10 ~ Discussion
Lorsqu'Eryn arriva devant la porte de la chambre médicale du jeune soldat, elle prit une longue inspiration et expira calmement, comme pour se donner du courage avant de se décider à entrer.
Killian, voyant enfin la jeune soigneuse revenir, s'apprêtait à lui demander une nouvelle fois l'identité des intrus. Il voulait savoir qui était venu ici. Il le devait pour être certain d'être encore dans un endroit sûr. Le soldat de feu ne savait pas s'il pouvait vraiment se fier à cette fille. Il lui fallait toutes les informations possibles pour évaluer la situation. Cependant, avant de se lancer dans son interrogatoire, Killian s'aperçut que les yeux de la blonde étaient rouges et légèrement gonflés. Il était presque sûr qu'elle venait tout juste de s'arrêter de pleurer. Devant la vulnérabilité apparente de sa sauveuse, il ne put se résoudre à l'accabler de questions. Il préféra attendre qu'elle lui livre les informations d'elle-même.
Eryn, regardait le jeune homme de feu dans les yeux sans dire un mot. Elle lui était reconnaissante de ne pas agir en laissant son mauvais caractère s'exprimer. Repenser à sa dispute avec Mélodie lui créait une boule au niveau de la gorge. Elle craignait de se remettre à pleurer et ça, c'était la dernière chose qu'elle voulait faire devant lui. Il la considérait déjà comme un monstre, elle ne voulait pas qu'il pense qu'en plus de ça, elle était faible. Elle choisit de détourner le regard et de fixer ses pieds avant de lui adresser la parole.
— Le problème est réglé. Ils sont partis. Ils n'étaient pas là pour toi.
Killian fut irrité par la réponse de la jeune fille. Il était cependant légèrement rassuré de savoir que ces intrus étaient partis, mais il voulait plus de détails. Souhaitant tout de même rester patient avec elle, il réprima son agacement et lui demanda poliment :
— Est-ce que je peux savoir qui ils étaient et pourquoi ils sont venus ici ?
Le silence régnait depuis plusieurs minutes. Eryn n'avait aucune envie de lui raconter ce qui s'était passé. Après tout, ça ne le regardait pas. Tout ce qu'il devait savoir, c'est que ces invités surprises n'étaient plus là et qu'il était en sécurité, du moins pour l'instant. Elle souffla d'agacement avant de lui répondre un peu plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.
— Je te l'ai déjà dit. Ils n'étaient pas là pour toi. Ça ne te concerne pas. Tu n'as rien à craindre.
Cette fois, Killian jugea que la patience, ça allait bien cinq minutes mais que maintenant, elle n'était plus de mise. Il n'obtiendrait pas les informations qu'il désirait en lui parlant de cette façon. Le seul moyen de la faire réagir et d'obtenir une réponse convenable était de s'énerver. Il éleva alors la voix.
— Oui merci j'ai compris, mais tu réponds pas à ma question. Dis-moi qui ils étaient putain !
Ce n'était plus une question, mais un ordre.
Eryn commençait elle aussi à perdre patience. Ce jeune soldat lui tapait continuellement sur les nerfs. Il y a quelques minutes encore, elle avait été agréablement surprise par son comportement et sa façon de s'adresser à elle. Elle pensait qu'il commençait enfin à se montrer plus respectueux. Mais comme chacun sait, chassez le naturel, et il revient au galop ! Ce jeune être de feu était tout simplement imbuvable. Elle ne voyait pas l'intérêt de faire des efforts avec lui. Il ne le méritait pas. Elle s'adressa alors à lui en criant de plus belle.
— Ce que tu peux être agaçant à la fin ! Je t'ai dit que ça ne te concernait pas !
— Oh que si ça me concerne. Je pense être en droit de connaître l'identité des abominations de glace qui viennent ici, rétorqua immédiatement Killian qui ne se laissait pas du tout intimider par le changement de ton de la jeune fille.
En insultant une nouvelle fois le peuple de glace et par conséquent Eryn elle-même, il se dit que ce n'était peut-être pas la bonne approche finalement. Le regard noir qu'il reçut de la jeune soigneuse en retour lui confirma qu'effectivement, il n'aurait vraiment pas dû l'insulter de nouveau.
— J'ai juste besoin de le savoir, reprit-il calmement. S'il te plaît.
Il ne s'était pas excusé, mais Eryn fut choquée d'entendre un "s'il te plaît" sortir de sa bouche. Au moins, cela voulait dire qu'il connaissait la politesse. Elle réussit à faire redescendre son niveau de colère avant de lui accorder sa requête.
— C'était ma meilleure amie Mélodie et mon... Enfin un autre de mes amis.
Dire que Luke était son ami lui avait écorché la langue, Ce n'était vraiment pas le moment de lui raconter en détail la nature de ses liens avec son ex-petit ami. Tout ce qu'il devait comprendre, c'était qu'elle connaissait les deux visiteurs et que la situation était réglée.
Killian avait senti le malaise lorsque la blonde avait évoqué son deuxième "ami", mais il ne lui en fit pas part dans sa seconde question.
— Pourquoi ils sont venus ici ? Et d'ailleurs, comment ils ont su où t'étais ?
Eryn leva les yeux au ciel en constatant qu'il ne semblait jamais satisfait de ses réponses.
— Ma meilleure amie s'inquiétait pour moi. Depuis que je te soigne, elle a remarqué qu'un truc clochait. C'est dur d'agir normalement. Voyant que Killian attendait qu'elle réponde entièrement à ses questions, elle poursuivit. Ils sont venus voir si j'étais ici parce qu'on avait l'habitude d'y venir tous les quatre avant. C'était un peu notre repère, termina-t-elle en se remémorant plusieurs des bons moments qu'elle avait passés ici avec ses amis.
— Euh... Tous les quatre ? T'as dit qu'ils n'étaient que deux ! On doit s'attendre à voir débarquer le troisième prochainement ?
Les yeux dans le vague, Eryn lui répondit d'une petite voix à peine audible.
— Non, Nathan est... Il a été envoyé sur le champ de bataille il y a peu de temps.
Elle essayait de chasser les pensées noires qui lui assaillaient l'esprit, sans grand succès. Son ami était probablement mort ou à l'agonie. Elle essayait de se raccrocher à l'infime espoir qu'il se soit enfui ou bien qu'il ait été pris en charge par des soigneurs.
Killian aussi avait des images en tête, seulement ces images n'étaient pas des pensées, mais des souvenirs. L'horreur dont il avait été témoin sur ce champ de bataille ne le quitterait jamais. Il n'en avait pas été uniquement témoin puisqu'il y avait pris part. Lui aussi avait été un de ses acteurs. C'est pour cela qu'il comprit que la phrase "envoyé sur le champ de bataille" signifiait plutôt que son ami était mort. L'envie de continuer son interrogatoire se dissipa après cette révélation.
— Je vois.
Après un instant de silence, Eryn se souvint qu'elle devait s'occuper des blessures du jeune soldat.
— J'ai emprunté quelques bricoles hier au centre médical où je travaille. Je vais pouvoir te soigner.
— Quand tu dis 'emprunter', tu veux dire voler plutôt non ? dit Killian en accompagnant ses paroles d'un sourire espiègle lui donnant un air encore plus séduisant.
Sa remarque eut le don de faire sourire Eryn.
— Bon, disons que je les ai empruntées pour une durée indéterminée. Et puis ce n'est pas vraiment du vol puisque je vais te soigner avec. C'est mon travail, j'aurais forcément utilisé ce matériel sur un patient à un moment donné.
— Hmmm, alors je suis ton patient ?
— Eh bien oui, mais tu n'as pas été un patient très gentil jusque-là. Je ne sais pas si tu mérites vraiment mes soins.
La jeune fille n'avait pas dit ça méchamment, mais elle voulait tout de même lui faire passer un message en disant cela.
— Mouais, si tu le dis, lui répondit le brun en levant les yeux au ciel.
Eryn plissa les paupières et fit semblant de lui lancer un regard noir avant de recentrer la discussion sur les soins.
— J'ai pris plusieurs pansements et bandages, du désinfectant et du gel cicatrisant. Oh, et je t'ai aussi pris des antidouleurs ! Ça pourra te soulager, mais ça ne fait pas de miracle. La douleur reviendra, mais c'est mieux que rien.
— Oui je sais, ça inhibe la transmission nerveuse de la douleur pendant un temps, laissa échapper Killian.
Surprise par ses connaissances médicales, Eryn ne put résister à l'envie de l'interroger à ce sujet.
— C'est exact. Comment tu le sais ? Tu étais soigneur avant d'être forcé d'aller te battre ?
— J'ai pas été forcé. Et non, j'étais pas soigneur. Je n'appartenais à aucune fonction. Je le sais parce que ma mère était une soigneuse.
— Attends, tu étais volontaire ? Tu souhaitais prendre part à cette guerre ? De ton plein gré ?! cria-t-elle presque, complètement scandalisée.
— Oui.
Le jeune homme commençait à être agacé d'être questionné de la sorte.
— Mais pourquoi ?
— Tu poses beaucoup trop de questions. Tu devrais pas changer mes bandages et désinfecter mes plaies plutôt ? tenta-t-il pour couper court à cette discussion.
— Si, mais je trouve ça étrange, c'est tout. Je ne comprends pas pourquoi quelqu'un choisirait délibérément de se rendre sur ce champ de bataille. J'ai vu plusieurs des victimes et c'était vraiment pas beau. C'est du suicide de se porter volontaire. Voyant que le jeune homme ne lui répondait plus, elle arrêta d'insister et changea de sujet. Je vais t'enlever tes pansements et passer du désinfectant. Ça risque de piquer.
Eryn s'exécuta en commençant par retirer les pansements et les bandages recouvrant les blessures de son patient. Elle fut étonnée de ne pas l'entendre se plaindre lorsqu'elle passa une compresse gorgée de désinfectant sur ses plaies. La seule preuve de sa douleur avait été ses lèvres pincées et ses mains crispées qui froissaient les draps usés du lit médical. Elle prit ensuite l'initiative de lui appliquer un peu de gel cicatrisant. La sensation des doigts frais et délicats de la jeune fille sur sa peau fit frissonner Killian. Bien qu'il tenta de se convaincre que cela était dû à la température de la peau d'Eryn, au fond, il savait que c'était la sensation que lui provoquait son toucher qui en était à l'origine.
La jeune soigneuse dessinait de petits cercles avec le bout de ses doigts sur le torse du jeune homme. Elle étalait le gel cicatrisant en faisant preuve de toute la délicatesse dont elle était capable. Elle ne voulait surtout pas risquer de faire souffrir son patient inutilement. Elle prenait tout son temps pour appliquer le gel et le faire pénétrer dans la peau meurtrie du jeune soldat de feu. Sa peau était douce et la chaleur qu'elle dégageait était hypnotisante. La blonde eut du mal à cesser de toucher cette peau chaude si agréable.
Les blessures de son patient étant traitées, Eryn se décida à sortir de son sac ce qu'elle lui avait rapporté.
— Je t'ai ramené de quoi faire un véritable repas. Mais avant, j'aimerais bien que tu me dises comment tu t'appelles.
Elle voulait absolument connaître son prénom pour enfin pouvoir arrêter de l'appeler "soldat sexy" dans sa tête. Elle risquait de le dire à voix haute par inadvertance, et ça serait alors très humiliant. Il lui fallait connaître son fichu prénom pour qu'il remplace le surnom qu'elle lui avait attribué.
Killian parut surpris par cette requête mais bien vite, il commença à imaginer la nourriture qu'elle lui avait apportée. Il en salivait d'avance. La nourriture déshydratée était vraiment fade. C'était comme croquer dans un morceau de carton vieilli tout poussiéreux. Une fois, mais pas deux !
— Pourquoi tu veux connaître mon nom ? demanda-t-il légèrement suspicieux.
— Euh.. Eh bien, pour savoir comment je dois m'adresser à toi. Après tout je t'ai sauvé la vie, tu peux bien me dire comment tu t'appelles non ?
— Alexis.
Eryn l'analysa de son regard bleu ciel. Elle était persuadée qu'il avait menti. Elle avait bien remarqué sa nature méfiante. Elle commençait à le connaître un peu. Il ne lui aurait jamais livré une information personnelle aussi rapidement.
— Je suis sûre que tu mens. Écoute, dis-moi réellement comment tu t'appelles ou sinon je garde les gâteaux et les lasagnes pour moi. Et fais attention, je le saurai si tu me mens, lui dit-elle avec un sourire malicieux.
Bien sûr, Eryn n'oserait pas le priver du si bon repas qu'elle lui avait promis, mais elle savait que les hommes craquaient souvent quand il y avait de la nourriture en jeu.
Les yeux du brun s'agrandirent. On aurait presque pu y voir de la terreur durant quelques secondes. Maintenant qu'il savait de quoi se composait ce repas, il ne pouvait pas passer à côté. Il se dit qu'il ne risquait rien en lui divulguant son prénom. Personne ne le connaissait parmi les êtres de glaces.
— Je m'appelle Killian. Les gâteaux sont à quoi ? demanda-t-il impatient.
La jeune fille se mit à rire de bon cœur en voyant son patient céder aussi rapidement pour avoir des gâteaux.
— À la cannelle. C'est ma mère qui les a fait. Tu ne vas pas être déçu. C'est la meilleure cuisinière que je connaisse.
— C'est drôle, ma mère aussi avait l'habitude de faire des gâteaux à la cannelle pour mon frère et moi, avoua-t-il avant de réaliser qu'il venait de mentionner sa mère décédée à un être de glace.
— Elle ne t'en fait plus ?
— Non. Tu m'as pas dit comment tu t'appelais toi ? l'interrogea Killian qui voulait absolument réorienter la discussion.
Parler de sa mère ne lui plaisait pas du tout. Il se laissait vite gagner par la colère et la tristesse. Et qui plus est, en parler avec un être glace était une très mauvaise idée.
La jeune fille comprit que le sujet était délicat et préféra ne pas continuer sur cette pente glissante. Pour le moment, tout se passait plutôt bien. Ils ne se criaient toujours pas dessus et arrivaient même à avoir une conversation plutôt civilisée. Elle ne voulait pas que la situation dégénère comme à chaque fois.
— Je m'appelle Eryn, lui dit-elle en souriant et en lui tendant un des précieux gâteaux à la cannelle de sa mère.
Elle lui laissa la boite remplie de ces délicieuses pâtisseries sur la table de chevet avant de fouiller une nouvelle fois dans son sac pour en sortir le reste de ses affaires.
— Je t'ai aussi pris une autre couverture. Celle que tu as est dans un état pitoyable. Je ne suis même pas sûre qu'on puisse encore appeler ça une couverture, poursuivit-elle en lui tendant une couverture bleue toute neuve.
Killian ne cessait d'être surpris par les attentions que lui portait la jeune fille. Il ne trouvait pas ça normal. On lui avait toujours dit que les monstres de glace étaient des êtres vils et fourbes. Cette fille aux cheveux dorés devait probablement avoir une idée derrière la tête. Elle voulait sûrement quelque chose en retour. Il la remercia donc sans grand enthousiasme. Cependant, la jeune soigneuse ne s'arrêta pas là.
— Je t'ai aussi pris des bougies pour éviter que tu te retrouves dans le noir et un reste de lasagnes. Par contre, je viens de me rendre compte que j'ai oublié les allumettes.
C'est lorsqu'Eryn croisa le regard blasé de Killian qu'elle réalisa qu'elle parlait à un être de feu et que par conséquent, les allumettes ne lui étaient d'aucune utilité.
— J'avais oublié. C'est pas la peine de me regarder comme ça. C'est la première fois que je vois quelqu'un comme toi, reprit-elle sur la défensive.
— Parce que tu crois que je croisais des gens de ton espèce tous les jours peut-être ? C'est nouveau pour moi aussi malheureusement, la contra-t-il.
La jeune fille fut blessée par ses paroles. Cela ne devait pas être facile pour lui d'être ici, mais il pouvait quand même éviter de lui rappeler toutes les cinq minutes à quel point il méprisait ses semblables.
— J'ai réfléchi et je pense pouvoir t'aider à rentrer chez toi, lui annonça-t-elle d'un ton calme et distant.
— Comment ? demanda-t-il sceptique.
— On ne peut pas rester près de la frontière du champ de bataille, on se ferait tuer en un rien de temps. C'est pour ça qu'on doit faire un grand détour par les petits villages avant d'atteindre les montagnes. Il y a très peu de soldats qui surveillent les villages éloignés du front. Ça diminuera énormément nos chances de se faire prendre. Si on arrive jusqu'aux montagnes, tu pourras rentrer chez toi.
— On ?
— Si tu pars tout seul, tu vas te faire tuer. Tu ne connais pas cette région comme moi. Sans compter que tu ne pourras jamais passer au travers du mur de glace sans mon aide.
— Mais pourquoi est-ce que tu m'aides ? l'interrogea Killian, soucieux de connaître la réponse à cette question.
— Je ne t'ai pas sauvé la vie pour que tu te fasses tuer à peine rétabli ! Tu vas retourner chez toi et si ça te chante, tu pourras retourner te battre. Mais cette fois je ne serai plus là pour te soigner.
— Je..., commença-t-il.
Eryn ne fit pas attention à lui. Elle tenait à le mettre au courant de son plan improvisé, mais elle réfléchissait surtout à voix haute.
— Et puis c'est pas tout ! Je connais ma meilleure amie. Elle risque de revenir ici. Elle a bien senti que je cachais quelque chose. Si elle te voit, je ne sais pas ce qui pourrait se passer. C'est pour ça que demain après ma journée de travail, je passerai te chercher et tu resteras dans ma chambre en attendant que tu te rétablisses suffisamment pour qu'on puisse partir vers les montagnes.
— Mais..., tenta d'intervenir le jeune homme une nouvelle fois.
— Ça va être compliqué mais je pense qu'on peut y arriver. Demain je préviendrai mon superviseur que j'ai besoin de plusieurs jours pour faire le point sur ma formation et je dirai à mes parents que mon superviseur m'envoie soigner des personnes dans des villages éloignés. C'est parfait ! Mes parents seront ravis que je m'éloigne du champ de bataille. Ils me laisseront partir à coup sûr et...
— OH ! Tu t'arrêtes jamais de parler ?! hurla le brun qui avait enfin réussi à en placer une.
— Excuse-moi. Je parle beaucoup quand je suis stressée.
— Ouais, je vois ça.
— Donc tu as compris ? Demain je passe te récupérer pour qu'on aille chez moi. Il faudra vraiment être discret. Personne ne doit te voir.
— Non sans blague.
Eryn choisit d'ignorer son commentaire. C'était un véritable exploit qu'elle ne se soit pas mise à crier. Les prochains jours s'annonçaient terriblement stressants. Le jeune homme de feu prenait tout à la légère contrairement à elle qui réfléchissait à chaque détail de son plan en imaginant tout ce qui pouvait mal tourner. Une seule erreur pouvait leur être fatale et lui, trouvait le temps de faire des commentaires sarcastiques. Mais peu importe, Eryn garderait son calme. Elle ne devait pas céder à la tentation de lui crier dessus et de déclencher une énième dispute.
— Je dois retourner chez moi. Je te laisse les gâteaux et le plat de lasagnes, profites en bien. Essaye de prendre des pilules antidouleur avant de dormir. Plus tu te reposeras, et plus vite tu te rétabliras.
— Si tu le dis.
— Je repasserai demain en fin de soirée, dès que j'aurai terminé mon travail au centre.
Encore une fois, laisser son patient tout seul dans cette chambre à l'abandon faisait naître un sentiment de culpabilité chez elle. Et à vrai dire, Killian aussi n'était pas enchanté de voir partir Eryn. Il ne l'admettrait pas, mais la présence de la jeune fille lui était agréable. Lorsqu'elle n'était pas avec lui, il passait son temps à penser à sa famille qu'il avait abandonné pour aller venger sa mère sur le champ de bataille. Tous ses proches devaient sûrement penser qu'il était mort. Plus personne ne devait se préoccuper de lui. Plus personne n'attendait son retour. Voilà les pensées qui tournaient en boucle dans son esprit lorsqu'il se retrouvait seul. Ses nuits n'étaient pas non plus de tout repos. Lorsqu'il dormait, son sommeil était des plus agités. Il revivait ce qu'il avait vu au front. Quand Eryn passait le voir, il arrivait à penser à autre chose et à passer un bon moment. Il attendait donc secrètement son retour avec impatience.
En constatant que la jeune fille était sur le point de passer la porte, il éprouva le besoin de lui parler une dernière fois. Il voulait la voir se retourner pour contempler ses beaux yeux bleu ciel une dernière fois avant d'affronter le silence pesant de la solitude.
— À demain... Eryn.
La jeune soigneuse, surprise par son intervention, se retourna avant de lui adresser un sourire timide et de lui répondre à son tour.
— À demain Killian.
🔥 Fin du chapitre 10. 🔥
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