfin, plus tard, quand y'aura plus de problème de meurtres et de prophéties.
Il y avait des miroirs un peu partout. Cependant, ils n'étaient pas aveuglant : étonnamment, le soleil ne s'y reflétait que très peu. D'ailleurs, la rue était déserte ; les gens ne devaient pas beaucoup prendre le temps d'y passer, grâce à la téléportation.
Il faisait un peu frais, dehors, sans doute à cause de la tempête qui faisait rage : mon œuvre. Le vent soufflait selon mes humeurs.
Je me mis à courir. Je ne savais évidemment pas où j'allais. Ça faisait du bien, pour une fois, de se perdre quelque part.
Je courrai à travers les rues, à réfléchir à tout et n'importe quoi : aux événements d'aujourd'hui, de l'attaque de Weapons-Hands et son acolyte, de la vie en général...
Des dizaines de questions me vinrent sur le chemin ; je les poserais aux autres si je trouve une occasion. Mais pour l'instant, c'était le moment de courir.
La sonnerie de mon téléphone, que je reconnus aussitôt, retentit en résonnant dans les rues, toujours vides de monde. Ça devait être quelqu'un qui me demandait de revenir.
— Amène toi, me dit la voix d'Adam. Les flics sont là.
Il raccrocha sur ces mots, sans attendre de réponse. Je me mis soudain à paniquer. Et si, finalement, lui aussi se mettait à m'accuser ? Avec ce qu'il m'avait dit la nuit dernière, c'était sûr que je le prendrais mal.
Je ralentis cependant le rythme et passai dans le miroir le plus proche. Vu la quantité de ces derniers, ce ne fut absolument pas difficile d'en trouver un.
Le restaurant avait bien évidemment fermé ses portes aux clients : ceux qui n'avaient pas finis avaient été obligé d'aller autre part. Les policiers étaient vêtus de costumes violets foncé, assez légers mais bien protégés, et des armes un peu partout. Je pensais qu'ils devaient également avoir une métamorphose impressionnante.
Ils nous firent passer des tests en tout genre : salive, empreintes digitales... Ils avaient fait la même chose aux personnes du restaurant, et avaient emmené Vista autre part.
Ils n'ont rien trouvé. Rien ne correspondait aux échantillons prélevés sur le verre, sauf ceux des mains du serveur et de la personne qui avait préparé le verre. Mais les policiers n'avaient aucune certitude pour le moment.
Ils nous ont libérés après au moins une heure de tests. Ils avaient décidé de revenir nous chercher s'ils trouvaient quelque chose. Moi, j'avais fait ce qu'ils avaient dit, mais je n'avais pas tout suivi, car j'étais toujours choquée. Les autres aussi, pour la plupart. Certains avaient pleuré, comme Naïa, dont le maquillage avait un peu coulé.
C'était le moment de rentrer et de tout annoncer aux autres.
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Je vous avais prévenus ! Il s'est passé des choses ici ahah (et spoiler, c'est pas fini) bref prochain chapitre costaud aussi préparez vous !
Mes sources d'inspiration :
L'architecture à Valquia serait de ce genre là (avec plus de miroirs) :
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