Chapitre 7
La première chose que je m'étais dite en retournant à Minneapolis était : « Oh putain... ».
Là-bas, rien n'avait changé. Ni la pierre rose des bâtiments, ni l'herbe fraîche qui les entouraient, ni l'ambiance oppressante qui y régnait, comme s'il y avait trop d'énergie, trop de vies concentrées dans un même endroit trop étroit. C'était ça, le pensionnat de Minneapolis.
Quand notre voiture et celles qui nous accompagnaient franchirent les grilles du pensionnat, tous les regards se tournèrent vers nous. La plupart des élèves Soleils étaient en plein entraînement extérieur et les élèves de l'Élite avaient leur changement de cours. La poisse...
- Ça craint, me fit Lizzy en regardant les personnes qui nous observaient de l'autre côté des vitres, qui selon moi, auraient gagné à être teintées.
- Ne m'en parle pas.
Nous descendîmes finalement de voiture en même temps. Tout le monde sembla ahuri, les élèves s'étaient presque tous interrompus en nous voyant, pour ainsi dire. C'était la surprise générale ! Pendant un instant j'eus envie de faire un bon petit nombre de doigts d'honneur à toutes ces personnes qui nous dévisageaient l'air de dire : « Eh oui, vous allez reprendre les cours comme tout le monde ! » Mais finalement, de nouveaux Soleils s'approchèrent de nous, me détournant de mes mauvaises pensées.
- Mlle Elizabeth, Hamilton, veuillez nous suivre.
- Super, grognai-je en devinant la suite.
Ce n'était pas le genre de truc qui m'avait manqué. En revanche, cela nous permettait d'éviter tous ces regards insistants et rien que pour ça, j'en étais presque ravie. Néanmoins, je regrettai de ne pas avoir rencontré un visage familier parmi cette foule de lycéens. S'il y avait bien un seul point positif dans le fait de revenir à Minneapolis, c'était de retrouver les amis que nous avions laissés derrière nous. Mais apparemment, ce n'était pas pour tout de suite.
- C'est parfaitement inadmissible ! me cria dessus M. Carter, notre proviseur. Vous rendez-vous compte du danger dans lequel vous avez mis notre chère Mlle Darcy ?!
Cette pièce non plus n'avait pas changé. Elle était toujours aussi macabre avec son grand bureau en bois et ses fauteuils recouverts de cuire vert. Bonjour l'ambiance. Et encore, je ne vous parlais même pas de son occupant. C'était un homme brun tout juste grisonnant, approchant la cinquantaine. Il prenait toujours grand soin de son apparence. Enfin, c'était ce qu'il pensait faire. Il avait un goût perturbant pour les costumes toujours plus excentriques les uns que les autres et je le soupçonnais de porter du maquillage pour unifier son teint. Mais sa voix...mon Dieu sa voix était abominable. Elle était si grave et si roque qu'on avait l'impression qu'un constant tremblement de terre résonnait dans sa gorge. Lorsqu'il se mettait à crier, il valait mieux se mettre à couvert, croyez-moi. Malheureusement, c'était assez délicat dans ce genre de situation.
- M. Carter, je vous en prie, cette fugue était aussi mon idée, tenta de me défendre Lizzy, toujours très poliment.
- Quand bien même, vous n'auriez certainement pas dû encourager ça, Savannah !
Comme d'habitude, c'était ma faute. En l'occurrence, je préférais cela plutôt que ça ne retombe sur Lizzy, mais vous voyez ce à quoi j'avais sans cesse droit.
- Reconnaissez au moins la vérité, je l'ai parfaitement protégée ! m'exclamai-je à mon tour. Voyez-vous une seule éraflure sur elle ? Nous sommes restées en sécurité pendant plus de 8 mois et nous nous portions très bien avant que vos brutes aient de la chance !
Je lançai un regard en coin vers Scandola, qui se trouvait derrière nous, légèrement en retrait.
- Vous ne l'avez pas protégée Hamilton, vous l'avez cachée et mise à la merci de tous ceux qui rêve de la voir morte, continua M. Carter en partant toujours plus loin dans ses délires.
- Je maintiens ce que...
- ...De quel droit vous permettez-vous de maintenir quoique ce soit ? s'écria-t-il avec mépris. Vous n'êtes qu'une élève parmi tant d'autres ici. Il me serait extrêmement facile de vous faire renvoyer. Et alors que deviendrez-vous sans la protection de ce pensionnat ?
Était-il en train de me menacer sérieusement ? Comment osait-il me parler de cette manière ? Étais-je réellement la seule à trouver cela ahurissant ?
- Vous n'êtes qu'une orpheline qui a peur de ses propres pouvoirs. Vous avez mis le monde entier au courant de votre existence alors que vous n'êtes rien, donc je vous conseille d'arrêter de faire la maligne ou...
- M. le Proviseur, la coupa soudain Scandola, il est inutile de vous rappeler que M. et Mme Darcy ont insisté pour se porter garant de Mlle Hamilton aussi bien que de leur fille. Peut-être devrions-nous accorder un peu de crédit à cette décision.
Je fronçais les sourcils, déconcertée, et lançai un regard interrogateur à Lizzy l'air de dire : « Il vient vraiment de me défendre ? ». Certes, c'était très subtil de passer par les parents de mon amie, mais en fin de compte, c'était de mon avenir qu'on parlait.
- Je ne comprends toujours pas ce qui les as poussés à faire ça, soupira M. Carter avec mépris.
- Mlle Hamilton s'est tout de même facilement débarrassée de quatre de vos Soleils avant que je n'aie...de la chance, répondit encore Scandola à mon attention.
Je haussai les sourcils.
Je ne vois pas du tout de quoi tu parles...
- M. Carter, reprit alors doucement Lizzy, nous sommes navrées de vous avoir causé tant de désagréments et d'inquiétude, nul ne peut nier que votre travail est remarquable mais, le monde dans lequel Savannah et moi avons été forcées de grandir peut se montrer quelque peu déroutant. Nous voulions seulement découvrir un peu plus de ce monde que ce merveilleux pensionnat.
J'avais rarement entendu ma meilleure amie aligner autant de mensonges si peu crédibles à la fois. C'était fou comme il était facile pour elle d'amadouer les gens, elle avait ce charisme et ce charme naturel qui la rendait unique. Peu importe ce qu'elle disait, on l'écoutait et il ne fallait au grand jamais la contrarier.
- Bien, je ne renverrai pas Hamilton... Mais vous ferez des travaux d'intérêt général en plus, vous rattraperez tous les cours, sans exceptions, que vous avez ratés et les Soleils en charge décideront si vous avez besoin de cours de soutien en ce qui concerne l'entraînement. Et vous, Mlle Darcy, reprit-il d'un ton qui devait se vouloir mielleux, je crois qu'il y a d'abord des personnes qui souhaitent vous voir.
Scandola nous conduisit toutes les deux à la maison des Darcy. Ils possédaient une maison chique au sein du campus, mais ce n'était rien comparé à leur petite villa secrète en Floride. Lizzy ne put s'empêcher de courir dans les bras de ses parents en les apercevant. Moi, je ne pus m'empêcher de ressentir de la culpabilité. Je leur avais enlevé leur fille alors qu'ils m'avaient emmenée en vacances avec eux, comme si je faisais également partie de la famille. N'étais-ce pas la pire des trahisons ? Je restai donc un petit peu plus longtemps dans la voiture qu'elle, nerveuse. Nous étions vraiment de retour... C'était vraiment dur à digérer.
- Elle en a de la chance, hein ? me fit Scandola avec un air chargé de sous-entendus.
Il était toujours au volant et observait la même scène que moi, tandis que je me trouvais à l'arrière.
- Tu trouves ? répondis-je sur la défensive. Aucune liberté, encore plus de règles à respecter, des réunions de famille stupides, des conseils de père sur le choix du petit ami, aucune vie privée, ce n'est pas ce que j'appellerais de la chance. Tout compte fait, tu ne me connais peut-être pas aussi bien que tu le penses.
Sur ce, je descendis de la voiture et claquai fort ma portière. Lizzy était dans les bras de son père et Mme Darcy se tourna vers moi.
- Oh Savannah, fit-elle en m'ouvrant ses bras.
Je fus plus contente que je ne saurais le dire de voir qu'elle ne me haïssait pas. Je ne restai pas trop longtemps figée par la surprise, mais la serrai brièvement dans mes bras et lui demandai de ses nouvelles, lui plus poliment possible.
- Bonjour, Savannah.
M. Darcy, lui, m'offrit seulement une poignée de main et cela me convenait très bien.
- Venez-vous reposer, proposa Mme Darcy, Savannah tu peux rester ici jusqu'à ce qu'ils te trouvent une chambre.
- C'est très gentil à vous, mais je crois qu'il vaut mieux que je reprenne mes habitudes tout de suite et ils m'ont déjà préparé une chambre.
- Tu es sûre ? me demanda Lizzy, surprise de mon refus.
- Oui, reste avec ta famille aujourd'hui, on se voit demain.
Je la serrai dans mes bras, saluai ses parents et remontai dans la voiture. N'étant pas sûre que Scandola garde le silence, je pris les devants.
- Sans commentaires, Scandola !
Je vis bien à sa tête qu'il n'aimait pas que je l'appelle comme ça.
- T'as vu ça fait bizarre, ajoutai-je, amusée, on dirait que c'est moi qui donne les ordres en t'appelant par ton nom de famille.
- Mais ce n'est pas le cas, répondit-il sèchement.
- Malheureusement...
Le retour à Minneapolis, signifiait aussi autre chose. C'était fini les belles baignoires, le shampoing qui sentait bon, les bulles de savons, les fleurs de douches. Maintenant j'avais droit au savon rugueux, aux sols dégueulasses, mais surtout, aux douches collectives. C'était littéralement l'enfer !
Scandola m'avait expliqué qu'avec Eliza, ils étaient repassés à l'appartement prendre nos affaires et elle avait, semblerait-il, réussi à embarquer mon super shampoing. Merci ! Alors je me glissai discrètement sous les douches avec ma bouteille personnelle. L'eau était plus tiède que chaude mais ça détendait toujours un peu quand même. Je repartis rapidement dans ma chambre et m'effondrai sur le lit. Oui, je pouvais me permettre de faire ça parce que les élèves de dernière année n'avaient pas à partager leur chambre. Le soulagement.
Mais bizarrement je me sentais en colère. En fait ce n'était pas si bizarre que ça, mais des souvenirs de moments passés avec Lizzy me revenaient. On était si bien toutes les deux, et je savais que ses parents lui manquaient. Comment ne pas être un peu jalouse quand on pense que parmi toutes les choses qu'elle avait et qui pourraient rendre jaloux quelqu'un, c'était seulement le fait d'avoir des parents qui l'aimaient que j'enviasse. Bon, deux trois autres trucs aussi mais voilà. Je détestais vraiment cette école. Elle me rappelait tant de mauvais souvenirs. Elle représentait même la pire partie de ma vie jusqu'à maintenant. C'était trop. Il fallait que je me défoule, et vite.
Je me changeai rapidement, préparai mon sac de sport et sortis de cette chambre trop petite. Je courus au gymnase où aucun cours n'avait lieux à cette heure-là et rejetai mon sac dans un coin. Je m'étirai vaguement et m'avançai vers le punching-ball. En position. Premier coup. Ça ne faisait pas mal. Deuxième pus fort. Toujours rien. J'enchaînai alors une série de coups de poing plus ou moins bien placés et finis enfin par ressentir ce picotement dans les phalanges. Mais c'était toujours insuffisant.
J'allai vers les mannequins. Les coups de pieds passèrent, suivis mes prises préférées. Je montai au jeu de barres installé en passant par les endroits les plus difficiles. Je grimpai les passerelles et les échelles. De là je sautai et attrapai les anneaux. J'utilisai la force de mes bras pour me redresser, puis laissai retomber mon corps et fis un salto avec l'élan que j'avais accumulé. J'atterris finalement sur un pied et un genou au sol. Pas trop mal. Je retournai au punching-ball et le ruai de coups de toutes sortes. Je remarquai plus tard que mes phalanges étaient enfin écorchées. Je continuai jusqu'à ce que cela me calme un peu. Puis j'entendis une voix juste derrière moi.
- Que fais-tu là ? me demandait-elle.
Je me retournai et balançai un coup de pied retourné. Scandola stoppa ma jambe de sa main en un clin d'œil Voilà comment je me retrouvais sur un pied, une jambe en l'air et le pied à la hauteur de son menton à peu près.
- Et pourquoi j'aurais besoin d'une raison particulière ? lui demandai-je à mon tour.
Il fronça les sourcils en me dévisageant.
- Ils ne t'ont pas prévenue ? Ils ont placé tes cours de soutiens le mardi, jeudi et samedi à 16 h, mais ça ne commencera vraiment que jeudi, m'expliqua-t-il.
J'hésitai à me plaindre que l'on me force à suivre des cours de soutien, mais au fond, je ne pouvais que m'améliorer. Ce ne serait jamais trop pour être la Soleil de Lizzy.
- Oh...euh merci pour l'info, et avec qui ? Dis-moi que ce n'est pas John, je ne peux pas l'encadré celui-là, il est vraiment insupportable et c'est un vrai sadique, je suis sûre qu'il y prend du plaisir, fis-je avec un air dégoûté.
- John n'aura à pas te faire cours, c'est aussi un soulagement pour lui, je peux te l'assurer, me répondit-il plus ou moins amusé. Non, c'est moi qui aurais cette tâche. Et pour commencer, fais attention à ce que tu dis à propos de mes collègues.
- Hum... dans ce cas, toi, tu pourrais commencer par me rendre ma jambe ?
Il me lâcha après s'être rendu compte qu'il me tenait toujours.
- Merci.
- Tu as fait du karaté ? me demanda-t-il alors.
C'était quoi le rapport ? Je croyais que mes cours ne commençaient que jeudi...
- Ouais.
- Ah... On ne dirait pas, déclara-t-il sèchement.
Pardon ?
Ce gars était parfaitement sérieux.
- Ton Ushiro Mawashi Geri laisse vraiment à désirer. Même si ton pied est bien horizontal, ta rotation est déséquilibrée pour la simple raison que ta jambe de terre est mal ancrée dans le sol.
- D'a...ccord, répondis-je d'un ton hésitant mais plus ou moins sur la défensive, ne sachant pas si je devrais le prendre mal ou prendre ses conseils en compte.
Il alla poser son sac à côté du mien. Je ne pus m'empêcher de lui faire une grimace tant qu'il avait le dos tourné puis repris le punching-ball pour cible. Je donnai des coups que j'estimais précis et rapides.
- Redresse-toi et garde les abdos contractés, m'ordonna-t-il en se plaçant à côté de moi.
- Tu n'as pas de force dans les bras, me dit-il encore.
Il est sérieux ?!
Je me replaçai et lançai mon poing plus fort, puis exécutai un coup de pied sauté retourné.
- Tu sais quoi ? lui fis-je ensuite. Que je sache on n'est pas jeudi, alors que penses-tu de me laisser me défouler sur ce punching-ball à la con tranquillement et de s'occuper des détails techniques après ?
Ma question, étant parfaitement ironique, provoqua chez lui une réaction à laquelle je ne m'attendais pas.
- Tu veux vraiment te défouler ? me demanda-t-il, pas du tout en colère.
Je donnai un coup de pied circulaire dans le punching-ball en réponse.
- Alors frappe moi, me dit-il alors.
Un instant, j'aurais pu me demander s'il était vraiment sérieux, mais son ton ne souffrait aucune discussion. Alors je ne sais pas vous, mais quand une personne m'invitait délibérément à la frapper, je n'hésitais pas.
Je commençai donc à tester ses gardes et à lui donner quelques kicks. Il bloquait facilement mes attaques et me donnait quelques coups en échange. Alors qu'il tentait de me décocher un crochet, j'esquivai son geste en le contournant et lui donnai un coup de pied dans le genou pour le déséquilibrer. Mon attaque eut son effet mais elle ne l'empêcha pas de m'attraper un bras et de finir par me plaquer. Il me proposa ensuite sa main pour que je me relève. Je fis mine de l'accepter mais je plaçai mes jambes sur son abdomen et tirai sur son bras pour qu'il bascule au-dessus de moi. Il parut surpris mais se laissa entraîner avec grâce disons.
- Pas trop mal, me dit-il après s'être relevé, mais tu manques encore un peu de souplesse et tes mouvements sont prévisibles et répétitifs.
- Ils marchent au moins, rétorquai-je en me redressant à mon tour.
Il n'allait pas s'arrêter là bien sûr...
- Avec des inconnus. Si tu tombes sur un partenaire de combat tu es fichue.
- Tu sais encourager tes élèves, dit donc, ironisai-je.
Nous étions à deux mètres l'un de l'autre. Scandola se tenait droit et j'étais penchée en avant, essoufflée.
- Je ne suis pas là pour ça, mais pour faire de toi une vraie Soleil.
- Et tu crois que ce n'est pas ce que je veux ? demandai-je en ouvrant un bras après m'être complètement redressée.
Il me lança un regard sévère.
- Alors accepte les conseils que les gens te donnent et fais ce qu'on te dit pour une fois, me répondit-il, déjà presque exaspéré.
- Pour une fois ? répétai-je avec insistance. Attends, je peux savoir ce qui te fais croire que ce n'est pas déjà le cas ?
Il se fichait vraiment de moi. Ce gars venait d'arriver, il m'avait ramenée de force dans un endroit que je détestais, il m'énervait déjà au plus au point et en plus il se permettait de me faire la morale ?!
- Je te l'ai déjà dit, Savannah, je te connais. Ton dossier te représente plutôt bien en fait.
Il me dit ça en se frottant légèrement le front comme si c'était pour lui que la situation était gênante.
Non mais c'est une blague ?
- Mon dossier ? Tu ne crois pas sérieusement qu'un dossier puisse dire qui je suis ?! m'écriai-je ahurie.
Alors là je n'en revenais pas. Qui était-il pour me juger sur mon dossier ? Moi aussi je le connaissais, dossier n°1617 : Savannah Teresa Hamilton, née le 24/07/1998 à Washington DC, internée le 28/09/2011 au pensionnat de Minneapolis. Contenance du dossier : plein à craquer...
Il n'y avait pas de quoi découvrir une personne.
- Ça en dit long pourtant, regarde-toi, tu es impulsive, vulgaire et insubordonnée.
Il ne déconnait pas là ? Ah non, non, il ne déconnait pas.
- C'est tout ? m'exclamai-je. Trois mots ! Tu penses vraiment pouvoir décrire une personne avec trois mots ?
Maintenant j'étais celle qui se passait les mains sur le visage et se recoiffait nerveusement tellement je n'arrivais pas à croire que j'étais vraiment en train d'avoir cette conversation.
- M. le Proviseur a raison, tu continues de répéter les mêmes erreurs jours après jours plutôt que d'apprendre de ces erreurs et de les dépasser, m'expliqua-t-il comme si c'était la solution à tous nos problèmes.
- Alors si maintenant on doit compter sur l'avis de M. Carter..., pouffai-je doucement.
- Bien sûr que oui, Savannah, il est votre proviseur ! insista-t-il, n'en revenant pas de me voir accorder si peu d'importance à son opinion.
- Ce n'est qu'un titre encore une fois ! Ce n'est pas plus qu'un nom comme novice, Élite, Soleil ou Lune. Tout ça ce ne sont que des noms, seul le sens que nous choisissons de leur donner a de l'importance. Les gens sont persuadés que cela nous répartis dans différentes cases mais ils ne désignent tous pas moins que des êtres humains. Peu importe si quelqu'un a décidé que M. Carter était proviseur, ce n'est pas ça qui me montrera qu'il mérite mon respect le plus sincère plus qu'une autre personne, partageant et défendant réellement ces mêmes valeurs. Alors, personne ne le croira, mais j'en suis capable. Je peux faire ce qu'on me dit, mais prouvez moi que je peux vous faire confiance, que ça mérite d'être fait même si j'ignore pourquoi.
Après avoir fini ma longue tirade, pleine de colère et interrompue de gestes, je voulus aller boire. Je me dirigeai donc vers mon sac pour rendre ma bouteille d'eau quand les barres en fer de la structure commencèrent à tomber. Scandola fonça alors sur moi, me poussa et nous projeta violemment sur le sol à l'écart du jeu de barres, ou plutôt de ce qu'il en restait. Il s'était écroulé dans un bruit sourd, nous prenant par surprise. La réaction de Scandola m'avait épargnée pas mal de blessures, mais je n'aimais pas lui être redevable.
Quand je tournai la tête vers lui, son visage était au-dessus mien et affichait une sorte de sérénité.
- Tu peux nous faire confiance Savannah, déclara-t-il doucement. Ça ne te tuera pas. Contrairement à ce que tu sembles penser, ton dossier ne dit pas que du mal de toi. Je peux parfaitement comprendre pourquoi tu ne sais pas à qui accorder ta confiance, mais ne repousse pas les personnes qui veulent t'aider. Tu y arrives bien avec Elizabeth.
- Je la connais depuis 5 ans, protestai-je calmement moi aussi, et c'est différent. Mais encore une fois, ces personnes dont tu parles, qu'est-ce qui me prouve qu'elles veulent vraiment m'aider ?
Il ne pouvait pas penser que j'allais commencer à lui faire confiance seulement parce qu'il venait de me dire de le faire.
- Savannah... C'est juste une manière de justifier le fait que tu as peur de faire confiance aux mauvaises personnes.
- N'est-ce pas légitime ? lui fis-je en écarquillant les yeux.
- Bien sûr, mais cesse, juste pour un moment, de douter à propos de tout. Tu verras immédiatement qui porte un masque.
Pouvait-il avoir raison ? Pouvais-je réellement baisser ma garde et me débarrasser de ma carapace ?
- Et toi ? En portes-tu un ? J'ai passé plusieurs heures en avion avec toi, tu prétends me connaître par cœur et moi j'ignore même ton prénom.
Il prit ma main et me releva d'un coup. Puis, plus doucement, il la serra et la secoua légèrement.
- Je m'appelle Jeremy Scandola, et je vais être ton mentor pendant quelques mois, alors, essayons de bien nous entendre, proposa-t-il avec un semblant de sourire sur le visage.
Je n'étais pas entièrement satisfaite, quelque chose me gênait toujours même si je ne savais pas encore quoi. Mais bon, ça ne me coûtait rien de jouer le jeu.
- Ça me semble être une bonne idée, répondis aussi gentiment que j'en étais capable, c'est-à-dire, avec un côté résigné.
- Bon, ça suffit pour aujourd'hui, va soigner tes mains et reviens jeudi, un peu moins énervée si possible, glissa-t-il poliment.
Je lui fis un sourire ironique et allai récupérer mes affaires. Juste avant de quitter le gymnase, je lui sortis :
- À plus Scandola ! avec un grand sourire moqueur, puis, je déguerpis.
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Hey ! Ils ont réussi à ne pas s'insulter, impressionnant, non ? 😂 Leurs prochaines sessions risquent d'être animées... 😉
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