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Chapitre 43


Je ne pouvais toujours pas y croire. Cela faisait bien des heures que j'étais assise sur mon lit à écouter en boucle les mêmes musiques. Néanmoins, j'étais comme dans une réalité parallèle. C'était comme si le lit, la table de chevet, la chaise, la poubelle, absolument chaque objet qui se trouvait dans cette chambre avait disparu. Il n'y avait rien. Il restait seulement les murs. Les murs blancs. Les quatre grands murs blancs et vides. Et moi. J'étais comme emprisonnée dans mon propre esprit.

Je me contentai d'être assise en tailleur, parfaitement immobile, fixant cet espace qui ressemblait étrangement à l'intérieur de ma tête. Si j'avais su quoi dire ou quoi penser, j'aurais sûrement écrit sur ces murs. J'aurais comblé cet immense vide de lettres, de mots, de phrases, de pensées. Peut-être aurais-je alors trouvé quelques réponses. Ou bien encore un million de questions. Voilà pourquoi ne pas penser du tout était bien plus simple.

Je me souvenais d'être retournée à l'infirmerie en courant et de m'être enfermée dans cette horrible chambre. Quelle situation pitoyable. J'étais tellement en colère qu'aucune larme ne pouvait sortir de mes yeux. Tant mieux. J'en avais marre de passer mon temps à pleurer. Cela reviendrait sûrement plus vite que je ne le pensais, mais pour le moment je ne réalisai pas encore que cela s'était vraiment passé.

Quelques heures plus tard, j'essayais de dormir depuis en vain. Il n'y avait rien à faire, je n'y arrivais pas. Je me sentais si mal. Aucune position ne me convenait et j'avais ce poids sur la poitrine qui me pesait plus lourd à chaque seconde qui passait. Un coup j'avais froid et je remontais la couverture sur mon corps, un coup j'avais chaud et je rejetais les draps. Cela durait comme ça depuis ce qui me semblait une éternité. J'étais absolument éreintée et je voulais seulement dormir un petit peu. J'avais la gorge sèche et un mal de tête qui ne faisait qu'empirer.

Je finis par me redresser, au bord des larmes tellement j'étais fatiguée et désespérée, et allumai ma lampe de chevet. Le sol était froid au contact de mes pieds et j'en frissonnai de surprise.

- Bonsoir, chérie.

Je me retournai précipitamment dans un sursaut et poussai un cri. Dans ma frayeur, je m'étais rapidement éloignée du lit à reculons et mon dos était maintenant collé au mur. Elle se tenait là, dans l'ombre, de l'autre côté de la pièce. Même à cette distance, elle me toisait de toute sa hauteur et je me sentais rétrécir au fur et à mesure que ce mélange de peur et de choc me paralysait.

- Maman ? fis-je finalement d'une toute petite voix tremblante.

C'était juste...impossible. Sérieusement, elle ne pouvait pas être là. Elle était à des milliers de kilomètres de moi, elle n'avait pas pu venir ici. Elle s'était toujours assurée de rester le plus éloignée possible, que pouvait-elle bien me vouloir maintenant ? Elle n'était juste pas là, c'était impossible. Mon cerveau endormi me jouait forcément un tour. Les infirmiers l'auraient empêché d'entrer autrement.

- Oh... Ne sois pas si surprise, répondit-elle d'une voix mielleuse.

Pourtant c'était exactement elle. Son tailleur blanc cassé soulignait ses formes à la perfection, ses talons allongeaient encore plus ses jambes de mannequins, ses beaux bijoux ne demandaient qu'à être volés et ses ongles merveilleusement manucurés étaient prêts à se planter dans n'importe quelle chair humaine. Et encore, il ne s'agissait que des accessoires. Ses soyeux cheveux couleur miel tombaient sur ses épaules avec classe pour mettre en valeur son brushing, ses lèvres pulpeuses arboraient un rouge à lèvre très discret et un léger phare à paupière éclairait son regard. De nouvelles rides que je ne connaissais pas étaient néanmoins apparues sur son visage. Malheureusement, elle était toujours aussi jolie. Mais ce n'était pas vraiment elle.

- Tu n'es pas là, tu n'es pas là, répétai-je pour moi-même sans pouvoir pour autant la quitter des yeux.

- Pourtant c'est bien moi, affirma-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine. Ne devrais-tu pas être ravie de voir ta chère Maman après tout ce temps ? me demanda-t-elle en marchant doucement vers moi.

Sa voix était toujours aussi perfide.

- Recule ! ordonnai-je.

L'hallucination de ma...mère me lança un regard amusé.

- Aurais-tu peur ? Ma belle et courageuse petite fille a peur de moi. Tu n'es peut-être pas si courageuse, après tout.

- Va-t'en ! m'écriai-je en haussant le ton. Je ne veux pas te voir !

Elle afficha un air faussement vexé. Je continuai de m'écraser contre le mur.

- Mais enfin mon cœur, je suis ta mère.

Je secouai violemment la tête.

- Tu n'es pas là, tu n'es pas réelle ! m'exclamai-je encore.

Quelqu'un franchit la porte de ma chambre et je sursautai à nouveau en étouffant un cri.

- Savannah ?

C'était juste Mme Diggle. Vu les circonstances, j'avais eu peur de voir mon père se joindre à notre réunion de cinglés.

- Mais enfin as qui parles-tu ? me demanda-t-elle en me regardant de la tête au pied avant d'examiner la chambre. Est-ce que ça va ?

- Bien sûr que ça va, répondis-je sur un ton le plus neutre possible.

Je continuai cependant de lancer des regards vers le coin de la pièce où ma mère avait bizarrement reculé en voyant Mme Diggle débarquer. Malheureusement, elle se ressaisit vite.

- Alors comme ça quelqu'un s'inquiète pour toi, dit-elle avec dédain, c'est une première.

Je la regardai avec haine en me détachant enfin du mur.

- Qu'est-ce que... Savannah regarde-moi, m'ordonna mon infirmière qui continuait de s'inquiéter.

Je reportai mon attention sur elle en espérant faire disparaître la femme qui m'avait élevée, ou avait fait semblant du moins.

- Je vais bien, la rassurai-je.

Elle sortit néanmoins sa petite lampe et examina mes yeux.

- Pourquoi ne dors-tu pas ? me demanda-t-elle en remontant ses lunettes sur son nez.

- Elle m'a réveillée, laissai-je échapper dans un grognement.

- Qui ça ? s'étonna-t-elle en fronçant les sourcils.

- Ma...

Mon regard alterna entre le cauchemar de mon enfance dans une enveloppe d'élégance et de beauté et l'une des seules personnes réellement honnêtes que je connaissais ayant un visage angélique et un regard réconfortant.

- Dit-le Savannah. Je suis ta mère. Tu t'en souviens ? Dis-le.

Finalement je me perdis quelque part entre les deux.

- Enfin Savannah mais qu'est-ce que tu regardes ?

- Je...suis...ta...Maman !

- Non ! m'écriai-je.

Mme Diggle saisit mon bras avec empressement.

- Doucement ! dit-elle. Qu'est-ce qui te prend, tu sais que tu ne peux pas parler aussi fort.

- Ce n'est pas ma faute, me plaignis-je en me dégageant de son emprise.

Elle me dévisagea, incrédule.

- Elle non plus elle ne te comprend pas, reprit la vipère qui m'avait mise au monde. Cela n'a rien d'étonnant.

Je grognai et pris ma tête entre mes mains.

- Disparaît, disparaît, disparaît..., murmurai-je encore et encore.

- Savannah, je suis désolée, mais je ne m'en irai pas tant que je ne saurais pas ce qu'il se passe, s'excusa plus ou moins Mme Diggle.

- Non ! fis-je en découvrant mon visage. Ce n'est pas vous, c'est...

- Qui ? m'incita-t-elle à parler avec tendresse.

Je me mordis la lèvre.

- Savannah ?

- Ne devrait-elle pas t'appeler Mlle Hamilton ? intervint la personne qui m'avait portée pendant 9 mois contre son gré, sans pertinence.

- Quoi ? Non...c'est...je...elle...

Mme Diggle me prit alors dans ses bras avant que les larmes ne me montent aux yeux.

- Ça va aller, tenta-t-elle de me rassurer.

- Non. Non, ça ne va pas.

- Je t'assure que si, me réconforta-t-elle encore, sans grand résultat pour être honnête.

J'ouvris les yeux et observai ma mère secouer la tête pour me dire : « C'est faux... »

- Pourquoi vous ne la voyez pas ? demandai-je tout bas.

Mme Diggle me regarda à nouveau, perplexe.

- Voir qui ?

- Ma...

Mon affreuse sorcière d'éducatrice pencha la tête sur le côté avec sa petite moue sadique. Pétasse.

- Je crois que tu devrais retourner dormir, me conseilla la seule personne qui s'inquiétait un peu pour moi dans cette pièce.

Je secouai la tête, presque avec peur.

- Non, je ne peux pas.

- Pourquoi ? s'enquit Mme Diggle en prenant mes mains.

- C'est vrai ça, pourquoi ? reprit l'autre femme perchée.

Je levai les yeux au ciel avec exaspération.

- À cause de toi bien sûr, répondis-je.

- Moi ? s'étonna Mme Diggle, pas tout à fait ravie de mon ton. Oh...eh bien je vais te laisser alors.

J'avais envie de me frapper.

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est... Cette histoire est complètement dingue. Vous...vous ne la voyez vraiment pas ? insistai-je, de plus en plus frustrée.

- Mais qui ça !? s'écria-t-elle.

Je pris de nouveau ma tête entre mes mains et grognai, à la limite de me tirer les cheveux. Je n'en pouvais plus. Je voulais seulement dormir ! Et maintenant, je me retrouvai assaillie d'hallucinations de mes pires souvenirs et cela devenait insupportable. Je me mis à faire les cents pas, les yeux fermement clos, priant à mi-voix pour que cela s'arrête.

- Vas-y. Dis-lui. Elle ne te croira pas, personne ne te croira jamais. Sauf moi, ta très chère mère.

- Tu n'es pas ma mère ! lui hurlai-je enfin, le souffle court et la gorge serrée.

Mme Diggle recula de surprise et écarquilla les yeux avec frayeur. Elle avait bien vu que je ne lui parlai plus. Me pensait-elle folle ? Elle suivit mon regard avec stupeur.

- À qui tu parles, nom de Dieu ?

- Ce n'est pas vrai ! soupirai-je. Vous êtes aveugle ou quoi ? Vous ne la voyez pas juste là ? Avec son brushing parfait et son sourire plein d'hypocrisie !

Elle ferma les yeux un court instant, comme si elle comprenait ce qu'il se passait et que la vérité était dure à accepter.

- Ta mère n'est pas là Savannah. Il n'y a personne, tu dois me faire confiance. C'est uniquement dans ta tête.

L'abominable femme en question sortit de l'ombre et contourna le lit avant d'avancer vers moi.

- Ne la crois pas mon petit écureuil. Je suis là et je serai toujours là.

Elle rapprocha une main de mon visage, comme si elle s'apprêtait à me caresser la joue. Je reculai précipitamment mais sentis mes jambes se ramollir à mesure qu'elle se rapprochait de moi. Le sol était si froid sous mes pieds que je pouvais ressentir mon sang se glacer jusqu'à mon cerveau où une certaine panique commençait à s'installer. Je tournai vers Mme Diggle comme vers mon dernier espoir de ne pas perdre la raison.

- J'ai lu trois fois les effets secondaires de mes médicaments, nulle part ce n'est marqué « hallucinations », protestai-je.

- C'est vrai, avoua Mme Diggle qui commençait à se rapprocher de moi et à me bloquer la vue du reste de la pièce. Ce ne sont pas les médicaments. C'est toi, c'est ta tête, ton esprit qui te joue des tours.

Elle avait dû se rendre compte que j'avais froid car elle commença à me frotter les bras. Je la soupçonnais de vouloir autant me calmer que me réchauffer.

- Mais bien sûr, soupira Mme Talons Aiguilles De La Mort, laisse-la te traiter de folle tant que tu y es ! C'est moi que tu dois croire, mon ange. Sais-tu pourquoi ton père et moi t'avons appelé Savannah ? demanda-t-elle.

- Je m'en fiche, soupirai-je en levant les yeux au ciel avant de me concentrer à nouveau sur Mme Diggle plutôt que sur elle.

- Cela nous faisait penser à la Savane, commença-t-elle en se recoiffant. Tu sais, cet endroit magnifique où l'on trouve les animaux les plus féroces mais aussi les plus majestueux. C'est un lieu où l'homme n'a pas sa place parmi toutes ces bêtes indomptables. Tu es comme ça toi aussi. Magnifique, déterminée, sauvage.

- Tais-toi, tais-toi...

Elle ne voulait vraiment plus s'arrêter. Avec dégoût, je l'observai porter une main à sa poitrine comme si elle était émue de se remémorer de bons souvenirs

- J'étais comme ça quand j'étais jeune moi aussi. Telle mère, telle fille.

Mme Diggle ne pouvait malheureusement plus rien pour moi. Je ne tenais plus.

- Pas du tout ! m'écriai-je en revenant cette hypocrite. De un, tu ne pouvais pas connaître ma personnalité dès le jour de ma naissance, alors comme d'habitude tu ne racontes que de la merde, et de deux, je n'ai rien à voir avec toi !

Mon infirmière me voyait-elle parler au mur ?

- Pourtant mon sang coule dans tes veines...

- Plus maintenant, répondis-je d'une voix assurée pour la première cette soirée. Plus depuis cinq ans en fait. Tu t'en souviens ?

Je me trouvai enfin la force de chasser la peur et la nostalgie par la colère brûlante que je nourrissais depuis toutes ces années. Mme Diggle me regardait désormais en fronçant les sourcils, l'air perdue, ne sachant sûrement pas si elle devait interrompre ce qui devait ressembler à un monologue.

- C'est vrai. Est-ce que c'est ça ton excuse pour tout faire foirer depuis ce jour-là ? Mais qu'est-ce que je raconte ? C'est déjà ce que tu faisais des années auparavant, ricana-t-elle avec un ton plein de venin.

- Tu n'es qu'une connasse...

Elle haussa les épaules, presque amusée.

- Peut-être. Mais toi aussi. Quand je pense à cette pauvre Elizabeth. Tu dois tellement la décevoir.

Je me raidis. Non, ça elle n'avait pas le droit.

- Tu ne la connais pas, répondis-je les dents serrées.

- Mieux que toi apparemment, renchérit-elle. Ils sont si mignons Luke et elle. Sans toi et à l'écart de ta mauvaise humeur et de tes caprices.

Je restai abasourdie un instant.

- Comment...comment peux-tu être au courant de cette histoire ?

- Oh..., fit-elle faussement navrée.

Ma « mère » arriva finalement à ma hauteur et recoiffa doucement mes cheveux, comme si elle connaissait ce qu'était l'amour maternelle.

- Je suis dans ta tête, mon petit cœur. Je sais tout.

J'écartai ses mains de mon visage d'un geste téméraire. Elle perdit tout son sourire dégoulinant de fausse affection et retrouva son regard méprisant quand je connaissais si bien. Ses yeux dépourvus de toute tendresse me glacèrent instantanément. C'était une chose que je n'avais jamais réellement comprise, quoi que simple, mais qui avait toujours suscité chez moi un étrange intérêt.

Nous parlions souvent des yeux des Hamilton, retrouvés génération après génération. Moi-même je n'y avais pas échappé, bien que ce fût un inconvénient plutôt agréable. Ce genre de couleur bleu-vert était très facile à mettre en valeur et s'accordait très bien avec les cheveux blonds que beaucoup des membres de ma famille avaient. Dans mon cas bien particulier, c'était ma rousseur qu'ils faisaient ressortir et cela m'allait à merveille. Si mes yeux m'assimilaient à eux, mes cheveux me rendaient unique et c'était une chose qu'il ne pourrait jamais m'enlever.

C'était probablement une des choses qui me rendait « moi » et pas l'une des leurs, contrairement à ma mère. Elle n'aurait peut-être jamais nos yeux, mais elle serait toujours bien plus une Hamilton que je ne l'étais.

- Au fond tu es restée cette petite fille pourrie gâtée, me balança-t-elle à la figure.

- Moi ? Pourrie gâtée ? Et les jumeaux alors ? m'exclamai-je presque en riant.

Elle haussa un sourcil, l'air hautain. J'avais osé toucher aux enfants saints.

- Ton frère et ta sœur ? Quels parfaits jeunes gens ces deux-là, de vrais trésors.

Je croisai les bras sur ma poitrine.

- Tu mens. Ils sont aussi égoïstes et hypocrites que toi.

C'était une vérité, même si elle ne pouvait pas dire le contraire. Cependant, un sourire étonnamment satisfait apparut sur son visage. Qu'allait-elle encore me sortir ?

- Eux au moins savent construire des relations stables. Pas comme toi et... comment s'appelle-t-il déjà ? Jeremy ?

J'allais la frapper. J'étais sérieuse, si encore une personne me parlait de cette histoire je ne pourrais que lui envoyer une droite en pleine face.

- Mais qu'est-ce que vous avez tous avec ça ?! Il n'y a RIEN entre Jeremy et moi ! Bon OK, je l'ai peut-être embrassé, mais c'était uniquement pour éviter des questions gênantes !

- Quoi ?! fit soudain Mme Diggle qui se retenait d'intervenir jusque-là.

Nous l'ignorâmes royalement.

- Elizabeth avait donc raison à ton sujet, reprit Béatrice-je-suis-une-mère-indigne-mais-je-vis-dans-le-déni-Hamilton. Sur toute la ligne. Tu ne méritais pas tout ce que nous t'avons donné. Tu avais une famille aimante qui t'offrait absolument tout ce que tu désirais. Mais ça ne te suffisait pas, il en fallait toujours plus. Comme ce petit garnement, Cameron. Vous étiez toujours fourrés ensemble et je comprends pourquoi. Vous ne valiez pas mieux l'un que l'autre !

- La ferme ! hurlai-je enfin. La ferme ! Va-t'en ! Dégage ! Laisse-moi tranquille !

Alors que je m'élançai vers...je ne savais même pas trop quoi, Mme Diggle m'encercla de ses bras et me retint de toutes ses forces.

- Savannah calme-toi je t'en supplie ! Elle n'est pas là, c'est dans ta tête. Arrête !

Je sautai sur place et fis de mon mieux pour me libérer, mais sans lui faire mal, cela s'avérait plutôt difficile.

- Tu as toujours eu un don pour faire des scènes, soupira le monstre blanc en observant sa manucure.

- Lâchez-moi ! criai-je encore. Et tu vas fermer ta grande gueule espèce de...

Un assistant surgit dans la pièce avec précipitation. Il avait à peine fait quelques pas qu'il s'était arrêté, abasourdi devant ce spectacle. Mme Diggle, retenant seule une Soleil entraînée, il ne devait pas voir cela souvent. Néanmoins, mon médecin était bien plus coriace qu'on ne le croyait.

- Allez chercher le Soleil Scandola, ordonna-t-elle alors. Immédiatement !

- Avez-vous besoin d'aide ? demanda finalement l'assistant.

Oh, tu crois ?

- Faites ce que je vous dis ! insista-t-elle néanmoins.

Il partit sur le champ. Attendez, est-ce qu'elle avait dit Soleil Scandola ?

- Non ! Non ! Non ! Lâchez-moi, je ne veux pas le voir ! Pas lui ! Laissez-moi tranquille ! hurlai-je comme une folle.

Pendant ce temps, ma mère riait. Elle était folle de joie. Pour élever son enfant, son absence était remarquable, pour jubiler devant ses souffrances, elle excellait.

- Ça t'amuse, hein ? criai-je. Ça t'a toujours fait plaisir de voir les autres souffrir espèce de sadique !

Son hilarité redoubla.

- Tu te fatigues pour rien, chérie. Tu peux toujours hurler tout l'air contenu dans tes poumons, crier contre le monde entier, ça ne changera pas qui tu es, ni ce que tu ressens.

- AH !! La ferme ! enrageai-je.

Cette fois, je me débattis davantage, lançai des coups un peu partout, sautai et m'appuyai sur Mme Diggle. Contre toute attente, cette dernière me fit une clef de bras très bien exécutée et m'immobilisa contre le mur.

- Savannah, grogna-t-elle. Calme-toi, tu peux le faire. Tu peux la battre. Je t'en prie arrête, tu vas te faire mal.

D'autres assistants arrivèrent alors et lui prêtèrent main forte immédiatement. Je n'étais plus bloquée contre le mur et ne souffrais plus vraiment, mais ils étaient tellement sur moi que j'avais l'impression que mes mouvements étaient tout aussi limités.

- Il faut l'isoler, déclara l'un d'eux.

- Est-ce que vous pensez à ce que je pense ? demanda Mme Diggle sur un drôle de ton.

- Arrêtez de penser et lâchez-moi !

- Comme c'est drôle, s'extasia encore ma mère.

- On n'a pas le choix, répondit l'assistant.

- Toi ta gueule ! criai-je à...aux deux en fait.

Mme Diggle et d'autres infirmiers m'emmenèrent alors dans une salle dont j'ignorais l'existence jusqu'à maintenant. Rassurant. Elle était séparée en deux parties. D'un côté il y avait un bureau, des chaises et un ordinateur avec au-dessus une grande vitre donnant sur l'autre côté de la salle. Il s'agissait d'une grande pièce blanche au milieu de laquelle trônait un fauteuil lit face à ce qui ressemblait vu d'ici à un miroir. Cela devait être une salle d'observation ou d'interrogatoire. Mais j'avais oublié un détail.

Aussitôt que l'on m'avait installée sur le lit, ils s'empressèrent de me bloquer les pieds et les poignets avec des sangles. Un instant plus tard, je compris que cela ne s'arrêterait pas là. Ils m'attachèrent aussi au niveau du buste et des jambes. Mon Dieu... Quel genre de choses faisaient-ils dans cette salle ?!

- Détachez-moi ! criai-je de nouveau en paniquant. Mme Diggle ne me faites pas ça ! Je vous en supplie, laissez-moi partir !

Mme Diggle me lança un regard désolé. Mon bras me faisait de plus en plus mal. J'avais rouvert ma blessure, mais ça, elle ne semblait pas s'en soucier.

Alors que j'aurais pu me consoler en me disant qu'au moins je ne voyais pas ma « mère », elle entra à son tour dans la pièce. Je voulus me frapper la tête mais les sangles m'en empêchaient. Les autres me laissèrent ensuite seule dans cette pièce vide, en sachant qu'ils pouvaient me voir mais pas moi... Enfin, seule avec ma « mère ». Je ne voyais pas comment cela pouvait être pire.

- C'est parfait...juste toi et moi, jubila celle-ci.

- Non... Ne me laissez pas ici ! criai-je dans un désespoir assez alarmant.

Un beau grand rien du tout suivit mon appel au secours.

- S'il vous plaît...

- Oh tu peux continuer de gesticuler et de crier comme tu le faisais, c'était tellement amusant, continua Ursula Hamilton.

Je fermai les yeux et respirai calmement. Elle n'était pas là. Elle n'était pas réelle, bien sûr. C'était dans ma tête. C'était exactement comme Mme Diggle l'avait dit, tout était dans ma tête.

- Bon, puisque nous sommes toutes les deux-là, pourquoi ne pas avoir une petite discussion mère-fille ? me proposa Cruella Hamilton.

- Je suis là. Tu n'es pas là.

Je gardai avec précaution mes paupières closes et m'efforçai de l'ignorer mais elle savait parfaitement quoi dire pour rendre la tentation trop grande.

- Allez Savannah, ça ne te fera pas de mal de jouer le jeu.

- Tu as tort, grognai-je. Ça m'en a déjà fait.

- Plus tu résistes, plus ça fera mal, prononça-t-elle doucement.

Je relevai soudain la tête, piquée au vif.

- Où as-tu entendu ça ?

Elle cessa de se recoiffer en se regardant dans la glace puis se mit à rire.

- C'est bien ce que je pensais. Tu n'as pas oublié.

- Comment le pourrais-je ? m'exclamai-je en serrant les poings. Il m'a paralysée ! Il est aussi fou que toi...

- En fait, je ne parlais pas de ça, déclara Maléfique Hamilton.

Je la regardai de travers.

- De quoi alors ?

- Tu n'as pas oublié ce que Jeremy t'a dit à ce moment-là, me répondit-elle.

Je ricanai avec sarcasme.

- Tu as raison, pardon d'avoir une bonne mémoire.

- Enfin admets-le, cela n'a rien à voir avec ta mémoire. Jeremy est ton pilier, ton phare. As-tu remarqué qu'il est toujours là quand tu as des problèmes ? C'est-à-dire, assez souvent en fait, ajouta-t-elle en ricanant. Mais, le plus marquant, c'est que toi aussi, tu es toujours prête à te jeter dans ses bras quand ça arrive.

Je secouai vigoureusement la tête.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles. Mais il y a bien un point sur lequel tu ne te trompes pas. Jeremy est bel et bien mon guide parce qu'il n'y a que lui qui puisse m'apprendre à devenir plus intelligente et plus forte.

Elle haussa un sourcil. Je la fusillai du regard, puis ajoutai :

- En tout cas suffisamment pour que quand je sorte de ce trou à rats tu regrettes le jour de ma naissance.

Elle perdit son sourire puis s'approcha lentement de moi, l'air dur.

- Ça j'en doute, mon cœur, parce que vois-tu, je le regrette déjà.

Je voulus lui mettre un bon coup de boule et lui tirer les cheveux de toutes mes forces mais je ne pus que tirer davantage sur les sangles qui me retenaient.

- Sortez-moi d'ici ! criai-je encore.

- Oh...doucement mon bébé, tu vas abîmer ta voix, murmura-t-elle en caressant mes cheveux.

- Sors de ma tête... Sors de ma tête !! hurlai-je.

Je compris alors que ma seule chance de me débarrasser d'elle était de m'endormir. Le sommeil devait la faire disparaître de mon subconscient. Pour ça, tous les moyens étaient bons.

Je réunis donc toutes mes forces et tirai sur les sangles. Ma peau me brûla rapidement, la circulation du sang dans mes veines se fit difficile et je pus bientôt sentir le cuir s'enfoncer dans ma chair.

- Arrête ça tout de suite ! entendis-je par l'intermédiaire d'un micro.

Je continuai à tirer avec encore davantage avec colère et désespoir. Je n'avais que faire de la douleur. Un infirmier finit par débouler dans la pièce, une seringue à la main, et ce fut avec plaisir que je le laissai m'injecter le liquide chaud qui me libéra.

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Hey ! Savannah vient de vivre des retrouvailles inattendues avec sa mère, peut-être comprenez-vous mieux pourquoi ses rapports à l'autorité sont difficiles...
Et elle n'en restera probablement pas là. 😉

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