Chapitre 12
PDV Emma
Je me réveillais, toute engourdie. J'avais mal partout. Je ne connaissais pas cet endroit où je me trouvai en ce moment. Je relevais la tête. J'étais à l'entrée d'une maison, ou d'un appartement, au dessus d'un sac de couchage. Je ne distinguais pas grand chose, il faisait nuit. Mais même dans la pénombre, je voyais bien Adam, assis sur une chaise, assoupis.
— Qu'est-ce que...
Cette simple phrase de ma part parvint à le réveiller. Il regarda autour de lui, et ses yeux se posèrent sur moi.
— Emma ! Tu es réveillée !
Il se leva de sa chaise et s'assit à côté de ma personne, avant de me faire un câlin. Il ne me serra pas fort. Malgré tout, je le sentis quelque peu... S'enfoncer, comme dans du sable, à travers mon corps. Zut... J'étais encore transparente. Et puis... J'avais mal au niveau des omoplates... Je me demandais pourquoi, quand tout me revint. Le combat. Weapons-Hands. La bourrasque qui m'a fait perdre connaissance. Je lançais un regard presque épouvanté vers Adam. Il avait vu mes pouvoirs.
— Où suis-je ? demandai-je d'abord.
— Chez moi, répondit-il. Dans ma maison sur Terre.
Il ne me laissa pas le temps de répondre et reprit.
— On a eu tellement peur, Emma ! Tu étais devenue transparente, je n'avais jamais vu ça...
Alors, comme ça, il m'avait vue transparente...
— On a cru que tu allais mourir !
— Attends... C'est qui, "on" ?
— Anaïs et moi.
— Elle est ici ?
— Oui... On se relaie pour faire des tours de garde pour te surveiller... C'est le seul endroit où on pouvait t'emmener... À Chromatica, ils ne pourraient rien faire de plus que te laisser dehors comme ça...
Il fit une pause.
— Alors donc, tu es une Flamora ?
— Euh... Oui... Et... Je comprendrais que tu veuilles prendre tes distances...
— C'est une plaisanterie ?
— Euh... Non...
— Emma, ça ne fait que quelques semaines qu'on se connaît, mais tu es déjà une des personnes les plus importantes à mes yeux.
Il y eut un silence gênant après cette révélation. Je ne savais pas s'il attendait une réponse. Je ne savais même pas si j'en avais une à lui donner. Au bout d'un certain temps, il reprit la parole.
— Donc... C'est quoi ton pouvoir exactement ?
— L'air, mais... Avec des choses en plus. Genre... Je peux... Voler ? Un peu ? Mais je me transforme en courant d'air plus ou moins...
— C'est génial ! Ça se trouve, tu as plusieurs... Pouvoirs dans le pouvoir... C'est assez cool ! Sinon, tu sais pourquoi t'es devenue transparente ?
— C'est en rapport avec mon pouvoir je pense... Ça m'est arrivé quelques fois, quand j'avais fait de gros efforts physiques... Je ne sais pas pourquoi. En tout cas, j'étais redevenue normale après.
Je regardai mes mains décolorées. Je n'osais pas imaginer à quel point elles l'étaient après m'être évanouie.
— Je suis restée inconsciente combien de temps ?
— Un jour entier environ. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, avec Anaïs, on s'est relayés pour te surveiller, au cas où tu te réveillerais...
— Merci, vraiment, de tout ce que vous avez fait...
— Pas de problème.
— Et... Pourquoi t'as une maison sur Terre ?
— C'est celle de ma mère. En fait... C'est une Arcano.
— Ah ouais ?
— Oui... Souvent, les unions entre un Métamorphe et un Arcano sont méprisées, on pense que ça ne mène à rien, et la société actuelle ne conçoit pas les "hybrides" comme ils disent... Mais être Métamorphe, en soi, ça ne mène qu'à quelques gènes différents, mais souvent, on se fait dénigrer, et c'est difficile de se faire une place...
Adam se replaça sur le sac de couchage.
— Moi, j'ai fais mes preuves, les gens n'y pensent plus maintenant. Et tu sais quoi ? On s'en fiche, des origines des autres. Métamorphes, à demi ou pas, Flamora, en soi, on est tous pareils. Les gens n'ont pas à nous voir différemment que d'autres à cause de choses qu'on a pas choisies. Tu n'es pas une personne différente depuis que je sais que tu es une Flamora... Et même si tu étais l'élue de la prophétie, c'est écrit depuis longtemps, ça se réalisera de toute façon... Alors, je vais pas m'éloigner de toi, tu rêves !
Cette fois, ce fut à moi de lui faire un câlin. Mes omoplates me faisaient toujours souffrir, mais c'était nécessaire.
— Mes parents sont séparés, mais se supportent toujours, dit Adam. Ils se voient encore de temps en temps.
Il y eut un silence. Je ne savais absolument pas quoi dire.
— Sinon, tu sais comment on peut te faire redevenir normale, enlever la transparence ? demanda-t-il ensuite.
— Les dernières fois, j'étais redevenue normale après avoir repris des forces. Je pense que je devrais manger quelque chose.
— Je vais voir ce que je peux te donner, fit Adam en se relevant.
Je fis de même. J'eu aussitôt la tête qui tournait et les jambes qui flanchent. Je me rattrapais au mur, mais au moins j'étais debout. Adam se retourna d'un air catastrophé.
— Tu es blessée !
— Mais pas aux jambes !
— Ce n'est pas pour ça que tu peux marcher, regarde, tu tiens à peine sur tes jambes !
— J'y arriverai !
Visiblement habitué du fait que je sois très têtue, il n'insista pas.
— T'as faim comment ?
— J'ai la dalle !
Adam sortit une casserole et commença à cuire des pâtes. En temps normal, je n'aurai pas réclamé, ou je les aurai faites moi-même, mais là, j'étais reconnaissante envers lui de le faire.
Il me servit mon assiette, remplie à ras-bord, que je mangeai goulument après m'être assise à table. Soudain, j'entendis des bruits de pas, pourtant discrets. Adam aussi, apparemment ; l'ouïe de félin y jouait évidemment. Anaïs arriva du couloir. Elle avait d'énormes cernes sous les yeux.
— Emma !
Elle courut vers moi et m'enlaça délicatement, toujours à cause de mes blessures.
— Tu vas mieux ? me demanda-t-elle en m'inspectant de haut en bas.
— Je suppose que oui, répondis-je. Je ne suis plus transparente.
Effectivement, j'avais littéralement repris des couleurs après avoir mangé. En parlant de transparence... Il fallait que je lui raconte toute l'histoire.
— Adam m'a dit que tu me raconterais tout, dit Anaïs.
— Maintenant ?
— Oui ! Sauf si tu es trop fatiguée, dit Anaïs.
— Non, ça va. Alors... Commençons par le commencement. Après être rentrée de notre soirée, sur le chemin, j'ai failli me faire violer quand je me suis mise à faire des postures de combat que je ne savais même pas que je connaissais...
Je lui déballai alors toute l'histoire. À la fin, elle en savait sûrement autant que moi.
— Je ne sais pas quoi penser, dit Anaïs. Ça ne te fait pas peur, toute cette histoire de prophétie, et cætera ? Tu risques beaucoup...
— J'essaie de ne pas y penser... Mais je ne sais pas, ça ne fait même pas longtemps que je fais partie de ce monde, et j'ai déjà failli mourir... Je ne sais pas.
C'est en disant ces mots que je me rendais compte d'à quel point l'avenir était incertain... Tout cela était compliqué, fou...
On passa quelque temps à discuter. Je lui confiais absolument tout sur ma nouvelle vie. Ça me faisait du bien de tout déballer à ma meilleure amie.
Cette dernière avait dit à Raphaël qu'elle dormait chez moi et y passait la journée ; il avait apparemment renvoyé tous les invités de la soirée chez eux, et ne comprenait rien à ce qu'il se passait. Anaïs avait dégoté plein d'excuses bidon pour s'expliquer. Elle ne savait absolument pas s'il y croyait ou pas.
Lorsqu'Anaïs termina une énième conversation, Adam, qui écoutait sans vraiment participer, prit la parole.
— Ma mère a demandé à être réveillée quand tu reprenais de la consistance, dit Adam, pour qu'elle puisse te soigner.
Je l'interrogeai du regard.
— Elle est infirmière, expliqua-t-il.
— La dérange pas pour ça, fis-je. Je survivrai.
— Elle va piquer une crise si elle apprend que tu l'as fait toute seule.
— C'est pas une bonne idée...
— C'est la sienne. J'obéis à ma mère, fit-il avec un sourire en allant dans le couloir.
Il revint quelques minutes plus tard avec une femme d'une cinquantaine d'années. Il lui ressemblait beaucoup : ses cheveux, bruns et bouclés, étaient retenus en une queue de cheval à moitié défaite, et ses yeux de la même couleur que ceux de mon ami. Elle était en robe de chambre légère, et portait des lunettes rectangulaires. Elle avait l'air gentille.
— Bonjour, fis-je timidement.
Elle esquissa un sourire en guise de réponse.
— Qu'est-ce qu'ils t'ont fait exactement ? demanda-t-elle.
Elle avait une petite voix assez douce. Elle me mit en confiance immédiatement.
— Cette enflure aux mains acérées l'a attrapée directement, dit Anaïs à ma place.
Elle hocha la tête.
— Si on ne compte pas les multiples contusions, bleus ou égratignures, rajoutai-je.
— On va voir ça. Tu viens avec moi, me dit-elle, et toi, Anaïs, tu peux nous suivre si tu veux. Adam, tu peux aller dormir.
Elle nous emmena, Anaïs et moi, à travers le couloir, jusqu'à la salle de bain. Elle y ouvrit une immense armoire à pharmacie, d'où elle sortit plusieurs boîtes et "pshit pshit" en tout genre.
— Tu te sens assez à l'aise devant moi pour enlever ta robe, pour faire les soins, ou tu préfères demander à Anaïs de les faire ?
— Ça devrait aller avec vous, fis-je en enlevant la fermeture de ma robe.
Cette dernière était fichue, entre les trous et les tâches de sang. Juste pour ça, j'avais envie de tout casser autour de moi. Mais pas maintenant.
— C'est incroyable, dit Mme Meyer quand j'eut fini. Les plaies se sont cicatrisées d'une façon impressionnante. Elles sont déjà à peu près renfermées... C'est dingue... Ça doit être un truc de Flamora...
Elle appliqua tout de même des produits dessus, ainsi que d'immenses pansements.
— Ça devrait aller pour l'instant, dit-elle. L'infirmière de Chromatica devrait faire mieux que moi.
— Merci beaucoup !
— Pas de problème. Je devrais avoir des vêtements à te prêter pour la nuit...
Elle repartit et revint avec une chemise de nuit.
— Tu peux te laver également, si tu veux. Je t'ai préparé un lit, dans la même chambre qu'Anaïs.
— Merci beaucoup, répétai-je.
Elle me sourit et elle et Anaïs repartirent, me laissant seule. Je fermai la porte à clé, et pris une bonne douche. Ce faisant, je découvrai de nouvelles blessures, de nouveaux bleus. L'eau rinça le sang séché. Ça faisait un bien fou.
Je crois que je n'avais jamais autant apprécié le simple fait de prendre une douche.
Je me suis ensuite rhabillée et suis allée dormir, dans la chambre qu'on m'avait attribuée. Anaïs dormait déjà. Moi, j'avais passé ma journée à dormir, mais j'étais tout de même crevée. Il était 1h34 du matin. Je m'endormai quasiment au moment où je posai ma tête sur l'oreiller.
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Petit chapitre tranquille aujourd'hui ! C'est pour vous préparer au prochain eheh !
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