Chapitre 41
Négocier avec Mme Diggle n'avait jamais été aussi dur. Vous vous en doutez, l'invitation à dîner de Kyle ne lui faisait vraiment pas plaisir, ainsi j'avais peut-être ou peut-être pas eu recours au chantage émotionnel pour obtenir une permission de sortie. De plus, elle ne pouvait pas juste dire « non » à un Jackson, surtout quand il avait une idée derrière la tête. En l'occurrence, cela tombait vraiment bien pour moi : j'allais porter une jolie tenue, manger un dîner préparé par des professionnels, me régaler avec un tas de petits potins et surtout, obtenir des réponses.
Maintenant, j'imagine que vous vous demandez : « Depuis quand est-ce qu'elle a des jolies tenues à mettre ? ». Excellente intuition ! Je n'en avais aucune, ce n'était pas un secret. Néanmoins, Kyle m'en avait fait envoyer une. Pas par générosité, non, il voulait s'assurer que je serais présentable. Je n'étais pas du tout vexée, mais m'en réjouissais au contraire. Je pouvais désormais dire que j'avais en ma possession une robe qui valait plusieurs centaines de dollars. J'ignorais s'il l'avait choisi lui-même ou non, mais elle était simplement magnifique. Le buste était fait de dentelle cousue sur une maille beige transparent, laissant apercevoir ma peau, mais sans être vulgaire. La crinoline en tulle, quant à elle, tombait gracieusement à mes pieds. De plus, la couleur émeraude était en parfaite harmonie avec mes boucles rousses.
Rassurez-vous, personne n'avait pris possession de mon corps, il s'agissait des mots de Mme Diggle lorsqu'elle l'avait découverte avec moi pour la première fois. En effet, elle avait beau être contre cette idée, elle avait insisté pour m'aider à me préparer. Ainsi j'eus droit à tous ses souvenirs de son bal de promo au lycée et aux fois où elle avait dû porter de telles robes pour des galas de charités. Je découvrais une nouvelle face de mon médecin et c'était assez agréable de parler robes et bijoux, comme n'importe quelle adolescente de 17 ans, pour une fois. Par ailleurs, je ne pouvais ni faire appel à Lizzy ou Marley pour me maquiller ou me coiffer, alors l'aide était la bienvenue !
Elle enfonçait justement une dernière pince pour fixer mon chignon tressé lorsque la porte de ma chambre s'ouvrit, laissant apparaître un Jeremy plutôt remonté qui n'avait pas cru bon de frapper avant d'entrer.
- Pourquoi est-ce qu'on vient de me demander de t'escorter jusqu'à la maison des Jackson ?
Son ton trahissait en effet son mécontentement, mais aussi un certain mépris. Mme Diggle, qui jusqu'ici me cachait, s'écarta pour me laisser faire face à mon mentor. J'étais déjà maquillée, coiffée et habillée, prête à me fondre dans un monde de luxe et de beauté auquel je n'appartenais pas mais dans lequel il pouvait être agréable de vivre une soirée. Ainsi je me sentais parfaitement sereine et confiante.
Lorsque Jeremy posa les yeux sur moi, son expression changea légèrement, comme si la surprise lui avait ôté le souffle le temps d'une microseconde.
- Parce que nous avons besoin d'un chauffeur. Quand je dis « nous », je parle bien sûr de Kyle et moi.
Les poings de mon mentor se serrèrent. Il soutint mon regard un long moment, attendant probablement que je donnasse une quelconque explication, mais aucune ne sortit de ma bouche. Il finit par se tourner vers Mme Diggle, outré.
- Et vous ne dites rien ?
Celle-ci écarquilla les yeux, se sentant soudainement agressée.
- J'ai déjà essayé, qu'est-ce que vous croyez !? Mais je ne suis apparemment qu'une infirmière ici, Kyle Jackson n'en a rien à faire de ce que je pense !
Jeremy leva les yeux au ciel.
- On parle d'un abruti de 17 ans, ce n'est pas lui qui va faire la loi non plus !
Comme je m'y attendais, mon mentor avait très peu d'estime pour Kyle.
Mme Diggle écarta les bras, impuissante.
- Il a l'autorisation de M. Carter ! Que voulez-vous que je fasse ?
Il secoua la tête en soupirant, frustré et énervé, puis reposa son attention sur moi. Ses yeux sombres étaient sévères et s'efforçaient de ne pas se laisser amadouer par mon apparence, mais de garder leur autorité. Jusque-là, Jeremy n'avait jamais eu aucun problème avec ça. Il était grand et baraqué, sa mâchoire carrée lui donnait un charme inexplicable mais aussi un air froid et sec lorsqu'il était en colère, et ses poings serrés mettaient en valeur les veines de ses bras musclés. En règle générale, on évitait de s'en prendre à lui. Seulement moi, il ne m'effrayait pas le moins du monde.
- Savannah, à quoi est-ce que tu joues ?
Jeremy le savait également, alors il tentait la seule chose qui aurait peut-être de l'effet sur moi : les mots.
- Ai-je besoin de te rappeler ce qu'il s'est passé la dernière fois ?
- Hé ! s'écria alors Mme Diggle. C'est la deuxième que je vous entends dire ça, que s'est-il passé la dernière fois ?
- Rien ! répondîmes brusquement mon mentor et moi, chacun en croisant les bras.
Je les décroisai immédiatement en constatant cette similarité.
- Cette fois c'est différent ! insistai-je.
Il parût soudainement amusé.
- Ah oui ? Je peux savoir en quoi ?
Je n'eus que très peu de temps pour réfléchir. Je n'avais en général pas de problème lorsqu'il s'agissait de trouver une bonne réplique, mais là, la personne en face de moi avait raison et je le savais. Néanmoins, je ne pouvais pas le laisser paraître. Ainsi, je ne trouvai qu'une réponse qui pourrait peut-être lui clouer le bec.
- Cette fois, nous sortons ensemble.
Je fis comme si prononcer ces mots ne blessait pas sérieusement mon estime de moi-même et affichai un sourire fier. Jeremy me dévisagea avec un mélange de peur et d'inquiétude, l'air de dire : « Tu ne peux pas être sérieuse... ». Mme Diggle, elle, semblait avoir la mâchoire décrochée et se retenait de toute ses forces de faire un commentaire. Je sus qu'ils allaient avoir besoin d'un peu plus pour commencer à me croire.
- De nouveau, je veux dire. Nous sortions déjà ensemble il y a environ un an et demi, je suis sûre que vous vous en souvenez, fis-je à l'intention de mon infirmière.
Cette dernière sembla étonnée que je l'inclus enfin dans la conversation.
- Eh bien, je...enfin oui, mais...je...je veux dire, tu étais très contente que ça se termine !
Pas vraiment la réponse dont j'avais besoin...
- Non ! J'ai seulement fait semblant de l'être ! Il m'avait trompée et je ne m'en étais même rendu compte, je ne pouvais quand même pas laisser ma fierté être encore plus blessée en aller pleurer dans les chaumières devant tout le monde !
Jeremy passa une main sur mon visage, exaspéré.
- Justement ! Il n'était déjà pas digne de confiance quand tu sortais avec lui avant, alors pourquoi remettre ça ?
Je décidai de le prendre à son propre jeu.
- Il ne faut pas se fier aux apparences, non ? Kyle a grandi et est beaucoup plus mâture aujourd'hui, il mérite une deuxième chance.
Des coups retentirent contre la porte. Le jeune homme en question n'attendit pas la moindre réponse et entra, avec la même désinvolture qu'à son habitude. Il ignora complètement Mme Diggle et Jeremy et m'accorda toute son attention.
- Waouh Savannah ! Je savais que cette robe serait sublime sur toi, mais là c'est...époustouflant !
J'ignorais si c'était ma beauté ou mon sex-appeal qui l'émerveillait autant mais je ne me penchai pas trop sur la question. J'avais une démonstration à faire. Toute sourire, je m'avançai vers lui puis passai les bras autour de sa nuque avant de l'embrasser. N'étant pas un excellent acteur – il ne fallait pas trop lui en demander – il eut d'abord un léger mouvement de recul mais finit par me rendre mon baiser. Jeremy et Mme Diggle devaient être absolument verts.
Quelques secondes s'écoulèrent avant que je ne m'éloignasse de mon faux petit-ami. Là, je pus constater que mon intuition était la bonne et qu'ils n'étaient pas franchement ravi d'avoir vu cela. J'allai ensuite attraper ma pochette.
- Prête ? me lança Kyle en me présentant son bras.
Je glissai le mien dans le creux de son coude, tout sourire.
- Prête !
Étant réduit à n'être que notre chauffeur ce soir, Jeremy dut me laisser à contrecœur au bras de Kyle et repartir à l'établissement. Il avait insisté pour renforcer la sécurité sur place, mais mon prétendu « petit-ami » avait poliment décliné son offre en disant « Une quinzaine de Soleils encerclent déjà la maison, votre présence n'est donc ni demandée ni nécessaire, mais merci quand même » - donc pas si poliment que ça. Mon mentor n'avait pas eu d'autres choix que de partir.
Tout comme les Darcy, les Jackson possédaient leur propre maison à quelques kilomètres du campus à proprement parler. Seulement le mot "maison" n'était plus vraiment adéquat à ce que j'avais sous les yeux. L'extravagance était apparemment une histoire de famille autant que les paris puisque j'étais sur le point d'entrer sans rien de moins qu'une villa luxueuse et démesurément grande pour un endroit non-habité la plupart du temps. En l'occurrence, les membres des Jackson les plus proches s'étaient réunis pour l'anniversaire de Kyle, ce qui expliquait pourquoi tant de Soleils protégeaient la villa ce soir. On avait beau être sur le territoire du pensionnat, certains étaient prêts à prendre le risque de s'y aventurer si tuer une quinzaine de membres de l'Élite était la clé.
Un homme élégamment habillé de noir vint nous ouvrir et se chargea de prendre nos manteaux. Quelques mètres plus loin, je chuchotai à Kyle :
- Est-ce que c'était vraiment un valet ?!
Ce dernier me fit un clin d'œil.
- Rien n'est trop beau pour les Jackson.
Trois heures plus tard, nous étions prêts à entamer le dessert. Heureusement pour moi, tous les Jackson ne m'avaient pas accueillie comme la mère l'avait fait. Certains étaient sérieusement déçus d'avoir perdu leur pari, mais d'autres voyaient ma présence comme un divertissement et ils ne se gênaient pas pour me poser toutes sorte de questions sur les Soleils, le pensionnat et même ma fugue. Lorsque l'on me posait des questions sur Ma relation avec Kyle, je restai toujours évasive, même de toute façon, très peu s'y intéressaient.
Ainsi il me tardait d'en finir avec cette soirée d'anniversaire, mais Kyle l'avait déjà annoncé la couleur : nous devions attendre que tout le monde soit bien éméché pour pouvoir nous introduire discrètement dans le bureau de son père. Entre nous, je fus surprise du temps que cela prenait. Les Jackson étaient des spécimens très particulier, on trouvait dans leurs gènes les instincts des meilleurs aristocrates mais également des pires beaufs, c'était indéniable. Une bonne dizaine de paris stupides avaient été lancés ce soir, sans parler des blagues sexistes et racistes de très mauvais goût et des hommes qui s'étaient mis à beugler comme des animaux après quelques verres de trop, de toute évidence.
Kyle avait eu pitié de moi et m'avait placée à côté de sa belle-sœur et son jeune bébé. Poppy avait des cheveux châtains mi-long étaient tressés le long de sa nuque et tombaient gracieusement sur son épaule. Elle portait une longue robe bleue marine et avait une ligne étonnamment parfaite pour une femme qui avait accouché seulement deux mois plutôt. En réalité, elle était bien la seule personne digne d'être appelée "membre de l'Élite" ici. Elle semblait aussi épuisée et déroutée que moi. De là où nous étions, c'est-à-dire le seul coin tranquille de l'immense table en bois et au couvert en porcelaine et argent sous un lustre éclatant, le spectacle paraissait vraiment inquiétant.
- Des paysans habillés en nobles, n'est-ce pas ? me fit-elle pour désigner le reste de la famille avec tristesse.
Je jetai à nouveau un coup d'œil au reste de la table et ne pus la contredire sur aucun point.
- On dirait que ce sont des personnes complètement différents ensembles et séparément.
- C'est exactement ça, confirma Poppy.
Mon regard alla se poser sur Kyle, quelques chaises plus loin de l'autre côté de la table. Il paraissait détendu et amusé. Un bras nonchalamment posé sur le dossier de sa chaise et l'autre étendu jusqu'à son verre, il riait comme les autres mais ce n'était qu'un acte : il échangeait constamment son verre plein de whisky contre celui vide de son oncle, puis remplissait à nouveau ce verre-ci afin de l'échanger ensuite contre l'autre. Si nous avions tout deux bu notre champagne sans retenu, Kyle ne pouvait pas se permettre de surestimer sa descente. Ce dernier sentit mon regard posé sur lui et m'adressa un clin d'œil. Nous n'allions plus tarder à nous éclipser.
En effet, moins de cinq minutes plus tard, il s'était levé et il m'interpellait d'une voix douce.
- Savannah ?
Je relevai la tête, un sourire charmant sur le visage.
- Que dirais-tu d'une visite de la maison ? Je crois que nous ne manquerons à personne pendant une dizaine de minutes.
Je m'excusai auprès de Poppy qui en retour m'adressa un sourire lourd de sous-entendu, puis j'acceptai la main que Kyle me tendait et le suivis. Dès que nous fûmes hors de vue des autres convives de la soirée, il ne perdit pas un instant et nous amena au bureau de son père. Je fermai la porte derrière nous tandis qu'il alla s'installer dans l'immense fauteuil en cuir auquel un ordinateur portable faisait face. En effet, cela n'avait rien à voir avec les vieux ordinateurs dont on se servait de temps en temps en cours. Le visage de Kyle sembla s'éclairer en même temps que l'écran devant lui. Je ne sous-estimerais plus son amour pour l'informatique, c'était certain.
N'ayant pas préféré allumer la lumière par peur d'attirer l'attention, je m'en remis à la lumière bleue de l'ordinateur pour aller me placer derrière Kyle.
- Je crois que Poppy pense qu'on s'est éclipsé pour faire autre chose que pirater quelques téléphones, si tu vois ce que je veux dire...
Mon faux petit-ami ricana en se tournant légèrement vers moi avec un regard sournois.
- Il vaut mieux ça que la vérité, mais si jamais tu es intéressée, je serais...
Je frappai gentiment – peut-être pas tant que ça – le dos de sa tête avec la paume de ma main.
- Concentre-toi, s'il te plaît. On n'a pas beaucoup de temps.
Kyle se remit immédiatement au travail et il lui fallut moins d'une minute pour contourner le mot de passe de son père. Voir à quel point les documents d'un membre de l'Élite aussi puissant se trouvaient en réalité très mal protégés était inquiétant. Néanmoins, cela m'arrangeait bien.
- Alors ? Quels téléphones t'intéressent ?
Je sortis un morceau de papier de ma pochette et lui tendis les noms de tous les Soleils ayant travaillé sur notre dossier pendant ma fugue avec Lizzy, ce qui incluait celui de mon mentor, mais également de M. Carter, du chef de la sécurité du pensionnat, Patterson, puis enfin celui de ma meilleure amie et de Luke.
Kyle écarquilla les yeux en découvrant cela.
- Tu plaisantes ?
- Je veux les relevés téléphoniques et bancaires de ces 9 derniers mois.
- Savannah, je crois que tu...
- Plus vite tu t'y mettras, plus vite ce sera terminé.
Ce fut donc ce qu'il fit. Ses doigts frappèrent à toute vitesse sur le clavier et des dizaines de pages d'images, de codages et d'autres choses auxquelles je ne comprenais rien s'affichèrent sur l'écran. Quelques minutes plus tard, l'imprimante commença à se mettre en marche et je perdis le compte des feuilles qui en sortirent.
- Et voilà ce que tu as demandé pour les...4 collègues de Jeremy.
Autrement dit, le plus difficile était encore à faire, mais à ce stade, je ne mettais aucune information de côté. J'allai donc récupérer ces feuilles puis revint vers Kyle. Il semblait plus confiant que jamais. L'imprimante recommença à se manifester.
- Lizzy et Luke, déclara-t-il simplement.
- Tu peux aussi imprimer leur conversation commune du mois de septembre ?
- ...Mais bien sûr.
- Génial !
- Je ne veux pas gâcher ta bonne humeur, ajouta-t-il sans même relever la tête, mais si Luke a vraiment transmis des informations à Carter ou Scandola pendant votre fugue, ce n'est certainement pas avec son téléphone personnel.
J'ouvris la bouche pour rétorquer quelque chose, mais je me retrouvai bien bête à n'avoir rien à répondre. En effet, c'est plus qu'improbable.
- Juste...continue.
Pour la première fois depuis que Kyle avait commencé à fusionner avec l'ordinateur, il fronça les sourcils et parut sérieusement embêté.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
De nouveau, ses yeux ne quittèrent pas l'écran.
- C'est...surprenant. Le téléphone de Scandola est protégé par un pare-feu absolument...incroyable. Sérieusement, du codage comme ça c'est de l'art.
Je levai les yeux au ciel.
- Il te faut combien de temps pour le contourner ?
- Euh...plusieurs heures. Au moins.
Mes ongles s'enfoncèrent dans mes paumes alors que la colère me gagnait peu à peu. Jusqu'au bout. Jeremy serait insupportable jusqu'au bout.
- Donc du temps qu'on n'a pas. Tant pis. Passe à Carter et Patterson.
- Vos désirs sont des ordres.
Je pris mon mal en patience et continuai simplement de croiser les doigts pour qu'il trouvât quelque chose. Il devait trouver quelque chose. Ma théorie devait être correcte. Toute cette soirée devait servir à quelque chose.
- Voilà qui est intéressant..., murmura alors Kyle, complètement absorbé par sa mission. Tu me rappelles la date du jour où les Soleils vous ont trouvé ?
Je creusai dans ma mémoire pour pouvoir répondre.
- Ils nous ont d'abord trouvé à Chicago le 10 septembre, puis à Nashville le 11, en plein après-midi à chaque fois.
- Alors ça tient la route, grogna-t-il en serrant le poing en signe de victoire.
- Kyle ?
- Regarde, fit-il en me montrant de doigt le relevé téléphonique de M. Carter, juste ci, le 10 septembre à 2 h 05, M. Carter a reçu un message d'un numéro inconnu intraçable, sûrement un téléphone jetable. Moins d'une minute plus tard, il a appelé Patterson (il me désigna cette fois le relevé de ce dernier) qui a lui-même appelé Scandola et son équipe 30 minutes plus tard. Sachant qu'ils suivaient à l'époque une piste à Philadelphie, il aurait fallu environ 12 h pour aller à Chicago, ce qui coïncide avec l'horaire dont tu parles.
Je retins inconsciemment mon souffle. C'était ça. Cela devait être ça.
- La nuit suivante, la même chose s'est passée. Message, appel, appel et...
- Je connais la suite merci. Est-ce que tu peux lire le message ?
Kyle secoua la tête.
- Ce n'est pas un message normal avec du texte comme tu le penses, c'est plutôt comme un fichier crypté. Les informaticiens de Patterson ont mis 30 minutes à la décrypter alors tu imagines bien que moi...
- OK, j'ai compris, euh...est-ce que tu peux trouver l'endroit où le message a été envoyé ?
Kyle grimaça.
- Non...mais je peux découvrir où est-ce que le téléphone a été acheté, et encore mieux, où il a été livré s'il s'agissait d'une commande.
Je fis abstraction de ma fatigue et de l'alcool qui coulait dans mon sang pour mobiliser toutes mes neurones et réfléchir à un plan.
- OK, repris-je donc, imaginons que les conversations entre Lizzy et Luke prouve bien qu'elle lui a dit où nous étions et que la commande mène encore à lui, alors quoi ?
Kyle arrêta de taper sur le clavier de l'ordinateur et croisa enfin mon regard. Une ampoule semblait venir de s'y être allumé.
- Alors je peux essayer de pirater le serveur du pensionnat pour découvrir si un signal a été émis sur ce territoire à 2 h 05 et où précisément.
- Et là tu n'auras pas qu'à trouver les caméras de sécurité et j'aurais la preuve irréfutable que Luke est derrière tout ça.
Il m'adressa un clin d'œil avec un sourire en coin.
- Mais c'est que tu apprends vite, jeune padawane.
Je fronçai les sourcils, perplexe.
- Euh...je crois que tu es le padawan et moi la Jedi ici.
Kyle me dévisagea avec une grimace.
- Euh...non, je ne crois pas.
- Ben si, c'est moi la Soleil, autrement dit c'est moi qui sais manier les armes et la force, toi tu...
- Argh...juste oublie !
Il avait raison, c'était complètement stupide. Je secouai la tête, me massai rapidement les tempes, puis repris :
- Bon, combien de temps est-ce que ça prend de pirater un serveur ?
- Eh bien, la mauvaise nouvelle c'est que ça surpasse légèrement mes compétences et le temps qui est à notre disposition, la bonne nouvelle, c'est que je connais un gars qui peut le faire pour nous.
Je soupirai, épuisée et déçue.
- Kyle, tu sais que nous ne pouvons impliquer personne de l'extérieur.
- C'est le seul moyen.
Je fermai les yeux et grognai contre moi-même. Mais dans quoi m'étais-je embarquée ? Je n'étais qu'une élève Soleil, je n'y connaissais rien en conspiration politique. Tout ce que je savais, c'était que je ne pouvais pas laisser un petit enfoiré comme Luke ruiner la vie de ma meilleure amie.
- D'accord, contacte-le.
- Il va me falloir au moins dix minutes de plus pour le convaincre puis lui donner des instructions claires.
- Ne t'inquiète pas pour ça, je me charge de distraire le petit peuple.
- Tu parles de ma famille, là ?
- Tu m'as comprise, idiot...
Je sortis du bureau et regagnai la salle à manger le plus discrètement possible. En effet, nous n'avions manqué à personne puisqu'ils étaient tous exactement tels que nous les avions laissés : soûls, repus et hilares sans aucune raison. Il ne me restait plus qu'à attirer leur attention. Je réfléchis un instant, puis décidai de ne pas passer par quatre chemins.
Je m'approchai lentement de la table, tirai une chaise et montait dessus. Maintenant que je les surplombais, tous levèrent un regard curieux vers moi.
- Qui veut faire un pari ? lançai fièrement, haut et fort.
Jamais un peuple n'avait été aussi facilement conquis.
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Contre toute attente, Kyle se révèle être un atout de taille, en effet grâce à lui Savannah se rapproche énormément de la vérité...à ses risques et périls.
J'espère que vous avez hâte de lire la suite parce que Lizzy, elle, ne sera pas ravie ! 😉
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