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Chapitre 51

Savannah

Jeremy insista pour me raccompagner à l'infirmerie, où je résidais toujours tant que Mme Diggle ne me jugeait pas apte à retrouver une chambre indépendante. Il disait que c'était plus prudent que je ne fusse pas seule, au cas où je basculais à nouveau dans la tête de Lizzy. Je le soupçonnais surtout de vouloir s'assurer que je ne racontasse pas n'importe quoi sur l'origine de l'énorme trace rouge que j'avais sur la joue. Maintenant qu'il en avait également une, j'étais beaucoup moins honteuse à l'idée d'expliquer ce qui s'était passé.

D'ailleurs, mon mentor nous avait réservé un rendez-vous avec Mme Diggle dès que Lizzy serait rentrée d'Angleterre. Il ne m'avait jamais explicitement demandé si je savais que j'avais perdu mes pouvoirs, mais c'était maintenant évident. J'ignorais juste ce que je faisais encore dans ce monde, puisqu'ils n'étaient plus là pour me protéger. Je comptais donc sur Mme Diggle pour m'en dire plus lors de cet entretien.

Lorsque nous rentrâmes dans l'infirmerie, j'aperçus Lucy, ses cheveux frisés en bataille autour de son visage, en train de faire les cents pas dans le couloir. Je me précipitai vers elle et la prise dans mes bras, en prenant soin de ne pas écraser son – énorme – ventre rond.

- Savannah ! s'exclama-t-elle, en me rendant mon étreinte. Je suis tellement de te voir, j'avais l'intention de venir bien avant mais tu n'étais pas dans la même chambre et...

- ...Tu n'as pas à te justifier, voyons. Comment vas-tu ?

Lucy s'apprêta à me répondre, mais son regard resta posé sur ma joue, perplexe.

- Est-ce que...est-ce que quelqu'un t'a giflée ?

Je portai instinctivement une main à ma joue. Je pouvais encore sentir des picotements.

- Oh...eh bien...

Je me tournai vers Jeremy qui venait de nous rejoindre. Ce dernier me lança interrogateur, ne comprenant pas pourquoi je le fixais. Lucy, elle, nous dévisagea l'un après l'autre, la bouche entrouverte, mais aucun son n'en sortit.

- C'est une longue histoire, finis-je par répondre.

Je pris ensuite congé auprès de mon mentor et entraînai mon amie dans le couloir. Nous avions tant de choses à nous raconter. À commencer par...

- Je suis tellement désolée pour ce qu'il vous est arrivé à Elizabeth et toi. Je n'ose même pas imaginer ce que tu as dû ressentir, après tout ce que tu as déjà traversé.

Je hochai lentement la tête, épuisée.

- C'était...absolument affreux. Je crois que le pire c'était l'impuissance.

C'était la première fois que je reparlais de cette nuit-là avec quelqu'un d'autre que Lizzy. C'était la première fois que je pouvais raconter ce qu'il s'était réellement passé.

- J'ai vu Alec.

Lucy arrêta de marcher et se tourna vers moi, ses yeux noisette grands ouverts.

- Il était là !? Mais comment...qu'est-ce qu'il faisait là ?

- Il était l'éclaireur de la mission.

Lucy soupira de soulagement.

- Alors personne ne s'est battu avec lui, il va bien ?

J'eus tout d'abord envie de lui sourire tendrement et de répondre « Oui, bien sûr », mais la vérité c'était que je n'en savais rien.

- Je crois.

Lucy remarqua immédiatement mon hésitation. Une pensée me frappa soudain.

- Je crois...qu'il croit que je suis morte.

La mâchoire de Lucy se décrocha et je l'entraînai un peu plus loin dans le couloir, à l'abri des regards indiscrets.

- Pourquoi est-ce qu'il croirait que tu es morte ? réussit-elle finalement à me demander. Que s'est-il réellement passé au juste ?

Je me mordis la lèvre, puis me lançai.

- Il m'a débarrassée d'un Lune qui était sur le point de...me planter un poignard dans le cœur. Il a réussi à me sauver moi mais pas Elizabeth. Un Lune s'en est pris à elle et...sa colonne vertébrale était brisée, elle ne respirait presque plus.

Lucy porta une main à sa bouche, choquée.

- Mais elle est parfaitement vivante, elle tient debout et marche très bien, je l'ai vue !

- Oui, confirmai-je, parce que je lui ai donné mes pouvoirs pour survivre.

Cela ressemblait à du vrai charabia pour ma pauvre amie.

- Alec m'a expliqué que lui donner ma vie était le seul moyen de sauver la sienne. Il a essayé de m'en dissuader mais il était hors de question que je la laisse mourir. Alors c'est ce que j'ai fait. Je lui ai donné mes pouvoirs et ma vie et...je suis morte. C'est la dernière chose dont j'arrive à me souvenir. J'imagine qu'Alec a dû s'enfuir avec les autres et que pour lui je ne suis plus là.

Lucy tenta d'assimiler ces informations tant bien que mal.

- Mais tu es parfaitement vivante toi aussi.

- En effet. Ils m'ont ranimée et me voilà. Sauf que je n'ai plus mon Feu.

Elle fronça les sourcils.

- Tu veux dire que...tu es de nouveau humaine ?

Je haussai les épaules.

- À vrai dire, je n'en sais rien. Je n'ai plus de pouvoir mais mon corps résiste toujours au virus et j'ai l'impression que ma psychokinésie comme à revenir alors...je dois être une Soleil sans pouvoirs élémentaires.

- Bordel de merde, souffla Lucy en s'adossant au mur.

Je pouvais presque voir les rouages de son cerveau en pleine action mais de toute façon, j'avais déjà passé en revue toutes les options. Aucune d'elles n'avait le moindre sens.

- Tu dois voir Alec, déclara-t-elle finalement. Tu ne peux pas le laisser croire que tu es morte, il tient tellement à toi !

Je ne pus cacher un petit sourire gêné. Malgré toutes les choses horribles que j'avais vues et commises, ces petites choses me faisaient encore rougir.

- Je suis sérieuse ! insista Lucy. Tu sais, avant qu'il ne puisse m'aider à m'enfuir, il venait me voir régulièrement. D'abord pour gagner ma confiance j'imagine, puis juste pour avoir un peu de compagnie qui le comprendrait. Il ne pouvait pas s'empêcher de me parler de toi. Tu es de loin la personne qu'il estime le plus sur Terre et je comprends qu'il ait tenté de dissuader de te sacrifier pour Elizabeth. Tu es ce qu'il y a de plus humain en lui. Il doit savoir que tu es toujours en vie.

Les paroles de Lucy me firent chaud au cœur – bien plus que je ne voulais l'admettre – et elle n'eut pas besoin d'en dire plus pour me convaincre de trouver un moyen de le contacter au plus vite, peu importait le danger.

- Tu sais, reprit-elle avec un sourire tout timide en écartant des boucles rebelles de son visage, tu es la personne la plus courageuse que je connaisse. Il m'a raconté tout ce qu'il t'était arrivé et que tu aies réussi à rester humble et aimante est simplement incroyable.

Je secouai la tête avec regret.

- Je ne suis pas courageuse, Lucy. Je fais juste semblant de l'être. Au fond, je suis absolument terrifiée.

- Mais tu ne laisses pas ta peur prendre le dessus, insista-t-elle, ça c'est courageux.
Je ne pus m'empêcher de prendre cette adorable jeune femme dans mes bras, persuadée qu'elle serait une mère formidable.

- Tu es beaucoup trop gentille avec moi.

- C'est vrai, c'est moi qui...

Lucy n'eut pas le temps de plaisanter que nous sentîmes un liquide nous tomber sur les pieds. Nous écartâmes brusquement l'une de l'autre avant de redresser la tête.

- Est-ce que c'est ce que je crois ? lui demandai-je avec une pointe de panique dans la voix.

Les ongles de cette dernière s'enfoncèrent dans la chair de mon poignet alors qu'une première contraction vint la plier en deux.

- Oh putain c'est parti... Il nous faut vite un médecin, lançai-je au premier infirmier qui passait, et un fauteuil roulant !

Ce dernier s'empressa de nous amena le fauteuil en question et aida Lucy à s'asseoir. Il fit ensuite quelques clics sur sa tablette.

- J'ai appelé Mme Diggle, tout va bien se passer, je vais vous conduire à votre chambre et elle nous rejoindra dès que possible, expliqua-t-il à Lucy très occupée à contrôler sa respiration.

- Dès que possible, c'est quand au juste ? lui demandai-je, suspicieuse.

Il me lança un regard gêné et me fit clairement comprendre que ce ne serait pas dans une minute.

- Ça va pas le faire, soupirai-je.

- Qu'est-ce que vous dites ? nous lança Lucy, grimaçant de douleur.

Je pris sa main dans la mienne et tentai d'être aussi rassurante que possible.

- Tout va bien se passer, tu m'entends ? Tu vas mettre au monde un magnifique bébé en pleine forme dans très peu de temps et tu lui donneras tout l'amour que tu gardes en réserve depuis 9 mois, d'accord ?

Elle hocha la tête et tenta de rester calme.

- Vous, fis-je ensuite à l'infirmier, préparez-la et surtout ne l'inquiétez pas pour rien, je connais les gars comme vous. Je vous rejoindrai le plus vite possible.

- Hein quoi ? s'écria alors Lucy. Tu vas où ? Savannah, reviens !

Mes pieds s'étaient déjà mis en marche mais je me retournai, torturée par l'idée de la laisser dans cet état.

- Tout va bien se passer !

Je me remis à détaler les couloirs de cette infirmerie à la recherche de Mme Diggle et priai pour que ce fût la vérité.

Dans le hall de l'accueil, je tombai sur Jeremy. Il était encore là lui ?

- Savannah ? Qu'y a-t-il ?

- Mme Diggle ! Où est-elle ?

Jeremy me dévisagea, un peu effrayé.

- Je n'en sais rien ! Pourquoi ?

Je grognai en levant les yeux au ciel puis le dépassai et continuai ma course. Quelques minutes plus tard, je l'aperçus enfin sortir de la chambre d'un patient. Je me précipitai vers elle.

- Mme Diggle !

Elle leva les yeux vers moi, surprise et inquiète. Je remarquai qu'elle n'avait même pas sa tablette sur elle.

- Savannah est-ce que tout va bien ?

- C'est Lucy ! Elle va accoucher !

Elle prit immédiatement conscience de la situation et nous nous retrouvâmes à courir en sens inverse. Lorsque nous arrivâmes à destination, Mme Diggle entra dans la pièce et je restai en plan dans le couloir, essoufflée. Je n'avais pas vraiment le droit d'entrer.

Je me demandai alors depuis combien de temps le pensionnat avait-il abrité une naissance. En avait-il déjà abrité une au moins ? Et Mme Diggle ? C'était une médecin spécialisée dans les enfants du Soleil, pas une sage-femme. Néanmoins, elle était tout ce que nous avions.

Je décidai finalement d'aller m'asseoir puisque tout ce que je pouvais faire était attendre. J'avais à peine posé mes fesses sur un siège que l'infirmier de tout à l'heure sortit de la salle.

- Tout va bien ? lui demandai-je en me relevant.

Il me fit un geste de la main.

- Venez, on va vous préparer.

- Me... ?

Je m'empressai de le suivre et compris ce qu'il voulait dire en me tendant une blouse d'hôpital et du désinfectant. Ils allaient me laisser entrer. Je ne cachai pas ma joie et me dépêchai de rejoindre Lucy.

Je m'attendais à ce que l'agitation règnât dans la salle, mais en entrant, je découvris que tout le monde faisait un effort pour garder son calme. Une jeune infirmière œuvrait en tant que deuxième paires de mains pour Mme Diggle et s'occupait du matériel, en attendant les instructions de sa supérieure. Lucy était tellement concentrée sur sa respiration qu'elle ne m'avait pas encore vue.

- Le bébé n'est pas suffisamment descendu pour que tu commences à pousser mais ça ne devrait pas tarder, l'informa Mme Diggle.

Je restai silencieuse, n'osant pas les déranger, mais cette dernière finit par me découvrir.

- Tu as bien fait de venir me chercher, ma belle, tout va se passer très vite.

- Savannah ! s'écria alors Lucy en remarquant ma présence. Te voilà enfin !

Elle tendit les bras vers moi et je vins vite prendre ses mains.

- Je suis là.

Je dégageai ensuite ses cheveux volumineux de son visage et appliquai un linge frais sur son front.

- Comment te sens-tu ?

- Pas...très...bien, grogna-t-elle la mâchoire serrée.

Elle était toute rouge et je pouvais voir les muscles de son corps de contracter. Je forçai ses beaux yeux noisettes à regarder les miens, plein de soutien.

- Je suis sûre que tu vas très bien t'en sortir. Tu as entendu ? Il a hâte de rencontrer sa mère.

Lucy hocha vivement la tête sans me quitter des yeux, puis se tourna vers Mme Diggle.

- Est-ce que vous pouvez nous laisser une minute ?

Celle-ci me nous lança un regard inquiet.

- Je ne suis pas certaine que ce soit raisonnable.

- S'il vous plaît, insista mon amie, s'agrippant toujours plus fort aux barres du lit.

Mme Diggle se mordit la lèvre, indécise, puis finit par accepter.

- Mais Savannah je compte sur toi pour m'appeler dès que les contractions se rapprocheront, je serai juste dans le couloir.

- Bien sûr.

Elle quitta la pièce, suivie de la jeune infirmière, et je me retrouvai seule avec Lucy. Je voulus lui appliquer un nouveau linge frais, mais elle saisit brusquement mes mains. La peur était lisible dans ses yeux.

- Savannah, je suis terrifiée !

Je rapprochai mon siège du lit.

- Et si Alec s'était trompé et que les Lunes m'avaient injecté autre chose que des vitamines ? Et si c'était déjà un Lune ?

Je ne connaissais que trop bien la terreur qui l'habitait et il m'était insupportable de la voir souffrir comme ça. Elle en avait déjà trop bavé.

- Lucy, regarde-moi.

Les larmes ne cessaient de couler sur ses joues et ses ongles s'enfonçaient toujours un peu plus dans ma chair, mais j'ignorais la douleur.

- Ton bébé sera en parfaite santé et il n'y aura pas une once de méchanceté en lui. Sa mère est une courageuse jeune femme qui va l'aimer avec tout l'amour du monde et il ne pourra pas grandir plus en sécurité que dans ses bras.

- Mais...

- Tu dois avoir confiance en toi, Lucy. Moi j'ai confiance en toi.

Elle posa alors ses mains sur son ventre rond, comme si elle communiquait avec son bébé par la pensée, puis essuya ses larmes, haletant de moins en moins.

- Tu as raison.

Elle me désigna ensuite ses affaires du doigt.

- Est-ce que tu veux bien prendre la lettre qui se trouve dans la poche de la veste, s'il te plaît ?

Je me levai, curieuse, et fouillai dans ses vêtements. Je tombai sur une enveloppe sur laquelle était écrit : Jonathan Allen. Je redressai brusquement la tête.

- Est-ce que c'est... ?

- Le père, oui.

Je retournai m'asseoir à ses côtés, fixant la lettre avec perplexité.

- Je veux...je veux que tu lui envoies...si jamais il m'arrive quelque chose pendant l'accouchement.

Entendre ces mots me creva le cœur.

- Il ne va rien t'arriver, voyons.

- On n'en sait rien, c'est une grossesse peu banal, je te rappelle.

Ça me faisait mal de l'admettre, mais cette fois elle avait raison. Je devais me préparer à cette éventualité.

- Mais...pourquoi ne l'as-tu pas contacté plus tôt ?

Lucy évita mon regard, honteuse, avant de m'avouer :

- J'avais peur, je suppose. Pour lui j'ai disparu depuis des mois, il me croit probablement morte depuis longtemps. Et...je me dis qu'il a sûrement refait sa vie depuis et qu'il est heureux, qu'il a rencontré quelqu'un avec qui il va mener une vie normale et simple. Moi...nous, on n'est pas simples. Je l'aime toujours, si tu savais, mais j'ai peur que lui m'ait déjà oubliée et que même s'il apprenait que je suis en vie avec le bébé, qu'il ne veuille juste plus de nous.

Je ne pus m'empêcher d'avoir les larmes aux yeux et de la prendre tendrement dans mes bras. Je n'avais jamais vraiment osé lui poser des questions sur le père, mais je savais qu'ils étaient heureux avant tout ça et que même s'ils étaient très jeunes, ils voulaient ce bébé.

- Mais enfin Lucy, cet homme t'aimait de tout son cœur et tu allais devenir la mère de son enfant. On n'oublie pas une personne aussi importante comme ça, surtout vu la manière dont vous avez été séparés. Tu sais, quand tu seras remise de l'accouchement, tu pourras partir loin d'ici et commencer une nouvelle vie. N'as-tu pas envie que l'homme que tu aimes, le père de ton enfant, en fasse partie ?

Avant de pouvoir me répondre, Lucy hurla de douleur sous une violente contraction. Je me précipitai dans le couloir pour appeler Mme Diggle. Elle se rua dans la pièce avec la jeune infirmière et comme elle l'avait prédit tout allait se passer très vite.

- C'est parfait, Lucy, maintenant il faut que tu pousses.

Ce fut ce qu'elle fit. Elle poussa, elle cria, elle pleura, elle me transperça le poignet des ongles, elle poussa et cria encore, et finit par mettre au monde une petite fille. Dès que nous entendîmes ses premiers pleurs, Lucy souffla et rit en même temps, immensément soulagée et comblée. La jeune infirmière enveloppa le tout petit bébé dans une couverture et la porta dans les bras de sa mère. Moi, je pleurais de joie et d'émotion depuis longtemps.

Lucy sourit à sa fille comme si elle était la plus belle chose qu'elle eût jamais vu et déposa un baiser sur son petit nez.

- Regarde-la, Savannah. Elle est parfaite.

C'était absolument vrai.

- Tiens, prends-la, me fit-elle ensuite.

Je restai d'abord hésitante, puis ne pus résister à l'envie de prendre cet adorable ange dans mes bras.

- Tu es prête, Lucy ? demanda alors Mme Diggle. La deuxième arrive.

Mes yeux sortirent de leurs orbites.

- Quoi ?

Le sourire de Lucy, lui, s'étira jusqu'à ses oreilles.

- Je voulais te faire la surprise. Ce sont des jumelles.

Je ne pus m'empêcher de rire et de pleurer en même temps, sous le choc et éblouie par ce miracle. Quelques secondes plus tard, Lucy donnait à nouveau tout ce qu'elle avait. Seulement cette fois, les choses allèrent étonnamment moins vite, alors que les signaux sonores nous indiquant son rythme cardiaque, eux, commençaient à accélérer.

- Que se passe-t-il ? demandai-je à Mme Diggle, gagnée par la panique.

- Elle a le cordon ombilicale autour du cou, déclara-t-elle simplement.

Un éclair de terreur passa dans les yeux de Lucy, mais celle-ci ne put réagir davantage, perdant un peu plus conscience à chaque seconde qui passait. La petite commença à pleurer dans mes bras.

- Il faut clamper et couper le cordon tout de suite, ordonna Mme Diggle à l'intention de son assistante.

Cette dernière, qui s'efforçait de ne pas paniquer, lui tendit immédiatement une sorte de double pince, puis une autre, ressemblant plus à des ciseaux.
Je retins mon souffle inconsciemment. On plaça un masque à oxygène sur le visage de Lucy et on lui dit de ne surtout plus pousser. Je ne pouvais pas voir Mme Diggle mais la tension était simplement abominable et d'une manière ou d'une autre, je savais que la petite fille que je portais contre moi sentait qu'elle était en train de perdre sa jumelle.

L'infernal bip sonore était sur le point de devenir constant lorsque Mme Diggle s'écria :

- Lucy pousse ! Allez ma grande, pousse, c'est presque fini !

Mais Lucy ne réagit pas et ses yeux commencèrent à se révulser.

- Lucy ! l'appelai-je en serrant sa main. Je t'en prie bats-toi, j'ai confiance en toi, tu te souviens ? Tu peux le faire.

Son rythme cardiaque était en chute libre.

- Forceps, dit simplement Mme Diggle.

Quelques secondes plus tard, le corps du bébé sortit et les cris fusèrent de plus belle. La jeune infirmière se chargea de la petite fille, vivante, et Mme Diggle commença le massage cardiaque.

Il y avait tant de bruits et d'émotions dans la pièce que j'eus l'impression que le chaos m'avait déconnectée. J'avais une jeune vie terrifiée entre les bras mais j'étais tout simplement pétrifiée et incapable de réagir d'une quelconque manière. Mon cerveau était bloqué. Il fallait qu'elle vive. Elle avait déjà survécu à tant d'horreurs et elle venait de donner à la vie à deux merveilleuses petites filles. Elle ne pouvait pas partir maintenant.

Plusieurs infirmiers déboulèrent dans la pièce en renfort, avec un défibrillateur.

- Elle ne respire plus.

- Elle a perdu trop de sang.

- Elle était trop faible.

- Elle n'a plus la force de se battre.

Une fontaine de larmes coulait de mes yeux et l'envie de lui donner ma vie me déchira, car c'était impossible. Je ne pouvais plus sauver personne.

C'était...absolument affreux. Je crois que le pire c'était l'impuissance.

Me voyant trembler, une infirmière me prit la petite des bras et emmena les deux jumelles loin de ce chaos. Loin de leur mère. À tout jamais.

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