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Chapitre 35

Savannah

- Ce n'est pas une bonne idée, Savannah, fit Mme Diggle en évitant mon regard.

Je voyais bien que cela lui faisait de la peine de devoir refuser ma demande. Elle passait la main dans ses cheveux, elle triturait le bord de sa blouse, elle essayait de ne pas me regarder, elle était mal à l'aise. Je n'avais pas de plaisir à la voir comme ça, mais c'était ce qui m'assurait qu'elle serait facile à convaincre.

- Je vous en prie. Jeremy ne sera pas de retour avant un moment à cause de M. Carter et je ne supporte pas de rester allongée pendant des heures.

- Ça ne change rien au fait que je ne peux pas te laisser aller dans les jardins sans au minimum un aide-soignant et ils sont tous pris pour le moment, je suis navrée.

Je fis un pas vers mon infirmière et pris un air le plus tendre possible.

- Mme Diggle, regardez-moi je vous en prie. Je vais bien, ce n'était qu'un petit vertige.

Elle continua de secouée la tête, contrariée.

- Tu n'en sais rien, ça pourrait devenir plus grave si tu ne te reposes pas et...

- Je vais bien ! répétai-je avec insistance. Il ne s'agit que d'une promenade dans un jardin, je...je meurs de chaud et j'ai passé un mois enfermée sans voir la lumière du jour. Laissez-moi respirer, je vous en supplie.

Cette fois-ci, elle ferma brièvement les yeux et prit une grande inspiration.

- Bien. Mais je veux que tu portes ça et que tu ne l'enlèves sous aucun prétexte.

Mme Diggle sortit un étrange bracelet de sa poche et l'enroula autour de mon poignet. Je lui lançai un regard interrogateur.

- Ce bracelet capte tes signes vitaux et ma tablette les reçoit en permanence.

- D'accord, c'est un bon compromis.

Sur ce, je me dirigeai vers la porte, impatiente de sortir et de respirer un peu d'air frais. Je perçus Mme Diggle tendre une main vers moi, mais elle se ravisa finalement. Il fallait bien qu'elle me fît confiance et puis, je ne mentais pas. J'allais bien. Mes pouvoirs me gardaient à l'abri des douleurs insoutenables et j'avais récemment mangé et bu pour au moins dix hommes. C'était suffisant pour moi.

Nous étions en avril, alors la neige nous avait quitté, mais l'herbe légèrement gelée sous mes pieds nus me procurait déjà beaucoup de bien. C'était l'inconvénient : je n'avais pas mal, mais j'avais chaud. Néanmoins, c'était supportable. Particulièrement maintenant que j'étais exposée au vent et à l'air frais du pays. J'allai donc m'asseoir sur un banc libre, probablement déserté pour les raisons qui le rendait attrayant à mes yeux.

Un calme étonnant m'entourait et ici, dans l'intimité de mon esprit et de ses secrets, je ne pus m'empêcher de penser à Alec. J'aurais tant voulu qu'il rentrât avec moi. Il n'avait pas sa place auprès de ces monstres. Je comprenais qu'il eût dû rester pour son frère, mais une part de moi ne cessait de se répéter qu'il me manquait. Il m'avait ouvert les yeux sur un monde que je pensais connaître, mais dont j'ignorais les plus grands problèmes et il m'avait guidée sur la voie du deuil. Il en avait fait tant pour moi que je ne pourrais jamais être suffisamment redevable.

Pourtant j'avais essayé. Je lui avais offert une chance de venir avec moi, de commencer une nouvelle vie. Il aurait continué à être mon guide et j'aurais continué à lui montrer mon monde à moi. J'avais tant de choses à lui montrer et encore tant d'autres à découvrir. Finalement, aucun idéal n'avait gagné. La réalité l'avait rappelé dans l'ombre et m'avait poussé à la lumière du jour, là où aucun de nous n'était vraiment certains d'avoir sa place. Mais nous devions bien le découvrir d'une manière ou d'une autre.

- Bonjour, souffla une douce voix dans mon dos.

Je me retournai et découvris Lizzy à deux mètres du banc sur lequel j'étais assise. Une vague d'émotions me submergea. J'avais oublié à quel point elle était belle. La lumière dans une nuit sombre. Le vent dans un brûlant désert. Ses cheveux blonds n'étaient pas vraiment coiffés et des cernes soulignaient ses yeux gris verts, mais elle était belle. Simplement, authentiquement belle. Et elle m'avait tant manqué.

- Bonjour, répondis-je souriant.

Elle vint doucement s'asseoir à côté de moi, sans me toucher. C'était la première fois que nous ne nous sautions pas dans les bras en nous retrouvant. En l'occurrence, cela m'aurait probablement fait mal, mais nous sentions aussi que c'était inapproprié. Nous n'étions plus les mêmes qu'avant. Nos cœurs s'étaient endurcis et nos esprits s'étaient assagis. Nos regards étaient plus tristes et nos sourires étaient moins éclatants. Mais nous étions toujours là, malgré tout.

- Je suis navrée de ne pas être venue plus tôt. Mme Diggle et Jeremy formaient un sacré rempart.

- Tu n'as pas à te justifier, je sais bien comme ils peuvent être... disons surprotecteurs.

Lizzy esquissa un petit sourire en coin.

- Parfois on dirait un vrai petit couple de parents.

J'ouvris la bouche mais finalement aucun son n'en sortit. Je regardai Lizzy les sourcils froncés et elle en fit autant, jusqu'à ce qu'un petit fou rire nous échappât.

- Je retire ce que j'ai dit, cette image est très dérangeante ! s'exclama-t-elle en riant.

- Je crois que c'est encore pire que ça, confirmai-je sur un ton joyeux.

Nous rîmes encore quelques instants, puis redevînmes silencieuses. J'avais oublié ce que c'était que d'être un « nous » avec Lizzy. Ces derniers temps, le « elle et moi » prenait le dessus et nous laissait en pleure ou sans voix. À cet instant, alors qu'une douce paix nous entourait, qu'une légère brise nous rafraîchissait et qu'aucun mot n'était nécessaire, je décidai que ces temps-là étaient révolus. Nous avions déjà assez souffert.

- Savannah, je..., reprit-elle lorsqu'elle se sentit prête, je ne trouve même pas de mot ayant suffisamment de sens pour exprimer tout ce que je souhaiterais te dire. J'ai...

Je l'arrêtai en posant ma main sur la sienne. Ma peau devait lui paraître étonnamment chaude, mais j'espérais que ce contact la réchauffât.

- Lizzy... Avant, j'étais en colère contre toi parce que tu avais osé dire à voix haute ce que je pensais déjà tout bas et qui me tuait chaque jour. Ensuite, j'ai été en colère contre toi parce que ce n'était pas vrai. Ce n'est pas ma faute si Marley est morte, je le sais maintenant. Je l'aimais de tout mon cœur et j'ai fait tout ce que j'ai pu pour la sauver, mais je ne suis pas responsable de la présence de ce Lune. Ce n'est pas moi qui l'aie tuée. Puis enfin, j'ai été en colère de ne plus être en colère contre toi parce que j'avais beaucoup trop peur de ne plus jamais te revoir.

Les joues trempées de larmes, Lizzy m'attira à elle et me serra dans ses bras. J'avais enfin dit la vérité et rien que la vérité. Les choses étaient peut-être un peu plus compliqué que ça au fond de mon cœur, mais je ne pouvais qu'envier cette simplicité. La simple vérité.

- Merci, souffla ma meilleure amie dans mes cheveux. Merci mille fois.

Bien sûr que je lui pardonnais ce qu'elle avait pu me dire. J'avais été affreuse avec elle pendant des mois, je m'en rendais compte maintenant. Passer à côté de la mort à plusieurs reprises m'avait fait comprendre que si je le souhaitais, je pouvais passer à ma vie à détester, à haïr tout ce qui m'entourait. Personne ne m'en empêcherait. Je serais libre d'évacuer ma colère sur les premiers venus, je crierais au monde entier d'aller se faire voir. Mais ça ne me renderait heureuse pour autant. Si je voulais respirer pleinement, si je voulais rire, je devais d'abord pardonner. Pardonner aux autres, pardonner à moi-même, pardonner au monde.

Je m'éloignai légèrement d'elle pour pouvoir voir son visage et essuyai ses joues de mes pouces.

- Ne pleure plus, je t'en prie. Assez de larmes ont été versées, c'est fini maintenant.

Lizzy hocha la tête, le sourire aux lèvres et une étincelle dans les yeux.

- Tu as toujours été la plus forte de nous deux. Je veux que tu saches que quoi qu'il arrive, tu seras à jamais mon héroïne et je ne cesserai jamais de t'aimer.

- Je t'aime aussi, Lizzy, murmurai-je doucement.

Celle-ci porta alors un regard rêveur et mélancolique sur nos deux mains entrelacées.

- J'aurais dû te le dire plus tôt, n'est-ce pas ?

Je tentai de ne pas détourner le regard, mais j'échouai. Je n'arrivai à regarder son beau visage si triste sans avoir envie de lui mentir pour la rassurer. Jusqu'à maintenant, c'était ce que j'avais toujours fait. Elle passait avant tout, je mettais mes sentiments de côté. C'était ça ma routine et quelque part, je m'y étais habituée au point que cela me parût normal, mais ça ne l'était pas.

- Probablement, oui, finis-je par avouer en la regardant à nouveau. Mais j'aurais dû me réveiller plus tôt. J'étais si en colère, si blessée et épuisée. D'ailleurs, je le suis toujours, mais la différence c'est qu'aujourd'hui je suis prête à guérir.

Lizzy serra tendrement ma main.

- Et je souhaite t'aider à le faire, si tu veux bien.

Je lui souris sincèrement avant de hocher la tête. Nous restâmes ensuite silencieuses. Je savourais la sensation de sa peau douce et fraîche contre la mienne, rugueuse et brûlante. Cette peau avait subi et causé des choses abominables. Aucune des personnes qui m'entouraient n'en avait conscience. Ils étaient tous persuadés que « tout ce que j'avais traversé » faisait forcément de moi la victime. Il ne leur était pas venu une seule fois à l'esprit que j'avais pu commettre des actes monstrueux. Qu'auraient-ils donc penser de moi ? Auraient-ils tous été si prompts à me pardonner, à m'accueillir les bras ouverts ? Auraient-ils encore vu en moi la personne qu'ils avaient toujours connue ?

- Veux-tu retourner à l'intérieur ? me proposa Lizzy. Mme Diggle a raison quand elle dit que tu as besoin de repos.

Je commençai seulement à réaliser à quel point mes paupières étaient lourdes.

- Étonnement, je suis d'accord. Mais je ne veux pas retourner dans cette chambre, je ne supporte pas d'y être enfermée.

- Je comprends, viens là.

Mon amie me fit de la place et m'invita à m'allonger sur les trois quart du banc et à poser ma tête sur ces genoux. Je la sentis me caresser délicatement les cheveux, jusqu'à ce que je sombrasse dans un sommeil bien mérité.

Un frisson me parcourut le dos et je commençai à lentement m'étirer. Je sentais que j'étais allongée sur une surface dure, mais j'avais la sensation d'avoir bien dormi. Un petit soupire de satisfaction m'échappa. J'entendis ensuite un petit rire. J'ouvris progressivement les yeux, mais tout était sombre autour de moi. Il me fallut un temps d'adaptation pour comprendre que j'étais entourée de roches. Je me trouvais dans une grotte. Je me frottai les yeux afin d'être certaine de ne pas me tromper, mais le même décor s'imposa à moi.

- Bonjour Savannah, prononça alors une voix masculine, amusée et sereine.

Je me redressai et finis par rencontrer deux yeux d'émeraudes et des boucles d'or.

- Alec, murmurai-je, soulagée, avant d'aller à sa rencontre.

Je me précipitai dans ses bras et le serrai contre moi. Il en fit autant et me souleva même du sol, étant plus grand que moi. Je reconnaissais maintenant l'odeur familière qu'avait cet endroit. Je m'éloignai ensuite de lui et admirai les traits angéliques de son visage.

- Comment-ce possible ? lui demandai-je, émerveillée et inquiète à la fois.

- C'est ton rêve, tout est possible, me répondit-il avec tendresse.

- Mon rêve ?

Je regardai autour de moi et me souvins d'avoir quitté cette grotte il y avait quelques jours. Je me souvenais de chaque combat que j'avais dû livrer pour en sortir. Et pourtant, mes rêves m'y avaient ramenée. Finalement, j'aimais croire que c'était pour Alec que j'étais là.

- Tu es très belle, Anna.

Je baissai les yeux sur ma tenue et découvris que je portai ma robe bleue ciel, celle de ma valse avec Jason. Ma peau ne portait pas la moindre blessure, mes ongles étaient manucurés, mon visage était maquillé et mes cheveux étaient doux et coiffés.

- Merci. J'aurais aimé que tu me connaisses comme ça, comme j'étais avant.

- Pas moi. Parce que la jeune fille que j'ai rencontrée, celle qui se trouve derrière tes bleus, est tout aussi belle le corps couvert de cicatrices quand dans une robe de danseuse. D'ailleurs cette jeune fille me manque.

Je souris à Alec avec affection et pris sa main dans la mienne.

- Tu me manques aussi.

Je regrettais d'avoir tant de tristesse dans les yeux, mais ce sentiment était si sincère et authentique que je ne pouvais le cacher.

- Je sais ce que tu penses, déclara mon ami.

- Ah oui ?

- Tu m'as proposé de venir avec toi. Tu m'as offert une chance d'être libre et de commencer une nouvelle vie. Une vie dans laquelle tu aurais été à mes côtés. Mais j'ai refusé.

Je posai une main affectueuse sur la joue tendre d'Alec.

- Et je comprends pourquoi tu l'as fait.

- Ah oui ?

- Je l'ai rencontré. Ton frère. Pour être honnête, il a essayé de me tuer pendant un petit moment, mais finalement, il t'a entendu m'appeler. Après ça, il a décidé de m'épargner. Ton frère t'aime Alec et il a encore de la bonté en lui. Il mérite la chance que tu lui donnes.

Alec replaça une mèche de cheveux derrière mon oreille.

- J'aime croire que si c'était lui qui t'avait trouvée dans la forêt ce soir-là, il aurait aussi fait le choix de te sauver.

- S'il a un cœur ne serait-ce qu'à moitié aussi pur que le tien, je suis certaine qu'il l'aurait fait.

Mon ami me regarda alors avec beaucoup de conviction et pris mes deux mains dans les siennes.

- Je sais que ça ne fait que très peu de temps que tu es rentrée, mais j'ai besoin de te voir. Ici la vie est redevenue triste et inhumaine, il faut au moins que je sache si tu vas bien. Je ne sais même pas comment tu es rentrée après t'avoir laissée dans la forêt.

- Bien sûr, j'irai voir si la flèche est là où on a dit qu'elle serait. Mais on avait aussi dit qu'il était plus prudent d'attendre un moment avant de se contacter, c'était même ton idée, alors je ne sais pas si je la trouverai déjà.

Alec laissa échappé un petit sourire coupable.

- J'espère que tu ne m'en voudras pas mais, à l'instant où j'ai eu du temps libre, je suis allé la planter.

Je ne pus m'empêcher de ricaner.

- C'est mon rêve, tu es obligé de dire ça.

Alec me fit un clin d'œil et déposa un baiser sur ma joue.

- C'est ce qu'on verra.

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