Chapitre 10
J'arrivai en cours de métamorphose. Faline était rentrée hier et nous n'avions pas échangé un mot de la soirée.
J'étais un peu stressée, contrairement à d'habitude. J'étais venue avec Adam. Désormais, nous avons un cours en commun. Ma prof, Mme Clarillane, était une très grande femme aux cheveux blonds paille, assez lisses. Elle avait l'air assez sévère.
— Bonjour à tous, fit-elle. Nous accueillons une nouvelle élève dans le groupe des félins, Emma, dont l'animal est un tigre. Je vous demande de la traiter comme il se doit, comme les autres.
Elle regarda tous ses élèves, qui étaient une quinzaine, avant de reprendre.
— Aujourd'hui, nous allons travailler le combat, sans les griffes. Vous allez vous entraîner en binôme.
Alors que la classe commençait déjà à se mettre d'accord sur qui allait avec qui, l'institutrice rétablit le silence. Cette prof-là, elle se faisait respecter facilement. Elle avait une sorte de prestance, presque ; par une simple parole, elle arrivait à faire taire une classe facilement.
— C'est moi qui fais les binômes, ajouta-t-elle.
Le silence revint pour de bon. Mme Clarillane annonça les différents binômes.
— Ayden avec Emma !
Le jeune homme que j'avais rencontré le premier jour échange un sourire avec moi. Je me dirigeai vers lui.
— Bonjour ? fis-je, ne savant pas comment j'allais être traitée.
— Salut ! Bienvenue chez les félins !
— Merci !
— Je savais que tu avais du potentiel ! La raclée que tu as mise à Minsi était épique !
— Euh... Merci, répétai-je, ne savant pas quoi répondre.
— Sinon pour la prophétie... T'inquiète pas, si c'est toi qui est visée, ça sera sans doute pas quelque chose de mal, les prophéties sont souvent pas claires...
— Merci, me contentai-je de redire.
Ce gars là était un vrai gentil, ça se voyait.
— On commence ?
— Oui, répondai-je.
Ayden se transforma et j'en fis autant. Sa panthère était grande, et costaude ; moi, à côté avec ma tigresse toute fine, je créai du contraste.
Il m'enseigna quelques techniques de combat, sans les griffes et sans vraiment mordre. Il fut vite étonné de ma facilité apparente. C'était sans doute grâce à l'entraînement d'Adam. Ayden était une personne assez charismatique, il ferait un très bon professeur. Le cours passa assez rapidement.
Après ma matinée, je me rendis à la cantine. J'étais un peu anxieuse, pour la réaction du groupe.
Je m'assis à leur table. La tension y était présente. D'autant plus que quasiment tout le monde autour me regardait...
C'est Naïa qui brisa le silence :
— Vous avez passé une bonne matinée ?
— Parfaite, et toi ? répondit Ringer.
— Pareil ! Vos animaux répondaient bien ?
Les cours de métamorphose de chaque élève se déroulaient en même temps, pour que ça soit plus simple pour l'emploi du temps.
— Pas moins que d'habitude, fit Adam en haussant les épaules.
— Et toi, Emma ? m'encouragea Naïa.
Cette fois, tous les regards étaient plongés sur moi, pour de bon. Je sortis de mon mutisme et levai les yeux de mon assiette.
— Euh... Oui...
— Ça fait combien de temps que tu t'es manifestée ?
Non mais, elle allait arrêter avec toutes ces questions ?
— Quelques jours, répondis-je sans donner plus de précision.
— Tu fais quoi vendredi soir ? continua Naïa.
J'allais répondre rien, quand je me souvins de l'invitation d'Anaïs.
— J'ai une soirée avec des amis sur Terre, dis-je. Pourquoi ?
— Parce qu'on comptait faire un Karp'ball, et je me demandais si tu voudrais y participer.
— Désolée, mais mes meilleurs amis sont plus importants.
— Pas de problème !
Nous continuâmes le repas sans que je ne participe plus que ça aux conversations.
L'après-midi se passa sans encombre. Certains de mes professeurs avaient changés, d'autres non. Je n'avais plus Mme. Gelerac, par exemple. Les instituteurs, pour la plupart, ne me traitaient pas différemment à cause de mon animal.
Lorsque je suis retournée dans ma chambre, le soir, après être allée courir, Faline était elle aussi déjà là. Dès qu'elle me vit, elle se leva de son lit où elle était assise, et se d vers moi.
— Emma... Je voulais te dire que j'étais désolée de la façon dont je t'ai traitée la semaine dernière... Je m'en suis voulu... Je ne le referais plus, vraiment, maintenant je culpabilise...
— Je te pardonne, fis-je, pas rancunière, en ouvrant les bras pour lui faire un câlin.
Elle alla tout de suite se loger dans mes bras. J'étais assez tactile, j'allais souvent chercher ce genre de contact avec mes amis.
Lorsqu'elle se délogea, je repris la parole.
— Ma meilleure amie organise une soirée sur Terre vendredi, tu veux venir ?
Ma colocataire fit la grimace.
— J'aurais adoré, mais mes parents m'emmènent voir un spectacle de troupes de Métamorphes... C'est prévu depuis longtemps...
— Pas de problème. Je te promets de t'emmener sur Terre un jour, dis-je.
Le lendemain, je parti me promener sous ma forme de tigre après les cours. Ça me faisait du bien, à chaque fois.
Je profitais de cette forme pour me faufiler partout. Je courais entre les arbres, sauvage comme je ne l'étais que rarement.
Je ralentis mon rythme quand je vis quelque chose qui m'interpela. Je stoppai alors net.
Il y avait un autre tigre. Je remuais la queue pour vérifier que ce n'était pas juste un reflet et que je ne me faisais pas avoir comme une idiote.
L'autre tigre n'en fit rien. Il resta ici, à me regarder droit dans les yeux. Les siens étaient d'une couleur émeraude. Tandis que mes rayures étaient épaisses et ondulées, les siennes étaient plus fines. Lorsque je fis un pas en avant pour m'approcher, il s'enfuit aussitôt.
« Attends ! » fis-je par la pensée.
Je repérai que ses oreilles s'étaient orientées en avant, prouvant qu'il avait sans doute compris ce que je lui avais dit. Ce fut la dernière vision que j'eu de lui.
Je partis à sa suite. On disait souvent que la curiosité était un vilain défaut, j'en étais malheureusement pourvue.
Je courais après le tigre mystérieux.
« Cesse. »
Cette fois, c'était à moi que cette simple parole était adressée. C'était une voix masculine. Je ne saurais dire si elle appartenait à quelqu'un que je connaissais. J'étais une quiche pour reconnaître les voix. De plus, mon interlocuteur avait fait exprès de ne dire qu'un seul mot pour que je n'aie pas le temps de retenir sa voix.
« Qui êtes-vous ? » continuai-je d'insister, malgré le fait que je sentais qu'il s'éloignait et que bientôt, je n'arriverai plus du tout à communiquer avec lui.
Je m'arrêtais enfin. Je refusais tout de même de m'avouer vaincue. Je finirai bien par retrouver ce tigre.
Après le repas du midi du lendemain, je décidai de demander à Adam, pour la soirée d'Anaïs, ce vendredi. Il était une des rares personnes que je connaissais un minimum, et, de plus, il était déjà allé sur Terre.
— Pourquoi pas, répondit-il. Comme ça, je ne resterai pas à rien faire toute la soirée.
Le cours de maniement d'armes était fascinant ; il y en avait deux par semaine. À l'un d'eux, on avait travaillé le lancer de poignards, ou j'étais particulièrement nulle, et l'autre, au tir à l'arc, cours auquel je m'en suis mieux sortie.
Le vendredi, j'allai donc me préparer. Les soirées étaient l'une des rares occasions pour lesquelles je me maquillais. Il était aussi assez rare de me voir en robe. Celle-ci était mi- longue, verte, mais pas un kaki dégueulasse ou, ou contraire, fluo : ce vert-là était assez impérial, ni trop clair, ni trop foncé, la couleur de la vie, un peu comme celles qui des plantes. Cette robe-là, c'était Anaïs qui l'avait choisie. Sa couleur était devenue ma préférée.
La robe était pour moi parfaite : pas trop décolletée, une coupe que j'adorais... Je ne savais pas si je l'appréciais juste parce que c'était ma meilleure amie qui me l'avait offerte, ou parce qu'elle était vraiment belle. Toujours était-il, que, même depuis les nombreuses années que je l'avais, elle restait ma préférée.
Mon maquillage, lui, était assez simple ; mascara, eye-liner, pas beaucoup plus. Mes cheveux eux, étaient juste détachés, mais j'avais mis un chouchou sur mon poignet au cas où ils me gêneraient trop.
Je sortis de ma chambre, toute pimpée. J'avais mis des chaussures assez simples, un minimum fermées quand même, mais pas à talon car je détestais ça. Ça me faisait mal aux talons et, avec mon affreux manque d'adresse, je manquai de tomber à chaque pas.
Je m'arrêtais devant la chambre d'Adam, la numéro 11. J'avais l'impression d'aller en date, mais ce n'était pas du tout ça. Au bout de quelques minutes, il sortit de la chambre qu'il partageait avec Ringer. Il était habillé un peu comme d'habitude, mais en plus soigné.
— On y va ? fit-il en me reluquant également.
— Oui.
Je saisit la main d'Adam, et de l'autre, mon pendentif de téléportation. On avait conclu que c'était plus simple de passer par chez moi que d'y aller par voyage de Miroir. C'était moins risqué pour ne pas se faire prendre par les humains.
— Emma Ingwe, Adam Meyer, Emma Ingwe, Adam Meyer.
Un clignement de paupière plus tard, nous étions arrivés chez moi, ça faisait environ trois semaines que je n'y étais pas venue. Il s'était passé beaucoup de choses en ce court laps de temps, mais pourtant il avait passé très vite.
— Anaïs habite à 5 minutes à pied, dis-je à Adam.
Nous avions spawn juste devant ma maison, à côté du portail. Il commençait à faire nuit. Lorsqu'on arriva devant chez ma meilleure amie, je toquai à la porte. Cette dernière s'ouvrit sur Anaïs, qui se jeta dans mes bras.
— Tu m'as trop manqué ! dit-elle.
— Toi aussi ! Adam, fis-je pour présenter mon compagnon, qui esquissa un sourire timide, et Anaïs.
— Enchantée, dit cette dernière.
On entra dans la maison. Au dernier moment, elle me retint.
— C'est ton petit ami ?
Je me sentis rougir. Anaïs aimait bien me mettre avec n'importe qui. Je ne pouvais pas avoir d'ami garçon dans qu'elle ne se fasse des films.
— Absolument pas ! C'est juste un ami.
Anaïs hocha la tête. Elle avait profité de l'absence de ses parents, en week-end en amoureux, pour organiser cette fête.
Les meubles de sa maison avaient pour la plupart été poussés. Il y avait des décorations de fête un peu partout. L'ordinateur portable, posé sur le bureau, dans un coin du salon, diffusait de la musique, qui bougeait beaucoup. L'ambiance était type boîte de nuit : certaines personnes parlaient, tout en buvant un verre et en mangeant les chips dans des saladiers sur la table, d'autres dansaient.
Je repérai Raphaël, en train de discuter avec d'autres amis à nous, et vint à sa rencontre. Adam me suivait, ne connaissant personne.
— Salut, ça va ? demandai-je en lui faisant un check.
— Très bien et toi ? fit mon ami.
— Pareil !
— Anaïs m'a dit que tu t'étais trouvé un job, quel est-il ?
— Eh, attends, je veux écouter aussi ! dit Anaïs en revenant vers nous.
— Euh... marmonnai-je en essayant de trouver l'idée la plus farfelue. Je suis, euh...
— Testeuse de loisirs, dit Adam à ma place.
— Oui, c'est ça, je suis fatiguée, je n'ai plus toute ma tête ce soir, me justifiai-je. En gros, on s'occupe de tester... Bah des loisirs, comme du saut en parachute ou... Des cours de combat...
— Alors, c'est ça, ton truc compliqué ? Mais c'est génial ! Pourquoi tu ne m'en a pas parlé plus tôt ? dit Anaïs.
— Je voulais te faire la surprise, mentis-je.
Le reste de la soirée se passa sans encombre. Je passai mon temps à manger tout en parlant aux autres, car je ne savais absolument pas danser. De temps à autre, je me dandinais sur des sons que j'aimais bien, mais de manière générale, je n'avais jamais été très attirée par la musique. Adam, lui, restait avec moi, et ne parlait pas à grand monde. Il n'avait pas l'air de s'ennuyer pour autant.
Mon téléphone était redevenu comme avant ; il se déchargeait normalement. Quand j'étais revenue sur Terre, il était redevenu à 70%. Lorsqu'il indiqua 24h00, je dis à Anaïs qu'on partait. En temps normal, je restais plus tard, mais là, j'étais fatiguée par cette semaine.
— Vous dormez où ? demanda Anaïs.
Je réfléchis à toute vitesse.
— Chez moi, répondis-je.
— Je vous raccompagne.
— T'inquiète pas, je connais le chemin de ma maison, quand même, souris-je.
— Allez, ça me fera du bien de sortir. Raph' peut gérer la maison tout seul le temps que je suis partie.
Je fus bien obligée de dire oui. On fut donc obligés de passer par chez moi avant de pouvoir nous téléporter à Chromatica.
— Tu peux nous laisser cinq minutes ? demanda Anaïs à Adam.
Ce dernier hocha la tête, marmonna un vague "au revoir" et entra, non sans une hésitation, dans ma maison, après que je lui aie ouvert.
— Tu sais que tu peux tout me dire ? fit Anaïs une fois qu'il eut refermé la porte. Je sais que tu me caches quelque chose... Et ça me vexe un peu que tu ne me le dises pas.
— C'est que... Ça n'engage pas que moi, et puis c'est...
— Compliqué, compléta ma meilleure amie.
— Je te promets que je te le dirai un jour, dis-je, mais pas maintenant...
— Je comprends, fit Anaïs avant de me proposer un câlin.
Nous nous enlaçâmes. Ensuite, mon amie prit congé.
J'entrai dans la maison pour aller chercher Adam. Mes parents devaient dormir. Il n'y avait personne, je supposai donc qu'Adam était déjà reparti.
Je ressortis donc en fermant la porte à clé derrière moi. Je fis de même pour le portail. Je sortais mon pendentif de téléportation de ma poche quand j'entendis un cri de terreur. J'aurai reconnu cette voix entre mille.
C'était celle d'Anaïs.
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Eheh là encore je met un peu de suspens ! Je comprends les écrivains qui finissent les livres et les chapitres comme ça, c'est tellement cool d'être sadique eheh
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