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Chapitre 14

Jeremy

Une semaine. Cela faisait une semaine que je l'avais perdue. Une semaine que je ne dormais plus, une semaine que j'étais habité par une peur irrationnelle, une semaine que j'ignorais si je la reverrais un jour. Je ne comprenais pas. Comment tout cela avait-il pu arriver ? Qu'avais-je dans la tête ? Je n'étais pas le seul à me le demander en plus. Le fait était que j'avais complètement mis ma vie sociale entre parenthèse et ne pensait plus qu'à elle. Je ne voulais plus voir personne, je n'arrivais plus à tenir une conversation sans paraître fou. Je ne me reconnaissais plus. Je ne comprenais plus rien.

Sasha et Camille supportait tout ça bien mieux que moi mais quelque chose me disait que ça aurait aussi été le cas s'il avait été question de Kelly ou de Thomas. Ma préoccupation était-elle si étrange ? Je n'arrivais pas à me faire à l'indifférence, c'était au-dessus de mes forces. Je passais déjà tant de temps à mettre mes sentiments de côté pour rester parfaitement professionnel et performant. Mais j'étais humain moi aussi. Je ne pouvais pas tout enfermer à l'intérieur indéfiniment, j'avais besoin de respirer.

Alors je gérais ça à ma manière : je restais à l'écart des autres, j'essayais de ne pas les contaminer avec ma mauvaise humeur et de ne pas éveiller les soupçons. Je tentais aussi de me vider l'esprit, de penser à autre chose en espérant préserver ma santé mentale, mais cela s'avérait à chaque fois plus difficile que prévu.

Depuis un moment, Rachel (ma collègue, que les élèves connaissaient surtout comme Mlle Carson) me faisait énormément penser à Savannah. Ne vous méprenez pas, elle ne me faisait pas penser à elle dans le sens où je leur trouvais la moindre ressemblance, au contraire. Plus je passais du temps avec l'une et l'autre, plus je pouvais compléter la liste interminable de leurs différences. Je n'aimais pas vraiment être avec une personne tout en pensant à une autre mais c'était plus fort que moi, dans presque toutes circonstances, je me retrouvais à les comparer.

Rachel était douce, patiente et généreuse. Savannah était authentique. Elle ne savait pas cacher ses sentiments, elle en était incapable. Qu'elle le voulût ou non, elle finissait toujours par se trahir mais j'adorais ça chez elle. Je n'avais pas besoin de réfléchir pendant des heures pour deviner comment elle se sentait. Bon, disons aussi que chercher à comprendre pourquoi elle ressentait toutes ces choses était déjà un casse-tête suffisant à mon goût.

Mais même si elle était incroyablement sincère de ce côté-là, elle continuait de se réfugier derrière son armure. Parfois, elle la laissait un peu retomber et nous permettait de voir un petit bout de ce qui se cachait derrière, mais ces derniers temps, elle ne cessait de la fortifier. Ça la rendait mystérieuse, intrigante. Ce n'était pas un secret, Savannah m'intriguait depuis que je l'avais rencontrée.

Tous les mois qui me séparait de ce moment ne m'avaient pas servi à comprendre ne serait-ce qu'une infime partie de ce qui se passait sans arrêt dans sa tête. Dès que j'étais persuadé d'être sur la même longueur d'onde, elle faisait ou disait quelque chose pour me repousser et m'empêcher d'accéder à ses pensées, à elle. Elle se renfermait toujours sur elle-même quand cela devenait trop personnel. En arrivant à Minneapolis, je pensais qu'il ne me faudrait que peu de temps pour apprendre à la connaître. Je pensais qu'en ayant pris connaissance de son dossier, j'avais fait la moitié du travail. J'avais tellement tort. J'étais à des kilomètres de la connaître.

Je savais que nous n'étions pas notre passé, mais il expliquait quand même qui nous étions aujourd'hui, n'est-ce pas ? Et j'ignorais tout du passé de Savannah. À peu de chose près quoi. Je savais que ses parents l'avaient abandonnée à l'apparition du virus, je savais qu'elle ne s'était jamais vraiment sentie chez elle, entourée des membres de sa famille, mais c'était tout. J'ignorais les épreuves qu'elle avait traversées, j'ignorais quels étaient ses pires et ses meilleurs souvenirs.

Deux mois plus tôt, j'ignorais encore que Cameron était son cousin et pas un beau lycéen qui lui tournait autour. D'ailleurs, ce détail faisait vraiment de moi un mauvais enquêteur mais là n'était pas le sujet. Je pensais connaître Savannah, mais ce n'était pas le cas. Je doutais même que quelqu'un sur cette Terre la connût vraiment. Elle avait tant de facettes, elle vivait tant de choses, elle éprouvait tant de sentiments, elle brûlait avec tant d'ardeur. La vérité, c'était qu'elle me fascinait. Elle était incontrôlable, brillante et talentueuse. Savannah était passionnée.

Mais elle était aussi mon élève alors que Rachel était ma collègue. Je n'étais même pas censé penser à elle de cette manière. Bien sûr, mon double jeu me plaçait dans une position difficile mais il n'empêchait que j'étais son professeur et elle, une étudiante perdue en forêt. Si je mettais toutes mes pensées déplacées de côtés, tout le monde tombait d'accord. Ça aurait dû être à moi de la protéger, de l'aider, de rester avec elle quoiqu'il arrivât. À la place, je lui avais dit de s'enfuir. Mais qui faisait ça, merde ? Depuis que nous étions rentré au pensionnat, je ne cessais de me justifier en disant que je l'avais vue commencer à paniquer et à ne plus savoir quoi faire maintenant qu'elle était blessée et effrayée. Quel beau mensonge. J'avais peur. Moi. Pas elle. J'avais peur et j'avais paniqué.

Je n'avais pas peur qu'un Lune surgît dans mon dos et m'envoyât de nouveau valser. Je n'avais pas peur à l'idée de devoir me battre pendant des heures s'il le fallait. Je n'avais pas peur d'être blessé ni quoi que ce fût dans le genre. J'avais peur pour elle. J'étais complètement effrayé à l'idée qu'un Lune pût encore poser la main sur elle et lui infliger une énième blessure. Je ne le supportais tout simplement pas. Voilà pourquoi j'avais commencé à paniquer comme un adolescent. Je lui avais dit de fuir par pur égoïsme. Et aujourd'hui, je devais vivre avec ça chaque minute de chaque heure de chaque jour.

Avions-nous tort d'encourager ses amis à espérer ? Devions-nous les conditionner à la probabilité ? À la réalité ? Elle avait bel et bien disparue, et honnêtement ? Quelles étaient ses chances de s'en sortir ? Quelles étaient nos chances de la retrouver après plus d'une semaine de recherches acharnées mais surtout vaines ?

L'espoir. Ça oui il était beau. Mais on ne soignait pas les os avec de l'espoir. On n'arrêtait pas les hémorragies avec de l'espoir. On ne respirait pas avec de l'espoir. Alors que nous restait-il ?

Je voulais seulement savoir. Comme la plupart des personnes ici d'ailleurs, ou du moins ceux qui étaient au courant de la situation. Je voulais désespérément savoir. Cela me rongeait de l'intérieur, torturait mon esprit jour et nuit. Toujours les mêmes questions. Où était-elle ? Que s'était-il passé ? Était-elle en vie ? L'espoir me répondrait-il ? J'en doutais fortement.

***

Quelqu'un s'acharnait sur ma porte depuis déjà un moment quand je réussis à me traîner hors de mon lit. Pourquoi était-ce si dur ? Je ne dormais pas de toute façon. Non. Ce n'était pas le problème. En vérité, j'ignorais ce qui m'attendait derrière cette porte. Une bonne nouvelle ? Une terrible ? Allait-on m'annoncer qu'on avait retrouvé Savannah vivante ? Ou que son cadavre froid et dépourvu de vie depuis des jours avait été découvert sous terre ?

Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi, bon sang ?

- Eh bah c'n'est pas trop tôt, soupira l'homme qui se tenait sur le pas de ma porte.

Je le dévisageai quelques instants. C'était le facteur de Minneapolis. Il semblait tout aussi épuisé que moi. Était-ce possible ?

- Excusez-moi, j'étais occupé...

Ce vieil homme rondelet aux cheveux blancs réussit à m'ébaucher un vague sourire, puis se contenta de me tendre deux lettres.

- Pour vous !

Je les saisis et signai la fiche habituelle.

- Des nouvelles de chez vous ? me demanda-t-il finalement de sa voix grave.

Je jetai un bref coup d'œil à la première enveloppe.

- On dirait bien.

Il remonta ses lunettes sur son nez.

- Profitez-en. Je n'ai pas eu de nouvelles de ma famille depuis des semaines.

Cet homme court sur pattes me surprenait de plus en plus. Devais-je lui faire la conversation ? Mon séminaire d'isolement avait peut-être duré suffisamment longtemps.

- Je suis navré de l'entendre, répondis-je, compatissant.

- Oh vous savez, les enfants, les p'tits-enfants, ils ont tous une vie loin d'ici !
Heureusement, aucun d'eux est dans ce genre d'endroit.

Le regard qui accompagna cette remarque désigna l'ensemble du pensionnat. Je haussai les épaules.

- Le système n'est pas parfait, c'est vrai, mais nous faisons tous des efforts.

On essaie en tout cas...

- J'en doute pas, s'empressa-t-il de me répondre, pardonnez-moi si j'ai été grossier.

Je balayai ses excuses de la main.

- C'est juste que..., reprit-il hésitant, je vois tous ces gosses, ils...ils devraient pouvoir grandir comme tout le monde. Ils sont pas heureux ici.

- La plupart ont été reniés par leur famille vous savez, l'informai-je gentiment.

Il écarquilla les yeux.

- Tant que ça ? Mon Dieu...dans quel monde vivons-nous, M. Scandola ?

Un léger sourire triste s'imprima sur mes lèvres.

- Je ne vous le fais pas dire...

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