Chapitre 26
Après avoir tout raconté à Marley dans les moindres détails, nous la regardions en attendant sa réponse. Cela aurait été un miracle qu'elle ait tout compris, moi-même je ne pigeais pas la moitié de cette histoire. Je doutais qu'il fût un jour possible de finir par s'habituer aux choses qui n'avaient aucun sens.
- Sérieusement, finit-elle par dire, tu es rentrée depuis même pas deux semaines et tu t'es déjà mise dans la merde...à plusieurs reprises ? Je ne vois pas pourquoi ça m'étonne !
Nos rires détendirent l'atmosphère avec légèreté. Je crois que tout le monde s'attendait à des réprimandes.
- Dites-moi maintenant, repris-je en m'adressant à Jace et Jason particulièrement, qu'est-ce que Zoey a vu cette nuit ?
Ils se regardèrent tout deux d'un regard entendu.
- C'est quoi le problème ? demandai-je de plus en plus inquiète.
- C'est-à-dire que ce que Zoey dit avoir vu n'est pas très...crédible disons, répondit Jason.
Je les dévisageai. Cela m'aurait étonnée qu'on puisse faire moins crédible qu'une branche.
- Du genre, un mur de glace qui a surgi de nulle part..., murmura finalement Jace.
- Hein ?!
- Explique lui depuis le début Jace, fit J. en s'adossant sur sa chaise, apparemment très fatigué.
- OK alors, tout d'abord elle nous a expliqué qui vous étiez poursuivies par un Soleil et que vous couriez donc dans la forêt pour lui échapper. Apparemment, tu lui expliquais quels étaient les risques réels si elle se faisait prendre. Tu étais, selon elle, très vigilante et tu lui répétais de garder l'allure quand soudain un énorme mur de glace est apparu devant vous. Elle a glissé sur une plaque de verglas mais elle s'est bien rattrapée, toi en revanche, tu n'avais aucun moyen l'éviter. Tu t'es violemment cognée contre le mur et tu t'es évanouie sur le coup, mais ta tête a encore cogné la racine d'un arbre qui, toujours selon ma sœur, était, elle aussi, recouverte d'une couche de glace. C'était impossible de te réveiller alors elle s'est cachée dans un buisson en entendant quelqu'un approcher. C'était un Soleil et il te connaissait puisqu'il t'a appelée par ton prénom. Il faisait sombre, mais elle l'a vu se pencher vers toi et prendre ton pouls. Elle a aussi dit qu'après un vague geste de la main, le mur de glace a entièrement fondu. Puis il t'a prise dans ses bras et s'est éloigné rapidement. Elle jure que ce Soleil était Jeremy.
Je restai abasourdie quelques secondes. Je ne m'y habituerai jamais.
- Il...il a bien dit que c'était lui qui m'avait trouvée et ramenée au pensionnat, mais il n'a jamais mentionné le reste.
Cela paraissait évidemment aux yeux de tout le monde pour le coup.
- Savannah franchement, me fit Jason, tu crois vraiment que tu t'es juste pris une branche ? C'est encore moins crédible que l'histoire de Zoey.
Je partageais complètement ses pensées, mais un mur de glace ?
- Pourquoi vous ne croyez pas la version de Zoey ? demanda alors Marley, son habituel froncement de sourcil sur le visage. En dehors du fait que les Soleils ont l'interdiction de se servir de leurs pouvoirs sur nous hors des entraînements et encore, rien n'empêche que ce soit ce qui s'est réellement passé.
Étrangement ce n'était pas ce que je souhaitais. J'aurais dû vouloir connaître la vérité et cette piste semblait être la meilleure que nous avions, mais je ne voulais pas que ce soit elle, la bonne. Pour je ne sais quelle raison, je refusais de croire que Jeremy avait délibérément utiliser ses pouvoirs sur moi de cette manière.
- Ça reste improbable, omit Jason.
- Oui mais pas impossible, dit Lizzy qui réfléchissait à voix haute. Mais pourquoi se serait-il servi de ces pouvoirs ? Ne le prends pas mal mais tu ne ressembles pas à une menace potentielle.
- On va dire que je ne le prends pas mal, mais c'est vrai ça, pourquoi ? demandai-je à mon tour.
- Toute la question est là, répondit Cameron.
- Est-on sûr qu'il soit bien Glace au moins ? s'enquit Kelly.
Voilà une question pertinente. C'était mon mentor et je n'avais en réalité aucune idée de ce qu'il était.
- Non, pas du tout, jusqu'à maintenant personne ne l'a jamais vu utiliser ses pouvoirs en public, expliqua Jason.
- Mon mentor est un ami à lui, je devrais pouvoir obtenir quelques informations de ce côté-là, proposa Marley.
- D'accord mais ne prend aucun risque, insistai-je.
- Ce n'est peut-être pas une bonne idée, commença Lizzy, mais moi j'ai une fête a organisé et vous une Battle à préparer il me semble, peut-être qu'on pourrait s'en servir, on pourrait faire des tests discrets grâce à ça.
Je n'étais pas certaine de la suivre.
- Par exemple, continua-t-elle, ma commande de glaçon arrive dans 2 jours, ces idiots se sont trompés de date mais ils ne peuvent pas me l'amener à un autre moment.
- C'est une très bonne idée Eliza, et comme il te sera sûrement assigné ça n'aura pas l'air bizarre qu'on lui demande de superviser les préparatifs. Mais sinon, tu vas pouvoir la faire la Battle, Savannah ? me demanda Jason. On devrait peut-être la reculer ?
- Pas question ! m'écriai-je en détermination. Je ne manquerai ça pour rien au monde, ne t'inquiète pas.
- Bon, je dois aller en cours, s'excusa Marley, et vous aussi d'ailleurs...
Sur ce, tout le monde commença à se lever.
- Ce n'est pas faux, tu viens Anna ?
- J'arrive. À plus ! lançai-je aux autres, aussi souriante que possible vu la matinée qui m'attendait.
Je suivis ensuite Lizzy hors de la cafétéria.
- Je trouve cette histoire complètement tordue, lui avouai-je.
- C'est normal, me fit-elle, elle l'est.
De manière prévisible, je commençai plutôt mal le premier cours. Parfois on n'écoute mais on n'entend pas. Le gars qui a dit cela était un sage parce qu'on n'aurait pas pu mieux représenter la situation. Quand je tournais la tête pour regarder Lizzy, je lui voyais cette expression qu'elle avait quand elle était concentrée. Elle fixait le professeur avec un intérêt et avec ce léger froncement de sourcil. Est-ce que ce qu'il racontait l'intéressait vraiment ? C'était difficile à dire mais à côté de ça je m'ennuyais à mourir !
Pardon mais franchement, si vous étiez à ma place, c'est-à-dire que votre vie était déjà tracée, que vous alliez la passer à protéger quelqu'un que vous aimiez contre des monstres assoiffés de sang, vous en auriez quelque chose à faire de la chrétienté médiévale ? À quoi ça allait bien pouvoir me servir ? On devrait nous apprendre où les repères de Lune étaient les plus nombreux, dans quelle région l'Élite était la plus en sécurité, je ne sais pas moi des choses comme ça. Bon, ce serait sûrement l'Élite qui s'ennuierait à ce moment là et bien sûr c'était encore plus problématique...
- Bien, maintenant je vais ramasser vos devoirs, j'espère que tout le monde a fait le sien, dit alors M. Gardiner en me regardant.
Merde !
Je ne me souvenais même pas qu'il y avait un devoir à faire.
- Lizzy, je suis dans le caca...
Celle-ci écarquilla les yeux.
- Ne me dit pas que t'as encore oublié ?
- Si, répondis-je d'une voix hésitante.
Le prof finit bien sûr par arriver devant notre table et vous imaginez bien la suite.
- Pas de copie Hamilton ? Comme je suis surpris, soupira-t-il, l'air hautain plus que jamais.
- Il se trouve que j'ai eu plusieurs contre temps, expliquai-je vainement.
Il y avait tant de supériorité dans sa voix qu'il aurait pu s'étouffer avec.
- C'est ce que j'ai cru comprendre. Vous ne devez pas être fière, c'est triste d'en arriver à ce point.
Si je ne me contrôlais pas, ce pauvre type serait à l'hôpital depuis longtemps.
- Mais grâce à vos précieux cours je compte bien remonter la pente n'ayez crainte, répliquai-je, le sourire aux lèvres.
- Pas de sarcasme, je vous prie ! s'exclama-t-il.
Je le regardai s'éloigner toujours en souriant malicieusement. Quel idiot celui-là ! Comme s'il était utile à qui que ce soit ici...
- Je crois que tu es officiellement son élève préférée, me chuchota Lizzy qui trouvait la situation hilarante.
- Tu crois ? Oh mon Dieu, dire que c'était mon but dans la vie !
Elle pouffa à côté de moi en secouant la tête.
- Mlle Darcy, intervint de nouveau M. Gardiner, j'espère que vous ne laissez pas votre camarade vous entraînez sur une mauvaise pente.
C'était extraordinaire de voir tout le mépris qu'il pouvait insuffler au mot « camarade ».
- Non, Monsieur, s'empressa de répondre mon amie en reprenant tout son sérieux.
- Mais j'y pense, on m'a dit que vous étiez arrêtée en ce moment Hamilton, peut-être pourriez-vous venir en colle faire ce fameux devoir cet après-midi.
- Oh non pas ça, grognai-je discrètement.
- Je verrai cela avec votre instructeur. Qui est-ce ? me demanda-t-il à peu près poliment.
- Scandola, déclarai-je en restant le plus neutre possible.
- Soleil Scandola ! me reprit M. Gardiner en haussant le ton. Un peu de respect enfin !
Je levai les yeux au ciel.
- Soleil Scandola je voulais dire, pardon !
- Hum. Il a peu de chance dis donc, fit-il en me dévisageant avec nonchalance.
Excuse-moi vieillard ?! Et après c'est moi qui suis irrespectueuse !
- Je suis certaine qu'il n'est pas de cet avis, me défendis-je avec conviction. Disons qu'avec moi il a la chance de ne pas s'ennuyer, de faire son travail dans de bonnes conditions et pas avec de stupides gamins à 2 de tension qui n'en ont absolument rien à faire de ce qu'il raconte. Ce n'est pas le cas de tout le monde.
Il dut comprendre ce que je voulais dire par là puisqu'il me lança son terrible regard glacial.
Trop peur...
Mais quand allais-je enfin apprendre à me taire ? Sûrement jamais, de toute évidence, mais c'était tant mieux ! Ils avaient choisi de me ramener à Minneapolis contre mon gré, ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils devraient faire pour que je me taise maintenant.
- Je m'assurerai que Mlle Hamilton soit disponible pour faire le devoir en question M. Gardiner, déclara soudain une voix confiante venant du fond de la salle.
Je me retournai précipitamment, comme la plupart des élèves. Jeremy s'était légèrement écarté du mur pour pouvoir parler distinctement. Il se tenait parfaitement droit, les mains jointes dans le dos, il ressemblait à un soldat attendant ses ordres. Pourquoi oubliais-je tout le temps qu'il faisait partie de la garde rapprochée de Lizzy ? Attendez, ça voulait dire qu'il avait tout entendu depuis le début ? Oh le malaise...
- Soleil Scandola ! Je vous remercie, ce sera l'occasion d'insinuer à cette demoiselle le sens du travail.
- Je n'y manquerai pas.
J'en restai stupéfaite. Sérieusement ? Ils voulaient me faire travailler encore plus ? Bon ça n'aurait sûrement pas dû autant m'étonner, mais que Jeremy encourage le prof ça, ça me dépassait. Je le croyais plus sympa que ça. J'imagine que c'était ça sa définition du « sens du travail ». En tout cas j'étais désormais fière d'avoir raison, Jeremy était bel et bien un chieur.
- Voilà qui est parfait, conclut enfin M. Gardiner.
Mais oui, tout était parfait ! Mais j'allais devoir réviser pour un contrôle que je raterai de toute façon, on le savait tout.
La fin du cours arriva finalement et au moment où je franchis la porte de la salle, une main m'attrapa par le bras et m'entraîna à l'écart de la foule d'élèves qui sortait dans le couloir. Bizarrement cette scène me semblait familière.
- Est-ce que ça t'embêterait de faire ton job d'élève ne serait-ce qu'une fois dans ta vie ? Qu'est-ce que ça peut bien te coûter Savannah ? s'écria Jeremy en serrant davantage mon bras.
Woh...
- Euh...je...euh mais qu'est-ce qui te prends, Jeremy ? peinai-je à articuler sous le choc de sa réaction.
- Je t'en prie, ressaisis-toi ! continua-t-il sans baisser de ton. Tu n'as aucune idée des conséquences de tes actes, il n'y pas que sur toi qu'elles vont retombées.
Plus il m'engueulait, plus je l'observai. Quelque chose n'allait pas avec lui s'était évidemment. Pour commencer, il était étrangement rouge et toute cette colère n'était pas justifiée.
- Je te demande pardon ?! J'ai 17 ans, je ne suis peut-être pas ce que tu appellerais une adulte mais je suis assez grande pour faire mes choix toute seule et je ne vois ce que ça peut te faire que je loupe un malheureux devoir maison d'histoire !
- Tu te fais du mal Savannah, ton comportement, tes actes, surtout, sont de pire en pire, tu vas finir par t'autodétruire.
De plus en plus de personnes nous regardaient alors je me rapprochai un petit peu de lui, respirai et dit calmement :
- Là tout de suite, la seule chose qui me fait mal, c'est toi.
Je baissai enfin les yeux sur sa main qui empoignait avec force mon bras. Son regard suivit le mien et il s'empressa de me lâcher.
- Excuse-moi, me fit-il en se frottant le front, épuisé.
- Tu sais quoi, commençai-je sereinement, pour une fois c'est moi qui vais parler et toi qui vas m'écouter. S'il y a une chose dont je n'ai aucune idée c'est bien de la raison pour laquelle tu te mets dans cet état. Je fais sûrement autant d'erreurs que je prends de bonnes décisions, mais tout ça c'est ma vie. Je sais ce que je veux, j'ai choisi tout ça, peu importe ce que tu en penses. Je suis ici pour apprendre à me battre. Pas pour qu'on m'aboie des ordres et qu'on me répète jour après jour que tout ce que je fais est mal.
Ce fut seulement en parlant en le regardant droit dans les yeux que je remarquai à quel point il est fatigué. J'avais déjà vu les cernes qui soulignaient son regard, mais désormais ses yeux eux-mêmes étaient rouges de fatigue. Depuis quand n'avait-il pas dormi ? Je doutais qu'il ait passé la journée et la nuit dernière à mon chevet sans se reposer une seule fois, alors que s'était-il passé ?
- Tu devrais sûrement aller te reposer, tu as l'air complètement lessivé, finis-je par soupirer en reculant d'un pas. Je t'assure qu'il n'arrivera rien à Eliza.
- Tu crois que c'est ce qui m'inquiète ? Elizabeth ? répéta-t-il en écarquillant les yeux, presque comme un fou.
Le ton qu'il prenait m'étonnait de plus en plus. Je ne le reconnaissais plus vraiment. Il y avait cette chose dans son regard, c'était...effrayant. En réalité, j'essayais de ne pas m'inquiéter moi-même.
- C'est la seule chose qui devrait t'inquiéter, oui.
- Tu es tellement naïve Savannah, me chuchota-t-il alors à l'oreille.
Je fermai les yeux et retins mon souffle avant de soupirer de soulagement. Mon instructeur n'était pas en train de devenir fou, tout allait bien.
- Ton haleine empeste l'alcool, Jeremy, déclarai-je en évitant son regard qui pesait déjà lourd sur moi.
Il recula précipitamment en regardant si quelqu'un d'autre m'avait entendu.
- Qu'as-tu bu ? lui demandai-je.
Si je n'étais pas moi-même très fatiguée, je trouverais presque cela drôle d'inverser les rôles.
- Parce que ça t'intéresse ? me fit-il en haussant un sourcil, comme s'il avait oublié qu'il avait bu pendant son temps de travail.
- Tu es complètement ivre et tu n'as pas dormi depuis je ne sais combien de temps, il faut que tu ailles te reposer, insistai-je, je dirais à M. Carter qu'il était temps que tu prennes ta pause.
- Tu me congédies ? s'exclama-t-il, presque hilare malgré lui. Je rêve ! C'est moi ton mentor.
- Et c'est toi qui un peu trop as bu, il semblerait.
Il secoua la tête sans me regarder.
- Il fallait bien que je reste éveillé pour te protéger.
- Me protéger... ?
Était-ce possible ? Son seul but avait-il toujours été de me protéger ? Ou était-ce lui qui était responsable de mon accident ? J'avais changé d'avis. Je voulais absolument découvrir la vérité. Il fallait que je sache. Une fois que ma décision fut prise, il me fut plus facile de me concentrer sur Jeremy en ce moment précis puisque j'avais la conviction que je finirai par tout comprendre. Étonnamment, je n'aimais pas du tout le voir dans cet état. Pas parce que je trouvais ça bizarre que mon mentor prenne aussi de mauvaises décisions de temps en temps, pas parce que ça m'embêtait de devoir veiller sur lui et pas l'inverse pour une fois, mais vraiment parce que cela me faisait presque mal de voir cet homme toujours si sérieux, toujours si fort, faire preuve de faiblesse par ma faute.
- Que croyais-tu, Savannah ? me demanda-t-il finalement, à la limite du mépris. On ne veut pas tous te faire du mal. Tu vois des ennemis là où sont tes amis les plus fidèles.
- Je te crois. À une seule condition. Viens avec moi s'il te plaît, dis-je d'une voix douce en plaçant ma main dans son dos pour le pousser dans le couloir.
- Où ça ?
- Quelque part où tu n'auras plus à protéger qui que ce soit, répondis-je tendrement en l'encourageant à avancer.
- Cet endroit n'existe pas, soupira-t-il en se laissant faire tout de même.
- Tu as tort, insistai-je.
Je l'entraînai donc parmi les couloirs et les bâtiments jusqu'à sa chambre. Cela aurait été plus rapide avec un coup de main de sa part mais son état second n'incluait pas ceci, donc je m'étais contenté des informations que je connaissais déjà et de son subconscient qui l'avait guidé quasiment automatiquement là où je l'emmenais dès qu'il avait reconnu ce qui lui était familier. Arrivés devant la porte, je dérobais discrètement les clefs de sa poche.
- C'est ma chambre, déclara-t-il après que j'ai ouvert la porte.
- Bravo, Sherlock. Allez entre, le poussai-je.
Finalement, il se dirigea de lui-même vers son lit. Moi, j'examinai « ses appartements », comme ils aimaient dire ici, plutôt surprise. C'était bien plus grand que je ne le pensais. Jeremy devait vraiment avoir un bon statut social pour mériter tout ça.
- Navré Savannah, mais si ton intention était de m'emmener quelque part où je n'aurais pas à protéger quelqu'un y compris moi-même, tu as complètement échoué.
La manière qu'il avait de prononcer des phrases parfaitement sensées et réfléchies même quand il était bourré me rendait jalouse.
- Et pourquoi ? demandai-je en rentrant dans son jeu. Tu es seul ici alors dis-moi, de qui te protèges-tu ?
Il me regarda droit dans les yeux avec une sincérité impressionnante.
- De toi.
Je le fixai quelques instants en cherchant ce qu'il voulait dire par là mais il allongea son long corps sur le matelas et ferma les yeux. Très vite sa respiration se fit lente et régulière, et son visage afficha une expression sereine. Je continuai de le regarder, fascinée. On le voyait si rarement comme ça, sans défense. Ses traits s'adoucissaient au fur et à mesure que le sommeil l'emportait. Une drôle de sensation de nostalgie m'envahissait tandis que j'observais son beau visage. Des paroles que l'on m'avait un jour adressé me revinrent à l'esprit.
Je me penchai alors légèrement vers lui et d'une main, lui caressai doucement la joue, ignorant mes ressentis passés et ne préférant pas me demander ce que voulait dire mon cœur qui battait à 100 à l'heure dans ma poitrine.
- Fais de beaux rêves.
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